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Peut-être pas celui qui dégage le plus d'émotions. C'est même un modèle d'enquête routinière, avec affaire de moeurs dans le Paris coquin. Pour moi le plus commun des Maigret que j'ai lus.

Le cadre est rapidement posé. le commissariat puis l'hôtel particulier dans lequel vit une femme esseulée, riche mais aigrie à cause d'un mari volage.
Style impeccable, enquête concise comme je les aime.
La simplicité c'est une seule ligne narrative et un Maigret solide sur ses appuis et amateur de cognac, puisque dans l'élan, ne parlons pas d'euphorie, l'enquête a décidé la consommation de ce spiritueux, comme de coutume, jusqu'à son terme.

Le début est prometteur avec la disparition du mari signalée seulement un mois après par sa femme ivre au commissariat. Cette énigme fixée, commence le travail d'imprégnation du commissaire Maigret avec la découverte, derrière le luxe, d'aspects bien pathétiques et sordides.
Et l'énigme se résout dans les dernières pages dans la sobriété habituelle. Comme Simenon sait y faire.

Bien que maîtrisé ce récit ne connaît pas vraiment les moments d'humanité habituels. Je n'oserais pas parler de déception, une enquête de Maigret ne me déçoit jamais. Celle-ci me réconforterait de bien des polars d'autres auteurs connus. Mais je note du déjà vu, comme un essoufflement.
Peut-être pas un hasard...
Achevé le 11 février 1972, c'était le dernier Maigret après plus de 40 ans de service. Il résonne comme une retraite méritée, qui marque aussi la fin de productions romanesques de Simenon.
Ce livre pourrait alors se lire comme un hommage. le terme de 75 enquêtes, le point final de 193 romans tous genres confondus.
Comme un chapeau bas sur le pardessus fripé, dans la fumée bleutée du tabac dans un bar à hôtesses.



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Cette fois-ci le commissaire Maigret, dans une affaire de disparation, se retrouve à dépister les affaires d'un mystérieux couple qui mène deux vies parallèles depuis les quinze années que dure leur mariage.

En effet, Nathalie Sabin-Levesque se rend chez le commissaire Maigret pour signaler la disparition de son mari, ce qui est d'ailleurs dans ses habitudes sauf que cette fois-ci sa disparition semble un peu plus longue d'où des inquiétudes de part et d'autres...

Peu à peu les enquêtes vont conduire notre commissaire à découvrir un malheureux ménage où l'homme n'est jamais là, il passe son temps à parcourir le monde, à jouer au gentleman cambrioleur, il vole le coeur des femmes en leur promettant son divorce afin de pouvoir se marier avec l'élue, puis le tout va résonner comme un simple venin injecté dans la vie de la fille car le gars, lui, celui qu'on appelle monsieur Charles, le gentil, le généreux s'évapore toujours comme une fumée...mais il ne divorce jamais de sa femme...

De son côté, la femme noie ses stress de femme délaissée dans l'alcool, devenue ivrogne, elle ne jure plus que par un verre d'alcool, elle acquiert en quelque sorte une liberté qui la poignarde en même temps...mais elle n'a jamais demandé le divorce...

Un très curieux couple!


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Maigret est une nouvelle fois à deux doigts de la retraite. Il refuse une très honorifique promotion au grade de directeur général de la PJ. Rien de neuf en somme ; si ce n'est que le commissaire vit ses dernières heures de héros de papier et que Simenon ne le sait pas encore. Tout au plus s'en doute t'il .. !

En 1972, Georges Simenon fait paraitre « Maigret et Monsieur Charles » aux Presses de la Cité. Ce sera le dernier opus consacré au commissaire à la pipe. Ainsi se terminent 4 décennies (et l'amorce d'une 5ème) consacrées à un personnage mythique. Même si je suis encore loin d'avoir tout lu (il y a quand même 75 romans et recueils), me dire qu'au-delà de l'excipit le personnage ne reviendrait plus, j'ai ressenti l'étonnante et injustifiée nécessité d'en faire le deuil.

Mais les héros ne meurent jamais …

Rien dans le corps du texte ne laisse présager la fin de la série quand, à parution, « Monsieur Charles » n'est, après tout, qu'un Maigret comme un autre. Il y en eut tant avant. Il n'y en aura pourtant plus après. Que s'est t'il passé ? Simenon n'a pas construit le départ de Maigret, il l'a subi. L'auteur l'ignore lui-même, mais, en 1972, les Maigret et « Romans durs » en maturations, au-delà de prémisses scénaristiques abouties, ne seront jamais rédigés par manque, semble t'il, d'enthousiasme. Simenon, dès lors, n'écrira plus de romans.

