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3,77

sur 473 notes
Je sors plus que mitigée à la fin de cette lecture. Éric Emmanuel Schmitt exorcise ici le départ en d'autres cieux de sa mère. Aux confins du deuil, du manque, il explore des facettes de l'existence, des souvenirs, de la vie à la mort, de l'art d'aimer, l'art d'approcher le vide pour se remplir du plein d'une existence résolue.

Il y a de très beaux passages dans ce récit mais aussi des passages plus sombres avec lesquels je ne suis pas toujours en adéquation. Jugez plutôt :
« Seule bonne question : pourquoi n'y a-t-il pas davantage de suicides ?
À quoi les gens se cramponnent-ils ?
Pour moi, le scandale n'est pas la mort mais la vie. »

La vie serait-elle si désespérante qu'il faudrait en finir avant l'heure ? Pas certaine d'y voir beaucoup d'espoir ici.

Le récit d'EES s'articule autour de la pudeur, de la distance entre les sentiments et des mots intellectualisés à son paroxysme. L'ombre de l'absente, la mère, semble flotter dans un néant aux contours imprécis. S'ajoute à ce cheminement du deuil, une panoplie de drames, de maladies. La démence de son père, sa nièce atteinte de mucoviscidose. J'ai trouvé le tout assez lourd et déprimant. Et je suis restée détachée tout le long de ma lecture.

Je ne suis pas fana de ce genre d'exorcisme thérapeutique où pour en faire un récit d'exception, j'ai besoin du mariage des émotions, de la réalité couplée aux sentiments, aux réflexions trouvées dans le recul, des pensées mûries et travaillées. Doper les ventes à travers le « moi je, tiens voilà un bout de ma vie » ne m'intéresse pas plus que cela. Il m'a manqué ici un peu de tout cela même si je me répète, de très beaux passages surplombent le livre. Mais sans conteste, ma préférence sur ce même thème qu'est le deuil et l'amour maternel chers à beaucoup d'écrivains, ma préférence se porte sur le magnifique Lambeaux de Charles Juliet et dans un autre genre, Ma mère du Nord de Jean-Louis Fournier.

Pour conclure, j'ai un peu de mal à retrouver le grand EES de la part de l'autre. Tous ses autres romans semblent être une pâle copie de ce monument de la littérature française. C'est bien écrit certes, c'est touchant, c'est même talentueux mais on est tellement éloigné du château littéraire brillantissime de la part de l'autre....
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Ce n'est pas un roman que l'auteur nous livre à l'occasion de la rentrée littéraire, mais ses sentiments profonds, son désarroi dans lequel le décès brutal de sa mère va le plonger.
Des pensées en tous sens, des réflexions abruptes se succèdent, de sorte que, sans même être passé par l'expérience bouleversante de la perte de sa mère, le lecteur développe de l'empathie pour l'auteur.
Le choc surmonté, l'analyse de ce que sa mère lui a apporté, de ce qu'il a vécu avec elle, prendra peu à peu le dessus.
Finalement, la mère de l'auteur est toujours bien vivante au travers de son fils, qui est devenu le monument de sa mère.
L'auteur a un devoir de bonheur vis-à-vis de sa mère, qui voulait que son fils soit heureux.
J'ai passé un beau moment de lecture, touchant...
#rentréelittéraire2019
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Cette première phrase.

« Maman est morte ce matin et c'est la première fois qu'elle me fait de la peine. »

Lire cette première phrase et peut-être en trembler un peu … Sentir déjà l'émotion qui va nous étreindre tout au long de ce livre.

C'est le journal d'une histoire d'amour. Un amour fou. Celui d'un fils à maman, sans ironie aucune. C'est le journal d'une perte immense. Une perte folle. C'est la force d'un homme qui va devoir vivre sans. L'itinéraire d'un enfant gâté, par cet amour de celle qui l'a mis au monde. Et qui le quitte. Et cette vie à venir. Sans celle qui a été là à chaque seconde de son existence.

Sa maman.

C'est le journal d'un deuil. Jour après jour. de cette vie qu'il faut continuer à vivre. de l'église au cimetière, de la maison à vider jusqu'aux idées noires. Un journal où l'homme règle un peu ses comptes avec l'enfant. le journal d'un deuil qui en rappelle d'autres.

