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3,8

sur 2997 notes
J'avais acheté le livre, avant qu'on parle du Goncourt, sur la foi d'un avis de lecture enthousiaste. Il y avait aussi le pitch, improbable, un peu à la mode "Le mystère Henri Pick". Oublions le pitch. On est très loin du "mystère Henri Pick"... On est face à un livre monument à visiter et à revisiter, tant son contenu est dense. Au début, je l'avoue le caractère foisonnant des premières pages m'a un peu déconcerté. Mais soudain, entre les pages 50 et 80, je suis tombé dans le livre. Et, lecture terminée, je reste depuis sous le charme... Un livre à lire (absolument) donc, mais aussi (et surtout) à relire pour se nourrir de sa densité et savourer les pépites qu'il contient.
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Ce prix Goncourt est bien "un livre à Prix Littéraire". Il contient tous les ingrédients pour un être un succès dans le petit monde branché du livre parisien : "entre soi" à tous les chapitres, auteur "de niche" particulièrement talentueux mais dont la lecture est "exigeante" (terme poli pour dire que l'ensemble se digère peu facilement) et développements fleuves sur ce qu'est la littérature et ce que signifie être un écrivain. le tout saupoudré d'un soupçon d'érotisme bien viril et "exotique" mais qui n'égale pas les meilleurs morceaux de Dany Laferrière.
J'en sors charmée par l'habileté de l'auteur... mais surtout fatiguée d'avoir été entrainée dans cette réflexion fleuve à travers des phrases longues de 3 paragraphes pour lesquelles j'ai parfois dû ressortir mon dictionnaire (Cela m'arrive assez rarement et me laisse toujours une impression désagréable d'être entre les mains d'un auteur qui tente à tout prix de m'impressionner...)
Selon les propres réflexions de l'auteur, ce n'est pas à ce genre d'effets de manche que l'on reconnaît "un très grand livre"... Cependant, Mr. Sarr nous l'écrira peut-être un jour, lorsqu'avec la maturité et la sécurité que lui donne cette reconnaissance de ses pairs, il décidera de se focaliser sur l'essentiel. Un grand auteur à suivre !
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C'est un livre qui invite à une réaction subtile et mesurée. Portant en son coeur la thématique de la réception et montrant combien une mauvaise lecture peut abimer le monde, il en vient presque à museler toute réaction. Comment écrire la moindre phrase lorsque ce sont celles-là même qui ont cloué Elimane au pilori des étiquettes : nègre savant, Voyant ou usurpateur, signe des temps, épiphanie pour fin du monde… ce serait autant d'improbables qualificatifs qui diraient, une fois encore, davantage sur celui qui les prononce que sur l'objet qu'il croit commenter. Impossible donc d'écrire quoique ce soit sur La plus secrète mémoire des hommes sans risquer le ridicule d'une parole impropre et blessante. C'est en tout cas ce à quoi je réfléchissais tandis que je lisais ce roman. Et tandis qu'enflaient les discours médiatiques autour de son auteur et du prix qu'il a reçu.
Et puis, j'ai terminé La plus secrète mémoire des hommes et j'ai continué d'écouter les commentaires enthousiastes des plus ou moins autorisés. C'était drôle. Ils ont osé le signe d'espoir d'une Afrique capable de tous les talents si elle travaille. Ils ont commis le jeune prodige, noir de surcroît. Ils se sont ébahis d'avoir été capables de dépasser leurs préjugés et d'envoyer un message tellement universel à un monde qui en avait tellement besoin. A croire qu'ils n'avaient rien lu de la plus secrète mémoire des hommes ! Ou qu'ils n'avaient aucune vergogne. Ou qu'il n'était pas possible que ce fût autrement. Comment en effet le prix Goncourt pourrait-il être autre chose que cette autocongratulation d'un petit monde ? Et comment un romancier qui y prétend (la question des prix littéraires revient souvent dans le roman) pourrait-il envisager être nominé et y échapper ? Plus qu'un veto à la glose, Mohamed Mbougar Sarr invite donc davantage à un tango avec elle et avec tout ce qui fait l'empreinte que l'on laisse au monde et les réactions qu'elle suscite. Ce roman interroge le rapport de l'homme à l'écriture, à l'histoire et à ce que se font les hommes les uns aux autres. La colonisation du Sénégal, bien sûr, la fascination pour la civilisation blanche conquérante et ce qu'il appelle l'abatardissement des cultures africaines qu'elle a pu engendrer. L'entrelacs de motivations personnelles et de souffles collectifs. Les guerres, les révolutions. Comment tout cela forge et altère l'humain, motive sa trajectoire et file l'interminable bobine des cicatrices, des souvenirs et des regrets. Il ne s'agit donc pas de rêver à la pureté de ce qu'aurait été un homme loin des colonisations, des guerres et des larmes. Mais à ce qui fait que l'on persiste à vivre et à dire.
Pendant une bonne part de ma lecture, je me suis demandé où nous allions. Comment tout cela allait finir. Je n'ai pas eu de doute sur la solidité de la composition, la maestria avec laquelle les discours enchâssés se répondent montrait assez que c'était un livre debout. L'ambition et le désir d'absolu de ses personnages ne pouvaient néanmoins trouver d'aboutissement dans une révélation mystique ou ésotérique : l'autodérision du narrateur Diégane Latyr Faye tout comme les allusions ponctuelles aux temps révolus d'un poète mage à la Hugo l'interdisaient. Comment tout cela allait donc finir ? Je n'en dévoilerai évidemment rien ici. Mais j'ai été soulagée de retrouver, derrière le souffle, la tranquille mesure humaine. Et, une fois le roman et le voyage terminés, de pouvoir déconstruire une mécanique qui ne demandait qu'à l'être.
Et puis, et malgré ce que j'ai écrit plus haut sur le fait de ne pouvoir lire une oeuvre à travers ce que l'on projette de représentations sur son auteur, j'ai finalement trouvé que c'était là une jeune pensée qui s'exprimait. Non pas au sens qu'elle aurait été immature ou inachevée mais parce qu'elle pose un regard démonstratif et somme toute assez systématique sur le monde. Et qu'elle n'a pas (encore ?) la légèreté tranquille de qui a appris à s'affranchir des pesants absolus. Ce qui ouvre aux lecteurs de Mohamed Mbougar Sarr la belle perspective de lire d'autres de ses romans à venir et de retrouver à l'oeuvre cette envoutante intelligence sensible, peut-être alors mâtinée d'un soupçon de joyeuse ironie ?
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Cathédrale gothique pour Rimbaud africain

