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sur 199 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
«Tout commence par une histoire. Tout commence toujours par une histoire.» Célia arrive dans un village du sud dans la maison de sa grand-mère décédée, Tina. Sa mère, Catherine, la rejoindra plus tard. Célia est un peu paumée, pas à sa place dans un village aux regards inquiétants qui la jugent étrangère. Seule Alice, une amie d'enfance, lui ouvre ses bras. On aurait pu croire que l'histoire commence là, avec l'errance de Célia. En fait, non. Elle débute avec Tina, sa grand-mère au passé trouble. Secrets, disgrâce, violence, … beaucoup se cache dans un passé qui empoisonne le présent. Célia sera-t-elle celle qui va faire exploser les murs infranchissables du temps ?
J'ai été giflée par ce roman. Une écriture intelligente et sacrément belle. Une ambiance qui prend aux tripes. Une virilité étouffante. Des hommes qui se croient tout permis. Des femmes qui ne peuvent que se soumettre. Des vies qui se gâchent elles-mêmes. Et Tina, Catherine, Célia et Alice, qui se font louves pour échapper à tout cela. Elles hurlent pour prouver leur désarroi. «C'est le cri, le hurlement, la plainte de ces femmes qui sont en-dehors du monde parce que les hommes leur ont refusé le droit d'aller librement dans le monde. C'est la rage, la colère, la peur, les pleurs, le trop-plein de vie et les ombres de la mort, un mystère insondable qui n'en finit pas de résonner (…)» le coeur du roman est ici, dans celui des louves qui réclament vengeance. Quelle puissance se dégage des pages avec ces femmes qui défient les convenances !
Ce roman est un hymne à la féminité, à la liberté et à la vérité. En tant que lecteur, nous grandissons en même temps que Célia. L'histoire est complexe, riche, sans complaisance, ni facilité. On est emporté dans le flux des vérités de chacun. L'auteur bouscule notre confort. Quand Alice et Célia deviennent louves en se parant de fourrure animale, je me suis sentie à la fois dérangée et admirative. Ces jeunes filles osent libérer leur sauvagerie et devenir entières en accord total avec leur conscience et leurs désirs. Elles réveillent l'animal qui est en nous.
Après son excellent «Souviens-toi de la lune», Stéphane Servant m'éblouit à nouveau. Merci à lui.
«Je suis louve.
Sur mon pelage court le chant du vent.
Sous mes pattes, la terre qui pulse.
Le coeur de la terre.
Boum boum Boum boum Boum boum»
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Ayant découvert la plume de Stéphane Servant tout récemment avec son dernier roman Sirius, je continue ma découverte de l'auteur avec un roman totalement différent : le Coeur des louves. Après l'univers post-apocalyptique, nous voilà perdue dans la montagne à nous pencher sur la vie de trois femmes liées par le sang et par un destin commun.

Le Coeur des louves nous dépeint le destin de trois femmes d'une même famille sur trois générations. A travers le regard de Célia, jeune adolescente, nous découvrons l'histoire familiale de sa grand-mère et de sa mère. Histoire familiale qui a encore de nombreuses répercussions sur la plus jeune. En revenant vivre dans la maison de sa grand-mère (morte depuis des années) avec sa mère dans un village complètement perdu dans la montagne, Célia ne pensait en aucun cas refaire ressurgir de vieilles histoires et de vieilles légendes.

Le Coeur des louves est une expérience de lecture très particulière et qui ne laisse pas de marbre. Bercés par l'écriture poétique de Stéphane Servant, nous découvrons une intrigue mystérieuse et pleine de secrets. Ce petit village perdu dans les montagnes où tout le monde connait les secrets de tout le monde surenchérit cette ambiance particulière de secrets de famille dont finalement on n'est pas sûre de vouloir les découvrir tant ils paraissent si sombres. Stéphane Servant se concentre énormément sur la nature, cet environnement préservé tellement magnifique, mais qui cache encore une fois de sombres secrets. le Coeur des louves est loin d'être le genre de roman que l'on dévore. C'est lourd et fatiguant émotionnellement et on est obligé d'arrêter la lecture tant on ressent cette atmosphère pesante et ces émotions si particulières que nous fait ressentir l'auteur (émotions assez compliquées à définir).

