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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Marcel est un homme ordinaire qui mène une vie simple, mais confortable avec sa femme Jeanne et sa fille Sophie. Tout change quand les Allemands arrivent en Belgique. « Cette guerre qui éclatait soudain après un an de faux apaisement, c'était une affaire personnelle entre le destin et moi. » (p. 15) La famille quitte Fumay, dans la Meuse, pour le sud de la France. Dans le train qui les emmène, Marcel est séparé de son épouse et de sa fille. Il rencontre Anna, une étrangère au comportement étrange. « Elle ne vivait pas avec les autres. Elle ne participait pas. Elle restait seule parmi les autres. » (p. 94) Sans le préméditer, Marcel entame une liaison avec Anna : les deux réfugiés ne se quittent plus, ne se cachent même pas et vivent leur passion comme ils prendraient des goulées d'air pour échapper à la noyade. « Une cassure s'était produite. Cela ne signifiait pas que le passé n'existait plus, encore moins que je reniais ma famille et cessais de l'aimer. Simplement, pour un temps indéterminé, je vivais sur un autre plan, où les valeurs n'avaient plus rien de commun avec celles de mon ancienne existence. » (p. 112) Hélas, le couple le sait bien, leur liaison ne pourra pas durer.

La narration est menée par Marcel qui raconte cette histoire a posteriori et son récit sonne un peu comme une déposition. La fin du roman révèle à qui Marcel adresse son texte. J'ai beaucoup aimé ce roman dans lequel Simenon saisit un personnage et un instant historique pour en faire une peinture honnête, sans fard ni fausse pudeur. Il parle de désir et de plaisir au milieu du désordre. « Je n'y pensais jamais, non seulement parce que je refusais d'y penser, mais parce que cela ne me venait pas à l'esprit : notre vie à deux n'avait pas de futur. » (p. 148) La vie normale a pris un train pour nulle part et les personnages, brusquement débarqués, errent dans une immense salle des pas perdus. Sauf Marcel et Anna qui font de cette pause forcée une parenthèse lumineuse.

Je vais continuer à lire Georges Simenon dont j'avais également beaucoup aimé La veuve Couderc.
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Marcel Féron est un homme simple : marié, père d'une fillette,, il a sa boutique, travaille honnêtement pour gagner sa vie et rien de trouble sa vie si paisible et dans le fond si banale : "J'étais cependant devenu un homme heureux, qu'on se mette bien ça dans la tête. J'aimais ma femme. J'aimais ma fille. J'aimais ma maison, mes habitudes et jusqu'à ma rue qui, tranquille, ensoleillée, aboutissait à la Meuse.".
Mais voilà, c'est la guerre, la peur de l'envahisseur allemand jette les foules sur les routes et dans les trains et c'est le chemin qu'emprunte Marcel avec sa femme enceinte et sa fille : "Je n'étais plus Marcel Féron, marchand d'appareils de radio dans un quartier presque neuf de Fumay, non loin de la Meuse, mais un homme parmi des millions que des forces supérieures allaient ballotter à leur gré.".

