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sur 5154 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Huis Clos
C'est étouffant, mais quelle pièce ! Un vrai huis clos comme son nom l'indique, avec une réflexion sur la mort, l'au delà et surtout les relations humaines, avec la fameuse citation "l'enfer, c'est les autres". À lire absolument, que l'on soit un grand amateur de théâtre ou non, mais pas dans un moment où on a le blues !

Les Mouches
Il y a beaucoup de pièces de théâtre autour du personnage d'Electre, mais peu à ma connaissance traitent y compris de l'"après matricide". Celle-ci le fait, avec tout le talent de Jean-Paul Sartre. Là aussi c'est un classique à avoir lu, l'ambiance pesante et invivable qui s'installe est très bien retranscrite.
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« Huis clos » et « Les mouches », deux pièces de théâtre ici réunies bien que différentes, mais avec comme point commun d'interroger notre liberté face au jugement, que cela soit celui d'autrui ou celui divin.

D'un côté, l'impossibilité d'être soi-même parmi les autres, tout en étant certain d'être personne sans eux.

De l'autre, le sentiment de culpabilité, du simple fait d'exister, face à un Jupiter, sans doute ici plus chrétien que romain.

Sans doute que dans la vie, comme au théâtre, chacun doit veiller à jouer son rôle pour éviter les actes manqués. Rideau !
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Je n'ai jamais été contrainte de lire Jean-Paul Sartre au cours de ma scolarité et c'est donc un auteur à propos duquel je me suis toujours dit qu'il fallait que je lise pour ma culture générale. Mais il ne me faisait pas vraiment envie notamment à cause de sa célèbre citation “Pas besoin de gril : l'enfer c'est les autres”. Et bien j'ai justement commencé par la pièce qui contient cette citation. Après cette petite présentation personnelle, venons-en à ce livre qui contient deux pièces.

Huis-clos est une pièce très courte. Un homme et deux femmes se retrouvent enfermés dans une pièce. On comprend rapidement qu'ils sont morts et qu'il s'agit de leur enfer. Pas de vision moyenâgeuse avec les flammes de l'enfer mais juste trois canapés et la contrainte de devoir supporter deux autres personnes. Chacun à son secret et la raison pour laquelle il se trouve en ce lieu. Chacun a également sa propre personnalité. Comme souvent dans un trio, cela vire au deux contre un et les alliances se font et se défont au rythme des intérêts propres à chacun dans ce qui semble être destiné à être un éternel recommencement des mêmes scènes et des mêmes discours.

Les mouches reprend une des très célèbres histoires qui suit l'Iliade, celle de la vengeance d'Oreste et Electre suite au meutre de leur père Agamemnon par sa femme Clytemnestre et son amant Egisthe. Bien sûr, il est ici question de vengeance et de culpabilité. Est-ce qu'en tuant Égisthe et Clytemnestre, Oreste ne devient-il pas un assassin comme eux et ne doit-il pas lui aussi porter le poids de la culpabilité comme un fardeau pour le restant de ses jours ? Or celui-ci refuse de se sentir coupable et il prétend même pouvoir garder sa liberté suite à son acte. C'est donc le statut même de l'homme libre et notamment libre des dieux et de la religion que Jean-Paul Sartre défend.

Alors mon verdict suite à la lecture de ces deux pièces ? Je suis agréablement surprise par la facilité avec laquelle je les ai lues et pas la profondeur du propos développé par l'auteur. Des thèmes universels sont abordés dans deux pièces au style très différents, une contemporaine et une tragédie grecque. le propos et l'écriture sont efficaces et permettent des réflexions et interprétations approfondies de quoi en faire des classiques de la littérature.
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Huis Clos est bien sûr une pièce de théâtre très connue de Jean-Paul Sartre, notamment pour sa réplique célèbre : « L'enfer c'est les Autres », que l'on galvaude à tout bout de champ alors que le sens exact, Jean-Paul Sartre l'a lui même donné en préambule en 1965 (lors d'un enregistrement phonographique, préambule que l'on peut trouver dans le Folio -Essai pour Gallimard de 1992, textes rassemblés par Michel Contat et Michel Rybalka) et que je vous résume succintement : Sartre avait trois amis qu'il voulait voir jouer sans que jamais aucun d'eux ne quitte la scène « jusqu'au bout comme pour l'éternité », il a donc eu l'idée de les mettre en enfer « et de les faire chacun le bourreau des deux autres ». (…) Mais « l'enfer c'est les Autres » a toujours été mal compris. On a cru que je voulais dire par là que nos rapports avec les autres étaient toujours empoisonnés, que c'étaient toujours des rapports infernaux. Or c'est autre chose que je veux dire. Je veux dire que si les rapports avec autrui sont tordus, viciés, alors l'autre ne peut-être que l'enfer. Pourquoi ? Parce que les autres sont au fond ce qu'il y a de plus important en nous-mêmes pour notre propre connaissance de nous-mêmes. (…) Quoique je dise sur moi, toujours le jugement d'autrui entre dedans.(…) Et il existe une quantité de gens dans le monde qui sont en enfer parce qu'ils dépendent trop du jugement d'autrui. Mais cela ne veut nullement dire qu'on ne puisse avoir d'autres rapports avec les autres. Ca marque simplement l'importance capitale de tous les actes pour chacun de nous « .(…).

