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3,63

sur 1407 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sarraute décrit l'imperceptible. Les émotions, les idées que provoquent en elle un mot, un geste, un regard que l'autre a voulu anodins mais qui la bouleversent, elle et sa sensibilité exacerbée d'enfant.
Et à travers ses bouleversements, c'est soi que l'on trouve : notre innocence d'enfant, quand on pouvait tout devenir et que les autres nous ont forgé sans le vouloir, sans le savoir. Nos traumatismes, nos joies, notre intimité.
Madame Sarraute, jamais je n'ai trouvé la littérature plus belle que sous votre plume car c'est la vie qu'elle éclaire. Rarement je n'ai vu si bien mis à nu ce lien qui nos unit tous. Merci.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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En cette deuxième moitié du XXème siècle, l'autobiographie est devenue un genre littéraire incontournable, et beaucoup de romanciers s'y sont essayé, pas toujours avec bonheur.
Dans ces souvenirs d'enfance, russes, puis parisiens, et publiés alors que Nathalie Sarraute a 83 ans, on a constamment l'impression que l'auteur cherche à fouiller, analyser, pénétrer au plus près ces fragments déterminants de son enfance, plus pour s'éclairer elle-même que pour plaire au lecteur.
Après la période russe , qui voit la jeune Natalya couler des jours heureux auprès de sa mère, entre les visites de la famille, les voyages, vient une période plus complexe, la vie d'immigrés russes à Paris.
L'essentiel des morceaux choisis de cette deuxième période pointent le triangle douloureux que forment son père, avec qui elle est retournée vivre à Paris , Vera sa deuxième femme, qui l'élève auprès de sa jeune demi-sœur, et Pauline, la mère, restée à Saint Petersbourg, et dont les visites à sa fille sont rares.
Une enfance heureuse malgré tout, grâce à cette complicité qui se tisse au fil des jours avec Ilvanov , le père aimant, sous ses dehors un peu rudes, grâce aussi aux retrouvailles tardives avec la mère.
Sarraute insiste assez peu, finalement, sur ses prédispositions littéraires, sur son goût pour les langues -elle est déjà bilingue grâce à ses origines russes et à ses études parisiennes-
Une autobiographie forcément très sélective, mais traduisant un véritable besoin de faire émerger ces moments , anodins en apparence, et que l'auteur découvre riches de sens grâce à l'effort de l'écriture, et à cet interlocuteur fictif avec lequel elle conduit le récit.
Une autobiographie de référence.

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Se raconter n'est pas chose aisée, surtout quand on est considéré comme la papesse du nouveau roman, celle qui dit non au roman balzacien, avec son essai "L'Ere du soupçon". Il est tentant, néanmoins, en fin de vie, de faire le bilan de ses années passées, de son... enfance.
Nathalie (et son double, puisque le livre est écrit à deux voix) évoque son enfance russe, puis parisienne, sans complaisance, sans sentimentalisme excessif. Elle a trouvé une forme d'écriture qui oblige à porter un regard critique sur ce que l'on affirme. C'est juste.
Lien : http://www.matisse.lettres.f..
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Cette enfance invite à l'enfance, à la nôtre aussi.
Mais attention pas à l'enfance proprinette que l'on sort en famille, souvenirs récurrents pour en rire avec indulgence, non plutôt à l'enfance pas si nette, en tropismes de Nathalie Sarraute, avec l'oeil du microscope pour l'étudier et la lame froide de l'intransigeance de l'autre réalité. La réalité des phrases qui restent fichées dans votre esprit, comme des échardes pourries longtemps après la mort des souvenirs dont elles sont issues.
Cette enfance invite à attraper les bouts des bouts de queues de comètes de réminiscence, et une fois attrapés, les regarder se tordre et dévoiler des pans entiers oubliés. C'est un dialogue entre soi et soi, ici et maintenant, en regardant l'hier. Et de gouter quelquefois des moments de joie pure comme Natacha au jardin du Luxembourg.

Cette petite Natacha, Nathalie exilée en France de sa Russie natale, tiraillée entre son père qui a refait sa vie avec l'énigmatique-méchante Véra et sa mère qui la veut et ne la veut, comme un objet encombrant.
Cette petite Tachok qui regarde sans sourciller cette enfance étonnante, pas vraiment comme les autres enfances, parce que plus tranchante.
L'écriture de Nathalie Sarraute est habile, subtile et précise.
C'est un ravissement.
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Ce que j'ai trouvé remarquable, c'est que l'auteur a rédigé ces fragments à l'âge de 83 ans, comme quoi, il n'est jamais trop tard pour se souvenir. C'est justement intéressant d'avoir un texte fragmenté, parce que quand il s'agit de souvenirs, généralement ce n'est jamais linéaire, on se souvient de quelques bribes et détails, mais jamais du souvenir dans son intégralité, encore moins quand on l'écrit 75 ans plus tard, j'imagine et c'est véritablement ce qui donne de la force à ses écrits. On découvre une petite enfant russe qui, balloté entre sa mère et son père se retrouve entre la Russie et la France principalement, mais qui, - j'en ai eu l'impression en tout cas - s'est toujours sentie chez elle à Paris.

