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Commissaire Maigret - Romans et ... tome 12 sur 103
EAN : 9782253142584
224 pages
Le Livre de Poche (01/04/2005)
3.71/5   128 notes
Résumé :

Quand on avait quitté Paris, vers trois heures, la foule s’agitait encore dans un frileux soleil d’arrière-saison. Puis, vers Mantes, les lampes du compartiment s’étaient allumées. Dès Evreux, tout était noir dehors. Et maintenant, à travers les vitres où ruisselaient des gouttes de buée, on voyait un épais brouillard qui feutrait d’un halo les lumières de la voie.
Bien calé dans son coin, la nuque sur le rebord de la banquette, Maigret, les yeux... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 128 notes
Jamais deux sans trois. Apres Mac Orlan et Carco, Simenon se charge de m'embrumer dans cette enquete.


Elle commence a Paris mais devient vite portuaire, s'enfoncant dans l'epais brouillard normand de Ouistreham. Avec tous les mots des petits ports a ecluses, vivant entre jusant et revif, les mots des gestes, les mots des outils: “Une aussière tombe près de lui et quelqu'un la ramasse, la porte jusqu'à une bitte où il la capelle”. Encore? A votre plaisir: “ Et le capitaine du port alla décapeler l'amarre de la bitte. Et il largua le foc et le clinfoc, repoussa la goélette à l'aide d'une gaffe. Les manivelles grinçaient. L'eau s'engouffrait par les vannes ouvertes. La grand-voile de la goélette bouchait la perspective du canal”. Vous entendez les mots? Non? Vraiment pas? Ah, c'est la corne de brume qui etouffe tout.


Mais il n'y a pas que les mots, il y a aussi les gens, eclusiers et mariniers, taiseux au travail et bavards a la buvette, et les bourgeois du lieu, serrant des mains avec condescendance quand ils reviennent d'un sejour a Caen. Et Maigret. le commissaire Maigret, taiseux lui aussi, renfrogne, pipe en bouche, essayant de saisir la mentalite du lieu.


Maigret est un romantique. Comme on disait a l'epoque, il a du coeur. Quand il demasque le coupable et que celui-ci se suicide, il fait tout pour preserver l'honneur de sa femme: “Le médecin arrivait, un ami de la famille qui regardait le cadavre avec effarement. — M. Grandmaison s'est suicidé ! dit Maigret avec fermeté. À vous de découvrir de quelle maladie il est mort. Vous me comprenez ? Moi, je me charge de la police…”. Trois pauvres heres, meles au crime sans en etre responsables, qui avaient commis de faux pas que d'autres auraient juge delits, sont aussi relaches par lui. Il faut que la vie continue sa course, pour les pauvres bougres aussi, le plus tranquillement possible. Meme dans les brumes d'Ouistreham, qui se dissipent, des fois: “Le brouillard s'était définitivement changé en pluie et on distinguait maintenant toutes les lumières du port, toutes les silhouettes, le vapeur du Havre qui s'impatientait et donnait du sifflet”. C'est l'eclaircie, dans la meteo comme dans l'enquete. Maigret peut regagner Paris, mouille mais satisfait. Et moi je peux refermer le livre, repu, rassasie par ma lecture.


P.S. Elle: T'as fini de nous embrumer, oui?
Lui: C'est vrai, quoi… tu nous as saoules!
Moi: OK. OK. Y'a pas d'quoi s'enerver. C'est fini… pour l'instant.

