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sur 128 notes
Jamais deux sans trois. Apres Mac Orlan et Carco, Simenon se charge de m'embrumer dans cette enquete.


Elle commence a Paris mais devient vite portuaire, s'enfoncant dans l'epais brouillard normand de Ouistreham. Avec tous les mots des petits ports a ecluses, vivant entre jusant et revif, les mots des gestes, les mots des outils: “Une aussière tombe près de lui et quelqu'un la ramasse, la porte jusqu'à une bitte où il la capelle”. Encore? A votre plaisir: “ Et le capitaine du port alla décapeler l'amarre de la bitte. Et il largua le foc et le clinfoc, repoussa la goélette à l'aide d'une gaffe. Les manivelles grinçaient. L'eau s'engouffrait par les vannes ouvertes. La grand-voile de la goélette bouchait la perspective du canal”. Vous entendez les mots? Non? Vraiment pas? Ah, c'est la corne de brume qui etouffe tout.


Mais il n'y a pas que les mots, il y a aussi les gens, eclusiers et mariniers, taiseux au travail et bavards a la buvette, et les bourgeois du lieu, serrant des mains avec condescendance quand ils reviennent d'un sejour a Caen. Et Maigret. le commissaire Maigret, taiseux lui aussi, renfrogne, pipe en bouche, essayant de saisir la mentalite du lieu.


Maigret est un romantique. Comme on disait a l'epoque, il a du coeur. Quand il demasque le coupable et que celui-ci se suicide, il fait tout pour preserver l'honneur de sa femme: “Le médecin arrivait, un ami de la famille qui regardait le cadavre avec effarement. — M. Grandmaison s'est suicidé ! dit Maigret avec fermeté. À vous de découvrir de quelle maladie il est mort. Vous me comprenez ? Moi, je me charge de la police…”. Trois pauvres heres, meles au crime sans en etre responsables, qui avaient commis de faux pas que d'autres auraient juge delits, sont aussi relaches par lui. Il faut que la vie continue sa course, pour les pauvres bougres aussi, le plus tranquillement possible. Meme dans les brumes d'Ouistreham, qui se dissipent, des fois: “Le brouillard s'était définitivement changé en pluie et on distinguait maintenant toutes les lumières du port, toutes les silhouettes, le vapeur du Havre qui s'impatientait et donnait du sifflet”. C'est l'eclaircie, dans la meteo comme dans l'enquete. Maigret peut regagner Paris, mouille mais satisfait. Et moi je peux refermer le livre, repu, rassasie par ma lecture.


P.S. Elle: T'as fini de nous embrumer, oui?
Lui: C'est vrai, quoi… tu nous as saoules!
Moi: OK. OK. Y'a pas d'quoi s'enerver. C'est fini… pour l'instant.

