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3,8

sur 699 notes
Débâcle est un livre sujet à débat : soit on l'aime, soit on le déteste, mais il ne peut laisser indifférent. On le décrit cru, extrêmement cru, et noir... J'avais envie de me faire ma propre opinion : cette lecture serait-elle dérangeante pour moi ? Allait-elle me heurter jusqu'à la nausée ? Je m'y préparais... et c'est sans doute ce qui m'a permis - beaucoup plus facilement que si je ne m'y attendais pas - de dépasser ces aspects pour y trouver bien plus que de la provocation malsaine.

J'ai véritablement été happée par cette histoire : plus j'en lisais, plus je voulais en connaitre la suite.
J'ai trouvé qu'il y avait une belle intelligence narrative : deux temporalités qui distillent des détails au travers d'une journée particulière ou d'une anecdote qui nous amènent à considérer un ensemble qui s'éclaire de plus en plus vers la fin. Il y a aussi une puissance d'évocation qui nous transporte dans la même pièce que les protagonistes, nous fait visualiser la scène : poisseuse, ironique, pathétique, parfois drôle,... Et la psychologie des personnages est creusée, travaillée au point de leur donner forme et vie.

Toutes ces qualités donnent une réelle profondeur à cette histoire de sales gosses écoeurants qui se transforme en drame et qui n'est qu'un point final à d'autres traumatismes...

A vous de voir où se place le curseur de votre sensibilité personnelle, mais sachez que si l'histoire contient quelques passages choquants, elle n'est heureusement pas faite que de cela et il faut passer un bon trois quart du livre avant que cela devienne par moment difficile.
Pour ma part, la quatrième de couverture évoque "une expérience de lecture inoubliable" et c'est en effet une histoire que je n'oublierai pas de sitôt.

NB : je note au passage une toute petite déception quant à la traduction néerlandais-français : l'auteure étant belge et l'histoire se passant en Belgique j'aurais apprécié que certains mots aient conservé leur belgitude : comme les chicons qui ici deviennent endives, l'essuie qui est traduit par serviette-éponge, la dizaine 70 en soixante-dix, etc. Des détails mais que j'ai remarqués et qui m'ont un peu gênée.
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Eva raconte sa vie d'ado limbourgeoise, années 2000, ses deux inséparables copains, les parents qui finissent par autoriser les nuits à trois dans la tente Aldi...

J'ai bien aimé le monde de la petite soeur Tessie, anorexique, pianotant sur le PC hors service ou parlant avec le calendrier des WC.

Je n'ai pas accroché aux multiples détails et digressions soporifiques, ni adhéré au côté trash de la deuxième partie, viol collectif ensanglanté, suicides suite harcèlements... mais je reconnais que Lize Spit a une excellente imagination et se vendra bien.
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Lize Spit enseigne l'écriture du scénario à Bruxelles. On peut aisément imaginer la qualité de ses cours au vu de son premier roman, Débâcle, qui a débarqué en France tout auréolé de son invraisemblable succès outre-Quiévrain. Sur la couverture de son édition originelle flamande (intitulée Het smelt : tout fond) figure une bêche, "vedette" d'une des scènes centrales du roman, remplacée en France par l'image d'une fillette, une cigarette allumée en main (hors sujet mais dérangeante comme l'est le livre). Débâcle mène de front deux intrigues parallèles, à 13 ans de distance. Dans la première, Eva, 14 ans, participe un été à des jeux interdits avec deux garçons de son village. Dans la seconde, elle revient sur les lieux de son enfance et adolescence, avec un bloc de glace dans le coffre de sa voiture, animée par un fort sentiment de vouloir régler ses comptes. le livre se situe en marge du thriller avec un art du suspense savamment distillé mais se déroule surtout comme une chronique paysanne qui n'épargne aucun de ses protagonistes. Ce monde rural, digne d'un Goupi mains rouges moderne et vu à hauteur d'adolescents, ne semble héberger que des individus dysfonctionnels, qu'ils soient adultes ou adolescents. La plume de Liz Spit, tranquille et brillante, il faut bien l'avouer, semble parfois faire preuve de complaisance dans le sordide et le morbide. Ce côté dérangeant du livre est assez difficile à supporter dans sa scène-clé, hyperréaliste et d'une crudité totale. Mais en même temps, avec son héroïne prise dans l'étau d'une domination masculine perverse qui la rend aussi bien complice que témoin, victime et bourreau d'agissements cruels, l'auteure rappelle à juste titre la violence de l'adolescence et la nécessité de délivrer un message féministe vibrant. de là à rendre aussi éprouvante la lecture, chacun jugera de la pertinence du choc des propos et du poids des mots.
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Sur la route entre Bruxelles et Bovenmeer, un village en pleine campagne flamande, Eva conduit, elle revient après de nombreuses années après avoir reçu une invitation pour commémorer la mort, treize ans plus tôt, d'un jeune du village Jan, dont les parents sont agriculteurs.
2002, la jeune Eva treize ans, forme un trio avec Laurens, le fils des bouchers et Pim, le frère de Jan, ils sont tous de la même tranche d'âge et traînent souvent ensemble. Eva a dû mal à sympathiser et c'est avec beaucoup d'espoir et d'envie qu'elle rencontre Elisa, mais cette dernière reste distante, alors autant rester avec les garçons et se retrouver dans la remise de la boucherie, dans l'étable ou dans le poulailler de ses parents. Des parents qui forment une famille dysfonctionnelle, un père qui a la main leste et une mère alcoolique qui ne s'est jamais remise de la perte de la jumelle de son fils aîné Jolan, et qui a reporté sur la plus petite Tessie, ses angoisses et ses névroses, et la petite a développé des TOC et une anorexie. En juillet 2002, en plein désoeuvrement, les garçons imaginent un jeu mi-pervers, mi-sexuel pour obtenir des filles du village qu'elles se déshabillent si elles ne devinent pas l'énigme proposée par Eva.
Entre soumission et ennui, perversité et sexualité, c'est l'évocation d'un été particulier pour Eva, celui des signes inquiétants de la petite soeur, de la manipulation qu'exercent les garçons, la découverte de son corps, les défis que l'on veut relever pour ne pas passer pour une idiote...