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On l'appelle l'Homme faute de connaître son nom. C'est Maigret commissaire à la police judiciaire de Paris qui est en charge d'établir son identité. Il a été ramassé par la police errant, hébété, sur les Grands Boulevards parisiens. L'Homme ne parle pas, il ne répond pas au français ni aux sept ou huit langues essayées. Propre sur lui, en possession de 5000 francs (de l'époque), porte perruque, le crâne a été fendue par une balle, opéré et recousu par un professionnel.
Alors on emploie les grands moyens, télégrammes en France et à l'étrangers, annonces et portrait dans les journaux locaux et nationaux, recherche dans les hôpitaux, cliniques en France, Allemagne, Belgique, Pays-Bas...
L'inconnu est identifié, reconnu par une femme de Ouistreham (Calvados) en Normandie, elle suit son télégramme.
Lui c'est Yves Joris ancien capitaine de la marine marchande, chef du port de Ouistreham, disparu depuis un mois et demi, elle c'est Julie Legrand, sa servante, bonne et femme à tout faire.
Maigret les accompagne et à peine arrivés, dans la nuit, le capitaine Joris est assassiné, empoisonné.
Commence alors pour Maigret une enquête longue, difficile et douloureuse. Il se heurte au mutisme et à la méfiance de ces gens de mer. Lui est un inconnu, policier ou pas, ce n'est pas leur monde. Ceux de la mer restent et vivent entre eux. le maire n'échappe pas à la règle et s'il ne peut mettre des bâtons dans les roues, il n'aide pas vraiment. Pour lui comme pour les autres, les étrangers ne sont pas les bienvenus.
Mais la persévérance ne manque pas au commissaire et ce ne sont pas quelques écueils qui l'arrêteront. Il parviendra à démêler les fils de l'écheveau malgré que l'on en ait voulu à son intégrité.
Je connais bien Ouistreham, ville que j'apprécie, embouchure de l'Orne et départ des ferries vers l'Angleterre. Simenon a tout compris et notamment sur cette réserve toute maritime de la population, marins, pécheurs et gens de mer.
Le texte est d'une grande littérature et si la qualité de l'écriture de Simenon n'est pas à démontrer, elle est, particulièrement ici, remarquable. La plupart des phrases sont des modèles du genre, sans oublier la fameuse concision des descriptions unique à Simenon.
Un bon moment de lecture.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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C'est dans le train du soir, direction la Normandie, que nous embarquons pour cette enquête hivernale. Maigret observe deux passagers qu'il accompagne à Ouistreham afin de comprendre ce qui est arrivé à l'un d'eux, Joris, amnésique, disparu à Ouistreham et réapparu quelques semaines plus tard à Paris. Julie l'accompagne, elle s'occupe de son intérieur depuis huit ans et l'a reconnu sur un appel à témoin.
Nous sommes ballottés par les cahots du train qui font glisser la perruque de Joris, dévoilant une cicatrice récente de blessure par balle dans son cuir chevelu. Dans le compartiment, l'atmosphère opaque causée par les innombrables pipes fumées par Maigret devance de peu celle qui les attend à Ouistreham. La brume est loin d'être uniquement présente dans le cerveau de notre amnésique. Elle sera là à notre arrivée à Ouistreham, une brume épaisse qui masque même les pieds de Maigret et laisse surgir les inconnus qu'il croise pour les happer aussitôt. On en aurait presque la goutte au nez et les vêtements dégoulinants de cette humidité ambiante !
La première nuit du Commissaire sera bien agitée, rythmée par la corne de brume agressive et lancinante.
L'affaire se complique rapidement lorsque Joris est empoisonné alors qu'il dormait seul dans sa chambre, Julie dans la sienne, personne d'autre dans la maison. Maigret apprend qu'il était riche et que Julie est couchée sur le testament, en première place. Faisons confiance à notre Commissaire pour ne pas se fier aux apparences et se mettre à fureter dans ce petit port normand. Il appelle rapidement l'inspecteur Lucas en renfort afin de le seconder au vu de la diversité des tâches à effectuer aux quatre coins de Ouistreham, porte d'accès maritime de Caen.

Maigret, comme à son habitude, prend contact avec le monde du port, autour de l'écluse, de « la Buvette de la Marine », du phare et de la maison de Joris. Mais aussi avec la bourgeoisie en rencontrant le Maire et armateur Grandmaison. Et puis sur la goélette, le Saint Michel qui charge et décharge ses cargaisons avec, à son bord, le frère de Julie, ancien forçat qui renvoie une image de brute. Mais dans ce milieu fermé des hommes de la mer, il se frotte au mutisme des pêcheurs et leur sempiternel « Rien à dire ».