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On l'appelle l'Homme faute de connaître son nom. C'est Maigret commissaire à la police judiciaire de Paris qui est en charge d'établir son identité. Il a été ramassé par la police errant, hébété, sur les Grands Boulevards parisiens. L'Homme ne parle pas, il ne répond pas au français ni aux sept ou huit langues essayées. Propre sur lui, en possession de 5000 francs (de l'époque), porte perruque, le crâne a été fendue par une balle, opéré et recousu par un professionnel.
Alors on emploie les grands moyens, télégrammes en France et à l'étrangers, annonces et portrait dans les journaux locaux et nationaux, recherche dans les hôpitaux, cliniques en France, Allemagne, Belgique, Pays-Bas...
L'inconnu est identifié, reconnu par une femme de Ouistreham (Calvados) en Normandie, elle suit son télégramme.
Lui c'est Yves Joris ancien capitaine de la marine marchande, chef du port de Ouistreham, disparu depuis un mois et demi, elle c'est Julie Legrand, sa servante, bonne et femme à tout faire.
Maigret les accompagne et à peine arrivés, dans la nuit, le capitaine Joris est assassiné, empoisonné.
Commence alors pour Maigret une enquête longue, difficile et douloureuse. Il se heurte au mutisme et à la méfiance de ces gens de mer. Lui est un inconnu, policier ou pas, ce n'est pas leur monde. Ceux de la mer restent et vivent entre eux. le maire n'échappe pas à la règle et s'il ne peut mettre des bâtons dans les roues, il n'aide pas vraiment. Pour lui comme pour les autres, les étrangers ne sont pas les bienvenus.
Mais la persévérance ne manque pas au commissaire et ce ne sont pas quelques écueils qui l'arrêteront. Il parviendra à démêler les fils de l'écheveau malgré que l'on en ait voulu à son intégrité.
Je connais bien Ouistreham, ville que j'apprécie, embouchure de l'Orne et départ des ferries vers l'Angleterre. Simenon a tout compris et notamment sur cette réserve toute maritime de la population, marins, pécheurs et gens de mer.
Le texte est d'une grande littérature et si la qualité de l'écriture de Simenon n'est pas à démontrer, elle est, particulièrement ici, remarquable. La plupart des phrases sont des modèles du genre, sans oublier la fameuse concision des descriptions unique à Simenon.
Un bon moment de lecture.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Lire un Maigret, c'est retrouver une atmosphère, un cadre, des personnages plus ou moins bourrus à l'image du commissaire; suivre une enquête, lentement, sans drame inutile, jusqu'au dénouement dû à la perspicacité du policier.
Ce volume porte bien son nom : "Le port des brumes", l'action est délocalisée en Normandie à Ouistreham, là où la brume est tenace et les marins guère causants, pourtant il y a eu meurtre et il faudra bien que quelqu'un finisse par parler. On est dans l'ambiance de la première à la dernière page, dans le brouillard quant à la solution.
Il aura fallu que je visionne le film de Leconte avec Depardieu dans le rôle titre pour revenir vers Simenon avec un grand plaisir, en sachant que nous nous reverrons encore pour une prochaine enquête, je n'en ai pas fini avec le commissaire Maigret.
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Le titre identifie bien l'ambiance. Cet excellent Maigret nous fait suivre en sa compagnie une enquête pour le moins compliquée. le commissaire nous montre à plusieurs reprises sa perspicacité et son don de découvrir des indices ténus. L'intérêt de cette enquête est dans notre participation au sein même de l'action et des découvertes nous permettant de suivre comme témoin. Un des rares romans où Maigret prend une rossée et se fait ligoter comme un vulgaire quidam. La description de cette petite ville, port de pêche ainsi que les quelques personnages principaux, maire, cafetier, gendarme, éclusier, marins, en font un bon scénario, qui a été adapté en série tv et qui doit être captivant. Simenon nous montre dans ce roman ses talents d'écrivain à partir d'un drame local le transposant en roman policier plein de mystères et de suspense avec la mer comme l'un des rôles.
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C'est dans le train du soir, direction la Normandie, que nous embarquons pour cette enquête hivernale. Maigret observe deux passagers qu'il accompagne à Ouistreham afin de comprendre ce qui est arrivé à l'un d'eux, Joris, amnésique, disparu à Ouistreham et réapparu quelques semaines plus tard à Paris. Julie l'accompagne, elle s'occupe de son intérieur depuis huit ans et l'a reconnu sur un appel à témoin.
Nous sommes ballottés par les cahots du train qui font glisser la perruque de Joris, dévoilant une cicatrice récente de blessure par balle dans son cuir chevelu. Dans le compartiment, l'atmosphère opaque causée par les innombrables pipes fumées par Maigret devance de peu celle qui les attend à Ouistreham. La brume est loin d'être uniquement présente dans le cerveau de notre amnésique. Elle sera là à notre arrivée à Ouistreham, une brume épaisse qui masque même les pieds de Maigret et laisse surgir les inconnus qu'il croise pour les happer aussitôt. On en aurait presque la goutte au nez et les vêtements dégoulinants de cette humidité ambiante !
La première nuit du Commissaire sera bien agitée, rythmée par la corne de brume agressive et lancinante.
L'affaire se complique rapidement lorsque Joris est empoisonné alors qu'il dormait seul dans sa chambre, Julie dans la sienne, personne d'autre dans la maison. Maigret apprend qu'il était riche et que Julie est couchée sur le testament, en première place. Faisons confiance à notre Commissaire pour ne pas se fier aux apparences et se mettre à fureter dans ce petit port normand. Il appelle rapidement l'inspecteur Lucas en renfort afin de le seconder au vu de la diversité des tâches à effectuer aux quatre coins de Ouistreham, porte d'accès maritime de Caen.

