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Cette tragédie porte bien son titre, car le personnage éponyme est véritablement l'héroïne de l'histoire. Électre semble pourtant bien larmoyante et impuissante face à l'arrogance de son beau-père Égiste et à la rigueur d'une mère intraitable Clytemnestre. Tout semble dépendre du seul Oreste, le frère libérateur et vengeur tant attendu. Pourtant, c'est bien Électre qui sauve son frère d'une mort certaine en le plaçant loin de Mycènes. C'est bien elle qui rappelle au peuple le crime des usurpateurs par ses plaintes incessantes et ses invectives. C'est encore Électre qui relance le désir de vengeance de son frère quand elle sent son sentiment faiblir au moment crucial.

Lu dans le premier volume des Tragiques Grecs n°193 de la Pléiade, traduction de Jean Grosjean.
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Le sujet d'Electre est le seul à avoir été traité par les trois grands tragiques. J'ai un faible pour Euripide mais la version de Sophocle mérite amplement d'être lue et vue. Elle me parle moins car elle semble glorifier le matricide et faire d'Electre et d'Oreste de vrais héros mais il faut se mettre dans le contexte d'écriture.
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Avec l'aide de son amant Egiste, la perfide Clitemnestre a assassiné son époux Agamemnon, auquel elle n'a jamais pardonné le sacrifice de sa chère fille Iphigénie. Pour Electre, le meurtre de son père est irrémissible, à présent que sa mère et son amant souillent de leur présence le palais du défunt roi de Mycènes. Bien que tout le monde soit au courant de l'assassinat d'Agamemnon, personne n'ose se dresser contre les deux usurpateurs. Seule Electre affronte le courroux de sa mère. Elle espère le retour d'Oreste, le seul qui soit le plus à même de remédier à la situation et de mettre un terme aux machinations de Clitemnestre. En Grec, Electre signifie "ambré", et par extension, "brillant", "incandescent". Car, vous vous en doutez, c'est grâce à elle que des vérités soigneusement et sournoisement enfouies vont éclater au grand jour.

En dépit de sa brièveté, cette pièce brille par les rebondissements qui la ponctuent et les tensions presque tangibles entre les personnages: j'ai été stupéfait de voir à quel point les rapports entre Electre, Clitemnestre et Chrysothémis devenaient masochistes tout au long de la pièce. Electre ne veillit pas, comme le montrent les nombreuses interprétations que l'on a faites de la pièce, du rapport entre la fille et le père (on parle régulièrement d'un "complexe d'Electre de nos jours, l'équivalent du complexe d'Oedipe pour une fille).
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Troisième version antique de la légende d'Electre que je lis. Après Eschyle (fiasco) et avant Euripide (excellent) c'est l'élève Sophocle qui s'y colle.

Je ne vais pas rabâcher longtemps le pitch hein. Clytemnestre a assassiné son époux Agamemnon qui avait sacrifié leur fille Iphigénie pour acquérir un sauf conduit pour Troie. Elle a été aidée par Egisthe, un cousin d'Agamemnon qui devient son amant.
Electre, autre fille du couple, ne songe qu'à la vengeance. Mais elle ne peut pas grand-chose à part faire la gueule tout le temps. Elle atteint son frère Oreste qui finira par revenir et tous les deux se vengeront des infâmes assassins de leur père (commettant au passage un matricide).

Sophocle focalise sur l'événement que constitue le retour d'Oreste. Il développe la pièce autour de ça et évacue assez rapidement à la fin le meurtre de Clytemnestre et d'Egide – dans cet ordre contrairement à ce qu'ont écrit Eschyle et Euripide. L'auteur donne tout le temps à Electre pour conter son désespoir de vivre aux côtés des assassins de son père, sa profonde envie de vengeance. Il la confronte au choeur, à sa soeur Chrysothémis (jamais apparue dans les autres versions de la légende) qui est plus « raisonnable », plus prête à accepter la situation. le duo Electre/Chrysothémis ressemble au duo Antigone/Ismène : l'implacable volonté d'un individu fort face à la raison prête à céder devant l'autorité du moment.
Et bien sûr l'échange venimeux avec Clytemnestre est présent, toujours tourné sur la justification des envies de vengeance de l'une et de l'autre. Il est clair que Clytemnestre maltraite sa fille. Mais je me suis demandé si c'est pour elle une tactique destinée à la faire craquer, à la ramener dans son giron. Cela fait je crois qu'elle lui aurait à nouveau accordé son amour.

