Ce tome fait suite à Amazing Spider-Man: Worldwide Vol. 3 (épisodes 12 à 15, annuel 19). Il comprend les épisodes 16 à 19, ainsi que l'histoire courte (9 pages) parue dans Free Comics Book Day, initialement parus en 2016, écrits par
Dan Slott (avec l'aide de
Christos Gage pour l'épisode 19). Les épisodes 16 et 19 sont dessinés par
Giuseppe Camuncoli et encrés par Cam Smith. Les épisodes 17 & 18 sont dessinés par R.B. Silva et encrés par Adriano di Benedetto.
Marte Gracia a réalisé la mise en couleurs des épisodes 16 à 18. Celle de l'épisode 19 a été réalisée par
Jason Keith. L'introduction de 9 pages a été dessinée et encrée par Javier Garrón, avec une mise en couleurs de Frank d'Armata. La même équipe a réalisé les 8 pages supplémentaires finales. Les couvertures ont été réalisées par
Alex Ross.
Prologue - Peter Parker est en train de prendre un café en terrasse, avec Max Modell, quand il entend le bruit de sirènes de police. Il s'excuse platement et se rend sur le site en tant que Spider-Man pour y découvrir Rhino (Aleksei Sytsevich) et l'épouse de Wilson Fisk. Épisodes 16 & 17 - John Jonah Jameson senior (l'époux de tante May) est hospitalisé pour une pathologie grave. Rita Clarkson vient trouver J. Jonah Jameson, May Parker Jameson et Peter Parker, dans la chambre d'hôpital du malade pour leur proposer un traitement révolutionnaire, développé par l'entreprise New U Technologies (dirigée clandestinement par le nouveau Jackal). Les 3 personnes demandent le temps de la réflexion.
Peu de temps après, un incident industriel se produit dans une des usines de production de Parker Industries, à Edmond dans l'Oklahoma. Spider-Man intervient en urgence, sauvant 6 employés, dont Jerry Saltares coincé sous des décombres. Devant l'état clinique désespéré de ce dernier, il accepte de faire appel à New U Technologies dont l'intervention sauve effectivement la vie de l'employé. Mais le sens d'alerte de Peter Parker se déclenche auprès de l'employé, après l'opération. Épisode 18 - Otto Octavius a donc survécu, d'une certaine manière, et il a une vision de la situation assez particulière, ce qui l'amène à prendre des décisions radicales. Épisode 19 - Conscient de la détérioration de son état clinique, John Jonah Jameson senior charge Peter Parker d'aller chercher un souvenir de famille qu'il souhaite transmettre à son fils. Épilogue (8 pages) - Jackal contacte Wilson Fisk, et essaye de le convaincre avec l'aide de Rhino.
En entamant ce tome, le lecteur est conscient qu'il constitue un prologue au prochain événement de grand ampleur associé à Spider-Man : The clone conspiracy dessiné par
Jim Cheung. D'un côté, le scénariste place donc ses pions au bon endroit pour le déroulement de l'événement à venir. de l'autre côté,
Dan Slott continue de tisser patiemment son intrigue. Dans les tomes précédents, le lecteur avait déjà pu constater le retour à la vie d'un certain nombre de personnages décédés. Ici, il assiste au retour de personnages défunts plus significatifs dans la série, une montée en puissance progressive. Il était donc inéluctable que ces retours finissent par être remarqués de Peter Parker. le lecteur constate que certaines intrigues secondaires ont été préparées et développées depuis de nombreux épisodes. C'est ainsi qu'il voit revenir Francine Frye apparue pour la première fois dans The Parker luck. Il reconnait également la structure narrative de
Dan Slott. Ce scénariste n'hésite pas à introduire des changements majeurs, comme Peter Parker chassé de son corps dans Superior Spider-Man, avec le sous-entendu que tout reviendra à la normale par la suite, parce que ces changements sont trop importants. En cela, il respecte les règles du jeu des comics qui veulent que tout changement soit éphémère et illusoire, pour pouvoir protéger les propriétés intellectuelles que sont les personnages. le lecteur sait que tout reviendra à la normal à plus ou moins brève échéance, mais il peut profiter de cette illusion du changement, propice à des histoires différentes.
Le lecteur sourit en voyant le sadisme avec lequel
Dan Slott place Peter Parker dans une position impossible : sauver le père de J. Jonah Jameson, qui est le mari de tante May en le confiant à des criminels, ou espérer que les moyens classiques de la médecine suffiront. Il apprécie la manière dont Parker prend ses responsabilités en tant que chef d'entreprise. Il éprouve une forte empathique pour Hobie Brown, se retrouvant à accomplir une mission particulièrement délicate pour le compte de Peter Parker. Par contre, il éprouve des difficultés à s'intéresser aux déboires et aux élucubrations d'Otto Otavius. Il est visible que
Dan Slott veut placer Otavius dans une certaine situation à l'issue de l'épisode 18 et que tous les moyens sont bons, à commencer par une caractérisation bien arrangeante du personnage. Certes Otavius reste le même : haute estime de sa personne, conviction d'être le plus malin, décision au mépris des autres. Mais sur le plan moral, c'est comme s'il avait déjà tout oublié de la période Superior.
