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3,48

sur 234 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'histoire de ce roman résulte « d'un jeu de téléphone arabe artistique ». Ce n'est pas moi qui le dit mais le groupe de hip-hop Clipping. En effet, dans les années 90,un mythe afrofuturiste voit le jour grâce au groupe Drexciya. L'élément central de ce mythe est un peuple sous-marin issu des esclaves africaines enceintes jetées par-dessus bord.Un nouveau peuple né du chaos. Les foetus plus fort que la mort et qui ont su s'adapter à leur nouvel environnement.


« Souvenez-vous. Dit-elle. Souvenez-vous »
Dans Les Abysses , Rivers Solomon reprend ce postulat. Nous suivons Yetu, l'historienne des Wajinrus, ce peuple sous-marin apparenté aux sirènes. Chaque année il y a la cérémonie du «Don de mémoire », durant laquelle l'historienne partage avec ses congénères tous les souvenirs de son peuple. Seule une personne de la tribu détient les clés du passé. Un lourd fardeau pour Yetu, toutes ces « souvenances » sont pour elle de plus en plus difficile à porter. Elle veut être libre. Revenir avant ses 14 ans. Être exempt du poids du passé. Elle va alors prendre une décision radicale…


C'est un récit fantastique certes, mais ne vous arrêtez pas au genre et n'ayez pas peur de vous lancer si vous n'êtes pas adeptes habituellement. Ici les Wajinrus ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Attention ce n'est pas un récit centré sur ces femmes sacrifiées lors des traversées. Elles ne sont « que » la genèse de ce mythe. Une partie qui aurait pu être plus développée mais je ne crois pas que l'envie de l'auteure eut été de traiter ces destins tragiques. Ici c'est bien le poids du passé, de l'importance des origines, du genre et de l'amour qui transcende le genre(peuple hermaphrodite et Rivers Solomon est transgenre). Sommes-nous plus heureux en occultant le passé ? Et à contrario comment vivre avec un passé riche en souffrances ?


Un roman singulier dans lequel je me suis peu à peu laissée emporter. Si bien que je n'ai plus vraiment fait de différences entre les Wajinrus et nous les « deux jambes », « les nageoires fendues ». Cependant il y a bien quelque chose qui nous différencie et qui est toujours d'actualité : la cruauté humaine…
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Commençons par la fin du livre... qui en explique la genèse ! L'idée de départ vient d'un groupe de techno des années 90, Drexciya, reprise dans une autre chanson, hip hop cette fois, de clipping., que Rivers Solomon étoffe à sa manière en en faisant un roman.
Ce "mythe afrofuturiste" fait des bébés des femmes esclaves enceintes jetées par dessus bord, les premiers représentants d'une race de sirènes.
Des siècles plus tard, nous suivons les aventures de l'une d'elle, Yetu, historienne de son peuple, les Wajinrus.
Au travers de ses questionnements, de ses doutes, de ses "souvenances", nous bouchons quelques trous de cette Histoire. Depuis la noyade des meres humaines jusqu'au développement de cette civilisation des abysses.
Après le "Sirènes" de Laura Pugno, une nouvelle réjouissante variation sur le thème de ces créatures marines.
Le texte est jalonné de réflexions sur L Histoire, la mémoire, le besoin ou non pour un peuple de connaître son passé.
Malgré le format relativement court du roman, j'ai néanmoins trouvé que l'héroïne nageait un peu en rond. Que l'on tournait autour du pot, sur ses souffrances et ses doutes. Comme je l'ai lu dans une autre critique, une multiplication de récits des souvenances aurait été appréciable et aurait permis de tracer d'autres lignes de l'histoire de ce peuple.
Ceci étant, la lecture est très plaisante et j'ai adoré la façon dont la civilisation, la vie sous-marine est brossée - à tel point que j'en aurais voulu plus !
Une belle lecture mais qui en garde sous la nageoire.
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Le 2ème roman de Solomon montre une autre forme de maîtrise de la narration : avec un propos plus concis, iel réussit une histoire finement ciselée dans un univers presque fantastique. le récit a des allures de conte, autant dans le style que dans ses inspirations afro-futuristes. Même si j'ai été moins touché par Les Abysses que par L'incivilité des fantômes, ce roman est absolument nécessaire pour aborder le sujet de la mémoire collective, du trauma et du sentiment d'appartenance. Sa dimension poétique le rend accessible aux débutant.es en SF, mais les fans du 1er roman de l'auteur.ice seront peut-être déçu.es par cette SF 'biologique' plus que technologique.
À lire en se laissant porter par le courant : si vous luttez, vous risquez de vous noyer
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A la lecture du résumé, je pensais que le récit parlerait de la traite négrière.
Or, ici le sujet principal est l'importance des souvenirs.