Le Coeur des louves ne fait pas l'unanimité tant il est particulier et demande aux lecteurs beaucoup d'efforts. Pour moi, ce roman fut ensorcelant et m'a fait ressentir des émotions très particulières. Je pense qu'il me restera en mémoire très longtemps.

Attention, bien que ce roman soit à destination des adolescents, je ne le conseille pas aux plus jeunes. le Coeur des louves est plutôt dur et propose des scènes assez difficiles à lire.
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Un énorme coup de coeur pour ce pavé qui va rejoindre très probablement mes lectures sur une île déserte.
Célia emménage dans la maison de sa grand-mère décédée il y a peu. Sa mère la rejoint. Ce village les connaissent bien mais surtout via des rumeurs et des secrets. Célia va devoir comprendre la vie de sa grand mère pour grandir et accepter les failles de sa mère.
Une histoire où des légendes s'écrivent, se racontent, et surtout un livre d'une sublime écriture.
Alors plongez-vous dans ce roman et n'ayez pas peur du nombre de page !
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Alors, pour commencer, je dirais que je ne vois pas le fantastique annoncé par la 4ème et par l'éditeur dans ce roman. Si vous cherchez un roman fantastique, passez votre chemin. Ensuite, je dirais aussi que je ne comprends pas vraiment la place de ce roman dans la collection Doado du Rouergue ; sur le site de l'éditeur, il est noté qu'il est destiné aux grands ados (+ de 15 ans), mais j'entends vraiment le choix de l'avoir passé en littérature générale dans sa version poche. J'ai avancé dans ma lecture en me disant que les personnes de la BDP qui l'avaient mis en rayon ado ne l'avaient potentiellement pas lu mais s'étaient arrêtées à la collection pour le mettre au secteur jeunesse. Sans qu'il soit complètement improbable qu'un ado choisisse de le lire, je crois qu'il aurait mérité sa place dans un rayon adulte (est-ce que ça viendrait de l'idée qu'à partir du moment où on a un personnage principal adolescent, le roman doit se classer en jeunesse /ado ?).

Bref ! Nous arrivons au village avec Célia, un peu paumés, comme elle, tous seuls. Elle vient réinvestir la maison héritée de sa grand-mère suite à des problèmes financiers, et sa mère doit la rejoindre un peu plus tard avec un camion de déménagement. Mais l'accueil du village semble conditionné par de vieilles légendes, inconnues de la jeune fille. Elle sera rapidement confrontée à l'antipathie des habitants et à une violence tantôt dissimulée, tantôt flagrante. Petit-à-petit, dans les pas de sa grand-mère, dans l'amitié d'Alice (anagramme de Célia d'ailleurs), dans la dissonance et l'adversité face aux habitants, dans l'absence de sa mère, Célia lève le voile sur une vieille histoire si pesante que tout un village en porte encore les stigmates.

Dans mon souvenir, le style de Stéphane Servant n'était pas aussi riche de détails. Dans le Coeur des louves, tout est disséqué à l'extrême : les souvenirs, les émotions, les descriptions… Ce qui peut en un sens amener beaucoup de poésie et d'introspection, mais aussi alourdir un peu le récit. Les cent dernières pages sont généreuses en termes d'actions et de révélations, mais le démarrage reste un peu long. Je n'irais peut-être pas jusqu'à dire « longuet » non plus, parce que cette minutie permet d'en apprendre énormément des personnages et de s'investir profondément dans l'intrigue. Mais je peux voir aussi que certains lecteurs s'y sont perdus, ce que je comprends tout à fait. Dans ses romans suivants, l'auteur fait l'économie de ce perfectionnisme, ce qui, je pense, permet une immersion plus simple du lecteur au coeur de l'intrigue sans la charger pour autant.