Ne comptez pas sur la lecture confortable d'un récit linéaire comme pour le Goncourt précédent, L'Anomalie, roman choral de personnages dont les routes de vies finissaient par converger. C'est ici exactement l'inverse.
Mohamed Mbougar-Sarr va utiliser, comme pour nous éclabousser de sa virtuosité, toutes la complexité de la palette littéraire, journal intime et confessions, récit épistolaire - de la lettre la plus classique aux plus modernes des WhatsApp, Facebook et textos - dialogues et enchâssement de récits, en abîme : le romancier rapporte ainsi les confidences de l'écrivaine Siga D. qui lui narre son entretien avec une poétesse haïtienne interrogeant la journaliste Brigitte Bollème interviewant elle-même Thérèse Jacob, l'éditrice du livre de T.C. Elimane, Le Labyrinthe de l'inhumain ! Une cascade très premier de classe. Une cathédrale gothique pour Rimbaud africain.
Et l'écriture participe à l'édifice, joue des mêmes variations. Poésie (cliché ?) de la nature « À ma droite, le crépuscule se déploie comme filmé au ralenti. le fil aiguisé de l'horizon a d'abord tranché l'iris du soleil à l'horizontale, en son milieu exactement, comme chez Buñuel ; il s'est ensuite répandu, du lumineux oeil crevé, une mer de cinabre que brochent de petits éclats indigo et bleus, profonds, presque noirs, qui croissent et muent ensuite en grandes tumeurs sur le corps du ciel. La nuit tombe avec douceur sur le monde, comme une feuille à la surface d'un lac. » ; longues phrases travaillées aux mots rares ; tradition plus simple du conteur-griot africain, jouant des mystères de l'animisme ; irruption de l'ésotérisme, de l'irrationnel et des forces obscures ; images tragiques de nos deux grandes guerres mondiales et des révolutions en Afrique ou en Argentine.
Le roman traverse ainsi le siècle, l'espace et le temps. Avec comme fil d'Ariane de ce labyrinthe la traque d'un écrivain mythique, géant surdoué, le Rimbaud africain T.C. Elimane, Madag, le Voyant, auteur à vingt et un ans d'un seul livre, « Nous y entrions comme au tombeau d'un dieu et y finissions agenouillés dans notre sang versé en libation au chef-d'oeuvre », disparu en 1938 d'être accusé de plagiats et d'emprunts, menant à la ruine la maison d'édition de ses amis.
Avec La plus secrète mémoire des hommes, le jeune lauréat du Goncourt, Mohamed Mbougar-Sarr, veut aussi ne pas jouer le Noir de service en tenant la part égale entre ses deux influences, sa double culture : l'africaine - la seule qui vaille ? - son ami lui annonce vouloir quitter la France pour se consacrer à son pays, le Sénégal « on voyait qu'ils n'avaient publié que les bons petits livres qu'on attendait d'eux, on découvrait qu'ils avaient fait de nous des héritiers sans testament, qu'ils avaient tous écrit en se croyant libres quand de robustes fers enserraient leurs poignets leurs chevilles leurs cous et leurs esprits » ; et la française, la langue française du colonisateur, certes, mais offrant l'adoubement des milieux littéraires métropolitains, les seuls qui vaillent.
Au total un prix fierté de la francophonie et un hymne à la littérature, brillant, érudit et virtuose. Dense, trop foisonnant ? Mohamed Mbougar-Sarr aurait gagné à donner plus de nervosité à son entreprise, en élaguant nombre de pages de son roman. Une réussite qui y aurait alors conquis à coup sûr ses cinq étoiles.
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J'ai toujours eu un gros problème avec les prix Goncourt et autres mais ce livre m'attirait par sa couverture et les bons avis.
Malheureusement je n'ai pas accroché du tout. Très bien écrit mais cette quête est interminable, beaucoup de belles phrases, énormément d'adjectifs pompeux.
Il a surtout montré la difficulté pour les auteurs africains de se faire une place.
Je souhaite une bonne lecture à ceux qui vont le lire .
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Voilà un livre qui ne laisse personne indifférent. La richesse des thèmes abordés donne le tournis tant ceux-ci sont variés. L'organisation des chapitres m'a laissé perplexe quand on constate que la fin est somme toute très classique. Mais je ne suis pas là pour dire ce qui est lisible. La quête de Diégane est multiple et avec lui, nous partons à la recherche d'Elimane, du mystère incarné, de ce qu'il représente et des réponses qu'il est censé apporter. Fausse piste que celle-là. Il n'y a de réponse qu'en chacun de nous. On peut lire ce livre comme un polar, plusieurs mondes se chevauchent, brouillent les pistes, la narration elle-même, si l'on n'y prend pas garde, tend à la confusion. Elle est fort claire, nous avons compris, les personnages à travers le temps se sont perdus dans leur quête de vérité, Diégane donne l'impression d'avoir un train de retard dans sa perception, identité mal assurée, agacement perceptible chez ses interlocuteurs, fort nombreux au demeurant. La lecture à plusieurs niveaux nous entraîne dans les arcanes du monde littéraire de l'entre-deux guerres, rien n'a changé, rencontres de personnages désuets, d'idéalistes assumés et de salauds notoires. L'extraordinaire tient au passage vers l'Afrique, source de l'inspiration, ce qui crée le trouble chez le lecteur non averti. Un " nègre" ne peut écrire de la sorte dans les années 30, il ne peut s'agir que d'une imposture, vite relayée, aux oubliettes l'affreux, qui ne se faisaient guère d'illusion sur la possible compréhension, sans parler de mansuétude. Il s'en va, laissant derrière lui les contempteurs, les admiratrices et les autres, par delà le temps, source de tous les questionnements sur l'africanité, néologisme naissant, impossible définition car teintée d'une sincérité dévoyée par un manque total d'altérité.
Impossible définition. J'écris parce que cela m'est nécessaire, fruit d'un enseignement autre, et je suis le fils d'une autre culture, orale celle-là, par delà les esprits, pouvoir magique de la mystérieuse Afrique, continent conquis, jamais compris. L'imagerie coloniale pollue et dénature toute création. Tenter de son affranchir est une affirmation identitaire, de la chrysalide sort le papillon...
J'oublie d'autres thèmes, le frénésie des sens est maintes fois évoquée, est-elle une facilité ?
La Shoah est évoquée via une autre quête que l'on a fait semblant d'oublier, happés que nous étions par les passerelles culturelles, cherchant le gué. L'Amérique latine, refuge, est aussi un terrain de chasse, le gibier n'y est pas comestible.
Livre protéiforme, qui en déroutera plus d'un(e) mais qui vous prend et ne vous lâche pas
A lire
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» Des conflits faisaient rage, la planète étouffait, des meurt-de-faim et des assoiffés crevaient, des orphelins contemplaient le cadavre de leurs parents; il y avait tout le peuple des vies minuscules, des microbes, des rats, le peuple de l'égout promis à l'éternité pestilentielle de canalisations immondes et bouchées; il y avait le réel; il y avait tout cet océan de merde dehors, et nous, écrivains africains dont le continent nageait dedans, nous parlions du Labyrinthe de l'inhumain au lieu de nous battre concrètement pour l'en sortir. »

