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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je ne pense pas pouvoir dire que j'ai particulièrement aimé cette histoire. le thème ne touche aucune corde sensible chez moi et j'ai trouvé les personnages très « distants » du lecteur (bien que très humains).

Cependant je suis admirative de la construction de ce roman, que j'ai trouvée très fine et intelligente. Nous sommes menés de bout en bout avec une grande fluidité malgré les nombreux sauts temporels.

C'est donc pour moi une lecture mitigée !
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Une histoire qui gravite autour de la pyramide de Ponzi (cette arnaque aux investisseurs).

Des sauts dans le temps et autour de la planète, une belle galerie de personnages, des atmosphères multiples, le tout mené avec une telle habileté que le lecteur ne s'y perd jamais.

L'écriture est magnétique, un univers en soi.
J'ai beaucoup aimé.
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Un billet difficile à rédiger car, si j'ai apprécié la lecture de ce roman, je ne suis pas certaine d'avoir bien saisi l'intention de l'auteur. le récit se déroule entre 1994 et 2018 - date à laquelle nous faisons connaissance avec Vincent - qui est vraisemblablement en train de se noyer… c'est ainsi que débute le roman.
Flashback en 1994, Vincent, alors adolescente vient de perdre sa mère, disparue alors qu'elle fait du canoë. Son demi-frère, Paul, est de retour au foyer. Paumé, toxicomane, il espère retrouver un peu de stabilité à Caiette, petite île canadienne.
Nous suivons ainsi la fratrie qui est ponctuellement réunie mais qui jamais ne parvient à instaurer une relation satisfaisante. Paul et Vincent se croisent, cohabitent parfois, mais ne se rencontrent jamais vraiment.
Puis, l'histoire prend une nouvelle orientation quand Vincent devient la compagne de l'homme d'affaires richissime, Jonathan Alkaitis, propriétaire de l'hôtel dans lequel travaillent Paul et Vincent. Investisseur de talent, il brasse des milliards de dollars…jusqu'à la chute.
Le roman est très bien construit et se lit sans déplaisir ; il y a beaucoup de personnages qui, s'ils manquent parfois d'épaisseur, ont tous un point commun : ce sont des tricheurs, des imposteurs. Embarqués sans vraiment d'état d'âme dans les magouilles financières de leur patron pour certains, s'attribuant l'oeuvre d'autrui pour d'autres, mentant sur la nature réelle de leurs relations, chacun a quelque chose à se reprocher et a nui d'une façon ou d'une autre à son prochain. A cela, la fuite semble la seule réponse, l'option la plus rationnelle. Ce qui rend l'ensemble assez sombre. L'auteur porte sur l'humanité un regard peu amène et, de fait, il devient difficile d'investir les personnages.
La culpabilité n'est pour autant pas absente du récit, elle s'exprime dans ce que l'auteur nomme la « contrevie », espace-temps où d'autres choix auraient été possibles, où les victimes viennent se rappeler à leurs bourreaux, hantant leur conscience (Ha ! ils en ont une, nous sommes un peu rassurés 😊).
Un récit complexe, une intrigue bien tissée, un style impeccable. Pour autant, j'étais soulagée d'en finir.
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Un roman d'époque, celle de la première décennie du nouveau millénaire, entrelaçant de manière fragmentée et acérée, les excès scandaleux de la finance aux questionnements sur nos choix de vie : ceux que nous aurions pu faire lorsqu'il était encore temps, questionnements particulièrement douloureux, les vies parallèles possibles qui s'en suivent, ainsi que tous les fantômes qui nous habitent du fait de nos choix.
L'hôtel de verre est un édifice qui, lorsque nous le regardons bien, réserve plein de lectures possibles, plein de pièces cachées. Un casse-tête, un puzzle en trois dimensions inséré dans un récit non linéaire, dans lequel l'auteure saute d'une époque, d'un personnage, d'un continent à l'autre, d'un point de vue à l'autre, sans effort, avec une étonnante souplesse, permettant à la forme d'épouser le fond.

