Le roman commence à Los Angeles, où la narratrice est venue chercher les traces ténues de
Buster Keaton, une maison qu'il a occupée, un studio où il a travaillé, une personne qui en a connu une autre qui a travaillé pour lui… Elle tourne autour de l'ancien acteur du cinéma muet comme le roman tourne autour de deux personnes, l'une,
Buster Keaton, donc, et l'autre, Henri, un garçon handicapé que la narratrice a connu dans son enfance. L'un est devenu un as de la chute pour avoir survécu presque sans fractures à des numéros de music-hall « comiques » où son père le lançait d'un bout à l'autre de la scène, voire dans le public. C'est là qu'il composa son masque imperturbable qui fit son succès. L'autre était atteint d'une maladie invalidante, et devait chaque jour subir des exercices musculaires douloureux, et la dureté d'un père qui croyait pouvoir ainsi le faire progresser, réussir dans la vie.
J'ai lu ce livre après une table-ronde très intéressante (à la Fête du Livre de Bron) réunissant
Florence Seyvos et
Mariapia Veladiano (auteur de
la vie à côté) et ce qui m'a le plus marquée, et faute d'avoir pris des notes, ce sera à peu près tout, c'est que les deux sujets, les deux personnages se sont peu à peu imposés d'eux-mêmes à l'auteur, après un très long temps de gestation, et qu'elle a fini par les réunir.
L'alternance entre les deux est plutôt subtile, pas binaire, et avec l'écriture concise, lisse et sensible, ce sont les deux aspects qui m'ont plu. C'est
Buster Keaton qui m'a le plus touchée, son inadaptation, son indifférence à la vie, ses déboires permanents, à l'image des scènes de films qu'il tourne. Henri aussi est touchant à sa manière, quand devenu adulte, il cherche l'indépendance… C'est une jolie lecture, qui sort de l'ordinaire, mais pas tout à fait un coup de coeur. Il faut être en résonance avec la sensibilité de l'auteur au moment de la lecture, c'est vrai de tous les romans, mais de celui-ci en particulier.
Lien :
http://lettresexpres.wordpre..