AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,16

sur 405 notes
Des filles, des filles, rien que des filles. Dans le village de Mala Çar Bayan près de l'Euphrate, Naze espérait avoir enfin un fils. Mais elle accouche de jumelles : Jamila et Pembe. Une véritable malédiction pour cette famille très traditionnelle : encore deux filles qu'il faudra marier. Des deux soeurs, seule Pembe se marie. Jamila devient sage-femme aux fins fonds de la Turquie, aidant et guérissant ceux qui viennent la chercher. Pembe épouse Adem qui l'emmène à Istanbul. Iskender et Esma naissent dans la capitale turque, avant que leurs parents ne décident de s'installer à Londres. Un eldorado où la vie sera forcément plus douce et où Pembe met au monde un dernier enfant : Yunus. Mais le mirage londonien est de courte durée. Adem se perd dans les salles de jeu, Iskender dans la colère jusqu'au terrible drame qui le conduit en prison.

"Crime d'honneur" est une formidable saga familiale couvrant plusieurs générations (des années 50 au début des années 90) et plusieurs pays. Les chapitres alternent les époques, les points de vue et nous transportent des bords de l'Euphrate à ceux de la Tamise où la famille de Pembe est venue vivre. A travers la trajectoire de Pembe et des siens, Elif Shafak aborde de riches thématiques : le poids des traditions, du déracinement, la place des femmes, l'éducation. Les trois enfants de Pembe incarnent les différentes réactions des immigrés. Iskender, l'aîné et "sultan" de sa mère, est le plus perdu. Il n'arrive pas à trouver sa place à Londres, il se cherche et pense trouver des réponses dans le repli communautaire. Ce retour irréfléchi aux traditions l'amènera à commettre un crime d'honneur impensable et impardonnable. Yunus, le cadet, est né à Londres et la question de l'intégration ne se pose pas pour lui. Ses souvenirs sont ancrés dans les rues et les squats londoniens. Esma est entre les deux mondes. Jeune femme moderne, elle n'a pas pour autant oublié ses racines turques : "Istanbul … Dans les circonvolutions de ma mémoire, le nom de la ville se distingue des centaines de mots que j'ai rangés tout au fond, au fil de ma vie. Je le pose sur ma langue, je le déguste lentement, avec envie, tel un bonbon. Si Londres était un bonbon, ce serait un caramel – riche, intense et traditionnel. Istanbul, par contre, serait un morceau de réglisse à la cerise – un mélange de saveurs opposées, capable de transformer l'aigreur en sucre, la douceur en amertume." Les femmes de la génération précédente n'auront pas la chance de profiter de la libération de la femme. Pembe et sa soeur Jamila sont les deux sacrifiées, leurs vies gâchées et gaspillées par l'impossibilité d'échapper à la tradition.

"Crime d'honneur" est l'histoire déchirante de deux soeurs, de leur famille cherchant désespérément la liberté, le bonheur et qui ne trouve que la violence et la peur.
Lien : http://plaisirsacultiver.wor..
Commenter  J’apprécie          30
Premier livre que je lis de cette auteur et je ne suis pas déçue
J'ai été happée par l'histoire de Pembe victime d'un crime d'honneur … par l'histoire de cette famille arrivée à Londres pleine d'espoir mais dont la culture « freine » l'intégration
Très beau livre je le recommande
Commenter  J’apprécie          20
Ce roman est l'histoire d'un exil, d'un village kurde sur les bords de l'Euphrate à la banlieue de Londres. C'est aussi celui de la confrontation entre les traditions et la modernité. Mais c'est surtout un roman qui retrace l'histoire de trois générations de femmes turques. La première, Naze vit dans un petit village rude et désolé, par delà les rives de l'Euphrate. La seconde Pembe est sa septième fille. Et enfin Esma, la fille de Pembe. C'est cette dernière qui raconte, tente de démêler les ficelles de cette famille kurde qui ont conduit à un crime.

