Voici mes impressions sur
Comme l'amarre glisse à l'eau que j'ai laissé glissé dans mon imaginaire.
Un après midi pluvieux en boule au coin du feu, les enfants dans un joyeux brouhaha devant la Wi et le chat squattant mon bout de canapé, j'ai choisi de plonger dans une lecture que je croyais être intermittente, de moment en instant de désoeuvrement au cours de ces vacances.
14h00 : l'astre flamboyant fait défaut, alors pour compenser la morosité météorologique quoi de mieux qu'une balade littéraire en Bretagne ?
Je viens de quitter mon évier et je me retrouve dans celui de Sonia ! Ah bon c'est donc l'histoire d'amour de Loïc et Sonia que je vais pénétrer, une sorte de journal intime à 4 mains ? Volontairement, je ne lis jamais la quatrième de couverture avant d'avoir tenté une approche de l'intrigue par les premières pages, et je me laisse porter par l'univers qui se créé sous mes yeux. Alors quand surgissent au détour du 3ème chapitre Gwenn et Hervé, je suis un peu décontenancée d'autant plus que l'écriture n'est plus la même et c'est là que le charme opère car chaque nouvelle apparition donne lieu à une écriture différente qui façonne le caractère, la vie du personnage que l'on reconnaît bientôt aux variations de la plume. Et ce qui devait être un interlude vespéral devient une lecture frénétique car plus les personnages apparaissent et plus on s'éloigne de la banale histoire d'amour. Mais bon sang où est Loïc ? Tout le monde croit le voir, le retrouver et moi aussi j'y vais de ma petite théorie ! J'adhère totalement à l'intuition de Gwenn et Hervé, moi aussi je veux le croire au pays de Galles (mais bon sang qu'est ce qui lui a pris ? On va bientôt le savoir !) Et voici qu'il s'évapore dans l'air du soir. On passe de l'abattement à la curiosité, de la tendresse au désespoir. Tour à tour on est homme, enfant ou femme, optimisme ou fatalisme. Mais impossible de lâcher ce bouquin car ce que je veux c'est retrouver Loïc, comprendre moi aussi pourquoi il est resté si longtemps loin de Sonia : appel du large, peur de s'engager, retenu otage dans un continent où la violence est un quotidien banal ? Et puis après avoir chaviré maintes fois entre l'espoir et la désillusion (il est deux heures du mat' bon sang) je me délite ! Quoi il est mort ! Mais vous n'avez pas le droit !!! Je voulais le retrouver moi ce Loïc et comprendre avec Sonia pourquoi ...
On tourne la page et voilà que la curiosité renaît : Tiens c'est qui ce 'Antoine' ? D'où est ce qu'il sort ? Moi je croyais que c'était Yann qui aurait la douce charge de consoler Sonia ... Mais en plus il est amoureux ! Et mystérieux et entreprenant, on dirait qu'il mérite qu'on s'intéresse un tantinet à lui cet Antoine de je ne sais pas où. Pour un peu il ne manquerait plus que ce soit un Kergrist !
Mais dites donc, est ce que cela veut dire qu'il va y avoir une suite ? Je signe tout de suite.
Pour faire plus court, ce fut un réel moment de plaisir, alimenté par un suspens non conventionnel, entre le roman policier, le roman intimiste et le roman sentimental. Les personnages sont très attachants, ils pourraient être nos voisins, car ils sont très ''bretons'' dans leurs caractères : francs, entiers et pleins de retenue en même temps, pleins de sentiments, émus par cette femme orpheline de son amour, sapée dans son énergie maternelle par une question sans réponse derrière laquelle on pressent comme une culpabilité de ne pouvoir expliquer les choses. La disparition nourrit l'incompréhension des personnages qui devient peu à peu la nôtre. Et on devient aussi personnage de l'histoire car on se surprend à imaginer notre propre théorie, à réfuter celle-ci et adhérer à celle- là ; on se prend de sympathie pour Marcelle, monument discret de courage et de coeur ; on sourit des extrapolations de Gisèle que l'on irait bien rencontrer dans sa maison d'hôte. Bref, ce roman s'offre comme un moment de vie où on trouverait bien sa place.
A 2 heures du mat' j'ai quitté Sonia rassurée de la savoir dans les bras d'Antoine (mais qui c'est celui là ?), rassurée de la retrouver comme aux premières lignes, entière sincère et sensuelle. Deux heures du matin dans la chaleur de la couette, j'attends des nouvelles d'Antoine et Sonia. Qui m'en donnera ?
Anne-Claude Tribouillois, Guégon le 05 janvier 2012