La plus secrète mémoire des hommes ressemble à une enquête. En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, part sur les traces de TC Elimane surnommé en son temps le Rimbaud nègre. Auteur d'un livre, le labyrinthe de l'inhumain paru en 1938, ce dernier a disparu après avoir été accusé de plagiat. le livre entremêle archives de presse, enquêtes journalistiques, témoignages dans une construction sophistiquée, labyrinthique pourrait-on dire. le roman d'une grande exigence intellectuelle aborde la question du colonialisme, évoque l'arrogance de l'intelligentsia parisienne à l'égard de la littérature africaine francophone. Comment sortir du ghetto des écrivains se demande le jeune Diégane, comment trouver sa voie? l'exil parisien, volontaire, n'est-il pas une forme de trahison à l'égard de son pays? le roman pose aussi la question de l'engagement. Que pèse l'écriture face à la souffrance sociale? Lors d'un retour au pays natal, Diégane, le narrateur, est confronté à la violence du monde après l'immolation d'une jeune étudiante. Si le roman est par certains côtés celui d'une quête, quête du père, recherche des tortionnaires nazis, il est aussi et surtout un très bel hommage à la littérature. Il fait la part belle à l'imaginaire, s'engouffre parfois dans la satire dans un savant dosage d'humour et de polémique. Les femmes y occupent une place importante. Ce sont elles qui enquêtent, qui provoquent, posent des questions, s'affirment et se battent. D'elles émanent encore l'énergie et la sensualité du récit. Quant au personnage d'Elimane, il est une des figures possibles de l'écrivain. Figure de la souffrance, de l'exil et de l'exigence littéraire. Ce roman montre également comment la lecture d'un livre peut fonder la vocation d'un écrivain.