Vous l'aurez compris, cette pièce en un acte décomposé en cinq scènes nous fait entrer d'emblée dans l'enfer « sartrien », celui de vivre sous le regard d'autrui et non d'accuser le cycliste qui vous ralentit ou la postière qui ne passe jamais à l'heure. Et les trois protagonistes vont devoir réviser leur copie et se montrer enfin tels qu'ils sont dans leur huis clos diabolique. Voici donc Garcin, journaliste qui entre en premier (le lâche de l'histoire convaincu d'être un héros), déserteur, mari volage qui a fait souffrir sa femme, puis arrive Inès, l'ancienne postière lesbienne, méchante, jalouse (responsable de trois cadavres) mais lucide et enfin, Estelle, vénale, nymphomane sur les bords et infanticide. Ces trois là sont introduits dans un salon second Empire (par un mystérieux garçon d'étage qui semble savoir pourquoi ils sont là) où trône une cheminée surmontée d'un bronze, dans une ambiance cossue et « normale ». le garçon d'étage, qui n'apparaît que trois fois nous conforte dans notre sentiment que les acteurs sont bien morts et qu'il est le gardien de ces flammes qui ne vont cesser de croître tout au long des joutes oratoires que se livrent les trois intéressés, qui viennent de milieux sociaux différents mais ont tous menti lors de leur introduction sur la scène. Ou disons, pris de petites libertés avec la vérité…Ce qui aidera à faire siffler le bouchon de la cocotte-minute déjà sous pression quand, de la conversation mondaine, ils vont passer aux répliques acerbes et parfois humoristiques.

Petit à petit la tension monte, les masques tombent et nous connaissons les vraies raisons de leur arrivée dans cet enfer dont ils ne pourront plus s'échapper puisqu'ils sont déjà morts. Ils « frimaient » tous un peu au début mais le huis clos, l'enfermement et la coexistence va les révéler dans ce qu'ils portent de plus noir en eux, le vrai pourquoi de leur présence ici. Garcin , qui ne supporte plus sa lâcheté, qui torturait sa femme parce que c'était facile, elle en est morte, va se rapprocher de plus en plus d'Inès qu'il considère sinon son égale mais de « sa trempe » pour sa mise en abyme, quand elle dit « ça veut dire que j'ai besoin de la souffrance des autres pour subsister », rejetant la superficielle Estelle qui ne cherche que la jouissance physique et qui est trop éloignée de lui intellectuellement. Garcin ira chercher auprès d'Inès une confirmation qu'il n'est pas lâche, ce qu'elle lui refusera, jalouse, méchante et vexée de sa relation avec Estelle. Il n'aura pas de deuxième chance non plus et sera condamné à rester en enfer.

INÈS : Pourquoi pas ? Tu as rêvé trente ans que tu avais du coeur ; et tu te passais mille petites faiblesses parce que tout est permis aux héros. Comme c'était commode ! Et puis, à l'heure du danger, on t'a mis au pied du mur et… tu as pris le train pour Mexico * (*au début d'une guerre, au lieu d'affirmer son pacifisme, il a fui).

GARCIN : Je n'ai pas rêvé cet héroïsme. Je l'ai choisi. On est ce qu'on veut.

INÈS : Prouve-le ! Prouve-le que ce n'était pas un rêve. Seuls les actes décident de ce que l'on n'a pas voulu !

