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3,82

sur 239 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre m'a été prêté par ma cousine car elle sait que je m'intéresse énormément à la figure de la sorcière. Elle m'a vendu ce livre en me disant qu'elle était sûre qu'il allait me plaire, vu le sujet traité et l'approche de l'autrice. Je n'ai pas voulu en savoir plus et je l'ai pris.

Je n'avais donc aucune attente particulière concernant cette lecture et pourtant elle fut des plus intéressante. Dans la première partie du roman, l'autrice pose des hypothèses vraiment très intéressante concernant la mémoire collective et notamment l'impact que les traumatismes ont sur cette dernière.
Les traumatismes étant ici les chasses aux sorcières qui ont tout de même duré près de deux siècles et fait des milliers de victimes.
Difficile de penser que ces événements n'ont pas laissé derrière eux des traces indélébiles dans la psyché des femmes.

Ce livre n'est en aucun cas un essai, il n'en a pas la prétention. Isabelle Sorente tente simplement de mettre des mots sur ces sensations qui nous traversent au cours de nos vies et nous donnent l'impression d'être des impostrices, des moins que rien, qui nous font constamment douter de nos valeurs.
Ces mots sont les siens, le fruit d'un immense travail d'introspection. L'autrice n'affirme pas que c'est la vérité, elle estime simplement que c'est la sienne. Libre à nous de nous y identifier ou pas.

Dans la deuxième partie du roman, l'autrice nous expose des événements de son passé qui l'ont construite malgré elle. Victime de harcèlement scolaire, Isabelle Sorente est encouragée à se livrer personnellement par la figure de la sorcière qui fait ici office de thérapeute. On quitte l'aspect recherches et théorique du roman pour plonger complètement dans l'autobiographie.

La troisième partie est celle qui m'a le moins parlée et pour laquelle je garde peu de souvenirs. Par contre j'ai énormément apprécié la dernière partie, où l'autrice invite ses amies proches à partager leurs propres expériences face à leur Inquisiteur intérieur. Ce chapitre m'a énormément touchée par tout ce qu'il dégage de vulnérabilité et de sororité.

En conclusion le complexe de la sorcière est un roman fort qui nous emmène dans une quête de soi particulièrement originale. Les théories émises par l'autrice - même si elles n'ont pas d'appuis scientifiques - sonnent juste et donnent de nouvelles perspectives à nos propres vécus.
C'est effectivement le genre de livre qui me restera longtemps en mémoire tant j'y ai trouvé une partie de moi-même.
Lien : http://www.cranberriesaddict..
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Sous couvert de la figure de la sorcière, ce livre à mi-chemin de l'enquête et du récit serait le début d'une explication au pourquoi les femmes depuis la nuit des temps, depuis les sombres heures du Moyen Age ont été malmenées, jugées, bafouées, brulées. Femmes instruites, femmes médecines, femmes herboristes, femmes indépendantes, femmes libres, mais surtout femmes gênantes ou convoitées !
Le prix à payer a été fort, au-delà de tout ce que l'on sait, le préjudice a été moral et s'est inscrit comme une cicatrice dans l'ADN féminin jusqu'à se perpétuer tel le complexe de la sorcière.
Isabelle Sorente, de façon intimiste et avec pudeur nous livre ses failles et ses brisures tapies dans l'ombre de ses souvenirs d'enfance et d'adolescence. le harcèlement dont elle fut victime, sa capacité à supporter. Parce qu'un jour, apparait une dame dérangeante au regard envoutant, venue lui demander des comptes. Il était temps d'affronter ses fantômes et de répondre aux questions, la dame tel un inquisiteur voulait des réponses sur l'enfance, l'amour, le pardon…
Une vie ne peut rester en chantier, vient un jour le temps des réparations, en revenant sur sa vie, l'auteure revient sur celle des générations passées, sa mère et sa grand-mère par le biais de son père.
Un livre pour apprendre, pour comprendre, pour cheminer car oui, ce livre continue son chemin après lecture, il remue, interroge.
Un livre dont j'ai beaucoup aimé les références : Anne Ancelin Schutzenberger et son approche psycho généalogique qui m'est si familière, les Béguines qui me sont si chères, leur savoir, leur liberté, leur choix.
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= le rapprochement entre l'histoire des sorcières et soi.=