Le journal d'une vie à venir. A travers elle mais, sans elle. C'est le journal, pourtant, du bonheur d'être là, de vivre fort. La force de l'ouvrage tient dans le fait qu'il est rempli de vie et d'amour et de résilience.

Mélange du quotidien, de ces jours qui viennent après elle, de courtes réflexions et de souvenirs d'enfance. C'est aussi le journal d'un homme empli de cet amour et qui va pouvoir continuer son chemin. Un livre qui fait du bien, qui offre de belles phrases à noter sur des petits cahiers pour se soulager de vivre, pour avoir quelques mots auxquels se raccrocher si jamais …

Vous l'aurez compris, je sors un peu ému et rempli d'amour.

Je profite de ces quelques mots, glissés ici, pour dire à ma maman combien je l'aime, combien elle me porte et combien je suis fort de cet amour. Car je sais qu'elle me lit ici, plus que quiconque… Comme lorsqu'elle me portait dans ses bras. Sauf que maintenant, je suis bien trop grand! Attention, bien trop grand et non bien trop gros, j'y tiens.

Il faut dire parfois. C'est trop important.

Lien : https://labibliothequedejuju..
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Cher Eric-Emmanuel Schmitt,

Je ne peux que m'adresser directement à vous pour la rédaction de ce billet. Comment pourrais-je faire autrement ? Ma lecture de votre journal intime a été dominée par un profond sentiment : la Compassion.

Compassion : Souffrir avec.

J'ai souffert avec vous en cet instant suspendu.
J'étais là, face à vous, vous écoutant me raconter cette perte immense, ce chagrin incommensurable.
J'étais là, tout près de vous ... je sais, je l'ai parcouru moi aussi ce long chemin ...
La résonance du mot : si laid, si dur, si froid : le deuil.

« Journal d'un amour perdu », ou le journal d'un fils à sa mère.
Vos mots si justes pour exprimer cette descente aux abîmes.
Ils m'ont ramené à cet instant fatidique.
« Un jour comme les autres, tout devient différent.
On nous annonce une mort, une naissance, et dès lors rien ne sera plus jamais pareil. »
C'est une date ancrée dans le corps. Il y a l'avant et l'après. L'ancien moi ... le nouveau moi.

Une longue traversée que ce chemin là. Un tsunami émotionnel, un uppercut en plein coeur. le temps s'arrête et la météo s'emballe : torrent de larmes, orage colérique, arc-en-ciel illusoire, nuages bas dépressifs et enfin, tout au bout du chemin pointe un rayon de soleil ... le rayon libérateur ...

L'écriture comme exutoire ... la plume salvatrice ... vous vous confiez, vous vous libérez.
Vous racontez merveilleusement cette être extraordinaire, cette mère si lumineuse, cet amour fusionnel.
Et sonne l'écho à mon passé ... c'était aussi une âme très lumineuse ...

Par vos mots, vous m'avez touchée et toucherez, il est certain, un grand nombre de vos lecteurs.
Vos ressentis sont tellement palpables. Ils m'ont littéralement enveloppée.

Lecture troublante. En lisant votre chemin, je retrouve le mien ... et je vous rejoins, au bout du chemin ... dans la lumière ...
Car oui, accepter l'inconcevable c'est mûrir, grandir, évoluer.

Je vous remercie chaleureusement, mon cher Éric-Emmanuel Schmitt, pour ce moment en toute intimité.
Vous m'aviez déjà émue aux larmes avec « Oscar et la dame rose » et là vos confidences me confirment que derrière l'écrivain se cache un homme d'une grande sagesse.

Tendres pensées à nos étoiles ...

Avec toute mon empathie.
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J'ai lu plusieurs romans d'Eric-Emmanuel Schmitt. J'éprouve à chaque fois le plaisir de découvrir le sens caché d'un passage, l'originalité du message philosophique, le sens des religions masqué par une petite robe de fête.
Ici c'est différent. Ce texte est inhabituel parce qu'il est autobiographique. Bien loin cependant de tomber dans le piège de l'anecdote l'auteur se contente de dévoiler ses réflexions, sa détresse, ses ressentis lors du décès de sa maman, elle qui « aspirait le ciel par les narines et y montait belle à crever ».

