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sur 361 notes
Etre une femme abandonnée par son mari avec trois enfants, sans travail depuis des mois, dans une maison dont la cour ressemble à une décharge, et seule, si seule, ça devrait être une longue plainte larmoyante. Pourtant le portrait de Reine ne ressemble absolument pas à une plainte, Jean-Luc Seigle l'a voulu désespéré, mais aussi empli de rêves, de désirs, et de poésie. La mobylette trouvée est un prétexte à la liberté. Il a fait de Reine l'égérie de beaucoup de nos pairs, sans ressources, sans contacts, mais capables de s'inventer un monde, dans le meilleur des cas, hors des sentiers battus. La deuxième partie du livre est également un trésor. A découvrir de toute urgence.
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J l'Seigle a habitué ses lecteurs à des romans certes, mais toujours pétris de bienveillance envers ses personnages , la plupart ayant des destins funestes.
Et c'est le cas encore cette fois, sa Reine est une femme abandonnée par son mari, et avec ses 3 enfants à charge. Elle n'est pas stable et la bipolarité semble être la cause de son comportement parfois bizarre et de ses sautes d'humeur, qui, un soir l'amèneront à des pensées si noires qu'elles ne pourront que la marquer, bien que n'étant pas passée aux actes.
Ses enfants , 2 garçons , une fille s'accommodent comme ils le peuvent de cette situation, et Igor, celui du milieu de la fratrie, est celui qui les fédèrent , et d'un regard, il comprend les dérives de sa mère.
Cette femme est loin d'être sotte et a de l'or dans les mains.A la faveur d'un déblaiement du jardin , elle trouve une mobylette bleue, ce qui va lui permettre de trouver du travail , elle va embellir les morts avant leur mise en bière , et elle les aime ces morts et ces familles .
Sur un parking, elle fait la connaissance d'un routier néerlandais, et s'imagine à tort ou à raison , ou avec déraison, qu'elle a un droit au bonheur.
Bonheur de courte durée, car ses enfants lui sont enlevés et sont partis chez leur père à Biarritz, elle n'a rien vu venir.
Reine a peu de temps avant de rejoindre son amour sur son parking pour un nouveau départ (peut-être) mais elle part sur sa mobylette et traverse la France pour seulement apercevoir ses enfants :ils ont l'air heureux dans leur nouvelle vie sans elle.
Igor l'aperçoit et se détourne.
Elle se sauve , meurtrie certes, mais confiante en leur avenir , et c'est avec toute la vitesse que peut fournir son engin et toute la fatigue accumulée qu'elle revient vers ce qui devrait être enfin un peu de bonheur...
Ce livre , tellement bien construit est un roman certes , mais il est impossible de ne pas croire qu'il embrasse toute la misère et le désarroi de gens que l'on peut croiser au fil des jours , un essai sur tout ce malheur n'aurait pu être plus efficace.
Cette lecture va me hanter longtemps .
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J'ai découvert ce livre sur Babelio et je n'ai pas été déçue. Par contre je trouve le résumé éditeur restrictif car cette histoire est bien plus que ce qu'il nous annonce "un portrait saisissant d'une femme ordinaire au bord du gouffre"
Certes Reine est au bord du gouffre mais l 'histoire d'amour qu'elle développe avec un homme rencontré par hasard va l'en sortir d'une certaine façon; je trouve qu'il y a là une ode à l'amour: amour de cette mère meurtrie, amour de cette femme hypersensible qui a son monde à elle rempli de poésie et de créativité grâce à ce qu'elle appelle joliment "mes tissanderies", où elle mêle les tissus comme elle mélange ses sentiments.
Une jolie histoire même si elle est triste.
En tout cas cet ouvrage me donne envie de poursuivre ma découverte du monde de J.L Seigle.
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Un conte, un poème, un tableau,
le portrait sensible d'une femme à la dérive, fracassée par la vie, enfoncée par notre société implacable avec les plus fragiles.
