Nous sommes en 2381. D'immenses tours de 1000 étages se dressent sur la surface de la terre. On les appelle des monades. Une monade peut contenir 25 cités, elles-mêmes divisées en villages de 5 ou 6 étages, avec une centaine d'appartements par étage. Et on vit dans chaque monade en complète autarcie, sans jamais quitter la tour. Dans chaque monade on trouve donc des écoles, des hôpitaux, des terrains de sport… et également une centrale électrique. Si la plupart des gens s'accommode de cette vie, certains, les anomos, ne s'adaptent pas et se rebellent. Ils sont alors anéantis, autrement dit exécutés.
Dans ce monde des monades urbaines, on se marie très jeune, vers 12-13 ans, et on fait beaucoup d'enfants. On ne s'enferme jamais dans son appartement. On ne connaît ni la pudeur, ni la jalousie. Et les hommes vont et viennent la nuit, disposant à leur guise de la femme du voisin. Les jeunes couples sans enfant n'ont pas d'appartements, mais partagent un dormitoir avec plusieurs dizaines d'autres couples. Comme il y a dans les monades plus de naissances que de décès, celles-ci finissent par être surpeuplées. On construit alors une nouvelle monade et des couples sans enfant de chacune des anciennes monades sont désignés pour aller peupler la nouvelle tour.
C'est dans ce monde que vivent :
* Charles Mattern, le sociocomputer qui fait visiter sa monade aux envoyés d'autres planètes
* Siegmund Kluver, un jeune homme de quatorze ans mais déjà spécialiste en administration urbaine théorique
* Micael Statler, un analo-électronicien qui rêve de s'échapper un jour de la tour et d'aller voir la mer, les restes de New York ou le Taj Mahal
* ou encore Jason Quevedo, l'historien qui redécouvre la jalousie.
Ce roman est construit comme une succession de nouvelles, chaque chapitre amenant un nouveau personnage. Mais tous ces personnages habitent la même monade et se fréquentent entre eux, le personnage principal d'un chapitre devenant donc personnage secondaire dans le chapitre suivant. le monde décrit par silverberg est très marqué par les réflexions des années 70 sur la liberté sexuelle et la vie communautaire. C'est aussi une tentative de réponse au problème de la surpopulation. Et le moins que l'on puisse dire est que c'est assez visionnaire, car aujourd'hui cette solution de la verticalité est déjà utilisée, notamment au japon, où on construit en hauteur mais aussi dans les sous-sols, et où on trouve fréquemment des cafés, des commerces, et même des jardins en hauteur, à l'intérieur des tours. Mais le roman de Silverberg est aussi une dystopie, car ce monde, malgré le bonheur apparent de chacun, n'a rien d'idéal. C'est un régime totalitaire, où le même mode de vie est imposé à tous, et les déviants rééduqués voire éliminés. le roman est donc aussi une réflexion sur la liberté individuelle, le droit à l'intimité, la vie privée… J'ai un peu regretté qu'il n'y ait pas un récit qui serait la colonne vertébrale du roman, mais je suis sûre que je n'oublierai pas de sitôt ce monde créé par Silverberg.
Les monades urbaines est donc pour moi un excellent roman d'anticipation.
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