Maigret, comme à son habitude, prend contact avec le monde du port, autour de l'écluse, de « la Buvette de la Marine », du phare et de la maison de Joris. Mais aussi avec la bourgeoisie en rencontrant le Maire et armateur Grandmaison. Et puis sur la goélette, le Saint Michel qui charge et décharge ses cargaisons avec, à son bord, le frère de Julie, ancien forçat qui renvoie une image de brute. Mais dans ce milieu fermé des hommes de la mer, il se frotte au mutisme des pêcheurs et leur sempiternel « Rien à dire ».

Ce roman est particulier en ce sens que l'on quitte radicalement l'ambiance parisienne pour se plonger en province, dans une station balnéaire « hors saison » où l'on croisera en majorité des gens de mer. Même Madame Maigret est oubliée. Simenon nous dévoile son vocabulaire de marin qui donne une crédibilité très appréciable à l'histoire. le temps d'un moment, nous vivons au rythme des marées, de la houle rageuse, des bourrasques d'une tempête qui fait rage, de brume opaque ou de pluie battante. On est vraiment plongés dans cette atmosphère par des descriptions à la fois minimalistes et pourtant exhaustives comme Simenon les maîtrise parfaitement. Ses petites phrases véhiculent successivement l'inquiétude, le malaise, la fatigue ou l'énervement qui plane dans l'air ambiant. Les bouteilles se vident, les grogs brûlants fument, réchauffent et dévoilent progressivement les coulisses d'une famille bourgeoise.
Nous retrouvons le schéma directeur des enquêtes de Maigret, un départ tout en lenteur, en observation, puis une soudaine accélération comme dans le chapitre intitulé : « le chef d'orchestre » où Maigret pilote les gendarmes de Caen et la Police Parisienne tout en gérant la surveillance du Maire, et tout cela sans téléphone portable depuis la buvette qui lui sert d'annexe !

Bien que le roman se déroule dans les années 30, l'envie nous prend d'aller fureter nous aussi sur les quais de Ouistreham, mais nous serions bien évidement déçus par le modernisme, plus de vieux gréements, ni de buvette, mais une armée de bateaux de plaisance, bateau « apéros » comme on les appelle aujourd'hui.
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Une histoire bien construite avec des rebondissements assez surprenants, on part de suspens en suspens. le capitaine Jorris est devenu amnésique suite d'une balle reçue sur la tête. Considéré comme disparu, sa domestique va le reconnaître dans un journal et le ramener à la maison. Mais s'avère complètement perdu, très éloigné de la réalité jusqu'à ce qu'il meurt...

Les enquêtes de Maigret nous entraîne avec forte probabilité sur la domestique du capitaine Jorris et son frère, le grand Louis qui a d'ailleurs déjà connu la prison. D'un côté la soeur est présumée seule héritière du capitaine et de l'autre côté son frère se trouve l'actuel propriétaire du bateau Saint-Michel, tout prête à croire que ce sont les coupables...mais les sens alertés de Maigret lui font comprendre que ce n'est qu'un leurre et que la vérité se trouve ailleurs, mais seulement les habitants de la contrée deviennent sourds devant les questions, ils se taisent, personne ne veut parler...

Il faudrait alors, à Maigret, un peu plus de finesse dans ses analyses pour parvenir à faire éclater la vérité...
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On ne le répètera jamais assez : quelques uns des meilleurs "Maigret" se déroulent au bord de l'eau, qu'il s'agisse de l'eau douce et ronronnante des grands fleuves ou de celle, plus âpre et plus souvent portée aux colères inattendues, de l'océan. Avec le capitaine Joris, échappant de peu à une balle qui voulait lui fracasser le crâne, puis soigné par un chirurgien anonyme mais des plus habiles qui ne parvient tout de même pas à lui rendre la mémoire ; avec cette silhouette, devenue amnésique et quasi muette, retrouvée errant dans un Paris où elle ne reconnaît rien et où il faudra attendre la sortie des journaux de province pour que Julie, la bonne à tout faire du malheureux, se précipite au Quai des Orfèvres ; avec ce personnage aimable, silencieux, que le lecteur devine bon, généreux, brave homme, quoi , qu'un parfait salaud trouve pourtant le moyen d'achever à la strychnine le lendemain-même de son retour chez lui, à Ouistreham, "Le Port des Brumes" fait partie de ces réussites de Simenon, que fouettent des embruns implacables, que bouscule dans tous les sens un vent incontrôlable, tour à tour joueur et impitoyable, qu'accable enfin une pluie lente, solennelle, toute-puissante, qui a cessé d'être un phénomène climatique pour devenir un personnage à part entière et qui décevrait fort le lecteur si elle refusait de jouer son rôle.