J'ai été émue par ce personnage au bord de la folie, lumineux et effondré à la fois.
J'ai aimé sa dignité, sa lutte pour rester droite dans la misère, et son talent caché dans les « tissanderies » qu'elle crée. Elle me rappelle le rôle tenu par Yolande Moreau dans « Séraphine ».
Un livre poignant et humain.
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Si je devais établir une liste de mes plus belles lectures des dernières années, le roman de Jean-Luc Seigle, En vieillissant les hommes pleurent, figurerait en bonne place. Son roman suivant, Je vous écris dans le noir m'avait beaucoup plu également. Dès que j'ai vu son nom sur la liste des publications à venir de cette dernière rentrée littéraire, je frémissais d'envie. Il m'aura fallu être patiente avant de le voir arriver à la bibliothèque et surtout que le lecteur précédent le rapporte (près de deux mois de retard, je piaffais !). Mais ma patience a été récompensée par une très belle lecture.

Reine est l'une de ces femmes que l'on ne voit pas. Sa pauvreté, sa détresse et sa solitude l'ont rendue insignifiante, invisible. Sans emploi, sans ressources, elle peine à élever ses enfants depuis que son mari l'a quittée et s'est installé à l'autre bout du pays avec une petite bourgeoise. Mais dans son petit coin perdu, comment trouver du travail sans moyen de transport ? Et sans travail comment subvenir aux besoins de ses enfants ? Et soudain, la mobylette. La mobylette qui lui redonne une dignité, un avenir, une liberté. Et qui va lui permettre de rencontrer l'amour, de découvrir la féminité qu'elle avait toujours ignorée, le désir.

C'est un roman qui résonne, qui bouscule, qui bouleverse. Les premières pages, terrifiantes, angoissantes, quand du fond de son désespoir, Reine doute seule dans sa cuisine face à un couteau posé sur la table, a-t-elle tué ses enfants ?

Quel personnage inoubliable ! Elle porte bien son prénom, cette femme riche d'amour, de bonté et de générosité. Issue d'une lignée de femmes fortes, elle porte en elle ses mortes, elle vit avec elles comme elle vit avec les vivants, elle n'est que sensibilité Reine.

Une fois de plus, je suis touchée par l'empathie de Jean-Luc Seigle, par le beauté de ses mots, par ses personnages si humains, si touchants, si fragiles.
Lien : https://tantquilyauradeslivr..
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Un bon test à faire : lire un roman et ne pas le chroniquer immédiatement afin de voir ce qu'il en « reste » un mois plus tard… Ce n'est évidemment pas une expérience que j'ai faite volontairement mais plutôt contrainte et forcée par un calendrier bien rempli.
Alors, que me reste-t-il de cette lecture ? Peu de choses, je dois bien l'avouer… J'ai lu ce texte comme un conte parce qu'il ne m'a pas semblé très crédible, une espèce de conte social : l'histoire d'une femme qui n'a plus rien et dont le mari est parti, la laissant seule avec trois enfants et la peur qu'il les reprenne. Un jour, elle trouve une mobylette qui va lui permettre d'obtenir un travail : elle devient thanatopractrice et grâce à ses dons de couturière, elle fabrique de beaux vêtements pour les morts. Artiste, elle crée aussi des boîtes, des « tissanderies », dans lesquelles elle confectionne des scènes qui représentent de façon symbolique la vie du défunt. J'ai beaucoup aimé l'idée de ces « tissanderies », j'ai même cru que ça existait mais n'ai rien trouvé sous ce terme dans le dictionnaire. de l'histoire, je ne vous dis pas plus… Si j'ai lu ce roman avec plaisir et assez rapidement, ce ne fut pas vraiment un coup de coeur : malgré de beaux passages assez poétiques, on n'échappe pas aux clichés, à une vague impression de déjà vu, déjà lu.