. L'auteur analyse l'état dans lequel il était après une séparation qu'il jugeait essentielle. Une occasion pour lui de parler de la mort à « partir de laquelle plus rien n'est pareil », , du suicide « mort qui paraît trop souvent la solution de la douleur », du chagrin parce que le bonheur appartient au passé, de la peur qui « désigne un ennemi », de l'angoisse « qui n'a peur de rien » et qui comprend le néant, du rapport aux autres, des consolations possibles, du désespoir, « du chemin du deuil qui amorce un grand virage lorsque la joie succède à la tristesse ».

Eric-Emmanuel Schmitt qui « ne veut pas modifier « l'équilibre ou le déséquilibre » qui lui permet d'exister garde pour lui ses sentiments intimes. Il ne se livre pas vraiment. Bien sûr il dit son mal être, le vide qu'il ressent, la nostalgie qui l'habite et qui, dit-il, le livre à « des orgies de mémoire » pour retrouver sa maman. Cependant Il embraye immédiatement sur des pensées philosophiques : la mort, l'absence, la tristesse et le devoir de bonheur. Je lui ai trouvé une certaine distance avec le lecteur. Une sorte d'élégance pudique. Il sombre, un genou à terre et il reste digne en nous le racontant.

Le livre de la reconstruction extrêmement difficile après le départ de l'être aimé. C'est certainement un peu l'histoire de tous les lecteurs…..aussi.
La philosophie sert à vivre mieux. A apprivoiser nos équilibres et nos déséquilibres. Apprendre à « lutter avec acharnement contre le chagrin ». Se relever et se réapproprier le devoir de bonheur.
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C'est une amie qui m'a conseillé cet ouvrage et qui, au cours de l'une de nos discussions, m'a dit qu'elle me le prêterait, ce qu'elle a gentiment fait et je l'en remercie. Ce n'est certes pas ma première rencontre avec cet auteur que j'avais découvert lorsque je faisais encore mes études en DUT métiers du livre mais je dirais que c'est probablement ma rencontre ou redécouverte avec lui de manière beaucoup plus intime et profonde.
Tel Albert Camus, l'auteur démarre ici avec ces quelques mots "Maman est morte ce matin..."
S'ensuit alors tout au long de ce bouleversant témoignage l'acceptation de la disparition d'un être cher d'une part et le comment on continue à avancer dans la vie malgré cela, malgré l'absence, la résignation et le deuil.

Ce n'est pas un roman très réjouissant quoique, loin de s'apitoyer sur son sort -ce qui aurait été contraire aux volontés de sa mère- notre auteur protagoniste sait au contraire sait qu'il doit continuer à poursuivre sa route, sans elle. Cependant, il y a ce que la raison sait et ce que le corps fait ou inflige à celui qui reste pour lui montrer sa douleur. Contrairement à ce qu'il avait imaginé et malgré leur relation fusionnelle, Eric n'a rien ressenti le jour de la mort de sa mère, il ne l'a pas vu venir mais éprouve par la suite me besoin de savoir...savoir quoi, il l'ignore encore mais il sent que sa mère voulait lui dire quelque chose au sujet de sa filiation. Lui qui a toujours été plus proche de sa mère que de son père envers lequel il se sentait injustement incompris et mal aimé aurait-il quelque chose à découvrir de ce côté-là à travers les carnets qu'il voyait sa mère jaunir chaque jour lors de leurs moments ensemble ou au contraire, serait-ce un défaut de son imagination débordante en tant qu'auteur et comédien ?