Oui, un roman d'époque, Emily St.John Mandel braquant son projecteur sur le monde d'avant, pendant et immédiatement après la crise de 2008. Lumière est faite sur les excès de Wall Street, sur les montages éhontés du monde de la finance, sur la façon dont des personnes pourtant intelligentes les ont soutenus, jusqu'à son éclatement. La métaphore du verre prend alors tous son sens. L'auteure s'appuie pour cela sur le scandale Bernard Madoff, à l'origine d'une vaste arnaque, arrêté en décembre 2008 ainsi que quelques-uns de ses employés, tous complices d'avoir perpétré un crime massif. Il a créé en effet une vaste pyramide de Ponzi, arnaque consistant à récupérer des capitaux auprès d'investisseurs, parfois des personnes qui mettent là toutes leurs économies, celles pour leur future retraite, et de les rémunérer avec un rendement inouïe, attirant par là même d'autres investisseurs, le miel attirant les abeilles, rémunération fictive en réalité fruit du vol des personnes qui viennent d'arriver. Une arnaque en chaîne…Forcément la pyramide s'écroule un jour, notamment lorsque de nombreux investisseurs veulent retirer leur argent tous en même temps.
Intéressant de traiter de la pyramide de Ponzi, édifice particulièrement opaque et malsain, pour soutenir cet hôtel de verre, ce monde épuré où l'argent et l'aisance, l'insouciance qu'il permet, offre une vie calme, dénouée de turbulences, semble-t-il. L'hôtel de verre transparent posé sur le sommet de la sombre et machiavélique pyramide de Ponzi, vous percevez l'image surréaliste que cela dessine dans votre imaginaire ? C'est cela ce livre…et lorsque l'édifice de verre explose, pour les protagonistes, c'est comme avaler du verre brisé tant l'impact est bouleversant…prison fédérales, terrains de camping, clubs marginaux et interlopes, l'auteure braque le projecteur sur ces lieux vers lesquels les coulisses bien propres de Wall Street peuvent mener.

« Léon n'avais pas compris et il avait néanmoins confié à Alkaitis son épargne-retraite. Il n'avait pas réclamé des explications détailles. L'un des défauts caractéristiques de notre espèce : tout plutôt qu'avoir l'air stupide. La stratégie d'Alkaitis lui avait semblé obéir à une certaine logique, même si la mécanique précise –options d'achat, ventes à découvert, buy and hold, conversions – échappait à son entendement ».

L'hôtel de verre est la métaphore du monde de la finance, bel édifice épuré en apparence. Une métaphore également, nous l'aurons compris, du monde des puissants, des riches. L'hôtel de verre est aussi ce que nous abritons en nous en termes de facettes, de pièces, nos choix, nos regrets, nos obsessions. Qui peuvent nous faire exploser, fragilité humaine intrinsèque qu'un rien peut faire éclater. Si j'ai trouvé le traitement de la pyramide de Ponzi intéressant, j'ai trouvé cette facette du livre totalement passionnante, me retrouvant avec émotion dans les questions soulevées. Les différents protagonistes tentent d'imaginer leurs vies si certaines décisions avaient été prises dans le passé, vies parallèles possibles dans lesquelles ils se perdent parfois, des « contrevies ». Une vie suppose nécessaire une « contrevie » que nous n'avons pas vécu. Sur cet aspect, le livre m'a fait penser au monumental 4,3, 2, 1 de Paul Auster. Ce roman qui s'écoule telle une rivière qui se séparerait en bras. Au lieu de prendre un chemin et de nous raconter une histoire, l'auteur américain se veut omniscient et décide de prendre tous les bras de la rivière, en parallèle, pour voir ce que cela donne. Une expérience de littérature. Quatre histoires, quatre destinées pour un même personnage. Nous sommes bien entendu loin de ce monument, mais ici Emily St.John Mandel touche du doigt cet aspect, avec délicatesse et poésie, si c'est beaucoup moins impressionnant, ça n'en reste pas moins troublant et renvoie à nos propres choix. Surtout, j'y ai retrouvé la même mélancolie, ces destinés fruit du hasard et de choix qu'un rien aurait pu changer…

« Ce qui la retenait dans le royaume, c'était le fait – précédemment inconcevable – de ne pas avoir à penser à l'argent, car c'est bien cela que l'argent vous procure : la liberté de cesser d'y penser. Si vous n'en avez jamais été privé, vous ne pouvez pas comprendre la profondeur de cette donnée, à quel point cela change radicalement votre vie ».