Je terminais donc ce roman un peu déçue, il faut bien le dire, lorsque je découvris qu'il était suivi d'un texte d'une quarantaine de pages intitulé « À la recherche du sixième continent De Lamartine à Ellis Island, relation de voyage ». Très intriguée, je me lançai dans ce petit essai dans lequel l'auteur raconte comment il a été amené à visiter, un peu malgré lui, la ville de New York et de quelle façon il comprit en découvrant Ellis Island l'origine même de la démesure de cette ville, à savoir qu'elle a été bâtie par des émigrés qui, ne possédant rien, ont voulu créer quelque chose de grandiose. « New York… m'apparut être la plus grande ville de pauvres du monde, la seule entièrement faite par des pauvres, construite par des pauvres et même rêvée par eux. » Selon l'auteur, cette ville est « bien plus qu'une cité idéale, elle est un manifeste sur la puissance des pauvres gens, sur la force à inventer un monde et à le bâtir. Et ce n'est pas le rêve américain que j'ai touché là-bas, c'est le rêve socialiste originel. »
Lumineuse analyse qui pour l'auteur devrait nous inciter à être plus accueillants par rapport aux migrants, afin de ne pas se priver de toute la richesse qu'ils pourraient nous apporter…
Mais cela va plus loin : en effet, je me demande si ce petit essai ne vient pas aussi éclairer le sens même du roman qui le précède. Je m'explique  : Jean-Luc Seigle raconte que, pour des cours qu'il préparait, il a découvert que Lamartine était d'une certaine façon à l'origine du roman populaire avec son oeuvre parue en 1850 : Geneviève ou l'histoire d'une servante.
Il paraît, en effet que, dans la préface de ce roman, Lamartine parle d'une jeune couturière d'Aix-en-Provence nommée Reine (comme l'héroïne de la femme à la mobylette) venue jusqu'à Marseille pour le rencontrer. Elle souhaitait le remercier pour ses écrits poétiques qui la transportaient et elle lui dit ces mots très touchants : « Quand on vit seule comme moi, on a quelquefois besoin de se parler tout haut pour se convaincre qu'on vit. »
Persuadé qu'elle lisait aussi des romans, Lamartine l'interrogea sur ce sujet mais à sa grande surprise, elle répondit qu'elle ne lisait pas de romans : « aucun ne s'adresse à elle, aucun ne parle d'elle ou de ses semblables. Les romans, affirme-t-elle, sont bien trop éloignés de la réalité des gens ordinaires. » Là-dessus, Madame Lamartine de renchérir en remarquant qu'il n'existait pas, en effet, de véritable héroïne populaire.
Lamartine est convaincu : il faut écrire un roman pour le peuple et dans lequel le peuple serait véritablement au premier plan.
Et soudain, je comprends : n'ai-je pas, sous les yeux, l'héroïne féminine que cherchait à créer Lamartine ? La petite Reine de Lamartine, la petite couturière qui a fait des kilomètres pour rencontrer le grand poète est là, devenue personnage littéraire sous la plume de J-L Seigle. Et ce roman n'est-il pas, d'une certaine façon, une oeuvre politique, celle des petites gens dont on parle peu, qui vivent de pas grand-chose et qui meurent sans personne ?
Oui, je pense soudain mieux comprendre le sens de tout cela : est-ce le roman du peuple et pour le peuple dont rêvait Lamartine que nous propose ici J-L Seigle ?
Alors, pourquoi ne pas lire le livre « à l'envers » en commençant par cette postface et en la transformant en préface ?
Allez, je vous laisse découvrir tout cela. Surtout, n'hésitez pas à me dire comment vous voyez la chose...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Que ce livre est bien écrit poétique attendrissant.
Un petit roman qui m'a fait passé une bonne soirée .