Ce roman est particulier en ce sens que l'on quitte radicalement l'ambiance parisienne pour se plonger en province, dans une station balnéaire « hors saison » où l'on croisera en majorité des gens de mer. Même Madame Maigret est oubliée. Simenon nous dévoile son vocabulaire de marin qui donne une crédibilité très appréciable à l'histoire. le temps d'un moment, nous vivons au rythme des marées, de la houle rageuse, des bourrasques d'une tempête qui fait rage, de brume opaque ou de pluie battante. On est vraiment plongés dans cette atmosphère par des descriptions à la fois minimalistes et pourtant exhaustives comme Simenon les maîtrise parfaitement. Ses petites phrases véhiculent successivement l'inquiétude, le malaise, la fatigue ou l'énervement qui plane dans l'air ambiant. Les bouteilles se vident, les grogs brûlants fument, réchauffent et dévoilent progressivement les coulisses d'une famille bourgeoise.
Nous retrouvons le schéma directeur des enquêtes de Maigret, un départ tout en lenteur, en observation, puis une soudaine accélération comme dans le chapitre intitulé : « le chef d'orchestre » où Maigret pilote les gendarmes de Caen et la Police Parisienne tout en gérant la surveillance du Maire, et tout cela sans téléphone portable depuis la buvette qui lui sert d'annexe !

Bien que le roman se déroule dans les années 30, l'envie nous prend d'aller fureter nous aussi sur les quais de Ouistreham, mais nous serions bien évidement déçus par le modernisme, plus de vieux gréements, ni de buvette, mais une armée de bateaux de plaisance, bateau « apéros » comme on les appelle aujourd'hui.
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On ne le répètera jamais assez : quelques uns des meilleurs "Maigret" se déroulent au bord de l'eau, qu'il s'agisse de l'eau douce et ronronnante des grands fleuves ou de celle, plus âpre et plus souvent portée aux colères inattendues, de l'océan. Avec le capitaine Joris, échappant de peu à une balle qui voulait lui fracasser le crâne, puis soigné par un chirurgien anonyme mais des plus habiles qui ne parvient tout de même pas à lui rendre la mémoire ; avec cette silhouette, devenue amnésique et quasi muette, retrouvée errant dans un Paris où elle ne reconnaît rien et où il faudra attendre la sortie des journaux de province pour que Julie, la bonne à tout faire du malheureux, se précipite au Quai des Orfèvres ; avec ce personnage aimable, silencieux, que le lecteur devine bon, généreux, brave homme, quoi , qu'un parfait salaud trouve pourtant le moyen d'achever à la strychnine le lendemain-même de son retour chez lui, à Ouistreham, "Le Port des Brumes" fait partie de ces réussites de Simenon, que fouettent des embruns implacables, que bouscule dans tous les sens un vent incontrôlable, tour à tour joueur et impitoyable, qu'accable enfin une pluie lente, solennelle, toute-puissante, qui a cessé d'être un phénomène climatique pour devenir un personnage à part entière et qui décevrait fort le lecteur si elle refusait de jouer son rôle.

"Le Port des Brumes" se lit encore mieux la nuit, alors que la pluie justement tambourine sur votre toiture et que le vent ne cesse de tourner, sournois, bouffon, inquiétant - malveillant, qui sait ? - autour de votre maison, de votre appartement, de votre jardin - autour de vous. Hanté par une humidité aussi constante que résolue, par des brouillards ambigus où s'allument de temps à autre des feux, rouges ou verts, à peine nés qu'aussitôt renvoyés à leur néant, par les silhouette plus ou moins vagues des bateaux au port ou en partance - mais sont-ce bien tous des bateaux ? - et par les silhouettes, encore moins faciles à définir et surtout à ramener sous les feux de la rampe, des notables du coin, dont un maire aussi vaniteux qu'envahissant par son obstination à mener lui-même (enfin, c'est lui qui le dit ) son enquête personnelle sur un administré pour qui (c'est encore lui qui le dit ) on ne pouvait qu'avoir de la sympathie en dépit de la mollesse certaine de caractère dont il faisait preuve et de ses origines un peu ... comment dire ? ... oui, un peu humbles What the fuck ?!? , ce roman évoque malgré tout un coussin d'un moëlleux somptueux, dans lequel on s'enfonce et on s'enfonce encore, avide de savoir à tous prix - et peu importent les heures qui passent - qui a commis l'ignominie suprême d'achever à la strychnine un pauvre amnésique dont le seul tort avait été de s'être montré un véritable ami.