Ce que j'ai aimé, c'est la sincérité dans le récit, l'auteure parle franchement de ses souvenirs dans un dialogue entre deux parties d'elle-même, sa face que j'appellerais "naïve" qui est l'enfant, et l'autre, celle qui a raisonné et grandit. de cette façon l'une des deux voix met toujours l'accent sur une chose en particulier, sur l'interprétation d'une action d'autrui, sur ses sentiments aussi ce qui rend le récit vraiment personnel. Sincère également parce qu'elle ne s'encombre pas, elle n'écrit pas pour combler les blancs, elle se souvient ou elle ne se souvient pas et quand c'est le cas, elle le dit ce qui est agréable, on n'a pas à se poser la question de savoir si on est mené en bateau. La naïveté de l'enfance est elle aussi bel et bien présente avec notamment ce passage où elle demande carrément à sa belle-mère si celle-ci la déteste.

Globalement, ma lecture m'a plu, j'ai pris du plaisir avec ce livre, c'était cool, sans être extraordinaire non plus. le fait qu'elle ne parle que de ses 10 premières années - la période correspondant à l'enfance comme l'indique le titre - amène certains sujets assez ennuyeux, du moins pour moi - je pense par exemple aux moments où elle parle de l'école, l'importance que l'école française a eue sur elle et à quel point ça a compté dans sa vie. Toute cette partie là m'a un peu ennuyé parce que je n'ai pas du tout le même ressenti qu'elle sur la chose donc je ne me sentais pas très concerné. En revanche, les passages où elle parle de sa famille sont vraiment intéressants parce qu'on peut en apprendre plus sur la mentalité des gens à cette époque, sur son père qui ne supportait pas de parler d'amour ou de toute autre sentiment fort (comme le dégoût) ou encore sa mère qui, va savoir pourquoi décide de laisser sa fille chez son père pendant trois ans, comme ça, genre "tiens, je vais me prendre des vacances pendant trois ans, ma fille ne sera pas dans mes pattes".
Alors je m'attendais à mieux parce que j'ai énormément aimé Simone de Beauvoir comme je l'ai dit plus haut et pour le coup, bah Nathalie Sarraute n'est pas arrivée à la hauteur malgré la sincérité, malgré la forme du récit. J'ai un peu moins accroché parce que je me suis bien moins identifié, tout est question de ressenti.

Mon avis est en intégralité sur mon blog :
Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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Lecture si émouvante. Ce dispositif à deux voix nous immerge très facilement dans la mémoire de Nathalie Sarraute, mémoire qu'elle semble très peu réécrire. Tout est dans le sensible. Comment expliquer ces souvenirs cotonneux et fondateurs, douloureux ou heureux…
Une des dernières phrases sublime sur la relation père-fille :
« C'est ainsi qu'il m'appelle parfois (…) Plus jamais Tachok, mais ma fille, ma petite fille, mon enfant… et ce que je sens dans ces mots, sans jamais me le dire clairement, c'est comme l'affirmation un peu douloureuse d'un lien à part qui nous unit… comme l'assurance de son constant soutien, et aussi un peu comme un défi… »
Je me demande quel est le lien entre Nathalie Sarraute et Annie Ernaux - j'y vois quelques ressemblances.