"Le Port des Brumes" se lit encore mieux la nuit, alors que la pluie justement tambourine sur votre toiture et que le vent ne cesse de tourner, sournois, bouffon, inquiétant - malveillant, qui sait ? - autour de votre maison, de votre appartement, de votre jardin - autour de vous. Hanté par une humidité aussi constante que résolue, par des brouillards ambigus où s'allument de temps à autre des feux, rouges ou verts, à peine nés qu'aussitôt renvoyés à leur néant, par les silhouette plus ou moins vagues des bateaux au port ou en partance - mais sont-ce bien tous des bateaux ? - et par les silhouettes, encore moins faciles à définir et surtout à ramener sous les feux de la rampe, des notables du coin, dont un maire aussi vaniteux qu'envahissant par son obstination à mener lui-même (enfin, c'est lui qui le dit ) son enquête personnelle sur un administré pour qui (c'est encore lui qui le dit ) on ne pouvait qu'avoir de la sympathie en dépit de la mollesse certaine de caractère dont il faisait preuve et de ses origines un peu ... comment dire ? ... oui, un peu humbles What the fuck ?!? , ce roman évoque malgré tout un coussin d'un moëlleux somptueux, dans lequel on s'enfonce et on s'enfonce encore, avide de savoir à tous prix - et peu importent les heures qui passent - qui a commis l'ignominie suprême d'achever à la strychnine un pauvre amnésique dont le seul tort avait été de s'être montré un véritable ami.

Les scènes comiques, dont certaines à la limite du cocasse, mais un cocasse quand même un brin inquiétant, ne manquent pas. Il y a tout d'abord le maire, Grandmaison, épié par Maigret et Janvier et qui se fait rosser plusieurs fois, et de manière ma-gis-tra-le ! par Grand-Louis, le propre frère de Julie. Désireux avant tout de savoir pourquoi ce maire si hautain reçoit chez lui un simple matelot débraillé, à qui il offre à boire, à manger et avec qui il entame une partie d'échecs (!!!), les deux policiers n'interviennent pas. Grand-Louis est un costaud mais il sait où s'arrêter.

Il y a aussi la scène où Maigret se retrouve piégé - entre autres par Grand-Louis - et ligoté comme un saucisson sur le quai, attendant une aube qui, en ramenant les premiers pêcheurs et employés des douanes, lui permettra de retrouver et son aplomb terrestre, et sa dignité de commissaire divisionnaire.

Et pourtant, le drame est là. Présent plus que jamais, pourrait-on dire. Un drame intime, l'une de ces vieilles histoires familiales à laquelle le capitaine Joris avait simplement voulu aider à apporter un point final - et heureux. Un drame dont on a bien du mal à dévider l'écheveau tant Simenon nous emporte sur des fausses pistes tournant toutes plus ou moins autour du rachat du Saint-Michel, le bateau sur lequel navigue Grand-Louis et qui, même s'il est lié à l'affaire, n'en est pas le noeud central. Nous aussi secoués par les rafales et les gifles pluvieuses qui nous attaquent de tous côtés, glissant sur des pavés trop humides et dans des trous qu'on ne parvient pas à discerner tant ils sont noirs et tant est noir "Le Port des Brumes", tombant, nous relevant animés par le désir bientôt obsessionnel de connaître le nom de l'empoisonneur à la strychnine, serrant de plus en plus fort les dents non sur quelque pipe mais sur ce qui finit, parfois, par nous apparaître comme quelque impossible défi, que Maigret lui-même ne parviendra pas à relever, nous avançons, nous claudiquons, nous nous traînons même jusqu'au coup de feu final et libérateur. En voilà un, en tous cas, que nous ne pleurerons pas ...

