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sur 191 notes
Beau roman poétique et merveilleux , c'est le chemin christique d'un homme bon et vertueux, c'est un hymne enchanteur à la beauté de la Création, grâce à des descriptions audacieuses où se mêlent toutes les sensations, symbolisées par le « concert polyphonique » des colombes ou celles représentées par la fresque de l'Arche de Noé ou encore l'aguilaire, arbre bien étrange qui renaît de ses cendres après chaque catastrophes.

On notera néanmoins quelques longueurs qui peuvent lasser.

Le contexte historique de la Révolution culturelle, machine à laminer toute idée d'indépendance chez l'être humain, n'est jamais trop pesant, l'auteur gardant un ton léger et un sens du burlesque même dans les situations les plus tragiques.

L'évangile selon Yong Sheng, ce ne sont pas des paroles prophétiques, c'est une vie, un témoignage, une façon d'être qui rappelle bien sûr le message du Christ, mais qui s'en distingue aussi par l'absence de prédication.

Très belle réussite.
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Yong Sheng naît en 1911 dans le district de Putian, au sud-est de la Chine. A sa naissance, un vieux chinois remet à son père des graines d'arbre pour le remercier de son hospitalité. Deux ans plus tard, une vieille femme aveugle lui confie que cet aguilaire, arbre rare à la sève précieuse, est un signe de destin peu ordinaire pour Yong Sheng.
Effectivement, Yong Sheng, homme bon, naïf, un peu lunaire, va connaître bien des aventures.
Yong, le père, charpentier et fabricant de sifflets de colombe transmet son art à son fils. En échange de deux sifflets de la marque Yong, la grand-mère de Yong Sheng demande au pasteur Gu, évangéliste américain et colombophile, de prendre en charge l'éducation du petit Yong. C'est la première expérience du garçon, là où il rencontre dans la résidence aux sept cours, Mary, la fille du pasteur et Jésus sur la croix.
Quand sa grand-mère est mourante, l'enfant est rappelé au domicile de son père. Il doit être marié pour conjurer le sort et contrer la maladie de la grand-mère. Yong Sheng n'a que quatorze ans quand il épouse Heiling, fille illettrée du village de pêcheurs voisin. Ce qui n'empêche pas la mort de la grand-mère !
Yong Sheng retourne chez le pasteur Gu, laissant Heiling chez son père. Il se fait baptiser par le pasteur, destin normal pour un fils de charpentier. Gu l'envoie à la faculté de théologie de Nankin afin de devenir le premier pasteur chinois.
Ce destin auquel Yong Sheng sera attaché toute sa vie se révèle un choix risqué. Tout rapprochement avec les missionnaires occidentaux, la lecture de la Bible seront jugés contre-révolutionnaires par la Chine de Mao.
Après la Longue marche, Yong Sheng, devenu papa revient à Putian et en 1942, il transforme la maison de Putian en orphelinat. Toujours, Yong Sheng revient au lieu de sa naissance, dans la chaumière de son père, à côté de l'aguilaire, qui, comme lui est souvent anéanti puis renaît de ses cendres.
La grande révolution culturelle s'abat sur la Chine. A quarante ans, le pasteur chinois est rééduqué par le travail, employé dans le pressoir à huile qui désormais remplace l'orphelinat. Sa fille Helai, souffre de la réputation de son père. Les écoles puis les emplois se refusent à elle, fille d'un « contre-révolutionnaire. »
Aux côtés du manchot, tous deux privés de droits civiques, Yong Sheng souffre en silence, toujours confiant et paisible.
Le bruit d'un sifflet de colombe, le dessin de grandes fresques, la copie de passages de la Bible avec son propre sang, l'odeur de l'aguilaire, les nouvelles de Mary, l'amour du Manchot pour sa fille, l'espoir de pouvoir être utile à son petit-fils, le calme apaisant de sa chaumière transformée au cours de ses expériences. Tous ces petits bonheurs suffisent à oublier les tortures et humiliations.

