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sur 245 notes
Qui est ce garçon incassable? La famille de Florence Seyvos a été plusieurs fois confrontée au handicap: un oncle, puis un frère, tous deux prénommés Henri, deux cerveaux endommagés, des "vies pour rien" comme le dit sans scrupule la grand-mère, sèche et mauvaise. À ces deux Henri, l'auteur a ajouté un troisième personnage, Joseph "Buster" Keaton, "Buster", c'est à dire "casse-cou". Son père, "danseur excentrique", découvrit assez vite que Joseph semblait invulnérable et inventa tout un numéro sur ce thème: l'enfant dont on cherche à se débarrasser, qu'on jette violemment (au sens propre, que ce soit dans les coulisses, le public ou la fosse d'orchestre) et qui revient toujours -comme Henri l'handicapé qui chassé comme neveu revient comme petit-fils? Cet acharnement à tenir sa place est la marque de l'enfant incassable, qu'il soit Henri ou Joseph, lui qui fait ce qu'il estime devoir faire, maladroit, inapte et solitaire, toujours au bord de provoquer une catastrophe et réchappant finalement à presque tout, y compris au malheur.
Aussi, pour elle-même, quand elle accouche, Florence Seyvos ne demande pas à avoir un enfant en bonne santé: ce qu'elle espère, c'est un garçon incassable, un enfant appliqué à tracer son chemin et à vivre sa vie en acceptant que parfois les maisons vous tombent dessus (mais si on se tient au bon endroit, on passe à travers la fenêtre ouverte).
Livre subtil et dense, écrit dans une langue parfaite, à la fois familière, précise et poétique, éloigné de tout pathos mais profondément empathique.
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Qu'il est étonnant ce roman. Habile dans sa construction, mélancolique dans sa narration. le sujet, l'incroyable enfance de Buster Keaton, est original et captivant. Par petites touches subtiles, Florence Seyvos explore les fêlures, les déceptions, les liens familiaux, ceux qui portent et ceux qui écrasent. Elle brosse, avec une modestie plaisante, un tableau tout en nuances.

Et puis ces ceux vies en miroir, celle d'Henri, ce frère à côté de lui-même, celle de Buster, véritable projectile humain. On attend la corrélation, la révélation. J'ai aimé qu'il n'en soit rien.

Un roman d'une jolie étrangeté qui fait sa place, en douceur.
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
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J'ai beaucoup aimé ce livre, d'une belle sensibilité, sans faux semblants ni ornements, à la fois brute et poétique. le récit croisés des vies d'Henri et de Buster Keaton rythme le livre, avec des flashs de la vie de la narratrice par rapport à son frère. Ce livre est intéressant et instructif en divers points, notamment sur le regard de la famille sur un proche handicapé qui a tendance (et c'est bien naturel) à vouloir le surprotéger alors que la personne souhaite (comme tout le monde) avoir sa propre vie et a envie d'indépendance. Les touches biographiques de la vie de Buster Keaton à travers sa filmographie sont éclairantes sur cet artiste emblématique et à la fois mystérieux.

J'ai vraiment beaucoup aimé.
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Au-delà du drame vécu par les deux fréres Henri et Buster Keaton et leurs proches, ce récit fait d'humanité et de grâce redonne une place et une voix à ces garçons vulnérables finalement devenus à leur manière des hommes extraordinaires.
Florence Seyvos parle incroyablement bien des corps en danger, maltraités, qui résistent et qui offrent pour l'un une chance de réussir dans la vie et pour l'autre un frein à tout épanouissement. Elle reussit brillamment à faire du " Garçon Incassable " un roman d'une rare justesse et d'une incroyable beauté.
J'ai apprecié ce roman.
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Ça m'ennuie de ne pas aimer un livre qui a été très apprécié par beaucoup, j'ai l'impression d'être passée à côté de quelque chose, de ne pas l'avoir lu au bon moment, ou simplement de ne pas avoir bon goût ! (Surtout quand on sait que j'aime plus les livres jeunesse malgré mon âge !!)

Mais rien à faire. J'avais beaucoup entendu parler de celui-ci, j'ai donc profité pour ajouter enfin un roman adulte au challenge Petits Plaisirs. Mais ça n'a pas été un plaisir en fait.

Je n'ai pas vu l'intérêt de mêler 3 histoires qui ont peu de points communs.
Celle de la narratrice, qui fait bien le lien entre les deux autres, mais de façon artificielle, celle du "frères" et celle de Buster Keaton.
Du coup, aucune n'est vraiment intéressante. le récit de la vie de l'acteur m'a appris pas mal de choses, et j'y ai trouvé de l'intérêt, mais comme il est haché, on ne sait jamais trop où on en est, ce n'est pas linéaire, on n'y entre pas du coup.
Le sujet de ce pauvre Henri, avec son handicap, sa façon étonnante pour nous d'appréhender la vie aurait dû faire un bon roman. Mais là encore, on ne peut pas y entrer vraiment. Je n'ai pas trop compris cette vie de famille curieuse, dont on ne sait pas grand chose. La plupart des personnages ne sont pas sympathiques, tous rudoient Henri, qui n'en peut mais, le pauvre. Même si c'est "pour son bien" un peu de compassion l'aurait peut-être plus aidé. J'ai cru une petite respiration à l'arrivée chez la grand-mère, mais non, elle est pire que les autres.