Amoureux de la pluie, du vent et des spectres du passé qui errent dans des brumes narquoises et souveraines, rejoignez-nous à Ouistreham ou plutôt au "Port de Brumes" de Georges Simenon. Vous verrez que l'étape y sera chaleureuse. ;o)
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Maigret à Ouistreham, un port de la côte normande. Enquête aux multiples fausses pistes dans le silence obstiné des marins et la brume du port où l'on n'y voit goutte. C'est un bon polar, classique, Maigret et sa pipe. Çà et là, le talent de Simenon au détour d'une phrase, la mer, ses vagues et le Saint-Michel, le bateau au coeur de l'intrigue.
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Un homme est retrouvé errant dans Paris, frappé d'amnésie et d'aphasie suite à une blessure à la tête. Chargé de l'enquête, Maigret parvient à découvrir qui il est, Yves Joris, un capitaine de navire devenu responsable du port de le Ouistreham, près de Caen. Il le ramène chez lui, mais Joris meurt empoisonné le soir de son arrivée. Après Chez les Flamands, le commissaire retrouve les marins et ceux qui les font naviguer, comme Ernest Grandmaison, riche armateur et maire du village. Une enquête délicate commence dans le froid, le brouillard et la tempête, au rythme des marées et des éclusées.

Le port des brumes est une plongée dans Ouistreham ébranlé par un évènement dramatique, une ville de gens de mer rudes où « ceux qui ne mentent pas se taisent bien qu'ils sachent quelque chose ». Dans cet environnement multiforme, des beaux quartiers à la taverne du port près de l'écluse, sur les quais ou dans les dunes, Maigret procède comme à l'accoutumée, prend l'atmosphère, discute, trinque avec les marins et les employés du port, interroge les notables…

Le port des brumes part d'un étrange fait-divers – pourquoi cet homme sans histoires qu'était le capitaine Joris a-t-il été retrouvé errant dans Paris avant d'être empoisonné chez lui ? – pour devenir une affaire aux nombreux rebondissements, parfois rocambolesques comme lorsque Maigret est attaqué, assommé et ligoté, et se terminer en tragédie. L'originalité du roman tient au fait que Maigret peine à comprendre ce qui se passe. Tout est incertitude et mystère dans cette histoire : la véritable personnalité de Julie, la bonne de Jarvis ; le rôle du patron du Saint-Charles et de son second, un ancien bagnard ; l'attitude du maire, muré dans son silence ; le départ précipité de sa femme ; la présence en ville d'un mystérieux étranger… Autant de suspects qui, sans exception, se taisent, mentent pour que la vérité n'éclate pas. Difficile alors de savoir ce qui lie des personnages aussi différents, tant le contraste est grand entre les marins et les petites gens du port d'une part et la bourgeoisie d'Ouistreham que personnifie Ernest Grandmaison, le maire et armateur.

Maigret, qui n'aime guère les riches et les notables, choisit vite son camp, préfère les clients du caboulot local où il faut « rompre la glace, se présenter à tous, donner confiance et même pénétrer en quelque sorte dans le groupe » aux « autres », ceux qui fréquentent le salon des Grandmaison. Finalement, il démêlera une histoire pitoyable sur fond de vieilles rivalités familiales et amoureuses, de malversations et de fuite à l'étranger, de tentative d'enlèvement qui tourne mal et d'assassinat, de vies gâchées… Il n'aura pas à donner suite, le coupable se faisant lui-même justice, mais il aura la satisfaction d'avoir rétabli la vérité « pour empêcher l'assassin de Joris d'être heureux… », un Joris mort dont il est maintenant le « seul ami ». Il quittera discrètement une ville dont il connait désormais tous les recoins, laissant les acteurs et les témoins du drame poursuivre leur existence et le temps faire son oeuvre.

Lien : http://maigret-paris.fr/2020..
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En ramenant un amnésique qui s'était pris une balle dans la tête (de quoi la perdre, donc), Maigret se retrouve dans le brouillard d'un port de Normandie, à Ouistreham, avec l'espoir de démêler un sacré sac de noeuds…
Mais les marins et les normands ne sont guère causants ni vraiment collaboratifs.

Une enquête des débuts, avec plus d'action et des énigmes plus fouillées et complexes que dans les derniers. Un commissaire plus actif aussi et qui se retrouve en bien mauvaise posture.

Mais déjà, un Maigret pour qui la découverte de la vérité semble plus importante que la justice
Lien : https://www.noid.ch/le-port-..
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