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Souvenir d'un huis clos oppressant et dont à l'époque Je n'avais Pas compris tous les enjeux. A relire
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Les mains sales est une pièce de théâtre qui se déroule pendant la Seconde Guerre Mondiale, dans un pays fictif d'Europe de l'est, l'Illyrie. Hugo, jeune intellectuel bourgeois, fait partie d'un parti révolutionnaire. Il est chargé de tuer Hoederer, membre du même parti que lui. On est alors plongés dans les tourments d'Hugo, dans ses changements de décisions et son manque de confiance en lui. Perdu entre la vision qu'ont les autres de lui, sa propre vision, et celui qu'il aimerait être, le jeune homme pense que la cause prolétaire peut donner un sens à son existence, et il tente donc de prendre la bonne décision, sachant celle-ci irréversible.

On retrouve dans cette pièce de théâtre la philosophie existentialiste de Jean-Paul Sartre, qui pense que l'Homme est condamné à être libre. En effet, toute l'intrigue tourne autour de la décision d'Hugo : va-t-il tuer Hoederer, ou non ? Véritable engagement politique, la pièce traite également de la lutte des classes et de l'affrontement entre intellectuels et prolétaires, mêlant de nombreuses références historiques à l'URSS et l'Allemagne.

Si le format théâtral peut faire reculer certains d'entre vous, sachez que cette pièce se lit comme un roman. le langage utilisé est courant, les dialogues sont très réalistes et merveilleusement bien écrits. J'ai dévoré cette pièce en une soirée, et je vous la recommande les yeux fermés !
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Une pièce de théâtre très politique, réaliste et effrayante et fatalement effrayante. C'est saisissant et se lit comme une tragédie
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Convictions et certitudes se font paires.

est ce là, la seule raison de permettre violences et écarts dans un sentiment de libération politique pour une société de fonctionnels et de pragmatismes ?

Dérives et passions s'offrent leurs limites, ces frontières à ne pas dépasser, ne pas franchir sans retour.

Mains sales à saisir en toutes quiétudes.

Réflexions et questions se feront bonnes conclusions à ces pages tournées.
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J'avais cette pièce de théâtre dans ma PAL depuis le lycée. Je devais la lire en parallèle des Mains Libres de Paul Eluard et Man Ray. Je n'avais pas eu le temps de le faire et je dois dire que je l'avais un peu oublié depuis le temps. Je me suis enfin décidée à la lire, mais à mon grand regret...

C'est une pièce découpée en 7 tableaux, eux-mêmes découpés en plusieurs scènes. Jusque là tout va bien. L'écriture est belle, fluide, nuancée, rien à dire non plus. C'est une pièce très philosophique autour de la question de la politique. Il y a tout pour en faire une pièce parfaite en soi. Malheureusement l'action stagne, elle est figée. On attend tout le long quelque chose que l'on obtient jamais finalement. On attend de savoir si oui ou non le héros tue le patron de l'organisation du parti révolutionnaire duquel il fait partie. Petit hic... On connaît la réponse dès la première scène. Les autres tableaux sont là pour nous expliquer comment s'est déroulé l'acte. J'ai été déçue par cette pièce ! J'ai adoré Huis-clos du même auteur, et c'est bien la seule que j'ai apprécié de lui. Je ne recommencerai pas de si tôt un livre de Sartre. Si vous avez déjà lu Les Justes de Camus et que vous n'avez pas aimés, je vous déconseille celui-ci qui est dans la même trempe.

Au niveau des personnages bien que peu décrits, ils ont du caractère et du répondant. Tout pour faire d'eux des personnages au caractère fort ! Cela n'a pas suffit pour me faire apprécier cette oeuvre. Que dire de l'histoire "d'amour"... Impossible de m'attacher aux personnages et d'avoir de la compassion ou de l'intérêt pour l'histoire. Je me suis vue abandonner la pièce à une quarantaine de pages avant la fin.
Lien : http://nituti.blogspot.fr
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Un long flash-back qui vient faire la lumière sur les motivations du geste d'Hugo. Entre raison et sentiments, innocence et cynisme.