« J'ai septante ans, c'est fini, je tue Maigret » Simenon au cours d'une interview donnée à Paris Match (1972)

Tout au plus, à titre d'indice, aurait t'on pu mettre en avant une certaine facilité d'écriture en écho d'un ras-le-bol à l'encontre de son héros, l'explication se révèle bien vite trompeuse. La mainmise des dialogues sur la narration est totale, elle semble tirer à la ligne. Les nécessités descriptives sont traitées à minima. Tout va vite, comme pour se débarrasser d'une corvée. La lecture prend à peine deux heures pleines. La rédaction prit 7 jours seulement. Mais le résultat est si brillant ; que reprocher à l'auteur ? Tout est fluide, aisé, simplement utile et nécessaire, efficace. Une nouvelle fois, et peut-être plus qu'avant, Simenon met en avant son art de l'essentiel, dégraisse jusqu'à l'os. du grand art.

Rien d'annonciateur, tout autant, dans les thématiques abordées ; si ce n'est celle de la double identité, chère à Simenon. Une « autre » vie, incognito, échapper à certains carcans pesants de l'existence quotidienne.

Ici Simenon désireux de passer à autre chose, de se dédouaner de son alter ego.

Ici, Sabin-Levesque, riche et réputé notaire parisien qui, sous le pseudo de Monsieur Charles, s'encanaille dans les cabarets huppés des Champs-Elysées, lève les entraineuses pour une nuit ou deux, voire une pleine semaine, le temps d'une passade (presque romantique) avant de rentrer dans un rang matrimonial bien fade, monotone. Se rêver un autre monde, moins laid, plus brillant.

Simenon et Maigret plongent leurs regards dans la double vie du notaire, dans son couple détruit, dans son passé de bon-vivant, dans les raisons possibles de sa disparition et bientôt de son assassinat. Auteur et héros enquêtent par l'autre bout de la lorgnette, via le regard mauvais et les témoignages à charge de l'épouse. Un mari que chacun appréciait, une épouse que tout le monde déteste. Un lourd et lent face à face tout en dialogues s'ébauche entre Maigret et une femme délaissée, toute en vindicte et ressentiments, une alcoolique que le commissaire prend tout autant en grippe qu'en pitié. Diable de duo entre haine et espoir. Etonnante situation que le lecteur n'oubliera pas.

Simenon nous mène de nuit « Paris by night », d'un cabaret et d'une entraineuse à l'autre, d'un cognac au suivant, d'un patron prudent à un serveur bavard, d'une vieille marchande de fleurs qui retrouve en Maigret l'inspecteur qui l'arrêta jadis sur le trottoir.

La poignée de thèmes brassés, le couple en approche progressive et inéluctable d'autodestruction totale, la solitude et la dépression, l'alcoolisme blanc, l'arrivisme en échec, l'orgueil incontrôlable sont des classiques de « l'homme nu ». de Simenon. L'auteur taille un portrait à la serpe d'une femme qui s'est perdue elle-même entre ambitions rentrées et espoirs vains.

Maigret, compagnon de tant d'enquêtes, s'évapore dans les derniers mots d'un épilogue qui, une fois de plus, rend bien noire la nature humaine.

Clap de fin.

Lien : https://laconvergenceparalle..
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Allez ! Un dernier petit Maigret pour la route.
Pas vraiment, car il m'en reste tout de même pas mal à lire. Mais celui-ci est le dernier écrit par Simenon.

Le commissaire semble le deviner lorsque lui est proposé le poste de directeur de la PJ.
Mais Maigret est un homme de terrain et il n'en veut pas de cette promotion qui en réjouirait plus d'un. Il a besoin de bouger, d'aller à la rencontre des témoins, de renifler les lieux, comme ses inspecteurs. Il aime également faire des pauses, traditionnellement à la Brasserie Dauphine, pour mieux réfléchir devant une bière, un pastis ou des tripes à la mode de Caen.
Lorsque Mme Sabin-Levesque vient déclarer la disparition de son mari, un riche notaire, le commissaire sent que l'affaire risque de ne pas être banale. La femme ne s'est visiblement pas limitée à un seul cognac avant de venir et son époux est aux abonnés absents depuis plus d'un mois.