Encore une fois, j'ai retrouvé dans ce roman l'engagement sans faille de l'auteur. Récemment, je lis surtout des romans écrits par des femmes, et je suis souvent déçue des hommes qui écrivent des personnages féminins (il y a plein de choses qui ne s'inventent pas quand on est allié féministe). Ici, Stéphane Servant a su, je trouve, saisir parfaitement la psychologie d'une jeune femme face au sexisme ordinaire mais aussi extraordinaire : les personnages les plus développés sont des femmes, et à chaque réaction de l'une d'elles, j'ai oublié qu'elles s'exprimaient sous la plume d'un homme. L'auteur semble particulièrement touché par la condition féminine et la violence des hommes. Dans ce roman, il pousse la cruauté de ces derniers à la démesure, du petit garçon au vieil homme, en considérant pour chacun ses motivations, son histoire, son environnement. Et le tout fonctionne si bien qu'il en devient terrifiant. Les personnages féminins aussi sont d'une intensité rare : ballottées par leur histoire, celle de leurs aïeules, elles sont vraies de leur folie, elles incarnent leurs traumatismes. Et il se dégage d'elles une force que seuls celles et ceux qui ont vécu des événements similaires peuvent connaître. Je suis donc, une fois de plus, soufflée par la sensibilité et la lucidité de Stéphane Servant face à des problématiques que je n'aurais jamais crues crédibles dans la voix d'un homme.

L'engagement féministe de l'auteur n'est pas le seul qui se dégage de cet incroyable volume. Comme dans Sirius, ou Félines, on ressent aussi son attachement profond pour la Nature dans son ensemble. Les environnements du village, la forêt, la montagne, le lac, la grotte semblent être des personnages à part entière eux aussi. Forts de descriptions précises et riches, ils sont intrinsèquement liés aux humains, indissociables de leurs destins. Les animaux ont également une grande place dans le récit. le chien du vieux Tonio, les loups, et surtout les louves ont la part belle. Sont démêlées les questions de nature /culture, l'absence de notion de bien ou de mal, l'attachement et la loyauté des animaux. Il s'agit donc d'une Nature que les hommes cherchent à dompter, par le massacre des loups, la scierie, mais aussi avec laquelle les femmes savent vivre, dont elles connaissent les ressources et au coeur de laquelle elles se laissent danser avec les loups.

Ode à notre animalité, plaidoyer pour la figure de l'Étranger, fable écologique et sociale, le Coeur des louves m'apparaît comme un chef d'oeuvre. Il a parfois été dur à lire, parce que j'avais peur de la folie des hommes, mais souvent j'ai été curieuse de la suite, mise en appétit par des personnages et des paysages délicieusement construits. Je ne saurais trop que conseiller cette lecture. J'espère que sa sortie en poche lui procurera un nouveau souffle !
Lien : https://folitteraires.wordpr..
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Le coeur des louves de Stéphane Servant.
@editions_du_rouergue_litte (2013)
@bmdegrenoble

Comment remercier, le ou la bibliothécaire qui a déposé sur ma route ce roman.

Premières phrases : "C'était au soir de la Saint-Jean. Partout dans la vallée de petits feux piquaient la nuit de jaune. Je suis entrée dans le village au son d'une veille romance. "

Dans ce village reculé, l'atmosphère qui règne dans ces rues est empli de regards fuyants, de mots marmonnés et de vieilles rancoeurs.
Les secrets suintent à travers les murs, les rumeurs bruyantes rebondissent sur les toits et la forêt concentre toutes les angoisses.
Certains savent, d'autres imaginent.
Vaille que vaille, la vie poursuit son cours et de toute façon Tina n'est plus là, et ce n'est certainement pas depuis sa tombe qu'elle parlera.
Contraintes et forcées de revenir vivre dans ce village, Catherine et Célia, fille et petite-fille de Tina, devrons se fondre sans bruits et sans vagues dans ce décor oppressant.
C'est mal connaitre Célia, adolescente révoltée, qui n'a de cesse d'essayer de comprendre pourquoi les villageois détestaient à ce point Tina ? Pourquoi crachaient-ils au passage de sa grand-mère mais ne pouvait se passer d'elle ?
Elle trouvera certaines clés, demandera des comptes, et ne lâchera rien tant que la lumière ne sera pas faite.
Mais pour percer le secret, elle devra devenir louve.