Dès le départ, on sait qu'un drame va se produire. le titre et les premières lignes sont explicites. Aucun suspense, ce n'est absolument pas l'objet de ce roman.

En revanche, en retraçant l'histoire de sa famille sur trois générations, en alternant le passé et le présent, on comprend l'ambivalence de cet exil où les traditions des uns se confrontent aux libertés occidentales des autres. Dans cette culture patriarcale, l'autrice met subtilement en avant le rôle de ces femmes qui tiennent leur famille à bout de bras, en opposition à leurs hommes qui boivent, trompent ou fuient. Les portraits des uns et des autres sont à la fois singuliers et attachants (mention spéciale aux deux frères d'Esma, Yunus et Iskender).

Le regard qu'Elif Shafak porte sur cette histoire dure et terrible est d'une grande douceur et abordé avec beaucoup de pudeur. Et c'est bouleversant.
Commenter  J’apprécie          20
Voici un roman "fort" sur un sujet douloureux. Nous sommes en Turquie; un fils ou un frère peut se sentir obligé de tuer sa mère ou sa soeur si celle-ci a "fauté". Nous suivons ici, sur 3 générations, une famille Turque émigrée vers Londres. La teneur du drame nous sera très vite révélée, et le récit remontera le temps, pour disséquer l'origine et le processus qui y a conduit. L'auteure utilise le procédé - un peu trop à la mode - des va-et-vient chronologiques permanents, et du parler tournant de chaque personnage. Si l'on accepte ce jeu, peu clair au début mais qui se simplifie au fil du texte, on est séduit à la fois par "l'histoire" et par le style du roman. Tout cela est très travaillé et conduit à un beau résultat. Mieux: la complexité du drame nous surprendra progressivement, jusqu'à la fin. Au milieu de personnages douteux, apparaissent quelques belle figures, notamment celle de Jamila, sage-femme dévouée, altruiste et lumineuse.
Joli livre, dont on devrait se souvenir. (Prix Relay 2013).
Commenter  J’apprécie          20
Une histoire déchirante.
Il est vrai que j'ai trouvé certains passages un peu longs et le passage dune période a une autre assez troublant, néanmoins ce livre vaut vraiment le coup daller jusqu a à la fin, jen ai été troublé en le refermant, même sentiment que j'ai eu en lisant "la bâtarde d'Istanbul".
Commenter  J’apprécie          20
Très bon roman, dont on connaît la fin dès la 1re page (une femme va chercher son frère à la prison où il vient d'achever sa peine pour avoir tué sa mère), et dont on devine plus ou moins les développements avant de les lire. Mais l'auteur est une excellente conteuse : en multipliant les points de vue (différents narrateurs), en navigant d'une époque à l'autre, d'un pays à l'autre, en confrontant les générations (les grands-parents, les enfants, les petits-enfants devenus adultes), et les cultures (les Kurdes de Turquie, les Anglais, les immigrés musulmans en Angleterre…), elle tient son lecteur en haleine. C'est bien écrit, c'est nuancé, c'est riche : voyage dans la Turquie kurde traditionnelle, terre de soleil, de poussière et de pauvreté, avec ses sages-femmes et ses contrebandiers, chocs des modèles d'éducation (immigrés de 1re et de 2e génération), difficultés d'intégration dans un pays nouveau (la grise Angleterre, avec ses punks, sa pluie, ses usines) et surtout, place de la femme dans la société : la place qu'on lui donne, reproduction des modèles ancestraux inculqués à la maison, ou la place qu'elle essaie de prendre, grâce à l'instruction. L'auteur, Turque émigrée qui a notamment enseigné les Gender studies aux Etats-Unis, nous fait découvrir cette société de l'intérieur, avec nuances, sans caricature, et avec un vrai message d'espoir.