A travers ce roman, il est intéressant de voir à quel point la guerre, ou tout du moins l'exode qui en résulte, peut être un catalyseur d'émotions.
Séparé de sa femme et de sa fille, Marcel repère dans son wagon une femme qui se démarque de toutes les autres, Anna Kupfer : "Elle ne vivait pas avec les autres. Elle ne participait pas. Elle restait seule parmi les autres."
Elle l'attire, il l'attire, ce qui doit se passer arrive et à aucun moment l'un comme l'autre ne va se poser de questions.
Ils vivent le moment présent sans savoir de quoi demain sera fait, Marcel a un comportement différent de ce qui le caractérise d'ordinaire et il vit sa passion, découvre le plaisir de la chair en osant faire des choses dans des endroits auxquels il n'aurait pas songé en d'autres circonstances, j'irai même jusqu'à dire qu'il vit dans le réel une forme de fantasme.
Entre Anna et Marcel, ce n'est pas une histoire d'amour classique : "L'idée de parler d'amour ne nous effleurait pas et je me demande aujourd'hui si c'était réellement de l'amour. Je veux dire de l'amour dans le sens qu'on donne généralement à ce mot car, à mes yeux, c'était beaucoup plus.", et c'est justement cela qui en fait toute sa beauté.
Ca et le fait que l'un comme l'autre sont lucides, cette parenthèse enchantée va finir par se refermer et chacun retournera vivre sa petite vie, chacun de son côté : "Je n'y pensais jamais, non seulement parce que je refusais d'y penser, mais parce que cela ne me venait pas à l'esprit : notre vie à deux n'avait pas de futur. Ce qui arriverait, je l'ignorais. Personne ne pouvait le prévoir. Nous vivions un entracte, hors de l'espace, et je dévorais ces journées et ces nuits avec gourmandise.".
Je trouve intéressant le traitement de cette histoire car la guerre, et plus particulièrement celle de 1939-1945, est souvent l'élément déclencheur d'une rencontre improbable entre deux êtres qui finissent par s'aimer, d'une certaine façon, et qui dans tous les cas perdent leurs inhibitions et vivent une sexualité plus épanouie.
Le traitement que fait Georges Simenon de ses personnages est finement construit, l'histoire étant narrée du point de vue exclusif de Marcel qui s'adresse à une personne dont l'identité est dévoilée à la fin.
Le personnage d'Anna n'apparaît aux yeux du lecteur que comme Marcel le perçoit.
Il n'en reste pas moins que c'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai suivi l'évolution de cette histoire entre un homme et une femme qui commence dans un train brinquebalé dans une France qui ne sait plus trop où elle va.
De Georges Simenon, je connaissais de nom les Maigret mais je n'avais pas encore eu l'occasion de lire un livre de lui.
Je suis contente d'avoir commencé ma découverte de cet auteur avec ce roman, j'ai pu apprécier son style à la fois fluide et maîtrisé qui dévide petit à petit une histoire riche en rebondissement jusqu'à la dernière phrase.
Au-delà de l'histoire et du contexte, j'ai énormément apprécié le travail de l'auteur sur son personnage principal et également narrateur.
Il se dégage de l'écriture de Georges Simenon une atmosphère qui scotche sur place. C'est bien simple, j'ai lu ce livre d'une seule traite tant j'étais prise par le déroulement et l'enchaînement des événements.

"Le train" est un très beau roman de Georges Simenon qui traite de l'Exode de 1940 sous un angle différent de celui habituellement pratiqué, une histoire qui captive du début à la fin.
Désormais, il ne me reste plus qu'à voir l'adaptation cinématographique qu'en a fait Pierre Granier-Deferre avec Jean-Louis Trintignant dans le rôle masculin principal et Romy Schneider dans celui d'Anna.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Tristesse de "l'homme nu" qu'aime peindre Simenon. Tristesse d'une lâcheté ordinaire par temps de guerre (et que les commémorations d'armistices ni les livres d'histoire ne montrent), tristesse d'un homme qui a "une femme, trois enfants, une maison de commerce rue du Château" (c'est la dernière phrase du livre...)
Mais beauté de la narration, du style, des paysages et des êtres si vivants, si présents devant nous. Simenon, le grand sensuel, parle de la lumière et des odeurs comme personne : sur 156 pages j'ai relevé plus d'une quarantaine de passages qui traitent de la lumière et des odeurs....Et quand le narrateur dit (page 109) : " J'ai pris tout de suite possession du paysage qui m'est entré dans la peau.", comment ne pas comprendre que Simenon est là, tout entier, derrière cette sensation....
Un livre de Simenon est toujours un beau voyage. A l'extérieur bien sûr, mais surtout à l'intérieur des êtres......
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Ce roman court est efficace de Simenon est une vraie réussite en dépit d'une structure narrative indigne d'un si grand auteur: le témoignage écrit et pataud de Marcel, le principal protagoniste.

Simenon a écrit ce court roman en six jours en 1961. Il y décrit l'exode de mai 1940 comme une horreur et une bacchanale... la vie est ambigüe, les êtres sont changeants. Simenon l'a rappelé à travers plus de 300 romans.

Une fois de plus, chez le génie Liégeois, on est confronté à un pékin ordinaire (voire très, très falot) confronté à des circonstances qui le dépassent.

Marcel va aimer Anna la tchèque sans la connaitre, sans réfléchir, sans penser à autre chose qu'à la chair, dans une France qui se meurt sous les mitraillages en piqué des Stukas nazis.

La fin est glaçante...

Le beau film que Granier-Deferre a tiré de ce roman avec la lumineuse Romy Schneider est juste le CONTRAIRE du propos de Simenon.

On a rarement vu un malentendu engendrer deux chefs-d'oeuvre.