Sophocle développe le retour d'Oreste qui a monté un plan pour paraître incognito. Son ancien précepteur vient prévenir l'assemblée de Mycènes de la… mort d'Oreste. Et il se lance dans un long exposé épique et mythomane décrivant cette mort lors d'une course de chars. Cette partie est tout à fait inattendue et surprenante. Elle offre un contraste fort avec le sujet principal et l'occasion de satisfaire l'esprit patriotique de son public athénien car c'est un athénien qui gagne la course du récit.
Oreste est là, à côté, portant l'urne contenant les « cendres » de lui-même. Et il va prendre un temps fou à torturer sa soeur Electre. Celle-ci est évidemment effondrée depuis l'annonce de la mort de son frère. Et lui traîne les pieds avant de lui avouer qui il est. Sophocle prétend dans un vers que c'est parce qu'il n'a pas confiance dans les gens que représente le choeur, mais ça ne tient pas la route vu la vitesse à laquelle est évacué l'argument.

Comme je l'ai dit, les meurtres sont rapidement réalisés, libérant d'un coup la tension de l'attente du public. On ne verra pas Oreste poursuivi par les Erinyes comme dans les deux autres versions antiques. Justice est faite et bien faite à la fin.
Seul mystère : comment Chrysothémis a pris le meurtre de sa mère par son frère qui a dû avoir lieu sous ses yeux ? Personne n'en sait rien.
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Passions et déceptions, amour filial et fraternel.

Bastions qui se terrent et s'affrontent l'un et l'autre par dépit et honneur réprimé.

A découvrir et faire connaître.
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Traduction de Paul Mazon.

Selon l'histoire bien connue, Électre attend à Mycènes le retour de son frère Oreste, espérant qu'il viendrait venger la mort de leur père Agamemnon. Ce dernier a été traîtreusement tué par leur mère Clytemnestre et par Egisthe son amant à son retour de la guerre de Troie. La version de Sophocle, nous présente une Electre à l'état de servage et de mendicité au palais de sa mère, là où, chez Euripide, elle était seulement mariée à un jardinier.

Or Oreste a décidé de faire courir le bruit de sa mort, afin de mieux surprendre ses ennemis et de pouvoir préparer sa vengeance, bruit qui atterre Électre autant qu'il soulage Clytemnestre, terrifiée par des songes comminatoires...

Un texte extrêmement vivant, notamment dans les stichomythies, mais même dans les tirades. En revanche, je préfère nettement la version d'Euripide, moins statique, plus dramatisée dans le dénouement. Pour le lecteur (spectateur, je ne sais pas) d'aujourd'hui, les sarcasmes et les jeux de mots à double de sens d'Oreste et de sa soeur sont assez lourds.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Comment rendre intéressante une histoire éculée déjà connue de tous ? C'est un peu la question que je me posais à l'épisode précédent, en lisant l'Electre des Choéphores d'Eschyle.

Réponse de Sophocle, telle que je me l'imagine. Elle est double : le coeur et l'esprit.

1 – Créer une charge émotionnelle forte, via une petite variante sur le mythe par exemple : Electre croit son frère mort avant de le retrouver, double émotion. Par une écriture qui laisse passer plein d'émotions, déchirante, qui me font paraître Eschyle et Euripide froids par contraste. Et surtout, là où les deux autres laissent entendre des cris, ou en font le récit après coup, Sophocle nous offre une vraie mise en scène de la mise à mort bouleversante. Et il bâtit sa pièce en un vrai crescendo.

2 – Et malgré tout cela, il en profite pour poser des questions. Par exemple on retrouve la même question que dans Antigone, que je comprends mieux maintenant, si c'est la même. Ici, c'est Chrysothémis, soeur d'Electre et d'Oreste (inventée par Sophocle ?), qui joue un peu le même rôle qu'Ismène dans Antigone. Chrysothémis choisit le compromis, la soumission, la paix. Electre l'absolu, la lutte, la souffrance. Qui a raison ? Je n'ai pas l'impression que Sophocle nous le dise. Et puis aussi, Sophocle fait parler Clytemnestre, qui a l'occasion de justifier son crime (mais moins que chez Euripide).

Il ne me reste plus qu'à écrire aux scénaristes des films de super héros, avant le prochain épisode, sur l'Electre d'Euripide, mais sans aucun doute, à mes yeux Sophocle remporte haut la main le premier prix.
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Très belle pièce. Toute la beauté de la tragedie grecque présenté par Sophocle. Cette pièce est la fin de la malédiction qui frappe les Atrides, Sophocle le présente sous un nouveau jour, un jour crutial, le personnage d'electre est fort pour l'époque et Orestre un frère vengeur. Même leur soeur, souvent absente dans les autres représentation du mythe à un role important. Belle pièce classique qu'on peut lire pour le plaisir du classique sans connaissance spécifique, mais en avoir un peu sur les tragédies classiques est un plus
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Sophocle est sans conteste mon auteur préféré parmi les tragiques grecs. Il y a une profondeur, une vitalité d'écriture, et même — même ! — j'ose le prétexter, au creux d'une ou deux tirades, parfois, parmi tout ce tragique, une once de comique, un zeste de pétillance. C'était vrai pour Ajax et ça l'est encore selon moi pour Électre.

