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3,8

sur 700 notes
"C'est peut-être à ça qu'on les reconnaît, les familles où ce qui est le plus essentiel va de travers : pour compenser, elles inventent un tas de petites règles et de principes ridicules. (page 326)"

Dès la couverture il y a malaise alors on hésite, on sent que cela ne vas pas être facile et puis il y a le titre : Débâcle et malgré le chapeau sur le "a" on est pas protégé, on est pas à l'abri d'une vague de sentiments. Et on ne se trompe pas : dès le premier chapitre on comprend que l'on entre dans une lecture noire, sombre, poisseuse et à l'ambiance malsaine.

Eva est au centre de l'histoire et à travers deux étés, celui de 2002 où avec ses deux amis, Pim et Laurens, ils forment les trois mousquetaires, les seuls à Bovenmeer, village des Flandres, à être nés en 1988 et ont pour devise : Tous pour un, et celui de 2015, enfin plutôt une journée de 2015, où les heures s'égrènent lentement, faisant durer le supplice d'un acte calculé, préparé et attendu mais dont nous comprendrons tout le sens que dans les dernières pages, le tout ponctué de chapitres retraçant la vie de la famille de Wolf, où les parents se noient dans l'alcool et où les enfants Jolan, Eva et la petite Tessa vivent à la fois livrés à eux-mêmes mais également dans la crainte du moindre débordement.

Une enfance de misère, où la plus jeune des enfants souffre de troubles inquiétants dont seuls son frère et sa soeur se préoccupent, où la bande d'amis inventent un jeu stupide dont l'issue sera à l'origine d'un retour sur les lieux 13 ans plus tard.

Alors attention, ce livre il faut s'accrocher, tout au long de la lecture la tension est présente, on ne sait trop pourquoi car cela ressemble à la narration du quotidien et de jeux d'enfants, parfois poussés, mais il faut l'écouter Eva, les petits indices laissés ici ou là  et on comprend que tout cela va mal finir,  qu'elle-même attendait et préparait son retour, qu'elle va mal et que tout cela va prendre un tour que l'on est pas sûr de vouloir connaître.

L'écriture est sèche, épousant les pensées d'Eva enfant, devant pallier à des parents défaillant, mais également femme, une écriture maitrisée pour ne rien laisser transpirer et nous tenir jusqu'à la fin, entretenant une angoisse permanente et grandissante jusqu'à la révélation de la vérité qui sera bien en-deçà de ce que l'on peut imaginer. A la manière d'un thriller, d'un roman noir, mais noir de noir, du glauque, du puant, du poisseux qui vous répugne mais qui vous accroche et restera dans votre esprit très longtemps. Elle "colle" au récit, aux caractères, aux événements, elle distille son venin lentement, on le sent s'immiscer en nous, à travers les mots et les silences. Sans rien savoir, sans rien voir on se dit que l'on devrait refermer le livre, que les digues en nous vont lâcher, que la débâcle va arriver.

Alors on aurait aimé qu'il y ait moins de détails, moins de pages, parce que l'on comprend que cela va devenir insoutenable, mais l'auteure construit son roman en ne nous épargnant  aucune scène, où amitié et abus se mêlent, où une chappe de plomb nous envahit et nous scotche au récit. On tente de comprendre, d'analyser l'ambiguïté d'Eva, amie fidèle et victime consentante voire active, on ne sait pas s'il s'agit d'amitié ou d'un remède à la solitude dans une famille qui n'a que le nom. Comment un milieu familial, le désoeuvrement dans une bourgade rurale peuvent conduire à de telles perversités.

Commencer et lire ce roman c'est se lancer dans ce qu'il y a de plus noir, de plus malsain, vous êtes prévenus, âmes sensibles s'abstenir car vous n'en ressortirez pas indemne. Mais il n'empêche que je suis chamboulée, qu'il va me falloir plusieurs jours pour ne plus avoir en tête certaines scènes, pour laisser Eva à son destin mais qu'il y a comme cela des lectures où vous comprenez qu'il y a un réel travail d'écriture, de construction pour installer une unité, un décor, un univers où les enfants sont parfois des monstres et où les parents ne valent pas mieux. 

