Oken. Combats et rêveries d'un poète taïwanais

En toile de fond s'égrène l'histoire récente de Taiwan alias Formose : entre occupation japonaise et séparatisme musclé avec la Chine continentale devenue communiste. Sous la houlette du Kuomintang et de son leader Tchang Kai Check, le jeune Yang Mu se souvient d'une histoire familiale bousculée.

Comme pour exorciser les difficultés de la famille refugiée dans les montagnes pour fuir d'éventuels bombardements sur la côte est, le jeune garçon se plonge dans la beauté vaporeuse d'une nature sauvage. Il s'y construit une vision aussi onirique qu'artistique aux références culturelles métissées.

Dans un syncrétisme du manga et de la bd franco-belge, les visages ronds aux oreilles protubérantes, aux nez exagérément effilés, à l'absence de lèvre, sont dotés de soucis épais en forme de virgule comme un Ying et un Yang. Les extrémités de tous les membres sont rehaussées de carmin sur des visages exagérément pâijðƒ≥¶¥¥¥les, signe chinois de bonne fortune et de joie. Les couleurs froides, aux références subtilement sépia, subliment les dessins aussi variés que virtuoses. Les paysages dépouillés, la propreté des environnements épurent les scènes.

Des poissons rouge « voile de Chine » désincarnés, semblent flotter par intermittence dans un récit allégorique ou Guan Ping, tutoie des ciels menaçant à la William Tuner et les estampes chinoises sur papier de riz. Ces poissons symbolisent l'arrivée de choses positives dans une existence éthérée, symbole chinois de chance, de persévérance et de sagesse.

Installé depuis de longues années à Seattle, la nostalgie de Taiwan résonne comme une nostalgie de l'enfance.

Oken est un roman graphique adapté de Mountain Wind and Ocean Rain, un classique de la littérature taïwanaise, dont l'histoire retrace l'enfance et la jeunesse de Yang Mu, un écrivain important de la poésie taïwanaise. le récit débute au printemps 1945, alors que Taïwan est sous occupation japonaise. Oken est un jeune garçon qui grandit dans la ville de Hualien située sur la côte Est de Taïwan. Mais lorsque les bombes américaines s'abattent sur Hualien, Oken et sa famille sont obligés de partir se réfugier dans un petit village au coeur des montagnes. Ici, Oken va découvrir une nouvelle vie où il pourra s'émerveiller devant la beauté de la nature et laisser libre cours à son imagination.

À la fin de la guerre, de retour chez lui, tout a changé, les japonais sont partis, il est interdit de parler leur langue et les chinois sont au pouvoir. La transition vers cette nouvelle ère est synonyme de défis pour Oken et sa famille qui doivent s'adapter aux nouvelles règles, tout en préservant leur identité et leurs souvenirs d'une époque révolue.

À travers les épreuves et les transformations, « Oken » offre un témoignage de l'histoire de Taïwan. Son récit nous invite à une réflexion sur les liens entre passé et présent, l'exil, la famille, le courage, l'identité, la transmission et sur la manière dont les individus naviguent à travers les tourments pour trouver leur place.

En plongeant dans les dessins aux ambiances délicates et poétiques, nous découvrons un univers à la fois personnel, pur et expressif. Nous sommes aussi captivés par un texte empreint d'une grande sensibilité et d'une profonde humanité. « Oken » est une exploration sublime, subtile et envoûtante, faite de mélancolie, d'espoir et de contemplation.
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Graphiquement, c'est absolument sublime. Les images marquent l'esprit autant par leur beauté technique que par l'ambiance qui s'en dégage.

L'histoire d'Oken, malgré le propos de départ interessant, reste assez classique même si le chemin parcouru ne peut que nous laisser admiratif.
cependant, on a plus l'impression d'avoir un enchainement d'évènement plutôt qu'un récit uni.

Mais rien que pour le dessin, cette oeuvre mérite le coup d'oeil

Quand la violence se fait poésie
La violence de la guerre face à l'innocence de l'enfance
La violence des êtres humains face à d'autres êtres humains, pourtant identiques
Le racisme qui en découle
La haine
La pauvreté
La survie
L'absence de compassion
~
Percevoir le beau malgré toutes les horreurs qui se dévoilent devant soi
Ne pas faire que survivre mais vivre
Toucher l'instant présent afin de construire le futur
Rester soi
Tendre la main
Écouter autrui
S'écouter
Se comprendre
Se construire
~
Envoûtement graphique total mais pas seulement. J'ai été charmé par les mots, par l'ambiance, par l'optimisme du récit malgré l'horreur.
Une oeuvre d'une beauté complète.

📚 Confronté au pire , à une sorte de déracinement linguistique , oken va grandir entre taïwanais , chinois et japonais .

📚 la guerre puis un tremblement de terre vont plonger oken et sa famille dans une dure réalité

📚 pourtant oken voit le monde d'une façon bien particulière , la poésie lui montre la beauté et l'aide dans son processus de résilience

📚 les illustrations sont absolument sublimes

📚 je trouve cet album vraiment touchant, l'histoire basée sur l'Histoire des taiwanais qui ont fuit sous les bombes américaines ne peut qu'émouvoir , les illustrations dégagent quelquechose de vibrant

📚 je vous invite à découvrir cette histoire sur une partie de l'Histoire qu'on connaît peu