Plus qu'un simple roman, c'est ici une recherche d'identité, un long parcours que l'auteur nous livre et que le lecteur suit au fur et à mesure. Il vit dans l'incertitude avec lui, cherche avec lui et espère trouver avec lui...ou pas ! Un texte fort et puissant, très bien écrit (comme d'habitude) et qui nous plonge, nous lecteurs, dans une intimité et des questionnements que nous avons nous sommes plus ou moins tous posé un jour ou l'autre : quel est notre but sur cette terre sans l'autre, sans cet être cher qui nous permettait de donner un sens à notre vie et nous poussait à avancer ? A découvrir !
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Eric-Emmanuel Schmitt nous dit ici toute la douleur éprouvée à la mort de celle qui lui a donné la vie. Sa mère, c'est celle qui lui a appris la joie et le bonheur d'être en vie. Après le décès de cette femme qu'il adore, il est tenté par la mort. Cependant, ce récit n'est pas sombre. L'auteur nous montre comment il est revenu à la vie, notamment grâce à l'écriture et aux représentations théâtrales qu'il donne. Un très beau récit.
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Dans ce nouveau roman Journal d'un amour perdu - Albin Michel - Eric Emmanuel Schmitt nous parle du décès de sa mère avec une peine profonde. Cet écrivain célèbre dévoile son âme sans retenue et avec beaucoup d'humilité.
« Je ne comprends pas : elle a expiré, je n'ai rien perçu.
Rien.
Alors tout - vraiment tout - s'effondre. “
La mort parfois emporte un être cher, sans donner signe. Cette rupture soudaine et violente amène l'endeuillé à un grand désarroi, à une non-acceptation de la réalité, à une tristesse peinte de mélancolie, mais aussi à une certaine culpabilité. On réalise que notre vie dorénavant aura un autre sens, un goût amer.
‘Un jour comme les autres, tout devient différent.
‘On nous annonce une mort, une naissance, et dès lors rien ne sera plus jamais pareil.'
C'est un nouveau départ qui s'annonce pour Eric Emmanuel Schmitt par un travail sur son deuil qui prendre deux ans. Ce journal écrit par une plume magnifique relate une femme, une mère joyeuse, épanouie, attentionnée et un fils comblé par cet amour fusionnel.
Sa présence apaise, sa douceur réconforte, son doux regard renforce. Rien ni personne ne peut remplacer une maman. C'est un homme le coeur brisé par leur chagrin qui écrit avec des mots sensibles et poignants
‘J'entame ma première journée d'orphelin.
Je ne suis plus l'enfant de personne.'
Toutes les préparations funéraires, les formalités, l'enterrement sont retranscrits, détaillés par un homme dépassé. Son écriture s'apparente à des secousses sismiques divulguant tous ses émois. C'est bouleversant !
Pour traverser cette dure épreuve, il lui faudra retourner en enfance pour guérir de ses blessures. Eric-Emmanuel Schmitt se remémore son père qui sera la clé d'un dénouement des noeuds du passé.
L'écriture sera une bouffée d'oxygène, le théâtre un éloignement de sa dépression ancré qui le déstabilise, le désoriente, le fragilise…
Félix et la source invisible prendra naissance durant cette période, l'histoire d'un petit garçon qui tente de ressusciter sa mère de sa dépression.
C'est une renaissance qui s'est accomplie durant ces deux ans. Un ouvrage sublime qui nous donne une belle leçon de vie

Lien : http://chroniqueuse6.canalbl..
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J'ai débuté la lecture de Journal d'un amour perdu sans trop y croire. le sujet me semblait trop intime, trop triste et maintes fois évoqué.

J'ai eu la bonne surprise de découvrir un texte riche, fort bien écrit et d'une portée universelle. Journal d'un amour perdu n'est pas un roman, c'est le cri d'amour d'un fils envers sa mère disparue.
C'est aussi un hymne à la vie bouleversant, écrit avec authenticité et pudeur.

Ce récit d'un deuil m'a renvoyé à des émotions personnelles et je ne vous cache pas avoir pleuré quasiment du début à la fin. J'ai ressenti beaucoup d'empathie envers Éric-Emmanuel Schmitt et j'ai vécu, moi aussi, le délice du souvenir.
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Je n'avais lu qu'un seul livre de E.E.Schmitt, Les dix enfants que Mme Ming n'a jamais eus. Cela remonte à 2012, et je n'avais pas trop aimé.
Une amie m'a prêté Journal d'un amour perdu, précisant que c'était différent du genre habituel de l'auteur. Je me suis laissée convaincre...
Le début du livre m'a agacée, bon, la mort de la mère, moi qui viens de perdre la mienne, ce n'était pas un sujet facile, pas gagné du tout.
Je trouvais que l'auteur avait une façon de banaliser cet événement assez incroyable. Et que c'était plat. J'ai persévéré. Puis j'ai commencé à trouver un petit intérêt à l'histoire.
Donc je l'ai terminé.
Je trouve pourtant que l'écriture D'E.E Schmitt manque de poésie, de fantaisie dans la forme.
J'ai accepté le prêt d'un autre livre, l'évangile selon Pilate, que je vais lire avant de me faire une opinion définitive.
Tout le monde a droit à une troisième chance, non ?
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