Lize Spitz, avec débâcle, a connu un succès phénoménal en Flandres. Elle y dépeint sans concession une Flandre cafardeuse, triste et grise et des enfants pour certains cruels, pour d'autres absorbant les névroses des parents pour devenir eux-mêmes dysfonctionnels.
Un premier roman très abouti, une construction intelligente - maniant trois époques, une narration hyperréaliste, très détaillée et fouillée, des personnages bien campés, une très bonne traduction mais deux bémols qui ont eu raison de mon intérêt, le moment qui est la clé de voûte de l'action, est tellement trash qu'il en perd sa crédibilité et la narration est tellement précise que cela devient long et lent, j'ai dû lire en parcourant certains paragraphes car je n'en pouvais plus de cette longueur.
Un roman trash (trop), lent, marquant mais au final pas toujours crédible. Un roman pour choquer peut-être...
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L'histoire d'Eva commence tout en douceur. J'ai cru m'installer confortablement dans la vie paisible d'un village du fin fond des Flandres mais cette impression a été très vite bousculée par une intrigue qui devient de plus en plus étrange et dérangeante.
Pourquoi Eva trimballe-t-elle un bloc de glace pour assister à une réception ? Qu'est-il arrivé à Jan ? Comment vont se terminer les jeux pervers de Laurens et Pim ? Autant de questions qui provoquent une tension oppressante qui ne fait qu'augmenter tout au long des pages.
Le roman de Lize Spit est aussi captivant que l'illustration de couverture, il exerce une attraction impitoyable qui accroche aussi sûrement qu'un bon thriller. Mais il m'a aussi parfois mise autant mal à l'aise que Où sont les enfants ? de Simona Vinci. C'est à peu près le même scénario sordide qui se met en place. Certaines scènes de l'ordre du très intime sont dévoilées et décrites de manière extrêmement crue, mettant le lecteur en position de voyeur . Il faut bien reconnaître que ça n'est pas du tout agréable et même difficilement soutenable par moments.
Entre des parents poivrots et des amis malfaisants, la vie n'est pas un long fleuve tranquille pour Eva qui souffre d'une immense solitude. J'espère pour l'auteure que ses souvenirs n'ont rien d'autobiographique car son histoire est affreuse, terriblement triste... C'est celle de la mort de l'innocence et de la naissance du désespoir.
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Deux adolescents qui veulent regarder sous les jupes des filles organisent pour cela un jeu qui finira très mal. Un remarquable roman sur les influences que des jeunes peuvent exercer sur d'autres (sans Internet…), sans en mesurer l'ampleur des conséquences. Je recommande chaleureusement ce premier roman de la belge Lize Spit, même si la langue parfois crue et un chapitre très violent pourraient néanmoins rebuter certains lecteurs.