Lien : https://lyseelivres.wordpres..
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A lire de toute urgence en cette époque où on semble perdre les sens des mots et surtout les idées les plus intolérantes deviennent banales.
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Hugo, membre du Parti, s'occupe du journal, et regrette qu'on ne lui confie pas de mission plus importante. Une opportunité va lui être donnée avec l'objectif d'assassiner Hoederer, un des dirigeants du Parti, qui souhaite pactiser avec l'ennemi... Tiraillé entre ses passions, ses origines bourgeoises et sa volonté de passer à l'action, parviendra-t-il à mener à bien cette périlleuse besogne?...
Une critique cinglante du monde politique dans laquelle il faut accepter de se salir les mains pour évoluer, quitte à bafouer la morale, le bon sens et ses propres convictions. le constat amer de Hugo sur son expérience nous montre bien toute l'absurdité du monde et l'avidité de pouvoir des hommes.
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Les mains sales, pièce de théâtre représentée pour la première fois en 1948, dont l'auteur n'est autre que le philosophe et écrivain Jean-Paul Sartre, est un petit bijou. Les dialogues, les idées, la construction narrative, l'ambiguïté de certaines lignes : on a aucun mal à reconnaître un certain génie littéraire à Sartre.
Pourtant, à lire certaines critiques et la pièce de théâtre camusienne (Les justes) censée lui répondre : on voit qu'elle est mal comprise. Il s'agirait pour Sartre, selon certains, de justifier le mensonge et la violence dans le cadre de la lutte politique (thèse que je retrouve dans un ouvrage spécialisé à propos de Sartre, c'est dire !). Mais est-ce aussi simple ? Deux citations peuvent servir à appuyer cette thèse : quand Hugo dit à Hoederer « Tous les moyens ne sont pas bons » ce à quoi Hoederer répond « Tous les moyens sont bons quand ils sont efficaces » ; de plus, on connait le reproche, très connu (trop connu ?) de Hoederer à Hugo : « Comme tu tiens à ta pureté, mon petit gars ! Comme tu as peur de te salir les mains. Eh bien, reste pur ! […] Moi j'ai les mains sales. Jusqu'au coudes. Je les ai plongées dans la merde et dans le sang. ». À la première lecture, l'affaire est effectivement classée : Hoederer semble justifier tous les moyens pour parvenir à la victoire politique (les mains sales semblant alors signifier : les mains qui tuent). Or, si on lit attentivement le texte, cette pièce de théâtre ne dit pas ça du tout. Les citations ci-dessus sont extraites de la scène III du cinquième tableau, où Hugo et Hoederer débattent non de la nécessité de tuer, mais de la pureté militante, c'est-à-dire ne pas transiger avec ses opinions, peu importe les conséquences. Hugo souhaite tuer Hoederer car celui-ci est un « traître » à la cause, puisque ce dernier compte pactiser avec les libéraux et la droite nationaliste du pays. Traître ? On apprend vite dans ce dialogue qu'Hoederer fait cela pour sauver des centaines de milliers de vies (je ne rentre pas dans les détails du pourquoi, retenons juste que le débat se situe ici). Ce qui est insupportable pour Hugo : on ne transige pas avec les idées ; tous les moyens ne sont pas bons… pour sauver des vies. Selon Hugo, les idées passent avant les hommes. Ce à quoi Hoederer réplique qu'Hugo vit dans une pureté militante et que les mains propres ne sont pas autre chose que le fait de ne jamais avoir eu à bousculer sa bonne conscience. Sartre sait jouer sur l'ambiguïté de ces répliques (ce qui fait de cette pièce un chef-d'oeuvre bien au-dessus du manichéen débat des Justes de Camus). Ce qui est reproché à Hugo n'est pas de ne pas vouloir se salir les mains en tuant pour le Parti : puisque ce premier veut justement tuer pour prouver sa valeur au Parti (c'est-à-dire pour les idées). Ce qui est reproché c'est de ne jamais sortir de sa bonne conscience quitte à laisser mourir des centaines de milliers de gens, tout ça pour ne pas égratigner ses propres opinions. On reconnaît bien là l'adage sartrien selon lequel il faut « Penser contre soi-même ». Hugo est un homme de principes, il se bat pour des principes. Hoederer (et par là, Sartre lui-même) se bat pour les hommes : « Pour moi, ça compte un homme de plus ou de moins dans le monde » sort-il à Hugo. Au fond, Hoederer s'aperçoit vite qu'Hugo déteste les hommes : il veut un Parti de principes, non une émancipation du genre humain. Contrairement à Hoederer.
Sartre critique par là les communistes, trop occupés à justifier la ligne du Parti (Hoederer désobéit au Parti, bien que son action sera ensuite approuvée par le Parti) plutôt que de lutter pour l'émancipation et contre ce qui écrase l'homme. D'aucuns me diront que, dans Les mains sales, Hoederer justifie le mensonge et certains rares assassinats politiques. À ceci je répondrais que la pièce Les justes procède de la même manière : Kaliayev tue le Grand-Duc, refuse toute rédemption et meurt pour son action. Dora le suivra. Pourtant, Camus ne cessera de louer ses deux personnages.