A ne pas mettre entre toutes les mains, les trop sensibles, ou alors fermer le livre sans en connaître le dénouement  mais pour cela il faut presque du courage. Moi je suis restée malgré tout, jusqu'au bout, hésitant plusieurs fois entre continuer ou arrêter, parce que je savais que la fin allait être à l'image de la tension installée au fil des pages, qu'il ne pouvait en être autrement, à la manière d'un poison injecté à petites doses mais dont l'effet serait dévastateur. 

Débâcle est un premier roman, dérangeant, fort et implacable...... Je suis presque gênée de dire que j'ai aimé, mais oui j'ai aimé.
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Un roman anti « feel good », qui a des relents de l'émission belge culte « Strip-Tease », ou mieux encore du film, belge lui aussi et tout aussi culte et tourné par la même équipe, « C'est arrivé près de chez vous » …

Que dire de ce livre qui a déjà fait couler beaucoup d'encre de ce côté-ci de la Lys ?

Je le referme et je me sens très mal à l'aise. L'histoire est d'abord complétement sordide et racontée sans une once de pudeur. Tout est dit, tout est montré. C'est du brut de fonderie. Du glauque même. A côté de cela, « Sukkwan Island » de David Vann, c'est de la gnognotte (dans un autre genre, je vous l'accorde).

Je dirais même plus, et c'est là que le malaise réside: tout nous est jeté à la figure, sans qu'on puisse détourner le regard. J'ai eu l'impression d'être prise au piège d'un exhibitionniste qui me forçait à regarder une scène malsaine, vulgaire, obscène, cruelle (impossible pour moi de choisir le qualificatif qui décrit le mieux mon impression). En plus, pour le lecteur, il est totalement impossible de réagir, d'intervenir, si ce n'est en abandonnant la lecture et en jetant ce livre dérangeant à la poubelle, euh, non, en le brûlant... En le jetant, les enfants pourraient tomber dessus, et cela serait une très mauvaise chose … Mais de quel droit abandonner une lecture, brûler un livre qui nous dérange ?

L'histoire est longue, très longue à se mettre en place. C'est une longue série d'anecdotes qui s'amoncellent, s'empilent, s'accumulent. Le décor est dressé, le cadre psychologique du drame et l'intrigue se met peu à peu en place. Procédé de narration classique. Le suspense monte, mais … l'ennui aussi (il faut bien l'avouer).

Je retiendrai juste ce roman comme un témoignage sur l'adolescence vécue et écrite au féminin (mais est-ce si fondamentalement différent pour les garçons ?).

Et surtout comme une expérience extrême de lectrice. Si, si.
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Ce livre ,vous tient captif
d'un malaise grandissant,
dont l'apogée est fulgurante.
C'est une lecture puzzle
qui fait fi de toute chronologie.
Les temporalités semblent
jetées là au hasard.
Des gamins, sous la dictature
de leurs hormones un été dans les Flandres.
C'est Eva qui nous dit l'indicible.
Eva, bourreau et .....victime...
Des parents toxiques, violents et alcooliques
protégés par le silence et la cécité des voisins.
Une soeur, sous l'emprise de ses TOC
qu'il faut rassurer..
Un cauchemar, ce quotidien qui défile
percé de cruautés et de sinistres épisodes.

La fin est sidérante.
Refermer ce livre nous sort de l'asphyxie .
Quelques longueurs,
mais cette vision de l'enfer servie au microcope
va nous hanter longtemps.