L'enquête reste parisienne. Pas de balades au bord des canaux à regarder passer les péniches dans la brume matinale – à part une courte virée peu bucolique en bord de Seine. Essentiellement des auditions de personnes qui côtoyaient le disparu, notamment des employées de cabarets que l'homme fréquentait assidûment sous le nom de Monsieur Charles.
Et qui dit auditions, dit forcément dialogues. J'ai eu l'impression qu'il y en avait plus que dans les autres opus de l'auteur. Mais peut-être n'est-ce qu'une impression, liée au fait que j'ai surtout lu ces derniers temps les « romans durs » de Simenon, dans lesquels n'apparaît pas le célèbre policier et qui font la part belle à l'atmosphère et à la psychologie des personnages.

Ce « Maigret et Monsieur Charles » reste tout de même fidèle à l'image que l'on peut se faire du commissaire divisionnaire, même à l'approche de la retraite. Pour lui l'intuition est primordiale. Il se fie toujours à son instinct pour détecter l'élément qui ne colle pas dans le tableau.
Et si la réflexion s'impose, alors la Brasserie Dauphine n'est jamais loin.

L'intrigue policière ronronne doucement et le suspense n'atteint pas des sommets. Un cru qui se situe dans une honorable moyenne. J'avoue avoir déjà été bien plus emballé par Jules Maigret.
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Un notaire a disparu !Contrairement à l'imagerie traditionnelle ,il était sympathique et sous le nom de monsieur Charles un tant soit peu libertin. Sa femme , névrosée et alcoolique, vient alerter Maigret .Au fil de son enquête le commissaire , comme à son habitude, explorera et dévoilera méthodiquement le mystère de cet étrange couple qui rassemble deux solitudes .
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Une dame issue de la grande bourgeoisie vient demander à Maigret de retrouver son mari disparu depuis plus d'un mois.
Au cours de son enquête, le commissaire va se rendre compte que l'homme, dès le début de sa vie maritale, a mené une double vie : le jour, il est un notaire reconnu et estimé et la nuit, c'est un habitué des boites de nuit et des cabarets, bien connu dans ce milieu sous la dénomination de "Monsieur Charles".
Quant à sa femme, déçue par son mariage, elle s'est réfugiée dans l'alcoolisme. le corps du notaire est finalement retrouvé dans la Seine, le crâne défoncé. Tout semble accuser l'épouse délaissée, mais un autre crime, celui d'un ancien barman souteneur à ses heures, relance l'enquête.
. Hésitant entre fugue et crime, le commissaire enquête dans le milieu des cabarets souvent fréquentés par Monsieur Charles.
La face par laquelle ce roman presente la description du drame et de l'alcoolisme .ou' les dialogues sont paticulièrement nombreux.
Simenon gomme tout. Son héros s'efface. Mais sur la feuille, il reste une trace. Indélébile.
Unroman attrayant.
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Le dernier Maigret de Simenon. Mais si !

Une histoire à mettre dans les grands classiques de Maigret. Un polar « sociologique » qui s'intéresse à un couple bien aisé (Monsieur est notaire et il possède une des études les plus en vue de Paris) mais qui ne se côtoie plus, ne s'aime plus et ne se croise plus que rarement dans un grand appartement. D'ailleurs, monsieur s'absente régulièrement dans les bras de jeunes filles et madame boit à la maison. Madame boit beaucoup !

Et madame débarque dans le bureau du commissaire pour signaler la disparition de monsieur Sabin-Levesque…
Lien : https://www.noid.ch/maigret-..
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Dernier Maigret très noir que Maigret et Monsieur Charles. Une enquête qui commence mal (dixit le commissaire) quand la femme d'un important notaire parisien vient signaler sa disparition, un événement pourtant habituel chez cet homme habitué aux escapades amoureuses… Mais cette fois-ci, un mois, cela paraît bien long. Maigret tourne en rond, n'a rien de tangible, pas de corps, mas de messages. Il ne peut qu'interroger Nathalie Sabin-Lévesque, dans son bureau puis dans le luxueux appartement qu'elle occupe boulevard Saint-Germain.

Maigret et Monsieur Charles est un roman aux dialogues nombreux et aux descriptions rares. Des dialogues avec la femme du notaire et avec le personnel de l'étude et de la maison, le concierge (un homme pour une fois), des tenanciers de boites de nuit et même une ancienne entraineuse devenue marchande de fleurs. Ce sont toutefois les échanges avec Nathalie qui constituent le point fort du roman, des échanges au cours desquels la bonhomie de Maigret se fissure devant l'agressivité, que favorise la boisson, de son interlocutrice. Pourtant il essaie - « C'est cette femme, je ne peux pas m'empêcher d'en avoir pitié » dit-il à Mme Maigret - et s'obstine même quand il est tout simplement éconduit.

