AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,56

sur 119 notes
5
8 avis
4
16 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Petit bouquin de 122 pages, le dernier mouvement de Robert Seethaler brosse le portrait tout en intériorité de Gustav Mahler né en 1860, plus célèbre en son temps comme chef d'orchestre mais dont le nom reste attaché aujourd'hui à une oeuvre de composition dont la dimension orchestrale et l'originalité musicale jettent un pont entre la fin du 19e et le début du 20e siècle.
Il m'a permis de faire connaissance plus amplement et surtout plus intimement avec Gustav Mahler, cet homme certes petit par la taille et au tempérament maladif, mais au talent ô combien grandissime !
L'écrivain autrichien imagine la dernière traversée de l'artiste, gravement malade, sur le paquebot Amerika qui le ramène en Europe après une ultime saison à New York. Il mourra peu de temps après, il avait 50 ans.
Emmitouflé dans une chaude couverture de laine et adossé à un container sur le pont supérieur du paquebot, échangeant quelques rares mots avec un jeune garçon de cabine affecté à son service, Gustav Mahler en proie à la fièvre et à la solitude se tourne vers son passé, des souvenirs surgissent, son appartement à Vienne, son mariage avec Alma, pour lui, la plus belle femme de Vienne. Il revoit également leur maison d'été à Toblach dans le Sud Tyrol, où avait été bâtie sa cabane de composition. Lui reviennent les images de ses voyages en Amérique, des souvenirs de soirs de représentation...
Parmi ces souvenirs, il en est un qui ne cesse de le hanter, la mort de sa fille aînée Maria à l'âge de 5 ans, emportée par la diphtérie. Il décrit également son désespoir lorsque récemment il découvre que sa femme Alma entretient une relation avec un architecte.
Deux rencontres, celle avec Auguste Rodin et celle avec Sigmund Freud permettent de tisser un lien avec l'époque.
Celle avec l'un des plus importants sculpteurs français de la seconde moitié du 19ᵉ siècle donne lieu à une scène de pose qui m'a littéralement sidérée tant l'un, Rodin, fait preuve d'une humeur renfrognée, morose et bourrue et l'autre, Mahler, d'une impatience inqualifiable ! La sculpture du buste n'aurait sans doute pas vu le jour sans la diplomatie dont ont fait preuve ce jour-là, Claire de Choiseul, dernière grande passion d'Auguste Rodin et Anna, l'épouse de Malher.
En imaginant ce dernier voyage de Gustav Mahler, accompagné par cette émergence de souvenirs plus ou moins douloureux portés par une musique omniprésente, Robert Seethaler ne nous livre pas une autobiographie exhaustive de cet homme illustre mais nous offre plutôt une sorte de survol musical nostalgique de quelques moments particuliers qui ont rythmé et marqué la vie de Mahler.
Récit court et simple mais intense et poétique, le dernier mouvement est également une poignante méditation sur la puissance de la création.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          1024
Robert Seethaler nous propose dans ce court livre de partager les derniers moments de Gustav Mahler, chef d'orchestre très célèbre de son temps, mais qui est resté dans l'histoire de la musique avant tout comme un immense compositeur, faisant en quelque sorte le lien entre le XIXe et XXe siècle. Sa musique a mis un certain temps à s'imposer, et de son vivant c'est en tant que chef d'orchestre qu'il était reconnu. Bien évidemment, les derniers moments sont favorables aux évocations, aux souvenirs, et nous partageons avec Mahler un certain nombre de moments ou sentiments clés. La mort de sa fille Maria, ses relations compliquées avec sa femme, Alma, la création de la 8e symphonie etc.

Robert Seethaler a une très belle plume, qui permet de suivre ce portrait du musicien avec un réel plaisir. Il entremêle habilement des moments différents de son existence, ce qui permet de varier les atmosphères et sentiments, et de résumer en peu de pages l'essentiel d'une vie. En nous laissant entrapercevoir le contexte de l'époque, et en particulier l'antisémitisme de la société viennoise du début du siècle dernier. Un contrepoint, apporté par la présence d'un jeune garçon commis au service de Mahler pendant la dernière traversée qu'il a effectuée entre les États-Unis et l'Europe permet de relativiser les événements.