Le livre est également rempli de fantômes, de « vrais » fantômes, non là pour donner un accent gothique ou fantastique au livre, l'auteure y voit plutôt des projections de nos culpabilités, des spectres qui nous hantent. Nous avons tous en nous quelques spectres, non ? Il nous arrive tous d'imaginer notre vie si nous n'avions pas pris telle ou telle décision…Nous reconnaissons tous des décisions prises parfois sous le coup de la facilité. C'est pourquoi ce livre vibre, il tinte comme lorsque nous effleurons du doigt un verre de cristal, il « chante » avec mélancolie. Fantômes de la culpabilité donc mais aussi fantômes des deuils qui hantent la vie des protagonistes, notamment la jeune Vincent qui ne parvient pas vraiment à s'en libérer.

Et puis l'hôtel de verre, au-delà d'être une métaphore au sens multiple, est réellement un hôtel, l'hôtel Caiette, établissement dressé au milieu d'une nature sauvage, sur une petite île de Vancouver. Une nuit un étrange message est gravé à l'acide sur un des murs de verre du hall : « et si vous avaliez du verre brisé ? ». Vincent, prénom rarement employé pour une femme, est serveuse dans cet hôtel et ce message la perturbe grandement. Elle sait que c'est son demi-frère, le taciturne Paul, qui travaille comme agent d'entretien, qui l'a écrit. Au même moment, elle fait la rencontre de Jonathan Alkaitis, milliardaire, propriétaire de l'hôtel, qui lui offre de jouer le rôle de sa femme en échange d'une vie luxueuse, à l'abri des soucis financiers. Or l'immense richesse de cet homme repose précisément sur une immense pyramide de Ponzi.

« Nos clients, à Caiette, ont envie de voir la nature sauvage, mais il ne veulent pas être dedans. Ils veulent juste la regarder, idéalement par la fenêtre d'un hôtel de luxe. Ils veulent être à proximité de la nature sauvage ».


En résumé, ce livre est un livre non linéaire composé d'une multitude de points de vue permettant d'offrir plusieurs perspectives à différents moments du temps, comme le ferait un édifice en verre, mettant en exergue des histoires intimes de fantômes et de choix de vie, maillées à un thriller financier basé sur le mécanisme de la pyramide de Ponzi. Une façon d'illuminer l'humanité trop souvent oubliée dans les dédales de la crise financière, de parler aussi, à côté des pertes financières, de la culpabilité, de l'hypocrisie, de la honte, du courage…Un livre sur la perte de confiance dans le genre humain aussi. J'ai lu ce livre en apnée. Plongeant, comme l'héroïne, dans l'eau glacée des méandres de nos interrogations existentielles actuelles. Il me tarde de retrouver les personnages principaux de ce livre dans le tout dernier livre de l'auteure canadienne de cette rentrée 2023, raison pour laquelle, tout comme l'a conseillé Stéphane (@Lenocherdeslivres) à qui je dois cette lecture (merci à toi), j'ai décidé de lire l'hôtel de verre avant La mer de la tranquillité…titre énigmatique en fan de Fernando Pessoa que je suis…

« Donnez-moi du calme, donnez-moi des forêts, l'océan et pas de routes. Donnez-moi les promenades à pied à travers bois jusqu'au village en été, donnez-moi la brume se levant sur l'eau, donnez-moi la vue sur les branches feuillues, le matin, de ma baignoire. Donnez-moi un endroit où il n'y ait personne, parce que jamais plus je ne ferai totalement confiance à quelqu'un ».


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Après avoir découvert la plume de Emily St. John Mandel avec La mer de tranquillité qui vient de sortir chez les éditions Rivages, il me fallait poursuivre ma découverte. Comme je le disais dans ma chronique de la mer de la tranquillité, ce dernier se situe dans le même univers et temporellement après 2 autres romans de l'autrice : L'hôtel de verre d'abord puis Station Eleven. J'ai donc lu par L'hôtel de verre en audiobook.

