Léna n'a plus de nouvelles de son frère Ivan depuis quatre ans, lorsque ce dernier est parti faire le djihad en Syrie.
A cause de la mauvaise publicité créée par le jeune homme lorsqu'il participe à un assassinat, Léna et ses parents ont dû quitter la ville où ils vivaient pour refaire leur vie ailleurs.
Or, Ivan la recontacte par l'intermédiaire d"un de ses anciens amis. Il veut la revoir. A l'insu de ses parents, Léna, avec l'aide de Théo, l'ex-ami de son frère, entreprend un véritable périple pour retrouver Ivan.
C'est le premier roman que je lis sur le sujet de l'embrigadement de jeunes Français pour le djihad, un sujet d'actualité brûlante, bien dans l'air du temps. Il est évoqué par le prisme du regard de Léna donc on ignore jusqu'à la fin les motivations profondes d'Ivan mais on voit la conséquence de ses nouvelles convictions à travers ses actes. Cette ignorance du lecteur de ce qui a déclenché la conversion du jeune Français et son départ au combat en Orient reflète d'ailleurs l'incompréhension de ses parents et de sa soeur. Léna est une adolescente bien dans sa peau, qui essaie de s'adapter de son mieux à sa nouvelle vie et à son nouvel environnement mais elle se pose la question de savoir si son frère tant admiré et aimé est devenu le monstre dépeint par les medias. C'est autant la recherche de la vérité que son amour pour son frère qui la pousse à se rendre à ce dangereux rendez-vous.
Ivan était, je pense, le personnage le plus difficile à camper : fanatique et persuadé de la justesse de ses croyances, il n'est pourtant pas un imbécile obtus. Il parle bien, sait argumenter. Néanmoins, son discours sent la propagande et on ne comprend pas sa nature profonde. On peut confronter cette opacité des raisons de l'engagement du jeune homme à l'activisme anarcho-communiste déployé en leur temps par Joan et ses potes, pétri d'idéaux et de principes anti-totalitaristes. On a en quelque sorte la nouvelle génération de terroristes face à l'ancienne, puisque le groupe de Joan, va venir en aide à Léna et Théo.
Le roman se compose de quatre parties qui permettent de suivre l'intrigue selon quatre personnages différents. Ce dispositif crée du suspens car si Léna est la première protagoniste dont le lecteur suit les actes et les réflexions, Théo prend ensuite le relais à un moment crucial alors qu'on aurait voulu savoir ce qui arrivait à la jeune fille. La même chose se produit quand c'est le tour de Joan et de l'inspecteur. La dernière partie est la plus frustrante car avec l'inspecteur Tambon, on se retrouve en dehors du coeur de l'action alors qu'on ne veut qu'une chose : avoir plus de détails sur les sentiments de Léna et Théo!
J'avoue avoir trouvé l'intrigue un peu simple et les personnages trop peu creusés (ils auraient mérité d'être plus approfondis).
De fait, ce thriller plutôt efficace a le mérite d'aborder le sujet de ces jeunes Français devenus djihadistes mais il ne lance pas réellement de pistes de réflexion et laisse donc le lecteur un peu sur sa faim.
Cependant, le style de
Benoît Séverac est fluide et sobre, la mise en page très aérée avec des chapitres très courts; par conséquent, les pages se tournent très vite et la lecture en est très agréable.
A partir de 13 ans