Pas très gai je vous l'accorde mais émouvant à souhait c'est la vie
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Reine, mère célibataire, se bat pour garder ses enfants. le livre ne se résume pas à cela. On découvre Reine, sa vie, ses croyances, ses angoisses et ses rêves en faisant de la mobylette sur le chemin de l'amour. Un roman émouvant et dur qui séduira les plus rêveurs des lecteurs.
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Femme à la mobylette / Jean-Luc Seigle
Elle s'appelle Reine, abandonnée par son mari Olivier avec ses trois enfants, Sonia, Sacha et Igor. Elle a sombré dans la plus grande déréliction comme le jardin qui entoure la maison et qui est retourné à la friche et devenu un vrai dépotoir déjà du temps d'Olivier.
Cela fait trois ans qu'elle est en chute libre, depuis ce jour où Olivier est parti de la maison alors qu'elle venait juste de perdre son travail. Ses enfants ont moins de dix ans et elle consent à tous les sacrifices pour eux. Elle a trente cinq ans et dans sa misère, elle a commencé de se laisser aller tant au physique qu'au moral. Une procédure de divorce est en cours et elle a peur de perdre ses enfants si elle ne retrouve pas de travail.
Reine a perdu sa mère Anna peu après sa naissance suite à une overdose d'héroïne, et a été élevée par Edmonde sa grand mère maternelle. Pas de père connu.
Pas d'argent, pas de travail, pas d'avenir. Reine est prête à toutes les folies destructrices. Il lui reste sa machine à coudre et survit grâce à de petits travaux de couture. Quel miracle pourrait bien la sauver ? En faisant du nettoyage au milieu du désordre entourant la maison, elle découvre une vieille mobylette bleue datant des années 60. Alors sa vie va changer : elle peut répondre à une offre d'emploi de thanatopractrice dans le bourg situé à 30 kilomètres de chez elle. Elle fait l'admiration de ses enfants et particulièrement d'Igor, l'aîné, le plus méditatif de ses enfants, qui aime la force de sa mère, son courage, sa vivacité, son acharnement à vouloir transformer la réalité, sa propension à l'émerveillement tout en sachant que son comportement volontariste, cette violence qu'elle se fait subir à elle-même pour être à la hauteur, n'ont pour socle que son extrême fragilité.
Un bonheur ne venant jamais seul, elle fait la rencontre inopinément de Jorgen sur une aire de repos alors que sa mobylette se refuse à démarrer. Jorgen va lui ouvrir des horizons insoupçonnés.
Jean-Luc Seigle nous dresse ici le portrait d'une femme ordinaire, simple submergée par tout ce qui lui arrive, laissée pour compte, mais qui va tout tenter pour stopper la chute pour l'amour de ses enfants.
Un roman poignant, dramatique, émouvant.
Un texte de réflexion fait suite au roman, intitulé « À la recherche du sixième continent ». Une réflexion sur la littérature populaire initiée par Lamartine qui a inspiré Hugo et Zola. Une réflexion sur la beauté dans l'art et dans la nature. Réflexion sur New-York, une ville construite par les migrants : 1903, un million de migrants arrivent à Ellis Island ! Réflexion sur notre monde d'aujourd'hui. A méditer…
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Beau avec un grand "B" majuscule, voici comment je décrirais la plume de Jean-Luc Seigle, une de mes préférées sans doutes. Tout y est décrit d'une justesse avec cet auteur, un de mes préférés sans doutes. Ce roman explore les thèmes de l'amour, maternel et charnel, de la déchéance de l'autorité parentale, de la religion et de la mort avec le métier thanatopracteur, celui-ci traité avec beaucoup de poésie. le roman en lui-même était toujours très poétique et toujours Beau avec un grand "B" majuscule. Tous les sentiments nous traverse, l'espoir, la tristesse, le dégout, l'amour et c'est vraiment magnifique. Ce roman permet une nouvelle fois d'apprécier le génie littéraire du regretté Jean-Luc Seigle.
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