AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,56

sur 119 notes
5
8 avis
4
16 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
1911. Gustav Mahler se repose, fragile silhouette de vieillard emmitouflée dans ses couvertures, sur le pont du transatlantique qui le ramène en Europe après une ultime saison à New York. Il n'a que cinquante ans, mais, malade et perclus de douleur, celui que tous considèrent comme un compositeur de génie et le plus grand chef d'orchestre de son temps, voit ses jours désormais comptés. Pendant que son épouse et sa fille, comme déjà lointaines, vaquent à leurs occupations quelque part à l'intérieur du navire, il laisse son esprit divaguer au gré de ses réminiscences, à peine rattaché au présent par la discrète mais vigilante présence du jeune garçon mis à son service par la compagnie maritime.


A quoi se résume une vie ? A tant de choses, et à la fois si peu, tant Robert Seethaler est parvenu à l'exprimer tout entière en quelques images significatives. Sans quasiment parler de cette musique dont il fait dire à Mahler que les mots sont impuissants à la décrire sauf quand elle est mauvaise, évoquant avec une sobriété confondante de naturel et de puissance suggestive les quelques traits qui suffisent à laisser sentir la personnalité et la vie qui se sont tant entremêlées à l'oeuvre, l'écrivain transcende les faits historiques pour nous faire pénétrer l'âme, si passionnée et si exigeante, du compositeur visionnaire qui bouscula son époque et s'imposa comme un prodige de l'orchestration.


Drôle parfois, comme lorsque se rencontrent un Mahler exaspéré et un Rodin mal embouché, la narration se fait le plus souvent poignante, alors que l'esprit de celui que la maladie a prématurément vieilli garde toute sa vigueur et sa lucidité. du bonheur simple des étés à la montagne au travail acharné et méticuleux du maître qui réforma l'Opéra de Vienne, de son amour torturé pour son épouse Alma, tombée dans les bras d'un amant plus jeune et plus disponible, à l'incommensurable chagrin de la perte de sa fille aînée, emportée par la diphtérie à l'âge de cinq ans, c'est toute une vie qui dans ce corps usé palpite encore, et qui, quand elle s'éteindra tout à fait, cédera la place à l'imposante éternité d'un chef-d'oeuvre qui nous dépasse. Alors, peut-être ou peut-être pas, pour nous comme, au lecteur d'en décider, pour le jeune et modeste employé placé par le hasard à la croisée d'un autre monde, continuera à vivre « l'indescriptible » musique de « Monsieur le directeur » Gustav Mahler.


Si la musique se vit et ne se décrit, il en est de même pour cet émouvant roman qui sait si bien, en un minimum de mots et avec une impressionnante puissance suggestive, nous ouvrir l'âme d'un homme qui repoussa jusqu'à l'épuisement les limites de son art. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          9910
Traduit de l'allemand par Elisabeth Landes

Assis sur le pont supérieur de l'Amerika, veillé par "un jeune garçon de cabine", Gustav Mahler rêve de voir des poissons volants.
Le Mahler intime se dévoile au cours des pages. Ses pensées vagabondent, en proie alternativement au bonheur ou aux tourments.
La difficulté de composer, son amour pour Alma, sa douleur lors de la perte de sa fille aînée Maria, le triomphe de sa Huitième Symphonie, son travail de directeur à l'Opéra impérial de Vienne, sa carrière de chef d'orchestre, "bourreau du pupitre", sa rencontre avec Freud, ses douleurs récurrentes, la mort, la vie.
Un très court roman, très dense, comme le fut la vie de Mahler.
Commenter  J’apprécie          290
De Robert Seethaler, je n'ai encore lu que le tabac Tresniek, je dois me rattraper sur d'autres titres déjà parus en français mais quand j'ai vu l'annonce de cette parution, un roman qui met en scène Gustav Mahler à la fin de sa vie, une vague d'impatience m'a soulevée. Avec mes complices Marilyne (qui a eu la chance d'entendre l'auteur en librairie et éclaire la lecture grâce à son interview) et Mina, nous avons décidé de programmer une lecture commune en ce début de printemps.

Sur le pont supérieur du navire qui le ramène en Europe après son dernier engagement au Philharmonique de New York, on a transporté Gustav Mahler, considéré comme le plus grand chef d'orchestre de son temps (il a vécu de 1860 à 1911). Il n'a plus guère de force, il sait que la mort est proche, lui dont la santé a toujours été fragile. Et pourtant, sur fond de roulis, de bruit des machines, comme sur un mouvement musical régulier, l'homme va se laisser happer par la contemplation de la mer et du ciel et convoquer les souvenirs marquants de sa vie d'homme et de musicien.