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Jusqu'ici je n'avais rien lu de Nathalie Sarraute. le "nouveau roman" ne m'a jamais tenté. Mais on m'a parlé de l'autobiographie de son enfance et j'ai sauté le pas.
Dès le début, la vie de l'auteure a été riche et originale. Russe et fille de parents divorcés, Natacha a vécu son enfance surtout à Paris, maîtrisant parfaitement le russe et le français. Sa mère, presque insaisissable, a vécu sa vie. Son père, juif, opposant politique au régime impérial, s'est remarié avec Véra qui joue un grand rôle. La petite fille s'est vite révélée comme sortant de l'ordinaire.
Il est très difficile d'écrire le récit d'une enfance sans la travestir, sans l'embellir ou au contraire l'enlaidir, sans porter un regard d'adulte qui dénature fatalement le passé. Dans cet écrit, l'auteure cherche à rester proche de ses souvenirs d'enfance: des flashs, qui apparaissent dans un certain désordre, mais conformément à un esprit d'authenticité. Elle fait intervenir deux Natacha, la seconde venant mettre en doute certaines affirmations de la première: c'est a priori une bonne idée, même si ça devient peu à peu un élément de rhétorique.
Pendant la lecture, mon intérêt et mon attention ont été en dents de scie. J'ai été captivé par des morceaux de bravoure, alors que d'autres passages m'ont laissé presque indifférent. le quotidien de cette petite fille douée et sensible m'a semblé, alternativement, riche et un peu fastidieux. Mais ça valait le coup de tout lire; l'écriture de Nathalie Sarraute me parait assez agréable. de plus, l'époque décrite – qui finit presque quand la première guerre mondiale commence – est particulièrement intéressante, surtout dans le milieu cosmopolite où vivait l'héroïne.
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Les livres de Nathalie Sarraute (que j'ai lus) m'ont tous semblés étranges, entre un n'importe-quoi facile et insupportable, et un génie que je ne saisis pas. Ce livre-ci est forcément plus compréhensible, car son cadre est clair, une forme d'autobiographie de son enfance, sous forme d'un dialogue avec elle-même, avec le recul des années. La forme et le fond ont fonctionné pour moi, m'ont touchés par instants. Ces instants où les mots, qui ne sont jamais que tout chez elle (Sartre l'ayant précédé avec son propre autobographie enfantine 'Les Mots"... mais tout y est contenu, et contenant), viennent faire sourdre des trucs en soi, faire résonner des trucs en soi. Difficile de savoir quoi, alors on emploie le mot truc. Et on se dit qu'heureusement certains auteurs n'écrivent décidément pas comme tout le monde.
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Un petit coup de coeur pour ce beau livre ❣
Nathalie Sarraute nous relate ses souvenirs d'enfance entre la Russie et la France, entre des parents séparés, une mère distante qui l'abandonne à son père.
L'écriture est classique mais la démarche est originale. Nathalie Sarraute s'invente un double qui la questionne, l'interroge et l'amène à donner des précisions, un peu comme le ferait un thérapeute.
C'est un travail introspectif sur la mémoire et sur la mise en mots des bribes du passé.
Pas de psychologie dans ce récit un peu froid et sec et pourtant beaucoup d'émotions entre les lignes.
Passionnant 👏
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C'est une autobiographie d'un genre particulier et que j'ai trouvé résolument moderne et intéressant.

Dans la forme, y'a du génie. Il n'existe pas de chapitres, j'ai apprécié cette idée, car je n'ai jamais perçu la vie ou les souvenirs comme étant des chapitres. Ainsi, les très nombreux blancs séparent des « moments », des fragments que l'auteur tente de mettre en forme, on suit ses hésitations, ses interrogations, ses hypothèses...

J'ai adoré ne pas avoir de repères chronologique, ou très peu, l'on se doute qu'elle ne se souvient plus vraiment de son enfance et qu'elle se doit de faire un effort considérable pour nous faire partager ces instants.

On apprend à s'attacher à cette petite Natacha, une petite fille qui grandit peu à peu, ses « idées » parfois étranges, sa famille recomposée, tout ceci à travers des objets, des lieux, des moments, des phrases. On peut ne pas adhérer à cette forme d'écriture, et généralement, j'avoue que j'accroche peu Camus, Beauvoir et cie. Toutefois, je me suis laissée embarquer à suivre cette enfance.

L'auteur parle très fréquemment de ses premiers contacts dans le monde de la lecture et de l'écriture, ces passages sont par ailleurs mes préférés. L'évolution des personnages est palpable, notamment les attitudes de sa mère et de son père, parfois distants, tantôt passionné à l'égard de Natacha. Je l'ai souvent sentie seule. On évoque aussi ses souvenirs de classes, moins fréquemment que ceux concernant les mots ou la famille.

Un point qui peut paraitre étrange c'est la distance prise par l'auteur pour parler des personnes qui l'on entouré petite. Je parlais plus haut des parents, mais sa belle-mère Vera, sa demi-soeur Lili, sa famille, Adèle, les amies d'enfance... Tous ses personnages défilent, certains sont plus récurrents que d'autres, mais tous paraissent être à des années lumières de Natacha et de son monde. Peut-être parce que l'auteur ne se souvient pas ou peu.

D'ailleurs, fait positif, lorsque l'auteur ne se souvient pas de quelque chose, elle le dit très clairement. Ce qui me permet de parler de ces histoires de dialogues avec son double. Au début on pourrait croire que c'est agaçant, de se faire couper comme ça en plein milieu d'un récit, on peut même détester ce double au tout début du roman. L'auteur ne souhaite pas vraiment évoquer ses souvenirs d'enfance et son double se moque un peu de sa « vieillesse », c'est tout le contraire à la fin. le double intervient, pose des questions, il est là pour pousser l'auteur à se souvenir, tant est si bien qu'il est déçu qu'elle n'aille pas plus loin à la fin. J'ai trouvé ces dialogues pertinents intéressants, comme des parenthèses dans le récit déjà coupés par les blancs.

L'écriture est fluide, rapide à lire, intéressante dans le choix des mots. On se sent pris dans l'histoire de l'auteur, son enfance nous est bien contée, les moments choisis sont touchants et intéressants. L'on ne s'ennuie pas ou alors très peu.

Lien : http://la-citadelle-des-livr..
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