Isabelle Sorente raconte dans son roman, qui peut paraître autobiographique (c'est du moins la sensation que j'ai eue) la vision qu'elle a eue en juin 2017.
Dans cette vision lui apparaît une sorcière, ou plutôt un visage qui va la hanter et changer sa vie.
Elle utilise le ‘‘je'' pour raconter l'histoire du roman et est écrivaine de métier et dans la vie également, ce qui renforce mon sentiment d'être dans une autobiographie.

Elle va décider de mener son enquête et faire des recherches sur les sorcières.
A travers ses recherches, elle va aussi se livrer via une psychanalyse qu'elle va entreprendre avec un psychanalyste.
Revenant ainsi sur soi-même, son passé et ses traumas enfouis.

‘‘Assister à des choses horribles peut-être aussi douloureuses que d'y survivre, c'est ce que les psys appellent les traumatismes transmis. Que ressentait celle qui voyait brûler sa voisine, que ressentait celle dont la mère avouait ? Comment ne pas douter à jamais de soi-même, comment être sûre de ne pas s'être vouée au diable, de ne pas porter en soi la faille terrifiante, celle qui vous damne à votre insu ?''

A travers ses recherches le lecteur apprend beaucoup de choses sur les sorcières, leurs apparitions, leurs meurs.
Le roman est très bien documenté ce qui en fait un livre riche en informations.
Les traumatismes subis dans pendant son adolescence et le rapprochement via ses recherches afin de comprendre le pourquoi de ce trauma.
Un livre très psychologique, une quête non seulement sur les sorcières et leurs histoires, mais aussi sur le soi et son passé, son histoire à elle : Isabelle.

Pour un esprit cartésien comme le mien et bien je peux vous dire que j'ai glissé dans ce roman sans problème.
Des théories de rapprochements tout à fait crédibles qui rendent non seulement l'histoire réelle, mais aussi très facile à lire malgré les termes utilisés embrun au jargon de la psychanalyse.

Un roman qui fait réfléchir sur soi, touchant et qui donne un sens au lecteur sur son propre vécu.
Le tout avec fluidité et réalisme.

Une magnifique découverte livresque.

Lien : https://livresdeblogue.blogs..
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Une femme soumise à la question apparait à l'esprit d'Isabelle Sorente. Aucun repère spatio-temporel. Plus rien. le vide. La page blanche. Un mur pour une écrivaine. Une scène sans histoire. Seul le mot « sorcière » semble la hanter. Pour endiguer les manques et ancrer cette curieuse scène dans une fresque romanesque, elle accumule autant de livres sur la sorcière qu'elle le peut. Et lit jusqu'à mêler l'histoire de ces femmes boucs émissaires des vilénies de la vie quotidienne à l'époque moderne à ses propres souvenirs d'enfant et d'adolescente dans un récit initiatique sur la quête du soi intérieur et du pardon.

Et cette question lancinante : fût-elle, comme ces femmes-sorcières, le bouc émissaire de la cour d'école ? Se peut-il qu'un évènement vécu par un.e lointain.e aieul.e l'ait tellement imprégnée qu'elle soit condamnée à être une sorcière d'aujourd'hui, jugée par ce qu'elle ne correspond pas aux critères de la normalité socialement établie ? Et la femme dans son entièreté souffre-t-elle dans sa chair et son inconscient des persécutions passées, comme une cicatrice invisible, une empreinte indélébile ?

« Chère Isabelle,

Vous avez touché mon âme.

Vous avez su capter l'essence même de mon être féminin avec une délicatesse, une justesse et une tendresse qui me font naïvement et égoïstement penser que vous n'avez écrit que pour moi et mon « moi » magique et mystique.