Commenter  J’apprécie          20
Crime d'honneur de Elif Shafak, 410 p. PHEBUS EDITIONS
A partir d'un petit village en Anatolie, on suit des personnages en Angleterre, selon la formule de l'éventail : c'est-à-dire que tel personnage en rencontre d'autres, et que si les lieux et les acteurs sont différents, jamais on ne s'y perd, vu que l'auteur rappelle habilement les liens de parenté, et sait bien découper l'histoire familiale en courts chapitres.
Dès le départ, on sait qu'un drame a eu lieu, il a conduit un personnage en prison. On sait qui est le coupable, et même ce qu'il a fait, mais on ignore les raisons et les circonstances. Tout en suivant les membres de la famille, on reste en contact avec le prisonnier, qui tient une sorte de journal, basse continue de cette saga polyphonique.
Les malheurs, les espoirs, les amours, on suit tout avec le plus grand intérêt, et je ne suis pas surpris qu'on m'ait conseillé cette lecture entre deux chapitres ; je le fais à mon tour, après avoir lu la moitié de ce livre captivant.
e lecteur suit chacun des personnages, bien identifié par l'auteur, et il voit ainsi les milieux qu'il fréquente, les difficultés rencontrées. Il participe même à l'élaboration de ses réactions, qu'il voit naître et se développer. Belle progression dans le suspens dramatique d'une intrigue dont on tente de deviner le point final, indiqué dans le titre, mais qui reste dans l'ombre.
Les groupes finiront par se rencontrer, on le pressent, portant chacun une violence propre, dont Iskender le prisonnier, sera le réceptacle ou l'agent. En attendant, cette violence circule, palpable, sans qu'on sache le chemin qu'elle empruntera à l'air libre.
Ce livre est une véritable aventure où on regarde les milieux urbains par les yeux d'un des protagonistes kurdes/turcs, dans un héritage culturel rappelé à point par Elif Shafak.
Jusqu'ici on n'avait que des soupçons, or les drames tus resurgissent, passant d'une génération à l'autre. le lecteur, accroché à l'histoire, a quand même le temps d'admirer la virtuosité de l'écrivain, qui rassemble les fils pour ce qui sera le bouquet final.
Ne pas oublier que le narrateur/auteur est un des personnages du livre, Esma, la grande soeur, qui ouvre le récit et y met un point final. Elle mène chaque personnage, raconte son itinéraire ("il"), et lui donne la parole ("je").
De chacun elle pourrait dire :
« Sa vie avait été un labyrinthe de miroirs, qui chacun reflétait une image différente de lui ».
De l'ensemble naît une fresque, spectacle visible et complet d'une population, prise entre le passé et le présent, entr'ouvrant une porte sur l'avenir. Riche de la densité d'expériences diverses.
Elif Shafak agit comme un tisserand scrupuleux et talentueux : tout fil intègre l'ensemble, avec parfois une initiative personnelle, comme celle de mettre le H, de Helye, une soeur disparue, au milieu de la trame d'un tapis.
La fin surprendra le lecteur, qui pourrait croire à une pirouette narrative. Pourtant, les cachotteries font partie du récit, et le secret, partie intégrante du milieu où, comme de l'encre sur la soie, règne la rumeur...
Aux yeux de tous, apparaîtra surtout la parfaite maîtrise du récit dans "Crime d'honneur."

Commenter  J’apprécie          21
J'ai aimé la saga tragique de cette famille turque... Les personnages sont tenaillés entre sentiments personnels et devoirs vis-à-vis de leur communauté. La tradition se marie mal à la modernité de la vie en Angleterre. L'histoire est prenante. Par contre, les allers-retours dans le temps et parmi les différents personnages sont compliqués.. il faut bien se concentrer pour suivre :-))