A Caiette, sur l'ïle de Vancouver, se dresse un hôtel aux murs de verre, seulement accessible par la mer. Paul et sa soeur Vincent y travaillent. Un soir, alors qu'on attend l'arrivée du milliardaire new-yorkais Jonathan Alkaitis, le gérant découvre avec horreur un tag gravé sur l'une des parois transparentes: "Et si vous avaliez du verre brisé?". Dans ce havre de luxe, des gens se croisent, des destins se font et se défont. A Caiette, mais aussi à Vancouver et à New York, des vies vont prendre un tour imprévu et souvent dramatique.

Cette lecture a confirmé tout l'intérêt que je porte à la plume et au talent de conteuse de Emily St. John Mandel. Elle a sait construire des personnages riches et attachants. Pour moi, c'est vraiment le point fort de ce roman qui ne propose pas l'aspect SF de la mer de la tranquillité. Tout l'intérêt réside dans les interactions entre les personnages et leurs conséquences… C'est très difficile à décrire sans spoil et le mieux est encore de le découvrir par vous-même !

Ce roman revient notamment sur la crise financière de 2008, que j'ai vécue professionnellement et j'ai beaucoup aimé cet aspect. En revanche, il y a un élément qui est assez nébuleux et de fait, je ne parviens pas à m'expliquer un élément minime de la mer de la tranquillité… ou alors cela expliquerait au contraire un élément énorme (oui je sais, c'est très mystérieux !)

Est-ce que le dernier roman de l'autrice est spoilant vis-à-vis de celui-ci ? Je confirme que ça l'est en ce qui concerne l'intrigue principale mais encore une fois, cela ne m'a pas gêné. Si vous le pouvez, lisez-les quand même dans l'ordre : L'hôtel de verre, Station eleven puis La mer de la tranquillité.
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Des vies qui se croisent. Des jeunes gens qui cherchent une direction, un sens à leur existence. Un lieu central et pourtant isolé en pleine forêt : un hôtel de verre y est construit. Point nodal de ces fils qui se croisent avant d'être emmêlés, voire coupés pour certains.

Pour commencer, je n'avais pas prévu de lire ce roman. Même si Yogo, notre cher Maki, chante régulièrement sur son blog les louanges d'Emily St. John Mandel, je n'avais pas encore franchi le pas. Mais j'ai reçu, et je remercie pour cela les éditions Rivages, le dernier roman de cette autrice, La Mer de la tranquillité. Intrigué par le résumé, je l'ai entamé. Or, au bout d'une quarantaine de pages, le drame ! Référence était faite à un personnage et son destin qui nous était narré dans L'Hôtel de verre. Ni une ni deux, j'interromps ma lecture et fonce vers ma médiathèque (adorée car le livre était en rayon, à m'attendre sagement). Et c'est ainsi que j'ai commencé à me plonger dans la prose et la narration si particulières d'Emily St. John Mandel.

En lisant cet ouvrage, je n'ai pu m'empêcher de penser à certains romans de Paul Auster où les personnages semblent se laisser porter par les évènements. Un peu aussi comme Scarlett Johansson dans le célèbre Lost in Translation (Sofia Coppola, 2003). On suit des épisodes de vie, qui semblent décousus. D'autant plus décousus que l'on passe de l'un à l'autre, au gré des volontés de l'autrice, sans raison ou fil apparent. le fil apparaît progressivement. Très progressivement. Et il est parfois très fin. Mais quelle importance ?

Mais tout cela vaut pour la première moitié du roman, le temps que s'installent les êtres dans leurs vêtements, dans leurs habitudes. Dans la deuxième partie de L'Hôtel de verre, la narration devient plus traditionnelle. On tourne autour d'un sujet particulier dont le centre est Jonathan Alkaitis. Ainsi que sa nouvelle épouse. Mais je ne peux en dire plus sans gâcher votre futur plaisir de lecteurice. D'ailleurs, je pense qu'avec Emily St. John Mandel, ce problème va se présenter souvent : comment parler de ses livres sans rester superficiel mais sans pour autant trop en dévoiler ? J'essaie…