Difficile de résumer sans en dire trop, le livre faisant moins de 200 pages.

Dans les abysses, Yetu est une historienne, qui a été choisie comme réceptacle par son peuple pour contenir la mémoire de leur passé et leur éviter une souffrance perpétuelle. Une fois par an, elle leur rappelle leur histoire.

Le sujet était très intéressant et le traitement par les sirènes était surprenant.
On comprend très vite que le récit parle du devoir de mémoire, de sa transmission, de l'apprentissage d'un passé traumatique, de la construction d'une identité sur cette base.

Toutefois, j'aurais voulu rester sous l'eau avec Yetu plus longtemps, en apprendre encore plus sur le passé de son peuple, sur l'esclavage dont il avait été victime, tout en évitant certains passages avec la deux jambe qui m'ont semblé beaucoup trop long.

En conclusion, une très belle découverte inattendue, mais qui aurait pu être beaucoup plus impactante.
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J'ai été très surprise en lisant les avis des lecteurs après l'avoir terminé puisque je suis dans la minorité : j'ai vraiment adoré cette histoire. Je les rejoins cependant sur le fait qu'un développement approfondi de certaines thématiques aurait apporté un énorme plus. Mais, j'ai interprété cette absence d'informations comme un choix conscient qui permettait aux lecteurs de développer leur propre vision des choses.
Le problème vient très certainement de la quatrième de couverture qui parle au final d'une chose qui n'est que vaguement effleuré : le passé. L'histoire se déroule des années après les événements décrits.

On y croise peu de personnages mais les plus important.e.s sont ceux qui ont retenu mon attention : Yetu et Oori. L'une est un être vivant sous la mer, l'autre une humaine. Leurs histoires personnelles se ressemblent mais divergent sur le point principal : l'une a accès à la sauvegarde de l'histoire de sa famille et de son peuple, l'autre non.
L'histoire, la mémoire, le genre, le racisme, le respect des différences… Beaucoup de sujets sont effleurés dans ce tout petit roman. J'ai particulièrement apprécié que Rivers Solomon place l'histoire du point de vue de Yetu. Elle pour qui le genre est un concept inconnu puisque les Wajinru peuvent choisir et changer à leur gré, se trouve un peu démunie face aux explications que lui donne Oori.

J'ai aussi adoré les questions qui découlent du statut d'historienne de Yetu. le fait de ne pas se souvenir des moments tragiques est-il vraiment salvateur ? Faire tout peser sur une personne n'est pas trop demander ?

C'est un petit ouvrage très abordable que j'ai adoré et qui me donne envie de me plonger dans les 2 autres livres traduits en français que je possède également !
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Pas facile, comme lecture. J'ai eu peur pendant longtemps de ne pas réussir à émotionnellement me décider entre l'ennui et le malaise dû à un récit réussi mais volontairement abrupt.
Finalement, je pense que c'était le deuxième, notamment grâce à une formidable intrication allégorique dans le fil du récit, et une conclusion assez sublime aux deux niveaux.
Pas forcément une lecture évidente, mais qui confirme le talent de son auteurice, et mon envie d'en lire plus de sa part.
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"Les abysses" revisite intelligemment le mythe des sirènes. J'ai beaucoup aimé l'inventivité de cette origine, mêlée de cruauté mais aussi d'espoir. J'ai aussi apprécié l'utilisation du toucher comme mode de communication, ce qui rend les relations à la fois très personnelles et un peu envahissantes.
Le personnage de Yetu est un personnage tourmenté. Rivers Solomon la décrit avec beaucoup de justesse. J'ai apprécié aussi qu'elle ne résolve pas toutes ses contradictions, mais qu'y réfléchir la mène sur une nouvelle voie, plus positive et pleine d'espoir.
Le roman aborde des thèmes très fort, notamment ce qui fait un peuple, non pas au sens patriotique mais au sens social. La place de l'Histoire dans la construction communautaire et personnelle. La légitimité ou pas de sacrifier un membre d'une communauté au nom du bien commun. le partage des pensées et des émotions, la compréhension mutuelle et personnelle, et bien d'autres.
Le seul défaut de ce livre est son résumé en quatrième de couverture : il en dit trop sur L Histoire des sirènes et ne dit rien sur le parcours de Yetu.
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Dévoré en un jour, "Les Abysses" de Rivers Solomon est un livre qui s'inscrit dans le courant de l'afrofuturisme. C'est aussi un roman prenant part à un cycle d'oeuvres, dont il est je pense inséparable pour bien en saisir l'impact.