L'écriture est très agréable. L'auteur apporte beaucoup de détails, le vocabulaire est précis, il permet de visualiser les personnages et les situations.
Les personnages sont extrèmes et se confrontent sans cessent jusqu'au drame final. le scénario et l'intrigue sont très bons, la fin ressemble même à un roman policier, on ne s'y attend pas du tout. Bref, une lecture à recommander !
Commenter  J’apprécie          20
Très bon roman qui s'articule autour d'une saga familiale. On est tantôt en Turquie, tantôt à Londres où une partie de la famille a émigré. On suit trois générations de femmes soumises, ou désirées, souvent rejetées et contraintes par les traditions. C'est forcément l'histoire des pères, maris, fils (chéris, reconnaissants, ou violents, possessifs, lâches). C'est Esma une femme de la troisième génération qui raconte. Elle fait partie de ceux qui ont grandi à Londres.
Le roman est construit comme un chassé-croisé entre la Turquie jusqu'au milieu des années 70 et Londres depuis la fin des années 70.
L'auteur a su insuffler du suspens notamment dans le destin des soeurs jumelles Jamila et Pembe. Pembe étant la mère d'Esma. Un beau final qui ne manque pas de philosophie.

Un très bon roman que je recommande.
Commenter  J’apprécie          20
Quand un écrivain représente une marque de garantie, tu peux prendre ses livres les yeux fermés. C'est toujours le cas avec les romans d'Elif Shafak qui transportent à chaque fois vers de nouveaux horizons (en remontant la mémoire aussi), font découvrir de nouvelles cultures et certainement relancent de nouvelles polémiques.
Cette Best-seller turque, âgée de 47 ans, luttant dans la vraie vie contre toute xénophobie, utilise la fiction pour livrer ses combats ; parce qu'elle se doit, « en tant qu'écrivaine, de construire des ponts entre Soi et l'Autre… parce qu'aucune culture ne peut prospérer en s'isolant » (Interview Euronews).
Racisme, immigration, différences entre générations, sont des thèmes chers à l'écrivaine et qu'on retrouve, entre autres, ici dans Crime d'honneur, dont la toile de fond est un matricide (vous le devinez, pour l'honneur). La condition de la femme, dans certains pays du tiers-monde, depuis la naissance est fortement discutée également entre ces pages.
Pembe et les enfants. Ils portaient le même nom de famille. Toute disgrâce tombant sur un d'entre eux apporterait la honte sur lui, l'ainé des Toprak. Leur honneur était son honneur »
Pembe est mère de trois enfants, Iskender, Esma et Yunus. Quand son mari quitte le foyer pour aller s'installer avec une autre, c'est à l'aîné que succombe la responsabilité de remplacer l'homme dans le foyer. « Découvrant » que sa mère fréquente un étranger, Iskender croit agir pour sauver l'honneur de la famille. Sa soeur Esma, raconte son histoire pour empêcher qu'elle ne tombe dans l'oubli.
Paru en 2013, ce roman est d'une construction narrative tellement captivante que tu ressens le besoin d'y retourner rapidement une fois mis de côté. Fidèle à elle-même la romancière présente des récits croisés (comme l'était le cas dans La Bâtarde d'Istanbul), racontés sur 3 générations, depuis 1945 dans un village près de l'Euphrate jusqu'en 1992 à Londres, en passant par Istanbul et Abu Dhabi. Chaque chapitre (titrés) est la pièce du puzzle qui vient compléter l'histoire sous l'angle de vue d'un personnage : L'histoire de chacun n'est qu'un maillon d'une chaine de l'histoire familiale regorgeant de secrets et de non-dits, de vices et de passions.
Se servant de son don de « merveilleuse conteuse », on voyage dans le temps et l'espace (Cf, Soufi mon amour), pour présenter ce drame familial presque délicieusement raconté sous la plume d'Elif Shafak.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (1027) Voir plus



Quiz Voir plus

Soufi, mon amour

Comment s'appelle la première femme de Rûmi?

Gevher
Gisha
Gozde
Kerra

10 questions
23 lecteurs ont répondu
Thème : Soufi, mon amour de Elif ShafakCréer un quiz sur ce livre

{* *}