Citations sur Dans le Jardin de l'Ogre (233)
Loin de Paris, dans la petite maison de province, elle renoncerait à ce qui selon elle la définit vraiment, à son être vrai. Celui-là même qui, parce qu’il est ignoré de tous, est son plus grand défi. En abandonnant cette part d’elle-même, elle ne sera plus que ce qu’ils voient. Une surface sans fond et sans revers. Un corps sans ombre.
Elle compris très vite que le désir n'avait pas d'importance. Elle n'avait pas envie des hommes qu'elle approchait. Ce n'est pas à la chair qu'elle aspirait, mais à la situation. Être prise. Observer le masque des hommes qui jouissent. Se remplir. Goûter une salive. Mimer l'orgasme épileptique, la jouissance lascive, le plaisir animal. Regarder partir un homme, ses ongles maculés de sang et de sperme.
L’érotisme habillait tout. Il masquait la platitude, la vanité des choses. Il donnait du relief à ses après-midi de lycéenne, aux goûters d’anniversaire et même aux réunions de famille, où il se trouve toujours un vieil oncle pour vous reluquer les seins. Cette quête abolissait toutes les règles, tous les codes. Elle rendait impossible les amitiés, les ambitions, les emplois du temps.
Elle comprit très vite que le désir n’avait pas d’importance. Elle n’avait pas envie des hommes qu’elle approchait. Ce n’était pas à la chair qu’elle aspirait, mais à la situation. Être prise. Observer le masque des hommes qui jouissent. Se remplir. Goûter une salive. Mimer l’orgasme épileptique, la jouissance lascive, le plaisir animal.
Elle ne sait pas ce qui fait plaisir à Richard. Ce qui lui fait du bien. Elle ne l’a jamais su. Leurs étreintes ignorent toute subtilité. Les années n’ont pas amené plus de complicité, elles n’ont pas émoussé la pudeur. Les gestes sont précis, mécaniques. Droit au but. Elle n’ose pas prendre son temps. Elle n’ose pas demander. Comme si la frustration risquait d’être si violente qu’elle pourrait l’étrangler.
Le vertige, c'est autre chose que la peur de tomber. C'est la voix du vide au-dessous de nous qui nous attire et nous envoûte, le désir de chute dont nous nous défendons ensuite avec effroi. Avoir le vertige c'est être ivre de sa propre faiblesse et on ne veut pas lui résister, mais s'y abandonner. On se soûle de sa propre faiblesse, on veut être plus faible encore, on veut s'écrouler en pleine rue aux yeux de tous, on veut être à terre, encore plus bas que terre.
(Milan Kundera "L'insoutenable légèreté de l'être")
À une veuve, on pardonne beaucoup de choses. Le chagrin est une excuse extraordinaire. Elle pourrait, tout le reste de sa vie, multiplier les erreurs et les conquêtes, et l’on dirait d’elle : « La mort de son mari l’a brisée. Elle n’arrive pas à s’en remettre. »
L'amour, ça n'est que de la patience. Une patience dévote, forcenée, tyrannique. Une patience déraisonnablement optimiste.
L’amour, ça n’est que de la patience. Une patience dévote, forcenée, tyrannique. Une patience déraisonnablement optimiste.
Il approche sa bouche et une onde électrique parcourt le ventre d'Adèle. La décharge atteint son sexe, le fait exploser, charnu et juteux, comme un fruit qu'on épluche. La bouche de l'homme a le goût du vin et des cigarillos. Un goût de forêt et de campagnes russes.