Comme nombre d'entre vous, j'avais adoré "
Station Eleven" et je me réjouissais beaucoup de replonger dans l'univers d'Emily St. John Mandel.
Roman d'ambiance, son dernier récit m'a absolument fascinée, et il a imprimé en moi sa cadence à contre-temps, tantôt précipitée tantôt ralentie. Un texte envoûtant, qui se dévoile au fil des chapitres, pour nous emporter dans un tourbillon, jusqu'à la chute finale, vertigineuse.
"
L'hôtel de verre" est un havre de silence et de luxe, perdu au fin fond de l'île de Vancouver, accessible uniquement par bâteau. Il appartient au richissime John Alkaitis, dont la fortune repose sur un édifice de placements très lucratifs. Il vient parfois s'y ressourcer, loin du tumulte de sa vie de businessman new-yorkais. Les parois de verre de cet hôtel sont aussi le carrefour du récit, le lieu où se nouent les destins des protagonistes du roman : Vincent, la jeune et belle barmaid, et son étrange demi-frère Paul, qu'elle a recommandé pour un poste d'homme à tout faire, John et quelques uns de ces clients, tout converge vers ce lieu hors du temps. Un soir alors que Vincent est au bar, une phrase sybilline vient troubler la surface lisse de la baie vitrée du salon de l'hôtel : « Et si vous avaliez du verre brisé ? »
Pour signifier comment cette simple phrase est le catalyseur de l'effondrement de l'édifice fragile des vies des personnages, Emily St.John Mandel élabore une construction romanesque complexe et impressionnante, où chaque personnage prend sa place dans la catastrophe annoncée dès le premier chapitre.
Inspirée par l'effondrement de l'empire Madoff en 2008, l'autrice canadienne nous raconte combien il est aisé pour l'homme de construire sa vie sur des illusions, telles que la beauté, l'argent, le succès ou le pouvoir. Mais que nous reste-t-il lorsque tout s'effondre ? Quand on finit par confondre la réalité et son reflet, peut-on revenir en arrière ? Si j'ai éprouvé des difficultés dans la première partie du roman à comprendre les connexions entre les personnages, la deuxième partie du roman m'a littéralement emportée, et lorsque tout se met en place, on prend la mesure de la grandeur de cette oeuvre singulière.
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