On vous écrit de la terre : 100 enfants du monde s'adressent à vous

Je voudrais partager avec vous une facette de ma vie de famille mauricienne. Ma famille est composée de plusieurs origines : mon père est d'origine chinoise, tandis que ma mère est indienne et portugaise. Mais comme nous vivons dans un pays où les deux tiers de la population sont d'origine asiatique (indienne et chinoise), ma mère a surtout adopté les mœurs et coutumes indo-mauriciennes. J’adore fêter le nouvel an chinois dans la grande famille de mon père. Les pétarades, la danse du loup chinois et les succulents repas sont autant de rituels conviviaux pour réunir la famille. La fête de la lune est aussi une occasion pour se réunir. Ce jour là, des gâteaux délicieux sont servis accompagnés de thé chinois.

Chez ma mère, c'est un enchantement de voir les femmes se parer de vêtements chatoyants et bigarrés lors des mariages. Elles portent des bijoux tels que des bracelets cliquetants et multicolores assortis aux saris. Les anneaux aux chevilles, des bagues aux pieds, une petite boucle sur l'aile du nez et le « bindi » sur le front pour chasser le mauvais œil donnent une touche exotique à mes tantes au teint basané. Nous fêtons également la fête du Divali, la fête de la lumière. Les petites lampes de terre cuite sont disposées autour de la maison et nos deux familles se font une fête autour des mets épicés tels que le vindaye de poisson, l'achard de légumes, le curry de poulet, les faratas et les chutneys en tout genre.

Je vis intensément les différentes cultures à travers ma famille et j’estime avoir beaucoup de chance de vivre sur une île où il vit harmonieusement une population pluriculturelle. Quant à ma famille je la compare à une salade de fruits savamment mélangée à la saveur exquise et unique.

Cher enfants multicolores,

On vit tous sur la même planète, on est dans la même galaxie, alors ce n'est pas très intelligent d'être raciste. Nous sommes tous des humains et nous avons les mêmes droits. Mon arrière-grand-mère, elle aime tous les hommes, la couleur n'a pas d'importance pour elle, même si on « parle » pas tous la même religion. Dans notre classe, il y a khadija qui est de famille tunisienne mais elle est née à Bedons. Didier a des parents vietnamiens, il est né en Vendée. Jean-Baptiste est né à Argenteuil mais il a vécu un peu en Irak. Akim a un père comorien et une mère malgache. Camille est née en france mais elle a déjà voyagé en Tunisie pour les vacances. Nous avons écrit ce petit poème magique. Quand on le lit, on oublie le racisme pour toute la vie et on comprend que nous sommes chacun une couleur de l'arc-en-ciel.

Nous sommes tous égaux / dans l'univers, le ciel et l'eau nous sommes une couleur / la petite fleur d'un grand tableau. Apprenez-le par cœur

Monsieur le journaliste,

La semaine dernière, on a appris avec le père de Linda qui travaille à l'ONU que de nombreuses filles ne peuvent pas aller à l'école dans le monde.

Par exemple à cause de leurs parents qui préfèrent leur faire garder leurs petits frères à la maison ou parce que ça coûte trop cher pour une fille. Parfois, ça se passe dans des pays tout près du nôtre.

Pourquoi vous n’en parlez pas tous les jours à la télévision ? Vous parlez bien de la météo ou du prix de la Bourse de Tokyo ou de Londres. C’est important aussi les filles. Et l’école. Qui vous demande de parler d’un thème et de ne pas parler d'un autre ?

Quand je serai grande, j'aimerais être journaliste, j'irai voir moi-même ce qui se passe dans les pays et je dirai tout. Peut être qu'à cette époque toutes les filles auront une place dans une école, comme moi et mes copines. Je le dirai quand même.

Aux gens tristes pour qu’ils sourient

Nous avons envie aujourd'hui de vous dire tout ce qui nous fait sourire. Quand c'est l'heure que j'aille au trombone, je souris. Quand j'ai réussi à souffler toutes mes bougies, je souris. Le jour de la rentrée et le dernier de l'année, je souris. Une femme voulait un bébé et elle l’a eu, je souris. Je vois la tête du photographe qui veut nous faire sourire et je souris. Une bonne note, et je souris aussi. Quand je regarde mon poisson ouvrir la bouche, je souris. Quand je vois un nouveau-né, quand je retrouve mes jouets de bébé, je souris. Quand on m'applaudit sur scène, quand Christophe réussit à lire et quand je vois la pub qui dit « touti rikiki maous costo », moi, je souris. Quand j'apprends que je passe de classe, je souris. Quand j'offre un cadeau et qu'il fait plaisir, je souris. Je souris aussi quand j'apprends qu'un enfant a été adopté, quand c'est Noël ou bien qu'il ne pleut plus. Quand je regarde les photos de moi petite à l'époque où mes parents n'étaient pas divorcés, je souris. Quand ma sœur sait faire du vélo sans les roulettes à l'arrière, je souris. Quand je pense à mes amoureux, je souris. Quand on reçoit un baiser de nos parents, on sourit aussi. Quand j'attends quelqu'un que j'aime, je souris. Quand je vois les fesses rouges d'un singe, et quand maman a des larmes de joie dans les yeux, je souris. Quand le cours de solfège est fini, quand mon grand frère me fait une surprise, quand papa reçoit une bonne nouvelle dans le courrier, quand il y a un Mickey dans un œuf Kinder et beaucoup trop de chantilly sur la glace, qu'est-ce qu'on sourit, qu'est-ce qu'on sourit. Quand on en a simplement envie, nous, on sourit.

Les enfants d'Argenteuil (France)

Aux parents sur leurs secrets

Chers parents,

Nous trouvons injuste que vous nous cachiez vos secrets. C'est injuste parce que tout ça nous concerne. Vos problèmes, vos ennuis d'argent, de maladies, d'amour, de malheurs, ce sont aussi les nôtres»

Pourquoi vous disputez-vous si souvent ? Vous oubliez qu'un jour vous vous êtes rencontrés et aimés ? Si un jour vous divorciez, nous serions tristes. Alors, chers parents, ne vous disputez plus, sinon nous nous sentirons seuls pour toujours. Le divorce, ça blesse la famille et les amis. Monsieur le juge, fermez la Maison des divorces car elle attire trop les pères et les mères. Ne nous cachez plus vos problèmes, chers parents, pour que nous essayions de les régler et pour qu’ensemble on soit tranquilles pour toute la vie.

Nadia, Samir, Olivia et Fathia (France)