C'est pendant la période un peu surréaliste du confinement dû au COVID-19 et au conseil téléphonique de mon libraire que j'ai acheté en drive «
Débâcle ».
Quand j'ai découvert la première de couverture, j'ai retrouvé le même malaise que la première fois où il m'avait fait de l'oeil. de loin, les couleurs et le portrait d'une enfant m'avait attirée pour m'électriser à la compréhension de cette photo. La quatrième de couverture m'avait fait passer mon chemin. C'est finalement, lui, qui est venu à moi, il a dû sentir que j'étais prête. Prête est un bien grand mot et pourtant j'ai dévoré ce livre, j'ai adoré l'écriture et la mise en place du scénario. L'émotion et la boule au ventre m'ont aveuglée de ce qui était tellement évident. Ou alors, j'ai voulu me protéger de ce que je pressentais avec ce bloc de glace.
Dans ce premier roman, l'auteur aborde le thème principal de l'adolescence. Difficile et un peu casse-gueule comme thème je trouve. Elle le prend à bras le corps de façon criante.
Oui, c'est noir, oui c'est glauque, oui c'est cruel, oui c'est dur mais c'est débordant de vérité. L'auteur m'a convaincue par son récit car je sais bien que si l'enfance et l'adolescence sont des phases du développement humain physique et mental, il faut reconnaître à l'adolescence le pouvoir de la transgression. La puberté et l'apparition du désir sexuel chamboulent et peuvent nous entraîner dans des situations dramatiques. Mais l'adolescence n'est pas la seule excuse, la carence familiale, la manipulation, l'humiliation et malheureusement l'amitié peuvent nous faire basculer.
Eva, Pim et Laurens sont inséparables. Leur enfance et leur adolescence, c'est ensemble qu'ils la traversent. Ils font les 400 coups, même le 401ème l'été de leur 14 ans. Adulte, difficile pour Eva de se construire, alors quand elle reçoit une invitation de la part de Pim pour fêter le souvenir de son frère décédé et l'inauguration de son exploitation agricole, Eva n'hésite pas car elle a des comptes à régler.
Il y a beaucoup dans ce premier roman et je suis contente qu'il ait croisé ma route. Beaucoup de choses sont dénoncées pour expliquer la prise de risques, le passage à l'acte et l'immense détresse d'un être. Eva m'a profondément bouleversée, j'y ai vu au delà d'une vengeance, une réelle tristesse et une destruction irréparable de son être.
«
Débâcle » est aussi une fresque sociale qui dépeint la vie d'un village paumé de Flandre avec des taiseux, des familles où la dépression, l'alcoolisme et la misère sociale sont de mises.
Lize Spit n'utilise pas la violence pour en faire une histoire tendue, non, elle va plus loin, elle la décortique, la dénonce et de par son écriture observatrice, certes crue, elle donne une explication de son mécanisme.
La dernière fois que je suis sortie d'une lecture si assommée c'était avec le roman «
Il faut qu'on parle de Kévin » de
Lionel Shriver.