La gentille personne qui m'a offert ce livre comme cadeau de Noël m'avait ravi l'an passé en me faisant découvrir « Le petit joueur d'échecs » de Yoko Ogawa. J'ai donc abordé « Débâcle » avec des a priori positifs, malgré certains commentaires bien négatifs de lecteurs dont je partage souvent les avis. Sur le fond, j'ai trouvé ce récit remarquable mais sur la forme, je comprends que certains puissent ne pas accrocher, voire décrocher. Je vais m'en expliquer.

Le texte fait s'alterner deux histoires. Dans la première, Eva, la narratrice, a quatorze ans. Elle vit dans un petit village imaginaire de Campine où seuls deux autres jeunes, des garçons, sont nés la même année qu'Eva: Laurens et Pim. Ils forment un petit groupe soudé, par exemple parce qu'ils constituaient à eux seul un groupe d'âge à l'école primaire du village.

Cet été-là, curieux de voir ce qui se cache sous les vêtements des filles de leur âge, Laurens et Pim les convient une à une à un jeu malsain: ils leur soumettent une énigme qui peut leur faire gagner un beau cadeau à condition qu'à chaque mauvaise proposition de réponse, elle enlèvent une pièce de vêtement. L'énigme est évidemment fort difficile; c'est Eva qui l'a conçue, elle assiste au jeu. Lorsque se présente la dernière fille, le jeu va tourner mal. Très, très, très mal…

Dans la deuxième histoire, qui chevauche la première, Eva est adulte. Elle retourne dans son village, où se donne une fête. On la voit mijoter un plan, dont on sent qu'il est lié au jeu tragique de son adolescence.

De nos jours, on parle de plus en plus des problèmes de harcèlement subis par certains jeunes; d'aucuns en sortent marqués au fer rouge, allant parfois jusqu'à mettre fin à leurs jours. Dans « Débâcle », il n'est pas question de harcèlement mais plutôt de pressions que certains jeunes peuvent exercer sur d'autres. Internet n'y joue aucun rôle et j'y ai trouvé une piqûre de rappel extrêmement intéressante pour mettre en lumière qu'Internet n'est qu'un moyen, un coupable assez facile à accuser si l'on ne veut pas faire l'effort de chercher des causes plus profondes. L'ascendant que certains jeunes peuvent exercer sur d'autres est ici décrit à l'extrême. Laurens et Pim ne dressent pas des embuscades pour ceinturer des filles et les dépouiller de force de leurs vêtements. Non, les filles s'exécutent « librement », sans que les garçons ne les menacent de quoi que ce soit. Cette influence atteint son paroxysme dans la scène extrêmement violente qui se passe lorsque se présente la dernière fille. Cela se passe comme dans un jeu où des enfants se fixent des règles, auxquelles, pour rien au monde, ils ne dérogeraient.

Le malaise d'Eva est également fort bien rendu: d'un côté, elle se sent soudée aux deux garçons, amis de sa plus tendre enfance, mais d'un autre côté, elle est une fille et elle supporte de plus en plus difficilement leur attitude de jeunes mâles envers les autres filles. Elle les assiste, mais avec une difficulté croissante, surtout pour les filles desquelles elle se sent plus proche.

Et les parents, dans cette histoire ? Eh bien, ils jettent un oeil distrait à leur progéniture, mais sans plus. Et c'est l'occasion de réfléchir à ce qui aurait pu être évité si les relations avaient été plus proches, si le cadre familial avait été plus stable, etc. Je note l'épisode annexe de Tessa, une enfant qui souffre de problèmes psychologiques graves et qui, en fin de compte, est amenée à l'hôpital pour s'y faire aider non pas par ses parents mais par son frère et sa soeur… le texte est d'ailleurs parsemé de petites phrases qui peuvent avoir des airs de révoltes d'adolescents, mais qui sont néanmoins pleine de vérité.

Ce livre m'a secoué par la force des émotions qu'il dégage. En particulier, sans vous dévoiler l'issue finale, je vous dirais qu'elle m'a plongé dans une grande tristesse. Il m'a fallu de longues minutes pour en sortir, après avoir refermé le livre. Maintenant encore, j'en garde une sorte de révolte, de celles que l'on ressent lorsque l'on se dit que des événements tragiques auraient pu être évités.