C'est de la belle ouvrage, et un vrai plaisir de lecture. Cela n'est sans doute pas une révélation pour ceux qui connaissent un peu Mahler et sa vie, c'est classique dans l'écriture et dans la manière de mener le récit. Plus un joli moment agréable qu'une grande découverte ou un bouleversement, mais c'est recommandable.
Commenter  J’apprécie          327
À quelle symphonie, huitième, neuvième, dixième, renverrait ce titre ? Difficile à savoir quand on sait que Malher par superstition n'aimait pas numéroter ses oeuvres. Est-ce une métaphore de son retour de N. Y. Mahler se sachant proche de la mort qu'a voulu souligner l'auteur ? Mélomanes et lecteurs à vous d'en décider. Fureur et démesure de la fièvre créatrice, passion du travail toujours remis sur le métier, l'oreille tendue vers la musique entre direction orchestrale et composition ainsi vécut semble-t-il Gustav Mahler jusqu'à la fin de sa vie. le créateur a suscité suffisamment de fascination pour prêter quelques-uns de ses traits à l'écrivain Gustav Aschenbach dans La mort à Venise de Thomas Mann et pour que Visconti emprunte un peu de sa cinquième symphonie pour accompagner l'adaptation du roman qu'il réalisa au cinéma. Dernière "croisière" transatlantique en tout cas d'une célébrité de l'époque qu'on accompagne ici rentrant malade et affaibli en Europe, à cinquante ans, par la voie maritime seule possible en 1911, après trois ans passés à la tête du Metropolitan opéra de N.Y. Retour qui avait suggéré à S. Sweig un portrait hommage au musicien en 1915 ; C'est ce moment biographique particulier qui inspire à Robert Seethaler ce texte court dans lequel il donne la parole à l'artiste pour faire entendre bien d'autres voix ; le musicien semble s'adresser d'abord à lui-même depuis le pont supérieur de l'Amerika, tout juste quelques propos sont-ils échangés avec un jeune homme porteur de thé affecté à son service dont les apparitions discrètes ne font que rendre plus sensible le lien ténu qui relie pour peu de temps encore Malher au reste du monde (Il meurt en mai 1911).

On pourrait regretter l'excès de théâtralisation autour de la personne de Mahler. Seul sur le pont du navire, face à l'immensité de l'océan qu'il prend à témoin. Mais l'auteur rend vite à Gustav son univers musical, vocal et orchestral, au sein de ses horizons affectifs et montagnards de prédilection. Derrière sa carrière accaparante hors norme riche de saisons triomphales et de déconvenues (notamment les dix années passées à réformer sans relâche l'opéra impérial de Vienne pour en faire une institution de premier plan entre 1897 et 1907 laissèrent leurs traces d'aigreur et de ressentiment), le Maître revient mentalement et inexorablement sur ses dernières années de création et vers les paysages bucoliques du Sud-Tyrol face aux Dolomites, ceux des étés heureux et féconds en famille à Toblach (où il composa le "Chant de la terre" et ses dernières oeuvres dans une nouvelle cabane de composition) ; conversant toujours avec ses vieux démons invaincus - au rang desquels les déboires d'un corps récalcitrant soumis depuis l'enfance aux migraines, crises, transes et fièvres diverses (qui lui vaudront sa consultation promenade de quelques heures avec S. Freud !). Mais ces horizons aimés font encore résonner l'écho douloureux de la mort prématurée de l'aînée de ses deux fillettes et esquissent l'ombre de son amour trop intransigeant puis jaloux, où pointent quelques sarcasmes, pour Alma Schindler (1879-1964), également musicienne, dont il connaît la liaison avec "le petit maître d'oeuvre" (W. Gropius). Alma, pourtant avec lui sur le bateau du retour, dont la présence/absence en creux par dialogues remémorés assure finalement à cette introspection fictive les accents authentiques d'un chant d'adieu personnel tragique que R. Seethaler fait composer à Mahler pour sa femme.
Commenter  J’apprécie          267
Bref roman qui nous dépeint, en une centaine de pages, les derniers jours du compositeur autrichien August Mahler, le dernier mouvement est avant tout le dernier mouvement des réminiscences du protagoniste, alors que, gravement malade, il passe son temps sur le pont d'un bateau traversant l'Atlantique, le ramenant chez lui, en Europe.

De souvenirs en souvenirs, plus ou moins proches, professionnels et personnels, d'épisodes clés en épisodes clés de la vie d'un homme illustre, malade depuis sa plus tendre enfance, de ses réussites en tant que musicien à ses échecs comme époux, le roman met à nu la fragilité de cet homme, toujours sur le devant de la scène, mais voulant bien souvent en être en dehors, appréciant le calme et la réflexion de la solitude pour composer, au détriment de sa famille.