Près de vingt ans après le succès De Balzac et la petite tailleuse chinoise, Dai Sijie nous offre une fois de plus le destin d'un homme exceptionnel en pleine tourmente de la révolution culturelle en Chine. J'ai aimé ce personnage pour sa naïveté pacifique, son esprit optimiste, sa zénitude, ses choix spontanés face aux aléas.
Dai Sijie, en excellent conteur, nous immerge dans cette histoire inspirée de la vie de son grand-père. Il nous embarque dans les méandres d'une vie parfois incroyable d'un « Don Quichotte » perdu au milieu des révolutionnaires. On s'égare parfois en suivant une colombe, en partant sur les traces de Mary mais c'est chaque fois pour de vrais moments d'aventure. Dai Sijie n'hésite pas à porter un regard ironique sur les attitudes de ses compatriotes, sur les évènements de son pays. Ce qui ne manque pas de rajouter du charme au personnage inoubliable de Yong Sheng.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Ce qui m 'a touché dans ce livre

Yong Sheng s'émeut de la souffrance des colombes assassinées plus que de la sienne
Tenu en haleine tout au long des récits, pas toujours très réalistes et en même temps très précis .
Toutes les connaissances faut pour écrire un récit comme celui-ci !!!!
Le poids des traditions obscures qui sont en même temps ciments de communautés.
La modestie, la dignité plutôt qui lui permet de régresser (un faible mot) avec courage
Le rapport au texte sacré et la liberté de sa foi
Derniers mots magnifiques
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Un roman qui se lit sans déplaisir, mais j'avoue que ce fut pour moi une déception. L'histoire en a été largement racontée, celle du grand-père de Dai Sieje devenu pasteur. Et de sa traversée tumultueuse du vingtième siècle, de l'empire à l'essor économique de la Chine, en passant évidemment par la prise du pouvoir par Mao et la révolution culturelle.

D'où vient l'impression de lourdeur que j'ai ressentie tout au long de cette lecture? Il m'a fallu me replonger dans "Balzac et la petite tailleuse chinoise" pour essayer de mieux cerner ce sentiment d'insatisfaction. A mon humble avis, ces deux romans diffèrent notamment par leur style. Celui de "Balzac..." est primesautier, léger, distancié, le narrateur est capable de se moquer de lui-même. Alors que dans "l'évangile...", l'auteur semble ne pas avoir trouvé de ton homogène. A plusieurs reprises, je l'ai trouvé lourd et ampoulé ("la main dans les entrailles fumantes de la bête, il avait plongé son regard dans les yeux azur de la jeune femme"). Parfois, j'ai pensé à Jules Verne racontant les péripéties de Michel Strogoff; et à d'autres moments, au réalisme magique de Garcia Marquez.

