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Un livre poignant et d'une tristesse infinie.
Une femme retrouvée étranglée par deux charretiers, hâtivement dissimulée sous la paille dans une écurie près d'une écluse, à Dizy.
Comment est-elle arrivée là, cette femme si jolie, si gracieuse, du genre pétillant ?
Maigret est persuadé qu'il trouvera la réponse parmi le peuple du canal de la Marne. Eclusiers, conducteurs de péniches, charretiers : tout un monde lent, lourd et laborieux qui évolue dans une odeur permanente de crottin, de goudron, de café chaud ou de gros rouge bu à la galopade dans l'aube grise…
Quel lien peut-il y avoir entre le commandant du « Southern Comfort », ivrogne flamboyant et pathétique, et Jean, le charretier taciturne, taiseux de la « Providence », espèce de sauvage bâti comme un ours ?
Maigret, imprégné par la tristesse des lieux et le rythme de vie lent du canal, mènera une enquête immobile, faite de maigres intuitions et de suppositions évanescentes, serrant dans la poche de son manteau ses deux uniques indices : un bouton de manchette en or et un béret américain.
Et c'est presque en s'excusant, en détournant son regard apitoyé, qu'il finira par dévoiler deux pauvres vies avec ses lâchetés, ses rêves impossibles à jamais enfuis, ses compromissions. Deux âmes seules et désemparées.
Un récit terriblement humain et bouleversant.
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Ce Charretier de la Providence, je l'ai lu avec La chanson de Brel "L'éclusier" en tête et son inimitable accord d'accordéon.
Il y fait humide, il y fait froid, il y fait lent! À la vitesse de ces bateaux qui empruntent un canal aux innombrables écluses.
Ça se passe vers 1930, à l'époque ou la batellerie dépendait encore des solides chevaux menés par leurs charretiers sur ces chemins de halage loin de tout.
Simenon, artiste-peintre des atmosphères lourdes, amples et puissantes; amène le commissaire Maigret dans ce milieu de la navigation fluviale syncopée par le passage des biefs et des écluses. Dans ces cafés/épiceries/ écuries qui fleurent bon le vin et l'odeur du goudron et des chevaux.
Et Maigret ("Autant...") , opiniâtre, massif, bloc humain, suit une piste de boue, de nuit et de tout petits matins qui doit le mener à une seule vérité de qui a commis deux assassinats. Les deux victimes étaient sur le yacht Southern Cross, qui emprunte le canal pour se rendre à...Porquerolles. le Southern Cross, tel un insecte qui se faufile en trématant les grosses et placides péniches. le Southern cross et son parfum anglais de whisky dont abuse son capitaine , un lord et ex-colonel de l'armée britannique.
Une enquête du célèbre commissaire, qui vaut plus par son atmosphère et le milieu décrit que par l'énigme des meurtres en elle-même.
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Dans ce deuxième volet, Maigret mène l'enquête sur l'assassinat d'une femme découverte dans l'écurie du café de la Marine le long du canal à Dizy. Il se retrouve dans un environnement qui lui est fort peu familier (moi aussi!), celui des transports fluviaux, des écluses, des mariniers.
Comme à son habitude, il va s'imprégner des lieux, des habitudes de chacun, de leur quotidien, l'oeil aux aguets. Il va aussi beaucoup pédaler. Au sens propre comme au figuré !

J'ai beaucoup aimé être plongée dans l'univers de la batellerie et le quotidien de ces hommes et de ces femmes. C'est un petit monde en marge du monde, un monde d'habitués, où tous se connaissent plus ou moins, où l'unité de temps est cadencée par la traversée des écluses, un monde qui a aujourd'hui disparu. J'ai été surprise de découvrir qu'avant l'apparition du moteur, les péniches étaient communément tractées par des chevaux sur les chemins de halage, le long des berges. J'aurais plutôt pensé qu'elles utilisaient un système de roues à aube ou de vapeur, voire de rames. Ben non. Elles utilisaient des chevaux et si on remonte plus loin encore dans le temps, des hommes. Epoque oblige, on découvre aussi les rivalités naissantes entre bateaux à traction, bateaux à moteur et bateaux de plaisance.