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" Jan aurait fêté ses 30 ans ce mois ci ...."
Eva est invitée à cet anniversaire, le retour dans son village va être l'occasion de dérouler le fil de sa vie .
Pim, Laurens et Eva sont les seuls enfants nés à Borenmeer en 1988. Ils deviennent vite inséparables. La famille d'Eva est le portrait type de la misère familiale : un père rustre ,une mère alcoolique, un grand frère toujours dans son monde et une petite soeur anorexique. Pim, le frère du défunt, vit dans une ferme retirée et Laurens est le fils du boucher .
Tout le début de leur histoire, bien que profondément triste, est très prenante. Eva s'accroche à ce trio jusqu'à l'adolescence où tout va déraper.
Les deux garçons vont inventer, un jour d'été, un jeu très pervers et vicieux : piéger les filles du village une à une avec la complicité d'Eva . Et .. là j'ai décroché petit à petit. La violence détaillée à l'extrême devient insupportable. Je suis allée jusqu'au bout. Je vous préviens, la fin est l'apothéose de ce roman qui m'a sidéré. Ces enfants ont dû absorber la tristesse et la violence de leurs parents et ils la vomissent dans leur vie. Mais est-il besoin de tant de détails sordides dans le dernier tiers du livre ?
Le livre est cependant bien écrit avec quelques phrases savoureuses .
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Très déçue par ce livre que j'attendais de découvrir depuis plusieurs mois. Si l'ambiance de la campagne flamande (ressemblant au film "La Merditude des choses de Felix van Groeningen, 2008) est bien présente, j'ai trouvé que l'histoire était longue pour une énigme finale bien décevante. Cette histoire d'adulte qui se remet difficilement d'un choc subit dans l'adolescente est déjà vue. Bien sûr, le drame dont il est question est terrible mais je pense que la forme du récit n'a pas su mettre en valeur l'épisode sordide en question. L'alcoolisme des parents, l'anorexie de la soeur, la solitude du frère et de la narratrice définissent une famille en déshérence et offrent une vision d'une certaine misère sociale.
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Je ne sais pas...
Ai-je aimé ? Je ne sais pas.
Peut-on aimer ? Je ne sais pas.
Faut-il le lire ? Je ne sais pas.
"Je ne sais pas" c'est ce qu'il me reste après avoir refermé ce livre.
Par contre, je sais que je ne l'ai pas lâché. Je sais qu'il m'a retournée. Je sais qu'il impresionne. Je sais qu'il dit la noirceur de l'Homme, qu'il nous souffle cette terrible capacité que nous possédons à être noirs et blancs tout à la fois.
Cette petite fille sur la couverture, c'est nous. Innocents et pervers. Doux et durs. Amis et ennemis.
Je ne sais pas...
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Je suis bouleversée. Je l'étais déjà il faut le dire à la page 14. À peine 14 pages pour qu'on rentre dans cette obscurité, dans cette angoisse, dans cette douleur. Il y a des livres qui rendent heureux, celui ci, c'est tout l'inverse. C'est la noirceur de la vraie vie.
Parce que oui, je l'ai lu après « la vraie vie », qui à côté fait figure de fable gentillette. C'est un autre niveau. Et je ne sais pas pourquoi on accroche, pourquoi alors qu'on sait dès ces 14 premières pages qu'on va souffrir à la lecture. Peut être parce qu'il est formidablement bien écrit? Peut-être parce qu'on se prend à espérer que quelqu'un va venir aider cette jeune fille, cette famille tout entière, et si ce n'est pas dans le livre, cela pourrait être nous le lecteur?
J'ai souffert. Réellement. Mais je n'ai pas plié. J'ai lu chacun de ces mots, chacune de ces phrases en me disant que ça allait s'arranger, enfin. Mais est ce l'important?
C'est si formidablement bien écrit. Les personnages ont une profondeur, d'ailleurs est ce vraiment des personnages, ils me paraissent si vivants. Ces descriptions de l'alcoolisme à la maison, tu sais, pas celui de ceux qui n'y connaissent rien et qui croient que c'est juste s'enquiller deux litres de vin et ronfler toute la nuit. Non, le vrai, celui qui fait chuchoter les autres mais dont on dira jamais rien. Et cette jeunesse perdue, la violence de la jeunesse perdue. Si vous saviez.
Je me répète mais c'est un des livres les plus durs que j'ai lu depuis longtemps. Un de ceux qu'on lit avec la nausée. Mais pas le genre « thriller gore », non non. le genre qui pourrait être la vraie vie. Et qui aussi tristement que ce soit, l'est parfois pour certains.
J'aimerai bien vous dire de le lire, je vous conseille toujours d'y aller à fond quand j'ai un coup de coeur. Mais en fait là, c'est différent. Préparez vous, allez y parce que c'est magistral, mais dites vous que ça risque de vous trotter dans la tête un petit moment. Et si vous vous demandez pourquoi vous faire du mal inutilement? Je ne sais pas, peut être parce que ça aide à ouvrir un peu plus les yeux sur la noirceur d'un morceau de l'humanité, et permet de se souvenir que parfois, juste quelques mots, une main tendue, un regard qu'on ne détourne pas peut changer une vie. Et qu'il est plus facile de se souvenir de ça quand on lit un roman, sans enjeux, que lorsqu'on se retrouve face à ce qu'on n'a pas fait dans la réalité.
Lien : https://stephalivres.wordpre..
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J'avais remarqué ce récit par sa couverture si accrocheuse à mes yeux et son titre, le film sorti récemment m'a incité à sauter le pas de la lecture en le trouvant en emprunt à la bibliothèque.