Un des points forts du roman pourrait être le contraste entre l'idéal chrétien et les pratiques de la dictature communiste, mais ici il est traité de manière caricaturale. Restent quelques images et descriptions fortes, telle cette assemblée où sont conspués et tabassés les soi-disant traîtres au peuple; ou encore, ces enfants jouant dans un orphelinat.
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Dai Sijie, devenu très célèbre (à juste titre) par "Balzac et la petite tailleuse chinoise", a publié récemment "L'évangile selon Yong Sheng". Dans ce gros roman, l'auteur évoque (sans doute d'une manière romancée) la vie de son propre grand-père. Celui-ci a tout connu: né alors que l'Empire du milieu ne s'était pas encore écroulé, il a traversé la République, la guerre civile, l'invasion japonaise, la prise de pouvoir de Mao Zedong et la Révolution Culturelle.
Yong Sheng, accueilli jeune chez un pasteur américain nommé Gu, a pour père un artisan fabriquant de vraies petites merveilles: des sifflets pour colombes. Marié très tôt et converti au christianisme, il fait sa formation de pasteur à Nankin. L'annonce de la trahison de sa femme le dévaste; mais elle ne l'empêche pas d'achever ses études de théologie et d'assumer la jeune Helai comme sa fille. En 1950, les communistes arrivent chez lui et le torturent, avant de le condamner aux travaux forcés, et c'est dans cette situation d'abject asservissement que Mary, la fille de Gu, le retrouve. Mais ce n'est pas tout: quand éclate la Révolution Culturelle, l'inoffensif Yong Sheng sert encore de tête de Turc aux Gardes Rouges - et Helai l'accable elle aussi ! Quant au dénouement, il intervient en 2001; il m'a semblé très très surprenant.
Ceux qui connaissent Dai Sijjie savent bien qu'il est un narrateur hors pair. Pour le meilleur et pour le pire, il nous promène dans le monde changeant et foisonnant de la Chine du XXème siècle. Chaque épisode de ce long roman recèle un morceau de bravoure - dans tous les registres: le réalisme, la poésie, la spiritualité, l'abnégation, la violence révolutionnaire, ou que sais-je encore… Il y a des passages incroyables, par exemple lorsque Yong Sheng, encore très jeune, observe Mary dans la chapelle; ou bien lorsque retentit le sifflet des colombes volant haut dans le ciel; ou chaque fois qu'il évoque son merveilleux arbre nommé aguilaire...
Je n'oublierai jamais le personnage quasi-christique de Yong Sheng. J'ai aussi un faible pour les romans qui illustrent la rencontre des cultures. Ici, les deux cultures orientale et occidentale se superposent, et parfois se heurtent. Dai Sijie est lui-même l'héritier de ces deux influences; son oeuvre est donc précieuse; il a été personnellement traumatisé par la Révolution Culturelle qui a constitué le plus gigantesque des mouvements politiques. Je recommande sans réserve ce livre.
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Tirée de l'histoire du grand père de l'écrivain, premier pasteur chinois , on traverse l'histoire chinoise en passant par la république chinoise, la longue marche et la révolution culturelle de Mao. Beaucoup d'émotions
Il fait partie des livres dont les dernières pages arrivent trop vite
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AUTEUR :
Dai Sije : Évangile selon Yong Sheng
EDITIONS : Gallimard
PAGES : 485
Un petit bijou que je vous recommande .
J'avais lu (il y a longtemps) Balzac et la petite tailleuse chinoise .
Cet auteur est un vrai conteur . Il retrace la vie de son grand- père, fabricant de sifflets pour les oiseaux.
On se laisse happer par les mots .Et pourtant , tout est dit le bon comme le mauvais.
On revit l'histoire de la Chine , la Révolution culturelle de Mao , la religion entre protestants et catholiques , la bombe Hiroshima.
Envoûtée par l'écriture , les sentiments , j'ai du mal à m'en remettre .
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Par l'auteur de "Balzac ou la petite tailleuse chinoise", dont c'était le premier roman.
Un livre étonnant et attachant. Une longue fresque, sur près de 100 ans, de la vie de Yong Sheng, né en Chine au début du XXe siècle. "L'arbre du pasteur", l'aguilaire (arbre à encens), arbre étonnant, au parfum subtil, planté devant la maison du charpentier, est présent du début à la fin du livre. Il est un personnage en lui-même.
La fin du livre est pleine de poésie, d'attachement à la terre, à la musique et plus particulièrement au concerto pour violon en ré majeur de Beethoven, si souvent joué par Lala, le petit-fils du pasteur, Yong Sheng.
La révolution culturelle sous Mao, mort en 1976, et ses terribles effets sur la population. Descriptions souvent pleines de poésie au milieu d'atrocités mais simplement évoquées, sans s'appesantir. Les faits sont énoncés, sans état d'âme. le mal est là, omniprésent, le rouleau compresseur est inexorable. La dénonciation dans les membres d'une même famille n'étonne plus. Même vos amis trouveront un crime commis par vous et vous accuseront pour sauver leur vie.
Et au milieu de toutes ces atrocités, des artisans créent des oeuvres d'art : des sifflets merveilleux à attacher aux rémiges des colombes. Ceux-ci émettent des sons enchanteurs, se vendent à des prix de fous. Ce livre plein de charme, où la nature est très présente, est très touchant, les personnages nous sont rendus de manière très imagée, souvent peu banale. Un très beau livre, qui marque.
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Depuis "le Complexe de Di", j'aime beaucoup Dai Sijie. Il se surpasse avec ce nouveau roman, très simple dans la narration, mais si exotique dans l'histoire qu'il raconte! Il s'agit de la vie héroïque de l'un des premiers pasteurs chinois (Yong Sheng), colombophile, et de sa vie toujours impactée par les changements politiques: la Révolution culturelle notamment, et une culture des purges et de la dénonciation qui n'a rien à envier à l'ex-URSS. J'ai à nouveau des frissons en repensant à certaines pages.
Bref, un récit passionnant, bien qu'il prenne parfois des envolées lyriques un peu excessives dans les figures de style. Un vrai bonheur de lecture et plein d'informations inédites sur la Chine et ses habitants.
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Un conte poétique, cruel, sensible.
La lecture de ce roman inspiré de la vie du grand père de l'auteur m'a bouleversée. Par toutes les épreuves tragiques traversées par le héros, le livre questionne sur la foi en la vie et en l'être humain. Par moment, je me suis arrêtée de respirer. L'alternance de la poésie de Dai Sijie et des pages de drame difficiles à lire donne encore plus d'intensité au livre. Je suis sortie de ce roman avec un grand questionnement sur les possibilités de l'être humain.
Lien : https://lilietlavie.com/2019..
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