En définitive, qu'est-ce que la littérature, se demande l'auteur, sinon un lieu où penser le monde et tenter de l'élucider. La plus secrète mémoire des hommes, roman publié par une maison d'édition indépendante vient de remporter le prix Goncourt 2021 et c'est une excellente nouvelle.

» Madag viendra me voir une nuit pour me demander des comptes, peut-être pour se venger, je le sais; et son fantôme, en s'avançant vers moi, murmurera les termes de la terrible alternative existentielle qui fut le dilemme de sa vie; l'alternative devant laquelle hésite le coeur de toute personne hantée par la littérature: écrire, ne pas écrire. »
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Edité par Philippe Rey, à qui nous devons déjà l'incontournable « American Dirt », « La plus secrète mémoire des hommes » est une bombe qui m'a bouleversé et marquera irrémédiablement la vie de ses lecteurs.

Ouvrage difficile, cet hapax est constitué de trois livres, formés de quatre biographèmes et huit parties rédigées avec des phrases occupant jusqu'à dix pages (rappelant « Zone » de Mathias Enard) qui m'ont sorti de ma zone de confort et enrichi de nombreuses consultations de dictionnaires. Mohamed Mbougar Sarr jongle avec les mots, dont il maitrise les moindres facettes, qu'il aligne avec aisance et musicalité en exigeant du lecteur une attention soutenue et un effort notable.

Dédié à Yambo Ouologuem, ce roman évoque « Le labyrinthe de l'inhumain », publié en 1938, accueilli diversement par la critique parisienne, puis accusé par la suite de plagiat, dont l'auteur T.C.Elimane disparut aussi mystérieusement que son oeuvre et ses critiques, tous « suicidés ».

Enquête sur trois continents et un siècle, l'intrigue parcourt les guerres mondiales, la colonisation, la faillite consécutive à la décolonisation, et croise des auteurs, des éditeurs, des musiciens, une famille sénégalaise, personnages aux patronymes multiples, dotés parfois de pouvoirs relevant de la magie, qui ensorcellent le lecteur en lui dévoilant les mystères africains.