Souvenirs d'un petit enfant juif chétif qui a grandi dans une famille de quatorze enfants (jusqu'à ne mesurer qu'un mètre soixante quand même) et est devenu un immense chef d'orchestre de son temps et un compositeur dont l'originalité sera davantage reconnue après sa mort. Souvenirs de celui qui, après d'autres engagements, est devenu le directeur musical de l'Opéra de Vienne de 1897 à 1907, poste où il a osé engager des réformes qui modernisent l'opéra et la représentation musicale et où il a inlassablement bataillé contre les récriminations des musiciens et les critiques de tous bords. Souvenirs de l'époux d'Alma Schindler, celle que tous voyaient comme la plus belle femme de Vienne, qui l'introduira dans les milieux artistiques et qu'il épousera en 1902, celle qui finira par le tromper mais l'accompagnera jusqu'à la mort, celle qui lui donnera deux filles dont l'aînée Maria mourra de la diphtérie en 1907. 1907, l'année funeste où il perd sa fille, son poste de directeur à Vienne et où il apprend qu'il est atteint d'une maladie cardiaque incurable : trois coups du destin qu'il avait pressentis un an auparavant dans le finale de sa Sixième symphonie.

Dans le roman, Mahler est donc seul ou presque sur le pont supérieur du bateau et les souvenirs vont et viennent au gré du voyage. Un très jeune garçon de cabine s'efforce de prévenir au mieux ses demandes, un très jeune garçon engoncé dans un costume trop grand pour lui face à un homme aux sentiments ambivalents : Mahler se sent vieux, fatigué, il sent la mort approcher, l'ombre d'un oiseau blanc le hante mais il s'ouvre toujours à la vie, à la création musicale, il parvient à se tenir debout face à l'océan, accroché au bastingage.

La traduction est belle et poétique, qui évoque ces souvenirs heureux et malheureux, cette communion à la nature, à la mer et à la montagne quand Mahler passait ses étés à composer dans sa cabane. C'est une « nostalgie heureuse » qui imprègne les pages de ce court roman. J'ai beaucoup aimé la fin aussi, qui revient au jeune marin qui se souvient à son tour…
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
Commenter  J’apprécie          182
Dernier mouvement, dernière note, dernier souffle avant de reposer la baguette sur le pupitre qui l'accompagne depuis plus de vingt ans. Voilà comment résumer cette ultime traversée sur l'océan qui ramène à Vienne l'illustre musicien après série de concerts outre-atlantique. Mahler, emmitouflé frileusement dans sa couverture contemple sur le pont du paquebot le ciel et la terre et se souvient. Son enfance pauvre, ses premiers succès, la rencontre avec Alma et l'éblouissement qui en résulte. Un mariage qui rencontre bien des oppositions, et une vie de couple ponctuée d'intenses joies et de drames. le bilan est en demi-teinte, car s'il aime passionnément Alma et sa fille, il a voué sa vie à la musique et elle prime le reste. le jeune steward qui recueille ses confidences lui demande ce qu'est la musique , il lui répond que la définir c'est l'appauvrir, elle se vit, avec passion. Constat quelque peu désabusé, ce livre se lit néanmoins avec plaisir et intérêt.
Robert Seethaler excelle dans la peinture de ses personnages complexes, toute en nuances et en finesse.
Il les cisèle avec intelligence et garde pour eux une tendresse qui rend cette histoire touchante et vivante, et permet d'éclaircir un peu le mystère qui entoure l'auteur du célèbre Adagietto de la Symphonie N°5.
Commenter  J’apprécie          80
Nous embarquons avec Gustav Mahler sur le paquebot qui le ramène en Europe, pour sa dernière traversée. Seul sur le pont, malade, emmitouflé dans une couverture, il laisse remonter ses souvenirs.
Robert Seethaler m'a permis de découvrir la vie de ce chef d'orchestre réputé, que je connaissais plutôt par ses compositions.
Très bien écrit, parfois poétique, parfois drôle.
Il est question, dans « Le dernier mouvement », de travail et de musique, également d'amour et de famille, de maladie. Nous y rencontrons aussi deux illustres contemporains de Gustav Mahler.
Une très belle découverte, que je recommande, pas uniquement aux amoureux de musique.
Commenter  J’apprécie          60
Court texte de cet auteur que je découvre, mais fort intéressant. En se basant sur la vie d'un grand chef d'orchestre, il nous emmène à sa rencontre, dans ses derniers moments, son dernier mouvement. Un texte que j'ai vraiment beaucoup aimé. Pas besoin d'être un grand amateur de musique "classique" pour apprécier ce roman tellement nous avons l'impression de vivre avec ce grand artiste. Évidemment, apprécier ce genre de choses aide à apprécier, mais ce n'est pas une nécessité tant cela est bien écrit, bien raconté. Ses pensées, anecdotes professionnelles, sa vie sentimentale, ses derniers instants, tout y passe. En lisant ce livre, je n'avais qu'une envie, rencontrer cet homme et discuter musique avec lui.
En somme, une excellente découverte et un talent de raconteur que je redécouvrirai avec un très grand plaisir.
Commenter  J’apprécie          20
Ce petit bouquin de 122 pages orchestre les pensées intimes, les souvenirs du « bourreau du pupitre »
«Emmitouflé dans une chaude couverture de laine, la tête inclinée sur le buste, Gustav Mahler attendait le garçon de cabine dans cette partie du pont supé- rieur de l'Amerika dont on lui avait réservé l'usage exclusif. ».
🎶À 50 ans, il est l'un des compositeurs et chefs d'orchestre les plus réputés de son époque. Sur ce pont du paquebot qui le ramène en Europe après une ultime saison à NY, Gustav Mahler (1860-1911) laisse dériver ses pensées. Affaibli, fièvreux, il se sait au crépuscule de son existence.