Non franchement, navrée si je n'ai pas vu ce qu'il fallait, mais la seule chose qui m'a plu, c'est de le terminer !!

Je mets tout de même deux étoiles, parce que c'est bien écrit, il y a pas mal d'éléments intéressants, pris séparément.
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J'avoue que le parallèle entre Henri et Buster Keaton est un peu exagéré mais le parcours de ces deux personnages, un handicapé et la star du cinéma muet se suit avec intérêt.

Il y a beaucoup de pudeur et de tendresse dans le portrait d'Henri. La narratrice ne cache pas les difficultés à partager le quotidien d'un être différent et sait aussi décrire l'attachement qu'elle éprouve envers ce frère d'adoption.

Quant au portrait de Buster Keaton, il est très instructif et apprend bcp sur l'évolution de l'industrie cinématographique.

Le point commun, c'est peut-être ce décalage des deux personnages, leur vulnérabilité face au monde. Leur chance : la bienveillance et l'amour de leurs proches.

Un texte sensible et pudique à découvrir.


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Tendre et émouvant portrait d'un demi-frère au cerveau endommagé dont le père refuse d'admettre l'inéluctable et veut en faire un garçon comme les autres. Malgré la rigidité de l'éducation, les durs exercices qu'il lui impose quotidiennement, la certitude qu'un enfant doit être "cassé", l'obstination du père lui sera malgré tout profitable, mais surtout l'amour de la mère adoptive et l'affection de sa soeur et de son frère, leur patience presque sans limites, Henri va tracer son difficile cheminement aux innombrables entraves vers l'affranchissement et une relative indépendance. Florence Seyvos met en parallèle le destin de Joseph Keaton, dit Buster, transformé dès son plus jeune âge en jouet de scène aux performances exceptionnelles avec un don particulier pour se protéger de la violence de son père, mais également complice de ses extravagances et n'ayant cesse d'améliorer le spectacle.
Les deux garçons se révéleront l'un et l'autre frères rebelles, volontaires, courageux, solitaires... et incassables.
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Un livre incroyablement touchant, d'une observation délicate et tendre sur le handicap. Ce garçon tout cassé nous renvoie sa différence à travers le regard de sa soeur, sa fragilité et sa force.
Le regard de la narratrice n'est jamais larmoyant, jamais dramatisant, tout est dans la sobriété et la discrétion. C'est sans doute le propre des vraies relations avec l'autre.
Un roman tellement réussi qu'on le croirait vrai. Ce garçon incassable existe, comme Buster Keaton existe. Il tombe et se relève, il passe, il vit sa propre vie, ses propres joies et sans doute ses propres souffrances.
Florence Seyvos le rend invulnérable dans sa différence. C'est magnifique.
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Incassable, Henri l'est. Aucune douleur ne semble le toucher, sauf peut-être les exercices de rééducation que son père l'oblige à subir pour en faire un garçon "normal", de surcroît professeur de tennis.
Rabroué pour son rire "bête", malmené par d'autres enfants qui ne comprennent pas sa différence, mais protégé par sa soeur et son frère. Henri ne souffre pas du manque d'amour, il ne souffre pas des brimades, tout comme Buster Keaton, considéré comme un objet, comme une chose depuis son plus jeune âge, lancé sur une scène, malmené par son père pour le plus grand bonheur des spectateurs et la renommée de son show.
Et Keaton aime ça, toute sa vie sera consacrée à ses chutes spectaculaires.
Ces deux là sont pareils, ils ne ressentent pas la douleur, ils sont incassables, ils sont résistants, forts et insoumis.
Florence Seyvos ne tombe jamais dans le mélodrame. On ne plaint ni Henri, ni Buster Keaton, on les suit simplement, l'un dans sa vie quotidienne et banale, l'autre dans sa vie mouvementée et accidentée. du grand art !
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Un roman plutôt émouvant sur la question du handicap qui ne sombre pas dans la mièvrerie!

C'est en croisant les vies d'un frère différent et de Buster Keaton, le célèbre acteur de films muets. Se dessinent alors les méandres de deux douleurs différentes et pourtant proches qui soit ne peuvent se dire dans le cas d'Henri et qui ne semblent pouvoir se vivre dans celui de Buster. Toutefois, la narratrice tente de déceler la présence de cette faille indicible à l'intérieur de ces deux personnages qui marchent dans le sens contraire du monde. Toujours mystérieux, ces deux hommes témoignent d'une existence différente, riche mais difficile à vivre. Toutefois, l'auteur ne tombe pas dans le pathos : Henri et Buster ne sont pas que des victimes mais des êtres complexes qui comportent leur part d'ombre qui se laisse bien difficilement atteindre.

Un beau moment en compagnie de ces personnages qui permettent de se poser la question de la différence dans un monde de plus en plus normé...
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