Ce dernier roman est une peinture sans concessions et sans fard du drame de la solitude et de l'alcoolisme à travers le portrait de Nathalie Sabin-Lévesque, une femme orgueilleuse qui n'a pas su ou pu surmonter l'abandon et la solitude. le portrait est d'autant plus sombre que contrairement à Aline Calas (Maigret et le corps sans tête) qui, d'une certaine manière, à délibérément opté pour l'alcoolisme et l'accepte dans un défi à son monde d'origine, Nathalie se noie dans le cognac comme dans le désespoir. En dépit de l'hostilité qu'elle lui manifeste, Maigret essaie de la comprendre et a même de l'empathie pour elle. Comme il le dira à son ami Pardon qui lui fait remarquer combien il prend à coeur ses enquêtes : « Parce que c'est chaque fois une expérience humaine que je vis. Quand on vous appelle au chevet d'un malade inconnu, est-ce que vous n'en faites pas une affaire personnelle, vous aussi ? »

C'est aussi le thème de la double vie que l'on retrouve ici, pas une vie cachée comme dans Maigret et l'homme du banc, mais une vie assumée par un homme joyeux, toujours de bonne humeur, comme si ses fugues en galant compagnie étaient une façon de rester dans le monde de l'enfance. Maigret n'aura toutefois pas besoin de reconstruire cette vie (comme il le fait dans Maigret et la jeune morte), différents témoins se chargeant de lui faire le portrait du notaire.

Jules Maigret, commissaire divisionnaire, chef de la brigade criminelle, quitte la scène à la fin de cette histoire sinistre, après avoir refusé, par amour de la « police active », le poste de directeur de la P.J. qu'on lui proposait. C'est un homme vieillissant et désabusé qui travaille une dernière fois avec le vieux juge Coindet, qu'il connaît depuis ses débuts, et passe la main à une équipe fidèle qui saura prendre la relève. C'est la fin d'une époque et c'est d'une voix brouillée qu'il confie au juge une affaire résolue et une personne qui, contrairement à lui se trouve soudain « très à son aise » devant le magistrat.

Lien : http://maigret-paris.fr/2019..
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Et nous voici à la fin du cycle de la série de romans (mais non de nouvelles) mettant en scène notre commissaire divisionnaire préféré. Je signale d'emblée que le "M. Charles" dont il est ici question n'a rien à voir avec l'escroc de "Cécile est Morte." Nous en sommes même très loin. Notre M. Charles ici prend ce surnom, à la fois simple et facile à mémoriser, pour permettre à son vrai "Moi", M° Gérard Sabin-Levesque, l'un des notaires les plus courus du faubourgSaint-Germain, d'"aller voir", comme le chanterait Serge Lama, "les p'tites femmes de Pigalle." le texte de Simenon nous l'affirme du début jusqu'à la fin, à l'exception de quelques notes discordantes lancées çà et là par sa veuve, Nathalie, descendante par sa mère d'une très authentique comtesse russe et vingt ans plus tôt hôtesse de bar sous le nom de guerre de "Trika", on ne pou-vait-pas trouver homme plus charmant que ce notaire-là.

Toujours bien vêtu (dans les tons clairs, y compris avec l'âge), bien ganté, bien chapeauté, le sourire éblouissant à la "Ultra-Bright", le pourboire généreux, la parole aussi, un sens remarquable de l'empathie, et pas seulement avec ses clients les plus cossus, prêt à savourer les plaisanteries les plus fines comme à sourire poliment devant une blague de caste inférieure, sans manie sexuelle connue autre que de fuguer pendant quinze jours / trois semaines pour emmener sa conquête non dans un pied-à-terre mais vivre chez elle, "en ménage", l'aidant à faire la cuisine, les repas, se comportant en toutes circonstances avec une courtoisie parfaite, Gérard Sabin-Levesque n'avait pas d'ennemi. Ca aussi, le livre vous le dit sur tous les tons, à tel point que Maigret et le "petit Lapointe" finiraient presque par désespérer.

Sa domesticité personnelle, celui des palaces comme celui des boîtes un peu moins chic, tout le monde l'appréciait, cet homme-là, puisqu'on vous le dit, Monsieur le Commissaire ! Pour un peu, on dirait : "aimait" et le choeur est, soulignons-le, parfait, unanime : pas une seule fausse note, vous imaginez ? Et n'allez pas croire que ses "fugues" nuisaient à ses affaires. Il s'était choisi un adjoint de tout premier ordre, Lecureur, qui avait procuration perpétuelle et que M. Charles appelait consciencieusement deux ou trois fois par semaine lorsqu'il "s'absentait." Un noceur, certes, mais un noceur qui conservait la tête sur les épaules. D'ailleurs, sur ce plan, son père n'avait rien à lui reprocher. Hormis son mariage avec Nathalie, laquelle, bien sûr, n'appartenait pas au monde dans lequel, depuis des générations et des générations, les Sabin-Levesque choisissaient leurs épouses.