Outre ces caractères un peu malléables en fonction des nécessités de l'intrigue, le lecteur a du mal à croire à la maladresse de certains passages. Il éprouve parfois l'impression de revenir quelques dizaines d'années en arrière.
Dan Slott ne peut pas s'empêcher de camper Jackal, un verre à la main, face à Kingpin, alors qu'un affrontement physique fait rage dans la même pièce. Il apparaît comme un méchant d'opérette, un cliché d'un autre âge. À plusieurs reprises, l'écriture de
Dan Slott pèche par manque de nuance. C'est comme si l'énergie et l'investissement nécessités pour écrire et piloter un événement de grande envergure l'empêchait de s'impliquer suffisamment dans les épisodes de la série mensuelle. La référence à Amazing Spider-Man 33 (1966) est gratuite et sous-employée. L'épisode 19 essaye de faire renaître la culpabilité de Spider-Man pour la mort d'une autre personne sur sa conscience, avec des dialogues d'une rare platitude qui désamorce le drame. L'épilogue met en scène Wilson Fisk comme s'il s'agissait du premier maître d'un empire criminel venu, sans aucune sensation de son histoire et de son charisme. Comme dans les tomes précédents,
Dan Slott ne dispose pas de la place nécessaire pour faire exister l'ensemble des personnages de la distribution, ce qui réduit May Parker, J. Jonah Jameson, Anna Maria Marconi et tant d'autres, à de simples dispositifs narratifs sans personnalité.
Le lecteur remarque également que la narration à marche forcée concerne aussi la partie graphique. Il retrouve Javier Garrón pour un peu moins de 20 pages. Comme les autres artistes de la série, il s'inscrit dans un registre descriptif, avec un bon niveau de détails, supérieur aux autres. Il est de ce fait agréable de pouvoir se projeter dans des lieux consistants, au milieu de personnages particuliers. Par contre le regard tique un peu devant des morphologies bizarres (des bras un peu longs), ou des perspectives étranges. Il passe ensuite à un épisode dessiné par Camuncoli que l'on retrouve également sur le dernier épisode. La composition des cases est un peu moins chargée pour une narration plus fluide. Ce dessinateur a conservé sa façon de représenter les visages, avec des traits un peu appuyés qui donnent plus de poids aux expressions et donc aux sentiments.
Camuncoli est toujours aussi convaincant dans des registres très différents. Il sait rendre visuellement intéressantes les évolutions de la Spider-Mobile améliorée, et les acrobaties de Spider-Man à travers le ciel, de building en building. Son hommage à la célèbre scène de Spider-Man coincé sous des décombres est impeccable, respectueuse de
Steve Ditko tout en en donnant une autre interprétation. Il sait tout aussi bien rendre de compte de la tension ou de l'inquiétude qui habitent les personnages, en particulier ceux préoccupés par la santé de John Jonah Jameson senior. Il conçoit des mises en scène vivantes et crédibles, même quand la chambre d'hôpital devient dangereusement sur-occupée. le lecteur n'a d'autre choix que de faire mauvaise fortune bon coeur, et d'accepter que 2 épisodes soient dessinés par R.B. Silva. Cet artiste fait un effort visible pour s'approcher de l'apparence des dessins de Camuncoli, mais sans ces traits secs qui marquent les visages. Il adoucit les contours des personnages, les rendant un peu plus ronds. Son découpage de planche est un peu moins clair que celui de Camuncoli. Il est visible également qu'il est un petit moins intéressé par les arrière-plans, sans que cela ne dégénère jusqu'à des planches vides de tout décor.
Ce quatrième tome de la version worldwide de Spider-Man emmène le lecteur dans un spectacle visuel globalement de bonne qualité, avec de petites baisses dues au passage d'un artiste à un autre. Par contre le récit est entièrement tourné vers l'intrigue à venir ce qui fait ressortir les points faibles de l'écriture de
Dan Slott. Comme d'habitude, la distribution de personnages est pléthorique, mais ils n'ont pas le temps d'exister. Pus que d'habitude, le scénariste donne l'impression de ne pas avoir assez de temps pour peaufiner ses dialogues, ce qui fait ressortir la mécanique artificielle de l'intrigue, aux dépends de la crédibilité des personnages.