Il se dégage de ce roman une énergie incroyable, l'auteur nous emporte dans une nature sauvage, que l'homme tente de dompter.
Je suis encore dans cette foret, l'atmosphère autour de moi est toujours oppressant, je suis sur les pas de Célia, je la regarde marcher aux frontières de la folie, j'essaie tant bien que mal de réunir les pièces du puzzle. A la fin des chapitres je réalise soudain que mon souffle s'est fait plus rapide que mon coeur bat plus vite !!!
Viens à moi alors cette question :
Et si l'animal n'était pas celui désigné par la nature ?

Emma aime :
-L'omniprésence de la nature
-Le besoin de comprendre
-Etre louve
Lien : https://www.instagram.com/le..
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Stéphane Servant. Mon dieu que j'ai pu entendre parler de cet auteur, que ce soit sur internet, sur youtube, et même avec une bibliothécaire. Décrit comme un auteur inclassable, tant ses ouvrages sont uniques pour ses lecteurs, je m'étais lancé dans la bibliographie de cet auteur il y a de cela un peu moins de trois ans avec son tout premier roman, publié chez Gallimard jeunesse. Je garde un bon souvenir de cette épopée un peu folle au coeur de l'Andalousie. Avec le coeur des louves, publié aux éditions du Rouergue dans l'excellente collection Doado en 2013, l'auteur a conquis bon nombre de lecteurs (Margaud Liseuse par exemple). Alors, qu'en est-il de mon avis ? Eh bien... trois mots : Coup de coeur.

Ce roman nous plonge au coeur d'un petit village, situé dans un pays inconnu. La seule indication temporelle se situe dans le fait qu'il y a eu une guerre des dizaines d'années auparavant. le lecteur se retrouve aux côtés de Célia une jeune fille d'environ 16 ou 17 ans. Cette dernière est très peu sociable, et reste bien souvent seule dans son coin. Très débrouillarde et taciturne au premier abord, Célia est quelqu'un de très complexe. Stéphane Servant construit un personnage que je qualifierais d'intemporel, car chacun d'entre nous peut se retrouver en elle, ou du moins la comprendre, même si ce n'est pas un exercice aisé, il faut bien l'avouer. Cette jeune fille donne du fil à retordre au lecteur, qui est très souvent obligé de lire entre les lignes pour bien la comprendre, que ce soit son attitude ou ses choix. Il faut aussi savoir replacer les choses dans leur contexte pour bien savoir qui est vraiment Célia. Je ne vous en dévoile pas trop, mais je serais très heureux de débattre avec les lecteurs de ce livre à propos de ce personnage, car je trouve qu'il y a beaucoup de choses à dire à son sujet. On dirait bien souvent une personne réelle, qu'il est possible de croiser à tout moment dans la rue. Gros coup de coeur pour Célia. L'autre personnage principal du roman, est quelque part sa grand-mère. Même si celle-ci est morte au moment où l'histoire se déroule, elle est très souvent évoquée. On a la sensation qu'elle est la clé de toutes les histoires que ravivent le retour de Célia et de sa mère. Sa mère justement. Elle est, je crois, le dernier personnage que je peux évoquer ici sans risque de spolier l'histoire. Egocentrique, extravagante, elle est l'exemple même de ce que peut provoquer la célébrité. Romancière à succès en panne d'écriture, c'est elle aussi un personnage qu'il vous faut découvrir, je le pense. Pour le reste et bien... A vous de découvrir le panel impressionnant de personnages que Stéphane Servant propose à travers son livre.