D'ailleurs, tout le monde le raconte à Maigret et à ses inspecteurs, entre Nathalie et Gérard, ce fut le Grand Amour pendant ... oh ! pendant bien trois mois. Et puis, Gérard reprit ses vieilles habitudes et Nathalie dut s'adapter.

L'a-t-elle aimé, cet homme étrange ? On peut le penser car ce charmeur, qui ne lésinait ni sur les attentions (au lit et ailleurs), ni sur l'argent, qui ne lui rappelait jamais ses "origines" et qui lui permettait d'entrer dans des cercles parisiens où, logiquement, on eût dû la refuser, la traitait avec respect et entendait que les autres le fissent. En ce qui la concerne, elle dit froidement, sans émotion apparente, que son mari, elle le haïssait. Et c'est tout.

Seulement, l'a-t-elle compris ? Et lui, a-t-il saisi son caractère, peut-être plus profond qu'il ne se l'imaginait ? A-t-il cherché seulement à le faire ?

Bien qu'elle sache ce qu'elle risque, d'autant qu'elle met presque un mois à se manifester, c'est à Maigret en personne que Nathalie Sabin-Levesque tient à annoncer la disparition de son mari. Oh ! bien sûr, chez lui, la chose était quasi pathologie mais ici, la "fugue", si "fugue" il y a bien, est particulière :

1) Sabin-Levesque n'a passé aucun coup de fil à Lecureur ;

2) aucune "hôtesse" ne l'a ramené chez elle le soir de sa disparition ;

3) personne ne l'a vu, entendu, aperçu pendant près de trente jours

4) et quand il réapparaît, il le fait dans la Seine, le crâne en morceaux mais le portefeuille intact.

Bien sûr, la veuve, qui boit comme une outre depuis ... oh ! mettons depuis qu'elle a compris quel drôle d'homme elle avait épousé ... hérite de tout et on la suspecte. C'est l'usage. Mais elle donne l'impression de s'en foutre royalement et se cramponne à sa bouteille de cognac et à son verre, seuls biens en ce monde qui semblent lui paraître dignes d'être possédés. le personnage agace, irrite Maigret mais lui inspire en parallèle une forme d'admiration. Si Sabin-Levesque était énigmatique, son épouse l'est tout autant.

Nathalie a-t-elle assassiné son époux ? Ou, perdu dans ses rêveries éthyliques, n'y est-elle pour rien ? ... Peu à peu, le lecteur s'aperçoit que, à la suite de Maigret et de ses inspecteurs, il s'intéresse surtout aux raisons, autres que matérielles et / ou sentimentales, qui ont pu unir, et devant notaire par-dessus le marché, ces deux êtres si dissemblables et que rien n'appelait à se croiser. L'affaire est difficile, Maigret le sent, Maigret le flaire et cependant, tout y semble si simple ...

En fait, nous sommes en présence d'un excellent "Maigret" qui achève le cycle sans démériter. Peut-être pas dans la splendeur et l'originalité des romans d'avant-guerre mais avec, une fois de plus, cette technique impeccable, fulgurante et cette extraordinaire capacité d'exploration de l'esprit humain. Nous ne parlerons pas ici du coeur car, au mot "fin", nous ne sommes toujours pas plus avancés : Sabin-Levesque, le gentil et si doux notaire, avait-il vraiment un coeur ou n'était-il qu'un narcissique se suffisant à lui-même ? Et Nathalie, Nathalie "la Garce", Nathalie "L'Entraîneuse", Nathalie "l'Ivrognesse", était-elle réellement cette femme glaciale et justement incapable d'afficher une seule émotion "normale" ?

"Maigret & M. Charles", un "Maigret" que vous ne regretterez pas. Promis. ;o)
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Nous retrouvons Maigret à la veille de sa retraite; on lui propose un poste de bureau, mais lui veut rester fidèle au terrain.
Nous suivons une enquête "pépère" dans le milieu des boîte de nuit, qui, au grand désespoir de Maigret, ne servent pas de bières !

J'ai pris plaisir à suivre l'enquête, mais malheureusement j'ai trouvé qu'elle avait un dénouement rapide; encore une fois, on a une sorte de "deus ex machina"qui vient apporter la solution.
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