Pour tout cela, je vous recommande ce livre, très chaleureusement. Mais la forme pourrait vous faire fuir. D'une part, souvent, la langue est crue. On appelle une chatte, une chatte, oserais-je dire. Peut-être est-ce dû au côté plus terre à terre du flamand, qui est la langue originale du texte, ou peut-être un moyen de traduire le malaise de jeunes adolescents face aux changements de leurs corps. Peu importe, mais il faut s'y attendre. Et puis vous devrez aussi passer au travers des quelques pages fort violentes que j'ai mentionnées plus haut. En plus des images très fortes qu'elles suscitent, elles risquent de vous plonger dans un désagréable malaise: celui d'un spectateur impuissant, qui voudrait intervenir mais qui ne le peut pas. L'auteure aurait-elle pu arriver au même résultat sous une autre forme ? La réponse n'est pas claire pour moi.

Bref, je maintiens ma recommandation à ouvrir ce livre pour découvrir ce premier livre hors du commun de ma compatriote Lize Spit, en vous conseillant de l'aborder dans un esprit positif. Mais si vous n'accrochez pas à la forme, ma foi, ne vous torturez pas à tenir jusqu'à la dernière page: toute lecture doit rester un plaisir !
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Décider de lire ce livre en période de Noël, c'est un peu comme vouloir absolument connaître le secret du Père Noël tout en sachant qu'on va le regretter.

J'ai pourtant longtemps retardé le moment d'entrer dans ce roman car les choix artistiques d'Actes Sud pour ses couvertures ne sont jamais anodins. Cette petite fille triste, cigarette au bec, habillée en adulte me mettait déjà bien mal à l'aise.
Cependant, à force d'entendre par-ci par-là « tu l'as lu ? Pas encore ? Tu vas voir, lis-le, c'est quelque chose ! » moi, ma curiosité littéraire et mon courage avons franchi le pas.

Las ! La révélation des secrets de Débâcle relègue la révélation du secret du Père Noël au rang de souvenir d'enfance heureux.
De fait, cette lecture fut un choc. Ce réalisme flamand pas dutout magique m'a happée alors que je suis plutôt coutumière des récits noirs de noirs. Je n'y ai vu aucune lumière, aucun espoir, juste la souffrance muette d'une enfance malheureuse qui vous pète en pleine figure au moment de Noël avec un relent acide de « Merditure des choses », l'humour en moins.

Si je n'habitais pas un petit village de Belgique où je connais forcément des jeunes qui …, une famille qui …, si le boucher ne me disait pas régulièrement qu'on raconte que, chez ces gens-là, Monsieur … peut-être aurais-je pu prendre du recul, relativiser et garder cette histoire à distance, dans son strict cadre fictionnel. Mais non, le style réaliste et la familiarité des décors du plat pays m'ont donné la désagréable impression que c'est arrivé près de chez moi.

Vous l'avez compris, plaisir de lecture il n'y a pas eu et mon déplaisir se traduit par trois étoiles. Je fus incapable, une fois la lecture terminée, d'extrapoler, de théoriser, de trouver un message, de trouver des mots pour exprimer mon inconfort tiens !

Néanmoins, je mettrais bien quatre étoiles pour la performance littéraire. Le scénario est irréprochable, la construction du roman parfaitement maîtrisée. Bien que je n'ai pas trouvé l'écriture exceptionnelle, elle fonctionne très bien. Sans métaphore ni euphémisme, elle provoque une immersion glaçante dans le récit. Elle participe, par sa simple et froide relation de faits, à la mise en place d'un climat glauque, d'un voyeurisme malsain de la première à la dernière page.

Bref. Licornes, fées, lutins et bisounours, fuyez ! Pour les autres, ma chronique, d'une belgitude assumée, ne doit pas vous empêcher de plonger dans une expérience littéraire intéressante d'une auteure douée et à suivre, sans aucun doute.