Malgré la banalité des scènes racontées, l'on entre dans une véritable musicalité dans l'apparition des souvenirs, qui mènent fatalement à l'issue tragique qu'attendait, finalement, Mahler. J'avoue que je ne connais que de nom le compositeur, je ne peux donc pas juger de la véracité de ces derniers moments décrits par Robert Seethaler, mais j'ai été emmenée avec eux, dans leur poésie du quotidien, celui, doux-amer, profond, bien entendu éphémère, d'une Humanité parmi les autres, en dehors de tout génie musical.

Une très belle découverte, d'une fulgurance sublime, bien que terriblement banale, d'un Humain face à ses derniers instants.
Commenter  J’apprécie          250
1911, empire d'Autriche. Gustav est chef d'orchestre et compositeur. Né en 1860, il a cinquante ans lorsqu'il embarque sur l'Amerika, le paquebot qui relie l'Europe aux États-Unis. A son arrivée à New York, il est chargé de diriger le célèbre orchestre philharmonique de la ville. Alma, son épouse, et Anna, sa petite fille, l'accompagnent.

"Le dernier mouvement" est un roman biographique s'intéressant à la vie de Gustav Mahler, un célèbre musicien autrichien d'origine juive du 20ème siècle ayant travaillé pour les orchestres de Leipzig, de Budapest, de Hambourg, de Vienne et de New-York.

L'auteur démarre la narration en 1911. A cette date, le compositeur s'est déjà fait un nom dans le milieu musical. Il a travaillé dans les plus grandes villes d'Europe. Cette année est celle où il se rend à New-York. le roman commence ainsi lors de la traversée de l'atlantique jusqu'au continent américain. Au fil de ce voyage, l'auteur raconte la vie de Gustav, les drames et les joies qui la remplissent.

Puis, il parle des rencontres exceptionnelles. Celle avec le sculpteur Rodin est mémorable, celle avec le psychanalyste Freud à l'occasion d'une journée spéciale est étonnante. Gustav Mahler a eu une vie riche. Il a rencontré les plus grands artistes de son époque et a dirigé les plus grands opéras dont celui du Metropolitan.

Avec ce roman, Robert Seethaler nous conduit sur les traces d'un prodige de la musique classique et de ses symphonies. Il évoque les tourments affectant le musicien tout au long de sa vie, le deuil impossible, l'amour porté à son épouse et son rôle de père.

"Le dernier mouvement" rend hommage à cet homme sensible, généreux et brillant.

Une très belle découverte littéraire.
Lien : http://labibliothequedemarjo..
Commenter  J’apprécie          240
« Je suis trois fois étranger sur la terre. Comme natif de Bohème en Autriche, comme Autrichien en Allemagne et comme Juif dans le monde entier. » Gustav Mahler.

« le dernier mouvement » ce sont les souvenirs doux-amers de ce grand compositeur aux oeuvres poignantes.
La musique, un art que Gustav Mahler sublimait.
Des confidences au gré des flots océaniques lors d'une ultime traversée de l'Atlantique…

Gustav Mahler, chef d'orchestre et compositeur autrichien, est sur le pont de l'Amerika, le paquebot qui de New-York le ramène en Europe, il laisse alors divaguer ses pensées…
C'est un homme fatigué, usé et souffrant, il sent ses forces le quitter tout doucement.
A cinquante ans, il est devenu l'un des chefs d'orchestre et compositeurs des plus réputés.

Pensées inspiratrices, créatrices de ses compositions musicales.
Bonheur et désespoir mêlés.
Pensées sur sa vie professionnelle, révélant ses exigences et son perfectionnisme, ses débuts à la direction de l'Opéra impérial de Vienne, au Metropolitan Opera de New-York ; et sur sa vie privée avec son épouse Alma, l'amour de sa vie - qui l'affectera terriblement suite à sa liaison avec un architecte -, leur fille Anna, et le chagrin immense suite à la mort de leur fille aînée Maria.

D'une cabane de composition…. le chant des oiseaux, des notes qui s'envolent…
A la rencontre des poissons d'argent… dans les tourments de son âme blessée.