Ils iront fouiller leurs âmes et avoueront leurs turpitudes, le fiel qui est resté collé au coin de leurs lèvres jusqu'à ce que Garcin conclue : » le bronze…(il l caresse) Eh bien voici le moment. le bronze est là, je le contemple et je comprends que je suis en enfer. Ils avaient prévu que je me tiendrais devant cette cheminée, pressant ma main sur ce bronze, avec tous ces regards sur moi. Tous ces regards qui me mangent…(Il se retourne brusquement). Ha ! Vous n'êtes que deux ? Je vous croyais beaucoup plus nombreuses. (Il rit). Alors c'est ça l'enfer je n'aurais jamais cru… Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher, le gril… Ah! Quelle plaisanterie. Pas besoin de gril, l'enfer c'est les Autres « . (Scène V).

Estelle va alors tenter de tuer Inès avec un coupe-papier qui se trouve sur la table. En vain puisqu'ils dont déjà morts tous les trois : » Ni le couteau, ni le poison, ni la corde, c'est déjà fait comprends-tu ? Et nous sommes ensemble pour toujours. » A Inès, Garcin et Estelle répondent en écho : « Pour toujours ! » et Garcin ajoute : » Et bien continuons. »…

Je ne vous développerais pas les personnages et leurs méandres personnels qui les ont conduits là. Je vous en laisse à découvrir. S'il est une chose à retenir, c'est bien la philosophie. L'enfer n'est pas uniquement sous terre comme le laisse entendre l'imaginaire collectif mais bien sur terre, dans n'importe quel endroit où l'on évolue. Et que, seulement le vécu, l'existence de trois personnes forcées de cohabiter à huis clos révèlent beaucoup mieux que toutes les psychotérapies du monde ! Quand toutes les possibilités de fuir ou de se fuir sont inexistantes, il nous faut faire le bilan de nos faiblesses, lâchetés et « crimes contre l'humanité » afin de nous humaniser, de ne pas nous enfermer dans des cercles infernaux, de les briser tant qu'il est encore temps, pour échapper à la routine et aux comportements mortifères… Car nous avons toujours la liberté de le faire, si nous ne le faisons pas, alors, oui, nous serons condamnés à subir cet enfer…et nous seronts morts d'une certaine façon.
Première représentation de la pièce au théâtre du Vieux Colombier, au printemps 1944, avec Tania Balachova (qui l'a fait rejouer en tant que metteur en scène souvent, notamment au théâtre de L'épée de Bois) dans le rôle d'Inès à gauche, Michel Vitold (Garcin) et enfin Michèle Alfa, à droite dans le rôle d'Estelle… A savoir qu'elle a été jouée avant d'être éditée par Gallimard en 1945.

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Garcin est en enfer, mais c'est pas comme on dit : c'est en effet chauffé, mais à la bonne température.
Plus besoin de dormir, ni de se laver les dents (un rêve pour tous les gosses !)
En plus de Garcin, y a Inès et Estelle...
Pourquoi sont-ils là ?
Et si l'enfer c'était pas plutôt les autres ?
Un classique, comme on dit.
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Les Mouches est une pièce de théâtre de Jean-Paul Sartre en trois actes qui s'établit dans la mythologie grecque portant sur le destin funeste des Atrides. Il nous expose un village et une lignée qui se retrouve dans le repentir incessant. La vengeance d'un homme prêt à porter les remords de chaque habitant pour les libérer.
Sartre amorce l'idée de prendre des initiatives et d'assumer ses actes.

Avec Huit-Clos, Sartre nous offre sa propre version de l'enfer : la torture psychologique. Pas de feu, pas de démons, pas de cris mais trois personnages qui se retrouve dans une pièce du Second Empire. Ils vont petit à petit enlever leurs masques et dévoiler les actes horribles qu'ils ont commis.

Deux titres passionnants avec un travail sur les remords et le comportement humain. Une subtilité dans les propos et la mise en scène.
Lien : https://gommahan.wordpress.c..
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Huis clos
Ça fait très longtemps que j'ai ce livre dans ma PàL, au moins cinq ans. Ma meilleure amie me l'avait conseillé quand j'étais en terminale. A cette époque, j'avais étudié des passages de la nausée de Jean-Paul Sartre, j'avais même essayé de le lire, mais pas moyen, c'était juste indigeste. C'est une des raisons qui m'ont poussé à prendre du temps à le lire et à y aller à reculons.
L'autre est que le résumé que plusieurs personnes m'ont donné est celui-là : c'est un gars enfermé dans une pièce, mais je ne peux pas en dire plus sans spoiler…. Dis comme ça, ça donne moyennement envie.
Je vais aller un peu plus loin dans le résumé. le personnage principal, Garcin est en effet coincé dans une pièce. Seul au début puis deux femmes le rejoignent. On ignore la raison de cet enfermement. Donc j'ai pris du temps à lire le premier tiers, soit quatre scènes sur cinq, parce que je ne voulais pas louper une information importante. Finalement, toutes les explications sont données dans le dernier chapitre qui fait les deux tiers de la pièce de la pièce de théâtre.
Dans les premiers temps, les personnages se présentent comme des gens biens, seule Inès se montre agressive. Mais ça sonne faux, j'ai espéré que mon instinct me trompait, qu'ils étaient ce qu'ils prétendaient être, mais non et c'est heureux.
Un gros coup de coeur pour cette lecture.