Du fond du coeur, merci Isabelle, pour votre beauté d'âme et de coeur, votre « normalité », votre sincérité et votre perspicacité.

Vous avez mis des mots sur nos conditions de femmes modernes. Femmes complètes, épanouies, mais soumises aux jugements de notre société inquisitrice. Femmes parfaites, sans failles, fortes. Jusqu'à ce qu'on lève le voile. Celui de la vérité. Et si nous n'étions que les héritières et les gardiennes d'un lourd secret, celui du savoir et de la connaissance ?

Avec toute mon amitié,

Mélanie »
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Une claque, je l'ai lu et relu, je l'offre et le relirais. L'histoire d'une autrice inspirée par une visite la nuit, le fantôme d'une ancêtre, sorcière qu'elle va découvrir et qui va prendre une grande place dans sa vie jusqu'à remettre en question chaque réaction, action, pensée et tout son système de croyance et de fonctionnement relationnel. Et le nôtre aussi! Cet ouvrage est une pépite qui aide à comprendre tant de nos fonctionnements personnels, en société, en couple, au travail. Pourquoi on n'ose pas briller, prendre notre place car en nous toutes et tous sommeillent encore des chasses aux sorcières.
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Ce que je peux dire c'est que ce livre est surprenant. Si étonnant que je ne sais pas quoi écrire. J'ai dû mal à trouver les mots pour en faire l'éloge car je crois que mon retour est au-delà de ça.
Car cette lecture a été pour moi, non pas une rencontre avec la plume de l'autrice mais des retrouvailles avec une partie de moi, d'un nous, que j'avais mis de côté, cachée, chassée.
Cet ouvrage est le récit d'une enquête, c'est comme cela qu'il est présenté en quatrième de couverture et c'est exactement ça, le récit d'une enquête dans lequel de nombreuses femmes peuvent se reconnaître.
Je suis encore troublée par cette lecture, les mots ne se matérialisent pas parce que je sais que ce qui se transforme, se répare, se stabilise est ailleurs que dans la matière.
Je finirai simplement par dire merci à @isabellesorente pour ce très beau livre et aussi Merci à toutes les soeurcières de ma vie.
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Entre le roman et l'essai, ce livre surprenant est une enquête personnelle et historique sur les traces de la sorcière.
La narratrice est hantée par une vision : la figure de la sorcière. Celle-ci la guide dans une quête intime, un cheminement à travers les persécutions qu'elle-même a vécues et l'histoire d'autres femmes.
Les chasses aux sorcières ont eu lieu au début de l'ère moderne. Selon l'autrice, elles auraient laissé une trace dans la psyché des femmes. Ce « traumatisme transmis », c'est le complexe de la sorcière, ce « soupçon permanent » de soi qui fait que nous finissons par ne plus nous croire nous-mêmes, c'est l'intériorisation de l'inquisiteur, c'est la torsion de notre identité face à l'autre.
Une réflexion passionnante sur la mémoire transgénérationnelle, la psychogénéalogie, la psychologie, l'Histoire et la spiritualité se développe, dont la finesse m'a impressionnée et m'a profondément parlé. Ce livre me touche intellectuellement et émotionnellement. Il remue beaucoup de choses et fait écho à mon propre cheminement intérieur, qui s'ancre dans celui de nombreuses femmes.
Car la sorcière, c'est celle qui cherche la vérité en elle, qui est capable de « tourner les yeux en-dedans ». Ce dialogue avec la sorcière à l'intérieur de soi résonne avec les paroles d'autres femmes en quête de sens. Il s'agit de descendre « dans nos propres cachots pour y faire de la lumière ».
La sagesse et la résilience qui s'écoulent de ce livre ont l'effet d'un baume. La guérison profonde n'est pas cette résilience qu'on nous vend pour que nous soyons plus productifs sans jamais protester, non, elle est synonyme de compréhension de soi et de réconciliation. Sans jamais oublier que ce qui est personnel s'ancre dans quelque chose de beaucoup plus vaste.
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Psychogénéalogie et réflexion sur soi. le mystère d'être soi et la réécriture de son histoire pour retrouver des traces et comprendre depuis l'origine du monde pourquoi on porte en soi des envies, des idées, des actes; remonter en soi pour comprendre sa propre existence, aussi. Tous les niveaux de l'existence et de la généalogie pour continuer à avancer en intégrant en soi les heurts passés.
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Des sorcières il y en aura eu beaucoup en cette rentrée littéraire !
À l'heure des Weinstein, Matzneffet… des mouvements #MeToo #Balancetonporc : les femmes lèvent le secret, parfois s'unissent ou s'éveillent au féminin sacré…
Il y a encore tellement à faire pour que nos filles puissent se libérer totalement…