Une lecture réflexion sur la force de la création chez ce compositeur dont l'oeuvre est conséquente dans les domaines du chant et de la symphonie. Sa musique, d'une esthétique nouvelle, a divisé au début, mais parvint à toucher ensuite par sa grande sensibilité, sa puissance et son mystère, et, se faire la place qu'on lui connaît aujourd'hui. « Mon temps viendra »… (Gustav Mahler).
Commenter  J’apprécie          235
Quelques pages écrites simplement pour une évocation sensible d'un compositeur majeur, Gustave Malher, mégalomane, tant était puissante « sa volonté d'atteindre les sommets de l'art ».
Pour lequel, une figure marquante de son époque, Alma Malher, une femme intelligente et indépendante d'esprit, « qui faisait sensation, plus grande et plus opulente que les la plupart des Parisiennes » et qui était une « de ces femmes qui attirent irrésistiblement le regard des hommes, et plus encore celui des femmes », renoncera à ses propres aspirations artistiques.
Robert Seethaler imagine la dernière traversée du grand compositeur, sur le paquebot qui le ramène en Europe après une dernière saison à New York, qui sont instants propices à la réflexion et à l'évocation de ses souvenirs.
Avec ses moments heureux et ses moments sombres, ses dernières années de création, la disparition prématurée de sa fille, sa vie conjugale… une introspection, courte, très courte, qui confère à cette grande figure artistique, génie reconnu, une humanité !
Commenter  J’apprécie          220
J'ai aimé ce court roman ( à peine 120 pages) de Robert Seethaler ( un auteur autrichien né en 1966) évoquant joliment et puissamment les derniers moments de Gustav Mahler. Nous sommes ici sur un bateau qui le ramène à Vienne et il se rappelle à l'occasion d'autres traversées et des moments-clés de sa vie. le passage du présent au passé est subtil ( un hommage à Virginia Woolf ?) et parfois un peu complexe mais m'est apparu particulièrement intéressant. le livre parvient ainsi en un nombre modique de pages à évoquer un destin particulièrement tragique ( la mort d'une enfant, un couple en difficulté, l'antisémitisme dont il fut victime - toute proportion gardée, en ce sens qu'il accéda quand même à la direction de l'opéra de Vienne) mais aussi de grandes rencontres (Freud, Rodin...). le fil conducteur est assuré par des courts dialogues entre Mahler et un jeune garçon travaillant au service ce la compagnie de transport et chargé de veiller sur lui.
Il y a assurément un côté émouvant mais aussi tragique à ce beau livre, très joli prélude à une découverte du grand compositeur autrichien. le lire en buvant un chocolat viennois ou un thé, avec l'une de ses symphonies en arrière-plan, peut constituer un délicieux moment...
Commenter  J’apprécie          170
Allongé sur un transat, Gustav Mahler est de retour en Europe en paquebot, après un long séjour aux États-Unis. Il se sait malade, en fin de vie, épuisé, et il se tourne vers son passé. Sa vie fut difficile, sa santé plus que fragile, les épreuves nombreuses et cruelles, dont la mort de Maria sa fille aînée, et plus tard la trahison de sa femme Alma. Mais il y eut la musique, la nature, et son génie.
Un adieu au monde douloureux, un petit livre sobre et sensible.
Commenter  J’apprécie          150
Si l'on ne craignait une forme de pléonasme musical, on pourrait tout en lisant "Le dernier mouvement" écouter le poco adagio de la 4ème symphonie de Mahler. Ses nappes de cordes au rythme lancinant et ses accents mélancoliques siéraient à ce court roman dont l'action se situe sur le pont supérieur d'un transatlantique : on y retrouve Gustave Mahler en 1911, au retour de son ultime tournée à New York. Où il a donné d'ailleurs sa 4ème symphonie, accueillie par le public américain avec une indifférence polie.
Tandis que sa femme Alma et leur fille sont dans leur cabine, Mahler, emmitouflé dans une couverture et en proie à la fièvre, évoque quelques moments heureux et malheureux de sa vie : le triomphe de sa 8e symphonie, le délitement de son couple, la mort tragique de leur fille aînée, une séance de modelage ubuesque chez Rodin... Un garçon de cabine prévenant et obstiné essuie les sautes d'humeur du maestro, un garçon qui jamais n'écoutera sa musique, qu'il imaginera seulement "grandiose".
Comme l'avait fait brillamment Echenoz dans un roman consacré à Ravel, il n'a pas fallu plus de 120 pages à cet écrivain autrichien que je découvre pour reconstituer avec élégance l'univers sonore, matériel et psychologique de Mahler.
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (245) Voir plus



Quiz Voir plus

auteurs allemands ou autrichiens

D'abord un des phares de la littérature européenne : Johann Wolfgang von Goethe

allemand
autrichien

12 questions
59 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature allemande , littérature autrichienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}