Par contre, le titre m'a un peu gâché le plaisir. Il fait porter dès le départ l'attention sur ce charretier alors que Maigret hésite entre plusieurs pistes. Cela reste néanmoins un bon livre d'ambiance qui met en scène des gens simples à la vie dure et d'autres plus aisés avec cet énergumène de Sir Walter Lampson, colonel en retraite de l'Armée des Indes qui remonte le fleuve sur son Yacht.
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Canal de la Marne, à hauteur d'Epernay, 1930
Le corps d'une jolie femme étranglée est trouvé dans l'écurie qui accueille les chevaux tractant les péniches sur le chemin de halage le long du canal.
Maigret se rend sur les lieux et cherche à comprendre qui a tué Mary puis Willy, tout deux passagers sur le yacht d'un colonel anglais, retraité de l'armée des Indes.
A sa suite, nous allons emprunter des chemins détrempés, boueux, d'écluse en écluse, découvrir ce monde très fermé des bateliers fait de solidarité mais aussi de querelles notamment entre les péniches motorisées et les « tractées » afin de découvrir le meurtrier.
Cette fois, Simenon met l'accent non pas sur la carrure de Maigret mais sur sa placidité apparente, arpentant sous la pluie les portes des écluses pour interroger, observer et laisser parler son intuition qui le conduit à se détourner de l'évidence pour chercher ailleurs.
Lentement mais sûrement le commissaire nous donne la solution.
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A 28 ans, Simenon a déjà trouvé son Maigret. Il est même solidement posé avec sa technique d'enquête faite de promenades muettes sur le chemin de halage que l'on interprétera comme de l'imprégnation patiente.
Le commissaire a aussi de la présence, environ 1m80 pour 100kg, 45 ans, peu causant, voire bougon, surtout vis à vis de la hiérarchie.

Simenon le met à l'épreuve dans l'univers des éclusiers, mariniers et charretiers. Tout ce monde se retrouvant au bistrot avant, pendant ou après le boulot. D'où le verbe écluser... qui veut dire aussi trinquer.

Rien de spectaculaire dans l'une des première enquêtes, parue en 1931, pourtant une ambiance pittoresque le long d'un canal, où la grisaille quotidienne se lie aux vies parfois misérables des mariniers. Presqu'une confrérie, itinérante dans le rythme lent et lourd des péniches passant les écluses.

Mais une femme bien habillée est découverte étranglée dans l'écurie du Café de la marine. Récapituler les faits en les plaçant dans leur contexte est le travail tout indiqué pour le commissaire Maigret.

Rien de spectaculaire, pas de poursuite, ni de coups de feu, mais du rythme et des personnages forts bien décrits et identifiés.

Une enquête courte et rythmée comme je les aime.
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Simenon nous plonge dans l'univers de la batellerie de la fin des années 20, celle des péniches tractées par les chevaux, des mariniers, des éclusiers. Celle surtout d'une vie qui s'écoule lentement, durement.
C'est dans ce microcosme que Maigret va enquêter sur le meurtre d'une femme retrouvée sous la paille de l'écurie d'un café qui borde le canal de la Marne. Mais la victime d'apparence très soignée nous rapproche aussi d'une autre société puisque nous conduisant à un yachtman anglais, ancien officier de l'Armée des Indes, qu'on se serait attendu à rencontrer dans un roman d'Agatha Christie. L'évocation de l'imaginaire de la romancière anglaise s'arrête là car c'est bien dans la lourde atmosphère de Simenon que sommes invités, et c'est un Maigret massif, sombre, puissant qui... enfourche sa bicyclette ! et remonte la piste du crime.
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Maigret ce n'est jamais bien gai, là on atteint un summum de déprime !

Si l'on connait la chanson de Brel "l'éclusier" on peut la mettre en toile de fond pour mieux goûter la pesanteur et la tristesse de ce petit roman.

Dans le monde des écluses, des mariniers, des charretiers sur la Marne aux alentours de Paris, la pluie, la boue, une vie rude, loin des images d'Epinal que l'on nous vend pour caboter sur les canaux l'été. Qui voit encore les efforts fournis par les hommes et les énormes chevaux de trait sur les chemins de halage qui sont devenus nos lieux de balade... Retour en arrière, c'est dans ce monde que l'on retrouve une femme morte et là à Maigret de jouer.