Ainsi, je crois qu'il y a une certaine forme d'identification aux personnages qui ont souffert de la domination masculine, une mise à nu de cette société machiste.
C'est presque instinctivement qu'on pense au personnage de la sorcière. Ici il ne s'agit pas de cette vieille femme méchante au long nez crochu dont on retrouve les attributs dans les contes de fées, non, mais de la "sorcière" qui a péri sur un bûcher, anéantie, son identité niée par le seul pouvoir des hommes.

𝗜𝗹 𝗻'𝘆 𝗮 𝗽𝗮𝘀 𝘀𝗶 𝗹𝗼𝗻𝗴𝘁𝗲𝗺𝗽𝘀 𝗾𝘂𝗲 𝗰𝗲𝗹𝗮, 𝗱𝗲𝘀 𝗺𝗶𝗹𝗹𝗶𝗲𝗿𝘀 𝗱𝗲 𝗳𝗲𝗺𝗺𝗲𝘀 𝗼𝗻𝘁 𝗽𝗲́𝗿𝗶 𝘀𝘂𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗯𝘂̂𝗰𝗵𝗲𝗿𝘀 : 𝗲𝘁 𝘀𝗶 𝗰'𝗲́𝘁𝗮𝗶𝘁 𝗰𝗲𝗹𝗮 𝗹𝗲 𝗽𝗿𝗲𝗺𝗶𝗲𝗿 𝘁𝗿𝗮𝘂𝗺𝗮𝘁𝗶𝘀𝗺𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝗳𝗲𝗺𝗺𝗲𝘀 ?

Et pourquoi ont-elles été torturées, brûlées vives ? Car elles étaient nées femmes !
Une culture qui brûle ? C'est la faute d'une femme ! Une épidémie ? C'est la faute d'une femme ! Une tragédie ? C'est la faute d'une femme qu'il faut punir et dont il faut purifier la lignée dans les flammes.

Si les vraies "sorcières" étaient les détentrices d'un savoir (connaissance des plantes, de la médecine…), c'est sans doute aussi cela qui a causé leur perte : une femme qui sait ? IMPOSSIBLE !
Mais toutes n'avaient pas ces connaissances, elles étaient juste des femmes broyées dans leur essence même par une machine infernale.

Isabelle Sorente l'explique tellement bien, ce livre est passionnant !

Il y a une forme de sidération, un livre entre fiction et histoire, presque un essai, un coup de coeur !
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Ce récit m'a captivée dès les premières lignes, tant Isabelle Sorente se met à nu pour nous livrer ses réflexions les plus profondes et les plus intimes. Dans un texte mi-roman, mi-essai, au style il est vrai parfois un peu complexe, l'autrice nous emmène sur les chemins de l'exploration d'une lignée de femmes et de leurs vies dans une société patriarcale. Elle interroge l'influence des traumatismes passés sur nos vies et nos comportements actuels, et confronte son expérience d'un harcèlement scolaire qui aura duré des années avec ce qu'elle connaît des histoires vécues par ses ancêtres femmes.
Un texte puissant, profondément marquant, qui amène à des réflexions personnelles et intimes des plus intenses.
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