Les scènes comiques, dont certaines à la limite du cocasse, mais un cocasse quand même un brin inquiétant, ne manquent pas. Il y a tout d'abord le maire, Grandmaison, épié par Maigret et Janvier et qui se fait rosser plusieurs fois, et de manière ma-gis-tra-le ! par Grand-Louis, le propre frère de Julie. Désireux avant tout de savoir pourquoi ce maire si hautain reçoit chez lui un simple matelot débraillé, à qui il offre à boire, à manger et avec qui il entame une partie d'échecs (!!!), les deux policiers n'interviennent pas. Grand-Louis est un costaud mais il sait où s'arrêter.

Il y a aussi la scène où Maigret se retrouve piégé - entre autres par Grand-Louis - et ligoté comme un saucisson sur le quai, attendant une aube qui, en ramenant les premiers pêcheurs et employés des douanes, lui permettra de retrouver et son aplomb terrestre, et sa dignité de commissaire divisionnaire.

Et pourtant, le drame est là. Présent plus que jamais, pourrait-on dire. Un drame intime, l'une de ces vieilles histoires familiales à laquelle le capitaine Joris avait simplement voulu aider à apporter un point final - et heureux. Un drame dont on a bien du mal à dévider l'écheveau tant Simenon nous emporte sur des fausses pistes tournant toutes plus ou moins autour du rachat du Saint-Michel, le bateau sur lequel navigue Grand-Louis et qui, même s'il est lié à l'affaire, n'en est pas le noeud central. Nous aussi secoués par les rafales et les gifles pluvieuses qui nous attaquent de tous côtés, glissant sur des pavés trop humides et dans des trous qu'on ne parvient pas à discerner tant ils sont noirs et tant est noir "Le Port des Brumes", tombant, nous relevant animés par le désir bientôt obsessionnel de connaître le nom de l'empoisonneur à la strychnine, serrant de plus en plus fort les dents non sur quelque pipe mais sur ce qui finit, parfois, par nous apparaître comme quelque impossible défi, que Maigret lui-même ne parviendra pas à relever, nous avançons, nous claudiquons, nous nous traînons même jusqu'au coup de feu final et libérateur. En voilà un, en tous cas, que nous ne pleurerons pas ...

Amoureux de la pluie, du vent et des spectres du passé qui errent dans des brumes narquoises et souveraines, rejoignez-nous à Ouistreham ou plutôt au "Port de Brumes" de Georges Simenon. Vous verrez que l'étape y sera chaleureuse. ;o)
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Le titre identifie bien l'ambiance. Cet excellent Maigret nous fait suivre en sa compagnie une enquête pour le moins compliquée. le commissaire nous montre à plusieurs reprises sa perspicacité et son don de découvrir des indices ténus. L'intérêt de cette enquête est dans notre participation au sein même de l'action et des découvertes nous permettant de suivre comme témoin. Un des rares romans où Maigret prend une rossée et se fait ligoter comme un vulgaire quidam. La description de cette petite ville, port de pêche ainsi que les quelques personnages principaux, maire, cafetier, gendarme, éclusier, marins, en font un bon scénario, qui a été adapté en série tv et qui doit être captivant. Simenon nous montre dans ce roman ses talents d'écrivain à partir d'un drame local le transposant en roman policier plein de mystères et de suspense avec la mer comme l'un des rôles.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... - "Mais votre enquête ? ..."

Geste vague de Maigret, qui s'observait afin de ne pas regarder la porte qui communiquait avec le salon et qui était animée d'un mystérieux frémissement.

- "Aucun résultat ?

- Aucun.

- Voulez-vous mon avis ? On a eu le tort de laisser croire à une affaire compliquée.

- Evidemment !" grogna Maigret. "Comme s'il y avait quelque chose de compliqué dans les événements ! Un soir, un homme disparaît et pendant un mois ne donne plus signe de vie. On le retrouve à Paris six semaines plus tard, le crâne fêlé et réparé, ayant perdu la mémoire. On le ramène chez lui et il est empoisonné la nuit même. Entre-temps, trois-cent-mille francs ont été versés, de Hambourg, à son compte en banque. C'est simple ! C'est clair !"

Cette fois, il n'y avait pas à s'y tromper, malgré le ton bonhomme du commissaire.