Alors, montez dans le Train… Train de l'amour et Train de la mort.
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Un roman qui m'a happé : l'histoire de Marcel Féron, habitant à Fumay (oui oui pas loin de chez moi) qui le 10 mai 1940 s'est vu obligé de prendre un train pour fuir devant la progression des troupes allemandes.
Le voilà parqué dans un wagon à bestiaux alors que sa femme enceinte de 7 mois et sa fille, plus chanceuses, s'installaient dans un wagon de première classe.
Lors de cette séparation, de cet intermède dans la vie du couple, Marcel rencontre Anna ...
Une parenthèse étrange, coupée du monde extérieur, un roman sensuel car Georges Simenon met en avant les odeurs, les impressions au toucher, le goût des aliments ou encore les détails vus.
Un très bon moment de lecture.
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Ce roman raconte une histoire à hauteur d'épaules, qui est surtout un récit de guerre et d'amour. Elle commence le 10 mai 1940, date de l'invasion de la Belgique par l'armée allemande. Ce jour-là, un habitant de Fumay en Ardenne française, Marcel Féron, prend avec sa femme enceinte et sa fillette le premier train qui se présente pour fuir vers le sud. Il participe ainsi au grand exode qui a précipité de larges pans de population depuis la Belgique et le Nord de la France sur les routes et sur le réseau ferroviaire. Dans le train, tandis que femme et fille sont installées dans un wagon de voyageurs, Féron se retrouve, entassé avec d'autres, dans un wagon de marchandises dit aussi en texte wagon à bestiaux. En cours de route, ledit train se voit scindé en deux et voilà la famille Féron brutalement séparée.
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Le 10 mai 1940, c'est la débâcle. Les Allemands envahissent la France. Comme beaucoup de citoyens, Marcel tente de fuir avec sa femme et sa fillette de quatre ans. Un train doit les évacuer hors de la zone des combats. Au moment d'embarquer, son épouse, qui est enceinte de sept mois, et la petite Sophie ont été installées dans un compartiment de 1ère classe, tandis qu'il est parqué, avec les adultes valides, dans un des nombreux wagons à bestiaux rattachés au convoi. Ce dernier est scindé durant le parcours et Marcel se retrouve séparé des siens.
Simenon en profite pour décrire les pulsions humaines dans ce qu'elles possèdent de moins enviables. L'inquiétude submerge les passagers, les bombardements aériens deviennent de plus en plus menaçants. la situation déclenche pour Marcel une liaison, qu'il ébauche avec Anna. Dans une durée qui abolit passé et avenir, ils font l'expérience d'une union à la fois physique et morale, sans presque se connaître. Au moment de l'armistice, les évacués se retrouvent dans un camp. Des listes circulent pour la recherche des réfugiés : Marcel apprend ainsi que sa femme est à la maternité, à quelques lieues de la Rochelle, où elle vient d'accoucher d'un garçon. Il n'a de cesse qu'il ne l'ait rejointe. Anna l'accompagne jusqu'au seuil de l'établissement. le coeur serré, elle lui dit adieu et ajoute simplement : « J'ai été heureuse avec toi ».
L'année suivante, alors qu'il se rend un chez un client, il voit Anna surgir brusquement de l'ombre. Elle est venue lui demander de l'héberger, elle et un aviateur anglais, car ils sont traqués par la Gestapo. Ce n'est que pour quelques jours. Un moment d'hésitation... Anna a compris et n'insiste pas. Marcel a une femme, des enfants, une maison de commerce. Un mois plus tard, il apprend qu'elle a été fusillée.
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Second livre lu de Simenon et encore un coup de coeur, autant sur le fond que la forme. le sujet, à la fois universel (une rencontre passionnelle et fugace) et original (un petit monde qui se crée à l'occasion de l'exode, avec ses personnages et ses règles) est magnifiquement porté par un style limpide et imagé.
Quel dommage que cet auteur ne soit pas plus connu...
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Début des hostilités. 1940. Fuyant l'arrivée des Allemands, un homme et sa famille cherchent à embarquer à bord d'un train et sont séparés. Simenon suit le parcours du père de famille dans un wagon d'infortune. Là, il découvre la précarité humaine et s'éprend d'une réfugiée juive. Très vite, des liens réciproques les unissent. L'auteur parle ici d'une époque troublée où tout est allé fort vite. Bien entendu, le convoi est mitraillé par des avions ennemis et la mort plombe le trajet. Avec un style simple, Georges Simenon excelle dans la description des gens simples, sait laisser entrevoir les frémissements et connaît par coeur la mécanique de l'écriture. Comme ses autres romans, celui-ci fait à nouveau mouche et se targue d'une histoire racontée à hauteur d'épaules. J'ai adoré !
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Extraordinaire, brillant, surprenant, beau et magnifique. Avec le talent qu'on lui connaît, Simenon raconte l'exode de familles françaises face à l'avancée des troupes allemandes. Nous sommes en 40 et la tragédie est partout la même lorsque ka guerre se déclenche. Simenon nous offre un huis-clos à bord d'un train qui file loin de l'ennemi ... pour enfin se rendre à l'évidence que partir ne rime à rien puisque de toute manière tout est fichu !
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