Bref, pièce de théâtre d'une immense richesse dont je n'ai esquissé qu'une partie (pour la défendre face à un mauvais procès), ce Sartre virtuose propose un texte d'une rare qualité littéraire et thématique (beaucoup de thèmes surviennent tout au long de la lecture et sont admirablement traités) : je ne peux qu'en recommander la lecture. D'autant qu'on est loin d'avoir épuisé toute l'actualité de ce texte, les quelques passages que j'ai cités (à propos de la pureté militante) suffisent amplement à démontrer son importance pour notre temps.
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Une oeuvre riche de sens et d'interprétations. La transgression de classe est un des sujets abordé par l'oeuvre, son traitement m'a fortement intéressé.
/!\ SPOIL

Le couple d'Hugo et Jessica provient de la classe bourgeoise. Il est lâché dans un environnement qu'Hugo tente d'inclure et que Jessica doit subir à contre coeur. Les autres personnages ressentent cette présence comme parasite, et cela est visible dans des jeux d'accusations et de jugements à l'égard du couple. Lors de ces confrontations, les enjeux politiques propres à la présence et à l'identité des personnages resurgissent.

Hugo est un transfuge de classe : il a quitté son milieu social d'origine, la bourgeoisie, pour rejoindre le Parti révolutionnaire des classes ouvrières. C'est un paramètre qui paraît être important pour beaucoup de personnages: Hugo qui essaye de faire ses preuves, les gardes d'Hoederer, Karsky...
C'est finalement Hoederer qui l'attaque plus intensément et de manière argumentée à ce sujet, quand il emploie la métaphore des gants : HOEDERER « Parbleu, les gants rouges, c'est élégant. C'est le reste qui te fait peur. C'est ce qui pue à ton petit nez d'aristocrate » Hoederer, qui était partisan jusque là de considérer Hugo entant qu'intellectuel (ce qui ne donne aucune indication sur son orientation politique), en vient à le renier politiquement par l'emploi du complément « d'aristocrate » attribué à nez. Par cette formulation, Hoederer réduit son statut social à son corps, et donc, à une identité politique essentialisée et immuable. Pour Hoederer, Hugo ne peut le rendre responsable d'aucune faute puisqu'il fait fausse route sur le Parti lui-même, et porte un jugement déplacé voire fantasmé de la lutte révolutionnaire. Cela est dû à son statut de 'Bâtard' politique, pour lequel il le condamne à ne jamais être complètement admis dans une classe sociale, et par extension, dans le parti entant que membre de la bonne espèce.

Jessica se voit, tout le long de la pièce, méprisée par son statut de femme d'Hugo, et rendue coupable de ne pas avoir les compétences requises pour se mêler à l'intrigue politique. Elle est clairement décrite par Hoederer comme étant le luxe d'Hugo, la réduisant à une figure d'objet décoratif et bourgeois. Jessica est une gêne pour les autres personnages. Sa présence perturbe les hommes et n'est pas souhaitée. Hugo va jusqu'à se défouler sur elle quand il n'arrive pas à trouver de solution pour lui-même.
Pourtant, Jessica fait partie des personnages les plus actifs pour faire avancer l'intrigue. Elle confronte Hugo à de nombreuses reprises, lui fait verbaliser sa mission, le pousse à agir, puis confronte les différents personnages et provoque des scènes les plus importantes, à savoir le débat entre Hugo et Hoederer après le pétard, et provoque malencontreusement le meurtre. Elle est aussi une alliée d'Hugo, plus zélée que lui pour se sortir de situations inconfortables. En outre, Jessica est un personnage crucial pour le bon déroulement de la pièce et un soutien indiscutable. Cependant sa valeur n'est jamais reconnue. Personnage clairement sous-côté, donc.
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