Comme indiquer dans le résumé, les deux femmes retournent dans la maison de la grand-mère de Célia, donc la mère de Catherine, perché au coeur de la montagne, dans un petit village rempli d'histoire. L'histoire de ce livre justement. Un mot me vient à l'esprit. Un son plus précisément. Wouah ! Quelle imagination ! C'est... C'est... C'est incroyable ! Je ne sais pas si j'arriverais à trouver les bons mots pour décrire ce que Stéphane Servant a réussi à faire avec ce livre. Tout d'abord, cette histoire est un subtile mélange entre la réalité et le fantastique. Je crois que beaucoup seront du même avis que moi quand j'affirme que j'ai souvent eu énormément de mal à démêler la réalité de la fiction. C'est sûrement la première fois que je lis un bouquin capable de combiné aussi finement deux genres qui sont totalement opposés, à savoir le fantastique au récit de vie. le romancier mélange également le passé et le présent. Il nous propose beaucoup de flash-backs du passé, à l'époque de l'après-guerre et de la grand-mère de Célia. L'intrigue est rudement bien mené. L'auteur nous laisse dans le flou durant quasiment tout la durée de l'histoire, ne nous offrant que quelques éléments de réponses à nos questions, qui en occasionnent souvent de nouvelles pour le lecteur. On cherche à en savoir toujours plus. de nouvelles révélations, toujours plus importantes et surprenantes les unes que les autres, plongent le lecteur dans une addiction sans fin pour le roman. Il me fallait à tout prix toujours en savoir plus ! L'auteur sait parfaitement bien arrêter ses chapitres au bon moment, laissant le lecteur sur sa fin. Une histoire parfaite je vous dis, de laquelle je ne veux révéler aucun éléments, pour que la surprise vous soit totale lors de votre propre lecture ! Là encore, pour ceux ayant déjà découvert ce bouquin, je vous propose d'en discuter en commentaire car je crois que chacun peut interpréter sa lecture à sa manière, en fonction de ce qu'il a ressenti et de la situation dans laquelle il a lu le Coeur des Louves, un peu à la manière du Petit Prince. Je serais heureux de croiser ces différentes versions de compréhension avec vous.

Pour finir, parlons écriture. L'écriture de Stéphane Servant m'avait déjà convaincu dans Guadalquivir, mais là... Wouah ! encore une fois. Les comparaisons, les métaphores et autres figures de styles pleuvent durant toute la durée du roman. le lecteur est emporté dans l'univers envoûtant de ce petit village. Une atmosphère se dégage de ce livre, qui fait que lorsque l'on s'arrête de le lire, il faut en émerger comme d'un long sommeil. Après une telle découverte, je peux vous affirmer que je compte bien lire d'autres livres de Stéphane Servant à l'avenir, je pense notamment à La Langue des Bêtes.