À beaucoup d'égards, et ce rapprochement a déjà été fait moult fois, Électre est une héroïne qui rappelle énormément Antigone : une rebelle, une fille de roi, qui s'oppose au roi en place, qui préfère prendre des coups, risquer sa vie et la disgrâce plutôt que de lâcher d'un pouce sur la question de l'honneur, et notamment l'honneur dû aux morts.

Ici, la fibre tragique est encore plus tendue car le responsable de la mort d'un père n'est autre que sa propre mère. Aussi, venger l'un équivaut à commettre un odieux parricide envers l'autre. Douloureuse alternative. Mais ça, ce n'est pas tellement son problème car si meurtre il y a, ce devra être l'oeuvre d'Oreste, son frère bienaimé qu'elle a soustrait jadis aux griffes meurtrières de sa mère, Clytemnestre et de son nouvel époux, Égisthe.

Électre passe donc une bonne partie de son temps à se lamenter sur son sort tragique, celui d'avoir vu son père, Agamemnon, assassiné sous les ordres de sa propre mère par le fourbe Égisthe, celui de subir au quotidien les brimades engendrées par son manque d'allégeance au nouveau couple royal, celui de savoir son frère vivant mais ne tentant toujours aucune action pour venir restaurer l'honneur meurtri de son père.

Il est à noter également que, comme dans le cas d'Antigone, Électre est accompagnée d'une soeur non rebelle, qui l'enjoint à accepter son sort sans trop de mauvais ressentiment et qui ne fera rien pour aller contre la volonté des maîtres, creusant ainsi, s'il en était besoin, le fossé entre l'attitude " commune " de la soeur, ici Chrysothémis, et l'attitude de l'héroïne en ce qui concerne la question du droit, de la morale, du légitime et du respect des règles publiques établies.

Tout semble tourner court lorsqu'on vient annoncer à l'infortunée Électre que son malheureux dernier espoir, Oreste, vient de trouver accidentellement la mort lors de festivités dans une cité voisine (festivités proches des jeux olympiques).

La terre s'arrête presque de tourner pour notre rebelle en mal d'action mais...,
mais...,
... toutes les informations sont-elles toujours fiables ? C'est ce que je vous laisse le soin de découvrir par vous-même. Il me reste peut-être encore à tâter deux ou trois mots quant au sens probable, civique et religieux, que cette tragédie revêtait durant l'Antiquité. Il faut peut-être y voir le fait que les dieux sont au-dessus de tout et que, peu ou prou, ils font concourir les événement à la justice. Que le fourbe qui a gagné par félonie sur le juste ne se réjouisse pas trop vite, son tour viendra... les dieux n'oublient jamais rien ni personne ! gnarf ! gnarf ! gnarf ! (rire sadique.)

J'ai hésité longuement à pousser mon appréciation jusqu'à quatre étoiles car, sur l'ensemble de l'impression laissée par cette pièce, pour un lecteur ou un spectateur du XXIème siècle, on ne va pas au-delà d'une impression moyenne. Toutefois, je tiens à saluer cette grande audace stylistique, ce tonique incroyable, cette palpitante écriture qui intervient lors du récit du drame de la course de chevaux.

N'oublions pas que cela a été écrit il y a 2500 ans, qu'il s'agit de théâtre, que le jeu d'acteur est alors très différent de ce qu'on l'imagine aujourd'hui et pourtant, Sophocle nous décoche une scène d'une vivacité d'écriture qui annonce déjà franchement un genre encore inconnu à l'époque et qui fera long feu : le roman.

Rien que pour cette scène, Sophocle peut être qualifié de génie de la littérature. C'est tellement vivant, c'est tellement intense comparativement à ce qui se faisait en ce temps-là que ça mérite un très grand coup de chapeau et tout notre respect. Saurions-nous, aujourd'hui, nous qui ricanons parfois du côté un peu vieillot de certaines pièces, apporter autant d'innovation, autant de jus, autant de style que Sophocle en apporta à l'écriture de son temps ? Alors, respect, Monsieur Sophocle, pour vous qui sûtes électriser les foules avec votre Électre. Au demeurant, ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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En m'attaquant à Electre, je m'imaginais tourner les pages en rechignant, persuadée que la lecture de cette pièce serait torture...
Et pourtant, non!
L'histoire, le désir de vengeance d'Electre et d'Oreste est prenant, et la traduction que j'ai lu (V-H Debidour) est très fluide, se lit très rapidement.
Electre est une pièce poignante, pathétique, notamment pour son héroïne, déterminée coûte que coûte à venger son père. Ses larmoiements incessants, cette rancune contre sa mère rendent cette héroïne à la fois antipathique et pourtant, on pourrait presque la comprendre...
Même si malgré tout, Clytemnestre mérite aussi de la compréhension..
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