Les mouches
C'est une tragédie grecque qui se passe à Argos, cité qui vénère Jupiter, le dieu des mouches. Oreste revient dans sa ville natale. Il rencontre sa soeur, Electre qui est traité comme une servante par sa mère Clytemnestre et son beau-père Egisthe qui est également l'assassin de leur père, Agamemnon et qui a tenté de tuer Oreste enfant.
J'ai adoré le début jusqu'au moment où Oreste se laisse convaincre par sa soeur de venger. Il bascule alors dans une folie semblable à celle des habitants de la cité, et j'ai moins apprécié parce que tout était plus sombre ; on perd le contraste entre Oreste jeune, naïf et plein d'espoir et ce que subissent les Argiens, contraste que je trouvais aussi puissant qu'intéressant.
Bon, la fin m'a un peu gâché le plaisir, mais j'ai quand même bien aimé.

Deux textes différents de par l'époque choisie, et à la fois semblables de par le thème “l'enfer, c'est les autres”.
J'ai adoré cette lecture qui s'est lue à la vitesse de l'éclair.
Lien : https://psylook.kimengumi.fr..
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J'ai acheté ce livre pour découvrir la pièce de théâtre "Huis-clos" écrite par Jean Paul Sartre en 1944, qui met en scène trois morts, condamnés pour l'éternité à être réunis et à se parler. Je ressors de cette lecture moyennement conquise du fait de la grandeur de l'autre pièce de théâtre "Les mouches". Exquise pièce de tragédie antique sur le mythe d'Electre avec en thème principal la vengeance pour symbole de la Liberté.
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Un diptyque déboussolant !

La première pièce présente trois personnages placés dans une même pièce, portant tous trois la charge de leur passé et la culpabilité quant à leurs actions. En discutant les uns avec les autres, ils s'aperçoivent rapidement qu'ils n'ont pas été rassemblés et enfermés dans cet espace clos par hasard : chacun représente "l'enfer" des autres.

Cette pièce m'a profondément marquée par la subtilité avec laquelle les différents personnages, d'apparence et d'intelligence simples, parviennent chacun à leur tour sous la plume de Sartre à devenir l'exact personnage que redoute un des deux autres, appuyant sans cesse mutuellement sur leurs caractéristiques qui les dérangent le plus, mettant en place un trio de bourreaux et de victimes qui tiennent tous à la fois les deux rôles, dans un univers fermé et sans possibilité de sortie, qu'elle soit spatiale ou temporelle.

Finalement, Huis clos illustre la manière dont les autres sont les mieux placés pour nous rappeler ce que nous désirons oublier, et pour nous torturer sous leur regard inquisiteur. L'idée d'un Enfer où la punition est infligée par nos semblables enrobe la pièce d'une atmosphère noire et oppressante.

La seconde pièce revisite le mythe des Atrides, plus particulièrement le retour d'Oreste à Argos, où il retrouve sa soeur pour assassiner sa mère, parricide, et son nouvel époux, Égisthe.
Une fois encore, les liens privilégiés et ambigus entre les personnages font prendre à la pièce toute son ampleur : Oreste et sa transformation face à sa rencontre avec Électre, qui lui donnera la force de résister au Dieu Jupiter, quand Électre au contraire s'y soumettra après qu'ils aient tués mère et amant ; mais aussi les ressemblances et divergences entre Clytemnestre et sa propre fille, qui se voient chacune en l'autre, à leur grand dam.
Maîtrisant la tragédie à la perfection, Sartre nous plonge une nouvelle fois dans un État de désarroi profond face à tant de haine et d'absurdité...

Autant dire que l'on ne ressort pas de ceux lectures indemne !
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Lecture obligatoire d'adolescent. C'est donc très loin... Je me souviens que Huis Clos m'a sidéré par sa mise en scène, son ambiance et la violence des attitudes, des propos. L'ado révolté que j'étais avait vraiment trouvé là un texte qui faisait écho à ses démons et ses troubles d'alors. Les Mouches m'ont par contre laissées tout à fait indifférent.
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