Dans les mots d'une poétesse le verbe voyager connaît de multiples synonymes. Il peut s'agir de parcourir le monde, de New-York à Berlin, de Tokyo à Reykjavik, de Tanger à Charleville-Mezières. Mais voyager, c'est aussi se laisser emporter par les rêves, les livres, les souvenirs ou encore sa propre imagination.
Patti Smith combine un peu de tout cela, visite la tombe de
Jean Genet, de Silvia Plath, de
Rimbaud, y dépose des symboles ou y fait des serments ; elle relit Camus, Woolf ou Murakami, elle s'endort dans la maison de
Frida Kahlo, boit des litres de café, prend des multitudes de polaroïd, écoute un cowboy philosophe qui lui apparaît en songe, parle aux objets du quotidien (qui lui répondent) ou à ses défunts (qui lui envoient des signes). Et nous voyageons avec elle. Partageons ses observations sur le travail de création et ses questionnements sur le temps, la mort, les relations qu'entretient la réalité avec le rêve, le souvenir ou encore la fiction romanesque. Elle nous dépeint sa vie de femme seule, veuve trop tôt, et pourtant liée à des vivants de chaque continent... autant qu'à des morts de toutes époques.
Patti Smith a une écriture délicate, une réflexion profonde et une manière de partager autant ses émotions que les détails très précis de son quotidien, comme des balises sur un parcours mouvant.
Dans cette exploration de ces quelques décennies de sa vie, elle nous offre un très beau voyage.