Les mouches

J'ai lu du 09/11/2021 au 11/11/2021.

J'avais lu il y a très récemment Huis-clos de Sartre, j'avais bien aimé. J'ai voulu réitérer l'expérience avec une célèbre tragédie : Les Mouches. Il faut savoir que le XXe siècle au théâtre est une période où on s'approprie les mythes de l'Antiquité à la sauce du XXe siècle. C'est intéressant dans le cadre de l'intertextualité, des réécritures de voir une évolution des mythes. Là ne sera pas le sujet.
J'ai souvent du mal avec Sartre mais ses pièces de théâtre me montrent un Sartre différent, plus intéressant à mes yeux. Sa plume est plus dynamique, plus piquante. Il est étonnant que la pièce soit écrite en 1943 car nous qui sommes après la fin de la Seconde Guerre mondiale, on comprend d'autres thèmes, d'autres métaphores.
Oui, j'aime beaucoup cette revisite qui parle à tous, on voit clairement que le thème centrale de la pièce est la figure du révoltant et la notion de liberté. Je retiens la citation suivante, très véridique, est la base même de cette tragédie : " le secret douloureux des dieux et des rois, c'est que les hommes sont libres."
Vous constatez dans cette citation que les représentants de pouvoir aliènent leur peuple comme va faire Egisthe à Argos avec son culte des morts chaque année ou bien le dieu Jupiter qui est tyrannique. Pourtant, un dieu n'arrive pas à soumettre totalement les hommes car son poulain, Egisthe, va se révolter à la fin - est-il trop tard pour se révolter ? Telle est la question -. Néanmoins, la figure du révoltant est incarnée par Oreste et sa soeur Electre. Dès lors, cette conscience de liberté les distingue des autres mais sommes-nous réellement libres ? Cette question se poursuit avec les thèmes de la culpabilité, des remords par le biais des mouches qui sont des érinnyes.
Là, je trouve que Sartre a du talent car cette liberté se voit constamment mais elle a plusieurs obstacles.
Sinon, on peut transposer la pièce à l'époque contemporaine du dramaturge. Il est clair que Sartre a transposé le régime de Vichy dans sa pièce avec ceux qui soutiennent, les collaborateurs, le tyran et les résistants. Pourtant, je disais que c'est une pièce encore plus intéressante à lire après la Seconde Guerre mondiale car il est question de se souvenir mais plus d'oublier et créer une mémoire collective. Au sein de cette pièce, le dramaturge représente plusieurs types de personnes de 1939-1945 : le tyran, les collaborateurs entre ceux qui soutiennent le tyran et ceux qui se soumettent au même titre qu'Electre, et les résistants à l'image d'Oreste.
Quant aux personnages, j'ai beaucoup aimé la constance d'Oreste, j'ai été surprise de la cruauté de Jupiter et j'ai été déçue par Electre qui était une résistante avant de se plier à la soumission. Pourtant, elle a été traitée comme une esclave pendant 15 ans et avait fomenté le régicide et tout. Or, une fois devant le fait accompli, elle fuit. C'est dommage.
En tout cas, la diversité des personnages permet de représenter la réalité sous le régime de Vichy.

Pour conclure, j'ai apprécié cette tragédie car la revisite du mythe d'Electre et d'Oreste est intéressante et transpose parfaitement à la réalité historique du XXe siècle - plus précisément le régime de Vichy -. Il est question de liberté au sein de cette pièce et nous pousse à la réflexion autour de celle-ci.

Ma note : 7.5/10