Ce roman me fait penser à René Fallet, j'aime ces écrivains des petites gens qui donnent vie à des personnages quasi invisibles et tout à fait oubliés à notre époque.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Le décor de ce Maigret invite à la tranquillité et à la quiétude. J'ai découvert l'univers des écluses et le quotidien des habitants qui vivent le long des canaux de la Marne. C'est un décor que Simenon lui même a bien connu et dont il se sert pour y planter son intrigue.
Le corps d'une femme étranglée est découvert par deux charretiers sous la paille dans une grange à côté de l'écluse de Dizy. Il s'agit de la femme d'un colonel anglais possédant un yatch. Flegme britannique ou autre chose, ce décès ne succite pas beaucoup d'émoi à bord.
L'enquête de Maigret avance au rythme des peniches, j'ai trouvé cette lecture empreinte d'humanité très agréable.
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Avant tout une atmosphere qui vient d'une ecriture ancrée ( c'est le cas de le dire) dans ce monde à part qui a été celui des écluses et des peniches. Un souvenir d'enfant d'avoir vu cette histoire à la télé ( JEan Richard je crois qui jouait Maigret ) et ce sentiment vague du "déjà lu" qui flotte , page apres page. Mais evidemment, on ne se souvient pas du dénouement ...Et c'est plutôt mieux comme cela!
A lire ou relire ou redécouvrir!
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Ici encore, Simenon retourne aux sources du roman populaire. Sous la plume d'un autre, les bases de son intrigue policière et le personnage de Jean, le charretier, auraient sombré dans le ridicule et le mélo. Mais la recherche de l'auteur, en quête d'une façon unique et jamais vue de raconter une histoire policière, et sa maîtrise de l'écriture qu'il doit sans doute autant à sa nature foncière qu'à un travail acharné dans les colonnes du journalisme de l'époque, retournent la situation comme une crêpière habile le ferait d'une pâte un peu trop lourde. "Le Charretier de la Providence" n'est pas seulement un roman policier, c'est surtout un drame humain singulièrement poignant, auquel assiste un lecteur peu à peu fasciné par sa profondeur et son absurdité.

A l'origine, évidemment, un cadavre. Celui d'une jeune femme retrouvée ensevelie dans la paille de l'écurie, sur l'une de ces péniches qui, non encore dotées d'un vrai moteur, qui remontent les chemins fluviaux en se faisant haler sur une partie du chemin par des chevaux. Nous sommes en effet à la fin des années vingt. Comment ce cadavre, celui d'une femme soignée, bien habillée et visiblement à mille lieues de l'univers de la batellerie, a-t-il fini dans la paille de "La Providence" ? Sur son cou, de grosses marques noires : elle a été étranglée par quelqu'un qui possède une sacrée poigne.

Sur "La Providence", personne n'a rien vu, personne ne sait rien et la péniche reprend bien vite sa route. (Il faut dire que, alentour, on n'a rien vu et on ne sait rien de plus. ) On finit cependant par identifier le corps : c'est celui de la troisième épouse d'un yachtman anglais, ancien officier de l'Armée des Indes, qui remontait lui aussi le cours de la Seine, entre deux péniches. Mais cette identification ne fait que placer un nom sur le corps d'une victime d'assassinat. Rien sur l'identité de son meurtrier et moins que rien quant à la façon dont cette bourgeoise bien nantie a atterri auprès des chevaux endormis de "La Providence."

Maigret est perplexe. On le serait à moins. A cela s'ajoute le fait que les autorités françaises n'ont aucune envie de troubler le veuf, ce gentleman qui, certes, aime à se pochetronner un peu plus que la moyenne mais qui est aussi un sujet, respectueux et décoré, de Sa Très Gracieuse Majesté. Surtout pas d'incident diplomatique !

Là, Maigret s'énerve. Si l'on excepte ses rapports délicats avec l'inspecteur Malgracieux, on ne peut pas dire qu'il fasse souvent dans la diplomatie. Et puis, disons-le tout net, il soupçonne fortement le mari (et l'amant, car la disparue avait son amant sur le yacht, de même que son époux voyageait avec sa maîtresse). Sans compter que ce n'est tout de même pas parce que l'Anglais a été décoré par George V qu'il faut tout lui passer !

Cette répugnance de Maigret, il le reconnaîtra lui-même, va sinon le bloquer, en tous cas l'orienter dans une mauvaise direction. Mais, dans un sursaut, il retrouve vite la seule piste valable et entreprend de la suivre ... à bicyclette - et sur soixante-dix-huit kilomètres, avec la pluie et la boue pour toutes compagnes. (L'idée du commissaire à bicyclette m'a beaucoup amusée, je dois l'avouer.)

Au-delà du crime, il y a aussi la passionnante promenade dans un milieu bien particulier, celui de la batellerie au temps où elle employait encore des chevaux ou des mulets, et cette façon unique qu'a Simenon de "croquer" ses personnages, principaux comme secondaires, par un ou deux détails qui, très vite, s'imposent à l'esprit du lecteur et leur donnent une étonnante réalité. Si peu de détails dans le fond et pourtant, on pourrait presque les toucher ... Il n'y a guère que leurs motivations qui nous échappent. L'écrivain nous en distille bien çà et là un éclat, un miroitement fugitif, à peine aperçu qu'il s'évanouit tout de suite dans la foule d'interrogations qu'il suscite. Mais cela s'arrête là. Par exemple, par la force des choses (il a les côtes éclatées et ne peut plus parler), on ne saura jamais ce que le charretier de la Providence voulait confier à Maigret. Et l'on reste là, le livre terminé, à se demander, à rêver ...

Le miracle s'est accompli : le lecteur s'est si bien "simenonisé" qu'il n'a même plus envie de savoir. le rêve lui suffit ... ;o)
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