Tout commence avec le groupe Drexciya, duo de la scène techno qui dans les années 1990 invente un mythe afrofuturiste dont l'élément central était une civilisation sous-marine. En 2017, le groupe de hip-hop "clipping." a repris ce mythe dans le single "The Deep" et, en 2019, c'est à Rivers Solomon de transformer ce mythe en livre.

"Les Abysses" est donc un roman qui parle d'une espèce sous-marine, descendante des esclaves qui ont été jetés à l'eau durant la période du commerce triangulaire. Yetu est l'historienne chargée de rappeler à toute son espèce le passé sombre qu'ils ont subi, mais ce poids la fragilise en tant qu'être. Lors d'une cérémonie chargée de redonner la mémoire au peuple, elle va s'enfuir pour se libérer de ce joug.

Il s'agit d'un roman fantastique, mais surtout d'un récit nous rappelant cette période sombre de l'histoire, pour que l'on n'oublie jamais ce qui est arrivé à toutes ces personnes.
L'action n'est évidemment pas au rendez-vous, et le rythme est plutôt lent, mais il y a tout de même une trame narrative qui se dégage clairement avec l'histoire de Yetu, et les différents flashbacks des précédents historiens.
Il s'agit du premier roman "afro-futuriste" que je lis, et même si je ne pense pas que ce soit le plus marquant de ce genre-là, le contexte de création et le poids de l'Histoire durant l'ensemble du récit à rendu cette lecture très intéressante.

Je ne peux que vous conseillez de le lire en une fois (je pense que ça a aidé à m'immerger totalement dans le récit), tout en écoutant des musique de "clipping." (évidemment le single "The Deep", mais je vous recommande aussi "Visions of bodies being burned", ce groupe est excellent).
Grâce à cette lecture, j'ai découvert un.e nouvel.le auteurice, un nouveau genre et un nouveau groupe : que demandez de plus ?

Je remercie les éditions Aux Forges de Vulcain pour l'envoi de ce roman 🙏
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Voilà un récit nuancé auquel nous invite ce roman à lire entre les lignes. Métaphorique, mais toujours d'une étonnante clarté et distillant un nombre incroyable de thématiques. Au point d'en rester souvent bouche bée devant tant de clairvoyance, avec l'envie de surligner nombre de passages du texte, encore et encore. Il est d'une telle force émotionnelle, poétique et d'évocation qu'il est à conseiller au plus grand nombre. L'aspect fantastique n'est qu'un prétexte pour faire réfléchir sur des sujets profonds et ressentir des troubles face à ceux du personnage principal
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Résumé : Lors du commerce triangulaire des esclaves, quand une femme tombait enceinte sur un vaisseau négrier, elle était jetée à la mer. Mais en fait, toutes ces femmes ne mouraient pas. Certaines ont survécu, se sont transformées en sirènes et ont oublié cette histoire traumatique. Un jour, l'une d'entre elles, Yetu, va le leur rappeler, dans ce roman d'émancipation, magique et réflexif, sur la condition noire et sur l'impossibilité d'une justice, en l'absence de vérité.

Un roman poétique mélangeant fantasy et historique. Nous plongeons dans les profondeurs des océans à la découverte des souvenirs d'un passé douloureux.
Une très belle découverte livresque que je recommande.
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