Tout d'abord j'ai de suite beaucoup aimé la plume de l'auteur et le récit est de suite sombre, glauque mettant très vite mal à l'aise le lecteur.

Nous suivons au début du récit un groupe d'enfant qui peu à peu deviennent adolescent à ce moment la le rapport fille/garçon change et les garçons ne trouvent rien de mieux à faire que de trouver une énigme afin que les filles afin que celles-ci se déshabillent en cas de mauvaise réponde.

Leur plan va malheureusement fonctionner et les jeunes filles vont "jouer le jeux" en se mettant nu.

La première partie évoquant l'enfance des enfants que nous suivons pose en fait le cadre du récit qui petit à petit devient plus noir à l'adolescence sur la nature humaine.

Le cadre de cet été oppressant vient également ajouter du poids à ce récit et les parents absents ou présents mais tellement peu car ils ont d'autres "combats" à mener de leur côté aussi.

Un récit qui je pense sort du lot et me restera en mémoire contrairement à beaucoup d'autres, cependant j'avoue avoir caler sur la fin et que si ce récit serai plus court à mes yeux il pourrait être plus percutant.
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Ce roman est bouleversant...

Très noir d'abord, sous des apparences de description tranquille d'une petite communauté de province... d'une noirceur qui colle à l'esprit comme de la boue, et qui s'infiltre très progressivement au fil du récit.

Très surprenant ensuite, car le début ne laisse pas envisager le tournant que prend le récit, un tournant très graduel...

Lize Spit décrit les histoires de l'enfance comme personne, à travers Eva, 14 ans, et ses relations avec ses 2 amis d'enfance, comme avec son frère et sa soeur, ou même avec ses parents. Des histoires d'enfants mêlées aux histoires d'adultes, des histoires d'enfants où les adultes sont trop absents car absorbés par leurs propres histoires.

Ce livre est dérangeant mais il m'a touchée comme rarement...
Ce livre est magnifique car les pensées d'Eva, son "âme", ont trouvé une résonnance en moi.
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Le titre et la couverture donnent le ton. L'image de cette jolie fillette, yeux clos, cigarette à demi consumée, m'a légèrement perturbée tout au long de ma lecture et j'avoue mon soulagement d'avoir achevé ce roman... Lecteur envahi par le climat anxiogène actuel, passe ta route ! Lecteur souhaitant échapper à la morosité de l'automne ainsi qu'à la Covid, pareil !
Eva, la narratrice, est la cadette d'une fratrie de trois. Ses parents, sont alcooliques, suicidaires (la perte de leur fille aînée peut-être dont ils ne se remettent pas), totalement désengagés de leurs missions éducatives et peu enclins à créer un environnement affectif secure.
Le roman débute alors qu'Eva se prépare à retourner dans son village natal pour la commémoration du décès de Jan, 17 ans, survenu une dizaine d'années plus tôt. L'occasion pour Eva de se remémorer l'été 2002, époque où sa vie a basculé. Les fils narratifs s'entrecroisent et dès, les premières pages, on entre dans un univers glauque, sombre, d'une tristesse vraiment pesante : des parents inaptes, une petite soeur envahie de TOC, deux camarades - Pim et Laurens - dont elle cherche à se faire aimer, au risque d'être entraînée dans le sordide, de se compromettre, de participer à des jeux qui dérapent... La vie d'Eva n'est pas rose. L'enfance a été mortifère, l'entrée dans l'adolescence va être pire.
Les chapitres s'enchaînent, le drame se noue, le lecteur sait que chaque page le rapproche de l'insoutenable. L'écriture sans fioriture renforce un récit abrupt, âpre, sans concession. C'est un excellent roman mais âme sensible s'abstenir.

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Challenge PAVES 2020
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