Lien : https://belettedusud.wixsite..
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Quel roman percutant! Son succès en Belgique et aux Pays-Bas est bien mérité et j'espère que les lecteurs français se laisseront tenter par ce récit à l'atmosphère glauque, dérangeante que l'on trouve rarement chez les auteurs européens. J'ai eu plusieurs fois l'impression de me trouver dans la lecture d'un roman de l'Américaine Laura Kasischke, la pudeur anglo-saxonne en moins.
La narratrice, Eva, reçoit un jour une invitation de la part d'un de ses amis d'enfance, Pim. Avec celui-ci et Laurens, ils ont durant toute leur enfance formé un trio que l'on a surnommé "Les Trois mousquetaires". Ils ont fait les quatre-cent coups ensemble, jusqu'à l'adolescence.
Ce courrier trouble Eva. Il est le point de départ de l'intrigue de ce roman. Dans certains chapitres, la narratrice va nous raconter des pans de son enfance, entre des parents alcooliques, un grand frère qui se passionne pour les insectes et s'absente régulièrement, et une petite soeur qui va développer des troubles psychiatriques perturbants. Ses deux copains, Pim et Laurens, vont représenter cette béquille qui lui permet de supporter une enfance dénuée d'amour et d'attention.
Jusqu'à l'été de 2002. Les garçons découvrent la sexualité et les rapports avec Eva changent. Ils vont la charger de trouver une énigme leur permettant de faire se déshabiller devant eux les plus jolies filles du village.
Un jeu qui va avoir des conséquences bien plus graves que prévues et que Lize Spit ne dévoile que dans les dernières pages.
En parallèle, des chapitres racontent le chemin qu'Eva va suivre pour se rendre à la fête organisée par Pim, révélant d'autres souvenirs... et jusqu'à une fin inattendue.
L'atmosphère de lecture est pesante; on sent que quelque chose de pas net du tout va éclater tôt ou tard et un sentiment de mal-être perdure par le récit de petits moments malsains ponctuant la vie d'Eva.
L'auteure est une spécialiste en écriture de scenarii. Cette histoire servirait probablement de base à un très bon film.
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Ce roman est partagé entre le passé où la petite Eva a 14 ans et le présent, 13 ans plus tard, où elle reçoit l'invitation de Pim, un ami d'enfance, à l'inauguration d'un site de production laitière en mémoire de son frère Jan, décédé à 17 ans. Je ne sais pas si je suis claire... Après avoir longuement hésité, elle se procure un énorme bloc de glace, et va à cette commémoration ainsi froidement munie. Durant son voyage, elle repense à son passé, à sa famille.

Dans son début, j'ai été partagée entre l'attirance, car le mystère et l'humour me plaisaient. D'abord, c'est quoi ce bloc de glace ?, de quoi Jan est-il mort dans le passé, et qu'est-ce qui les liait ?... Quelques pages plus tard, une scène sordide dans l'atelier du père de la petite Eva, alors 14 ans, m'a figée, et j'ai failli laisser tomber, mais cela passa. C'est une scène sur laquelle Eva revient en pensée, et bien qu'importante dans ce récit, elle passe en sourdine, et c'est autre chose qui nous intéresse, car on voit davantage de tendresse enfantine, d'humour, d'amitié, de jeux. Eva, dont les parents alcooliques incapables d'assumer leur rôle, ne révèle rien d'elle et protège sa famille, et passe son temps avec ses amis à jouer.

J'ai adoré l'histoire merveilleuse, remplie de nostalgie, de l'amitié entre ces 3 petits adolescents, Eva, Laurens et Pim, réunis à l'école en raison de leur année de naissance, et devenus ainsi meilleurs amis. Sans compter Jan, décédé d'une mort horrible. Leurs jeux entre grange et poulaillers, action-vérité, ou bien énigmes pour petites filles qu'ils doivent noter, leurs campements ou baignades improvisés, … sont des scènes délicieuses à parcourir.

Ce roman est d'une grande richesse de contenu, les traits d'humour sont un vrai trésor, il réveille le passé de l'enfance, et parle très bien de la culture villageoise. L'écriture n'est pas des plus académiques, mais la traduction francophone, dans ses tournures de phrases belges, y a tout son sens.
Une oeuvre extraordinaire et une auteure à suivre.
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J'ai beaucoup aimé la construction de Débâcle : une journée dans la vie d'Éva, entrecoupée des souvenirs d'un été, 13 ans plus tôt, alors qu'elle était une petite fille traînant avec deux garçons de son âge. Cet été a lui-même été précédé, l'année d'avant, par un drame au village. Vous me suivez ?
On suit très bien Éva en tout cas : cet été a marqué un tournant tragique dans sa vie, on le saisit immédiatement, mais les circonstances ne sont révélées qu'au compte-gouttes.
La narration sème des indices sur la famille d'Éva, sur l'été, sur le drame survenu l'hiver précédent. Tous les personnages sont approchés de façon allusive, par toutes petites touches, avec une grande subtilité.
Ce qui commence comme des souvenirs d'enfance assez lisses va peu à peu se détraquer au fil du récit. Tout concourt à la tragédie finale : deuils, misère sociale, alcoolisme...
C'est sombre, c'est glauque, et c'est splendidement écrit. Une autrice à suivre, à n'en pas douter.
Traduction parfaitement fluide d'Emmanuelle Tardif.

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