L'oeil rivé sur la mer grise, son esprit vagabond vers un bilan de sa vie.
Il se souvient des jours heureux, du petit garçon qu'il fut, du mari, père, chef d'orchestre, compositeur... des moments à Toblach, sa Kompositionhäuschen, installée dans le jardin de sa villa, où il aimait tant composer, de la nature, des oiseaux qu'il adorait observer et écouter…. La rencontre et son amour pour Alma ... Des souvenirs déchirants de la mort de sa fille Maria.. Sa peur qu'Alma s'éloigne.
La séance de pose avec Rodin m'a époustouflée : Rodin odieux, et Malher affreusement impatient (sans Claire de Choiseul, dernière passion du sculpteur et Alma, ce buste n'aurait pas existé). La consultation-promenade avec Freud m'a laissée pantoise…(conclusion : il était à la recherche de sa mère et Alma de son père.)

Une introspection fictive aux tonalités de vérité.
Une écriture délicate, musicale, un final sympathique
J'ai été très touchée par la mélancolie de ce grand homme qui sent la mort arriver…
"J'ai l'impression d'avoir à peine commencé et voilà que c'est déjà fini. C'est donc ça mourir, se dit-il. Se tenir tranquille et attendre".
Ce livre est un instant de grâce.
Et j'ai eu envie d'en savoir plus sur Alma Schindler
Lien : https://www.plkdenoetique.co..
Commenter  J’apprécie          00
Dans cette courte fiction biographique, l'écrivain autrichien Robert Seethaler imagine les souvenirs du compositeur Gustav Mahler après son ultime saison en tant que chef d'orchestre avec l'orchestre philharmonique de New-York, en 1911.

le compositeur rentre en Europe et se trouve sur le pont du paquebot l' « Amerika », il se remémore les moments importants de sa vie : ses étés à Toblach, au nord de l'Italie, où la composition musicale se mêle aux chants des oiseaux, la création de son buste par Auguste Rodin (qui ne suscitait guère d'enthousiasme de la part de Mahler !), sa vie de chef d'orchestre à Vienne, et ses relations complexes avec sa femme Alma Schindler.

le récit alterne entre les souvenirs de Mahler et les moments décrits sur le paquebot, où le compositeur apparaît très affaibli et nostalgique du passé. Ses rêveries sont parfois interrompues par le garçon de cabine qui vient échanger quelques mots avec lui.

Grâce à un remarquable travail de recherche et de documentation, Robert Seethaler tente de s'approcher au plus près de la réalité biographique : on y retrouve (dans une sorte de discours indirect libre) des paroles de Gustav Mahler lui-même, rapportées par ses biographes, ou encore des anecdotes aussi présentes dans les Souvenirs de Natalie Bauer- Lechner, ou dans sa correspondance.

Ce petit roman m'a fait penser à Ravel de Jean Echenoz. Dans les deux cas, il s'agit de romans biographiques qui mêlent vie réelle et fiction afin de transmettre en fin de compte une image sincère et fidèle des compositeurs. L'auteur (respectant le souhait de Mahler qui estimait que la musique devait se passer des mots) ne cherche pas à décrire la musique du compositeur, mais présente des moments de vie ordinaires où surgit l'extraordinaire travail de composition.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (245) Voir plus



Quiz Voir plus

auteurs allemands ou autrichiens

D'abord un des phares de la littérature européenne : Johann Wolfgang von Goethe

allemand
autrichien

12 questions
59 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature allemande , littérature autrichienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}