- "C'est peut-être plus simple, en tous cas, que vous le croyez. Et en supposant que ce soit très mystérieux, il vaudrait mieux, je pense, ne pas créer comme à plaisir une atmosphère d'angoisse. A force de parler de ces choses dans certains cafés, on arrive à troubler certains cerveaux que l'alcool ne rend déjà que trop peu solides."

Un regard dur, inquisiteur, était fixé sur Maigret. Le maire parlait lentement, en détachant les syllabes, et c'était comme un réquisitoire qui commençait.

- "Par contre, aucun renseignement n'a été demandé par la police aux autorités compétentes ! ... Moi, le maire du pays, je ne sais rien de ce qui se passe, là-bas au port ...

- Votre jardinier porte des espadrilles ?"

Le maire regarda vivement le parquet où on voyait, sur la cire, des traces de pas. Le dessin des semelles de corde tressée était net.

- "Je n'en sais rien !

- Excusez-moi de vous avoir interrompu ... Une idée qui me passait par la tête ... Vous disiez ? ..." ... [...]
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[...] ... Quand on avait quitté Paris, vers trois heures, la foule s'agitait encore dans un frileux soleil d'arrière-saison. Puis, vers Mantes, les lampes du compartiment s'étaient allumées. Dès Evreux, tout était noir dehors. Et maintenant, à travers les vitres où ruisselaient des gouttes de buée, on voyait un épais brouillard qui feutrait d'un halo les lumières de la voie.

Bien calé dans son coin, la nuque sur le rebord de la banquette, Maigret, les yeux mi-clos, observait toujours, machinalement, les deux personnages, si différents l'un de l'autre, qu'il avait devant lui.

Le capitaine Joris dormait, la perruque de travers sur son fameux crâne, le complet fripé.

Et Julie, les deux mains sur son sac en imitation de crocodile, fixait un point quelconque de l'espace en essayant de garder, malgré sa fatigue, une attitude réfléchie.

Joris ! Julie !

Le commissaire Maigret, de la Police Judiciaire, avait l'habitude de voir ainsi des gens pénétrer en coup de vent dans sa vie, s'imposer à lui pendant des jours, des semaines ou des mois, puis sombrer à nouveau dans la foule anonyme.

Le bruit des bogies scandait ses réflexions, les mêmes au début de chaque enquête. Est-ce que celle-ci serait passionnante, banale, écoeurante ou tragique ?

Maigret regardait Joris, et un vague sourire errait sur ses lèvres. Drôle d'homme ! Car pendant cinq jours, Quai des Orfèvres, on l'avait appelé "l'Homme", faute de pouvoir lui donner un nom.

Un personnage qu'on avait ramassé sur les Grands Boulevards, à cause de ses allées et venues affolées au milieu des autobus et des autos. On le questionne en français. Pas de réponse. On essaie sept ou huit langues. Rien. Et le langage des sourds-muets n'a pas plus d'effet sur lui.

Un fou ? Dans le bureau de Maigret, on le fouille. Son complet est neuf, son linge neuf, ses chaussures neuves. Toutes les marques de tailleur ou de chemisier sont arrachées. Pas de papiers. Pas de portefeuille. Cinq beaux billets de mille francs glissés dans une des poches. ... [...]
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Maigret, qui vient d'allumer une pipe, se renfrogne, parce qu'il n'aime pas se sentir gauche. Il s'en veut de sa lourdeur de terrien qu'effraie ou émerveille tout ce qui touche à la mer.
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Maigret trinquait avec les éclusiers et les pêcheurs à la Buvette de la Marine.
Le maire recevait le Parquet avec du thé, des liqueurs et des petits fours.
Maigret était un homme tout court, sans qu’on pût lui mettre une étiquette.
M. Grandmaison était l’homme d’un milieu bien déterminé. Il était le notable de petite ville, le représentant d’une vieille famille bourgeoise, l’armateur dont les affaires sont prospères et la réputation solide.
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Une attitude aussi traditionnelle que possible : celle du gros personnage du petit patelin qui se croit le centre du monde, s’habille en gentleman campagnard et sacrifie à la démocratie en serrant distraitement des mains, en adressant de vagues bonjours aux gens du pays et en leur demandant à l’occasion des nouvelles de leurs enfants.
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"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon. Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.
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