Mais ce chef d'oeuvre est avant tout une réflexion de haute volée sur la littérature, la liberté (et les interdits) de l'écrivain, le regard de la critique (et ses liens mercantiles) et « l'alternative devant laquelle hésite le coeur de toute personne hantée par la littérature : écrire, ne pas écrire ».

Honoré du prix Goncourt 2021, ce jeune écrivain apparait très prometteur, et mérite un lectorat moins confidentiel que celui de T.C.Elimane, son désormais illustre "prédécesseur".
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Voici LE roman incontournable ces jours-ci puisqu'il vient d'obtenir le Prix Goncourt 2021. J'avais commencé à le lire avant l'annonce du prix. J'avoue avoir eu quelques difficultés à entrer dans le roman. C'est un roman choral, de multiples voix s'emmêlent pour raconter l'histoire de cet écrivain TC Elimane et de son livre paru en 1938, le « Labyrinthe de l'inhumain ». Il m'a fallu un peu de concentration pour rassembler les morceaux du puzzle et comprendre quel personnage prenait la parole au fil des chapitres. En effet, le narrateur n'est pas toujours identifiable, en tout cas pas dès la première phrase et cela peut perturber la lecture. Je me suis laissée prendre par le roman dans la deuxième partie quand Siga D. raconte l'histoire de sa famille au Sénégal, celle de son père plus précisément, Ousseynou Koumakh. C'est la partie la plus romancée, sorte de conte où plane un soupçon de magie noire.
Plusieurs personnes enquêtent sur cet écrivain, Elimane, accusé de plagiat. Cette affaire va être retentissante à l'époque et produire de nombreux articles dans la presse. Elle va même pousser la maison d'édition à retirer tous les livres de la vente, avant de fermer. L'auteur disparaît, ne fait aucun commentaire ou démenti. Un mystère plane autour de lui. Puis la guerre arrive et bouleverse tout.
Le roman s'ouvre en 2018 avec un jeune auteur sénégalais, Diégane Latyr Faye qui est obsédé par ce livre et veut savoir ce qui est arrivé à Elimane. Il partage ce livre introuvable avec un cercle de jeunes auteurs africains. Ensuite se succèdent les témoignages de Marème Siga D., l'Araignée-mère, de Brigitte Bollème, journaliste qui a publié une enquête sur ce livre, de Thérèse Jacob, l'éditrice, et de la poétesse Haïtienne, sorte de bienfaitrice de Siga D. qui a connu Elimane.
Elimane est insaisissable. Toute la vie de Diégane tourne autour de cette quête. Il se pose de nombreuses questions sur le sens de la littérature et de l'écriture, sur la relation des pays colonisés avec les pays colonisateurs, la culture blanche et sa suprématie sur la culture africaine. Il cherche à savoir dans ces nombreux témoignages ce qui relève de la légende et la part de vérité.
Je comprends le choix du Goncourt. Ce roman est intelligent, drôle, dense. L'écriture est belle. Un roman original et atypique mais qui ne conviendra pas à tous les lecteurs. le risque étant d'en perdre quelques-uns dans la première partie.
Lien : https://joellebooks.fr/2021/..
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Un roman fantastique et qui vient de recevoir le prix Goncourt tellement, tellement mérité!!! Bravo!
J'ai tout aimé dans ce livre je crois, le style d'écriture, l'histoire, les échanges, les personnages, les voyages au travers des pérégrinations de Diégane et de ses découvertes.
On entre dans le pays de la littérature et donc dans le monde de Diégane Faye, jeune écrivain sénégalais "en devenir" mais qui se cherche encore et surtout cherche T.C Elimane, le "Rimbaud nègre" des années 40 en France, qui n'a fait qu'une oeuvre et à disparu. Mais cette oeuvre obsède et obnubile Diégane au point qu'il va en faire la quête de sa vie.
On fait alors des allers-retours entre sa vie actuelle de jeune étudiant à Paris, avec sa communauté et ses rencontres avec Siba, l'araignée-mère qui va tisser sa toile autour de lui pour lui faire découvrir autre chose...et une autre vérité...avec des lieux, l'Argentine, le Sénégal, la France et des époques, la guerre, l'après-guerre, les révolutions en Amérique du sud et en Afrique....
Bref, un condensé d'Histoire pour une histoire qui entraine le lecteur dans un tourbillon de mots fantastiques!
Je suis vraiment ravie de ce prix et ravie de l'avoir lu et tant apprécié avant!
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