Je crois que je viens de lire l'un de mes plus gros coup de coeur de cette année ! Bravo au Rouergue et à Stéphane Servant pour cette pépite ! A lire de toute urgence !
Lien : http://larbrealire.blogspot...
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J'ai dévoré ce roman magnifiquement écrit, entre le conte philosophique et le fantastique, entre le coeur cousu de Carole Martinez, Chocolat de Joanne Harris et la légende de la bête du Gévaudan ! Seul petit bémol : je suis tombée sur quelques fautes dans le texte... mais j'ai été tellement captivée par cette histoire que je pardonne tout à l'auteur et à l'éditeur :-)
A lire d'urgence !
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Il y a tellement de choses dans ce livre... C'est à la fois une chape de plomb et un désir brûlant de liberté. Ca vous pèse sur la conscience et ça vous prend aux tripes. Ca vous secoue, ça vous chamboule tout à l'intérieur. L'histoire en elle-même traite de secrets de village, mais la lecture que vous en ferez vous mènera beaucoup plus loin. On y parle de famille, des traces que laissent le passé et de ce qu'une femme transmet à ses filles malgré ses silences. D'une ambivalence permanente entre l'amour et la haine, le désir de liberté et le sceau du secret, le rejet et le pardon. de la fragile frontière entre la différence et la folie. En filigrane, l'auteur dresse le portrait d'une femme qui s'est construite et cultivée par elle-même pour atteindre son indépendance et se libérer des carcans de son époque.
Lien : http://miyusboxes.wordpress...
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Des histoires imbriquées dans l'histoire d'un village de montagne. Une structure de roman époustouflante, avec une chronologie qui ne ressemble en rien à une chronologie. On ne se perd pas pour autant, on suit les nombreux personnages dans les ruelles, dans les sentiers, dans la grotte, autour du lac, ... Les images défilent.
Un excellent roman pour grands ados et adultes ! A lire et faire lire!
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Un livre sombre, fort, dérangeant qui plonge dans les secrets que cachent les villages tranquilles de nos provinces, dans les esprits et les consciences avec leurs peurs, leurs secrets, leurs superstitions et le rejet de l'autre.
L'autre, c'est l'étranger de passage, forain ou saisonnier à la recherche de travail ou c'est ceux de la ville, comme Célia et sa mère qui arrivent pour s'installer dans ce village perdu au fond de la vallée, entourée de montagnes couvertes de forêts. Elles fuient leurs créanciers, l'éditeur de Catherine, la mère écrivain célèbre, en panne d'inspiration depuis des années, dépressive, alcoolique, qui enchaîne les aventures sans lendemain depuis la trahison et le départ du père.
Elles prennent possession de la maison de la grand-mère, femme mystérieuse sur laquelle court toutes les rumeurs : elle aurait été sorcière, putain, soigneuse des blessures de l'âme et du coeur des habitants et habitantes des alentours. Sa chambre d'ailleurs reste fermée à clé.
Célia se réhabitue au village (dont elle ne garde pas vraiment de bons souvenirs), à cette vie immobile environnée de nature, à cette communauté taiseuse, dominée par la parole du mâle. le mâle, ce sont les hommes du village qui dictent leurs lois, ce sont les adolescents arrogants qui harcèlent Célia, c'est son père qui l'a abandonnée. C'est aussi un texte sur la domination masculine : le groupe des hommes au village, les maris sur leurs épouses, les pères sur leurs enfants et d'une façon extrême de l'assassin sur ses petites victimes filles. Un meurtre, plusieurs morts violentes sont au coeur de l'intrigue et cela se dévoile peu à peu. le titre se révèle au cours de la lecture, car Célia, grâce à son amie Alice, va devenir "louve" pour exister, pour se dégager de cette chape de non-dits, de secrets enfouis dans sa vie, dans celle de sa mère, de sa grand-mère décédée, de la communauté toute entière.
Un texte magnifique, profond dans ce qu'il révèle des psychés humaines, des lâchetés et des faiblesses; un récit à deux voix, celle de Célia et celle d'une autre narratrice, antérieure à la jeune fille, qui raconte à la première personne et dont on ne connaît l'identité que bien tard dans le récit. Les histoires se croisent, s'emmêlent pour s'éclairer. Célia en revenant au village tente de donner sens à ses souvenirs d'enfance, aux événements dont elle a été le témoin sans les comprendre, de revenir sur les traumatismes enfouis au fond d'elle.
Le style de l'auteur est sobre, dépouillé, ses phrases sont courtes, voire très courtes mais très imagé et parfois poétique. le texte oscille à certains moments entre rêve et réalité : Célia se voit transformée en louve; la mise en page retranscrit ses pensées de louve : la figure du loup, du prédateur court dans tout le récit;
En bref, un roman superbe, intense, difficile et qui est pour moi, une de ces pépites de la littérature dit de jeunesse mais qui s'adresse à tous!

A partir de 16 ans
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