Les histoires racontées sont belles et tout de suite entraînantes. On fait la connaissance de Vincent. Une jeune femme malgré son prénom plutôt masculin. Une histoire de poésie. Dès les premières pages, on la découvre en mauvaise posture : seule dans l'océan après avoir chuté d'un navire. Des bribes de pensée la saisissent. Nous apparaissent lors de courts chapitres. Elle pense à son frère. On le découvre dans la partie suivante (Tout fonctionne ainsi. Et c'est parfait.). Paul est un jeune homme paumé : il ne sait pas que faire de lui, de ses études. Il végète et un bête accident va décider en partie pour lui. Puis c'est au tour de l'hôtel et de son personnel. L'hôtel Caiette « se trouve au milieu de nulle part » pour citer son directeur général. Il est inaccessible en voiture, entouré par la forêt canadienne, « à l'extrémité nord de l'île de Vancouver ». Seul le bateau permet de le relier au reste de l'humanité. Sur une vitre de ce bâtiment de luxe apparaît un soir une phrase violente et inexpliquée (du moins, jusque vers la fin du roman) : « Et si vous avaliez du verre brisé ? ». Là encore, bel exemple de l'écriture d'Emily St. John Mandel : elle nous jette cette phrase et ses conséquences à la figure, et c'est à nous de tenter de comprendre comment toutes ces pièces peuvent s'imbriquer.

C'est d'ailleurs pourquoi j'ai préféré la première partie de ce roman à la deuxième. Car le début vole dans tous les sens, d'une existence à une autre. Je me suis laissé porter avec délice d'une époque à une autre (les années sont indiquées ce qui permet de s'y retrouver), d'une vie à une autre. Or, sur la fin, on tourne autour de la même histoire. Intéressante, je n'en disconviens pas. D'ailleurs, j'ai dévoré ce livre. Mais le côté aérien des premiers chapitres m'a un peu manqué dans la suite que j'ai trouvé plus lourde. Comme si le début n'avait été qu'une préparation de la résolution finale. Eh bien j'ai beaucoup aimé cette préparation. D'autant qu'elle est servie par des images touchantes, par des bribes de descriptions surprenantes, réussies : « C'était une froide journée de novembre avec des nuages bas. Il roula vers le nord au volant d'une voiture de location grise, traversant une série de localités grises d'où on voyait par intermittence la mer grise sur sa droite, un paysage d'arbres sombres et de McDonald's et de supermarchés sous un ciel plombé. »

J'aurais dû écouter Yogo plus tôt. Cette découverte d'Emily St. John Mandel a été pour moi, sinon une révélation, du moins une très heureuse surprise. J'ai adhéré dès les premières lignes à sa façon d'écrire, à ce qu'elle propose. Et la lecture de la mer de la tranquillité a confirmé cette première impression (on en parle bientôt). Je vais ajouter les plus anciens ouvrages de cette dame, même s'ils n'appartiennent pas tous à mon domaine préféré qu'est la SFFF (c'est d'ailleurs le cas de L'Hôtel de verre), à ma liste. Vous aussi, laissez-vous emporter par cette prose envoûtante.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Nous persuader que rien n'est jamais ce que l'on croit… La réalité, chez Emily St. John Mandel est une entité malléable dont elle explore chaque recoin. Il y a du Machiavel chez cette auteure tant est prodigieux son pouvoir de brouiller les cartes.
L'histoire. En 2008, un énième scandale financier de plus ; une pyramide de Ponzi qui s'écroule laissant les investisseurs plus nus et pauvres que Job.
Les protagonistes. Employés et directeurs de la société malveillante, investisseurs crédules, ainsi que quelques proches des uns et des autres.
De ce chaudron banal, l'auteure, en alchimiste accomplie, nous livre un panel de possibles juxtaposés, entrelacés, faisant chavirer le lecteur. le réel décrit - le scandale, la prison, la perte des économies de toute une vie - est-il plus tangible que ces « contre-vies » explorées ? Et si l'enquête n'avait pas abouti ? Et si la fuite avait été possible ? Et si l'on avait dit « non » à la corruption ? Et si l'on était né du coté du pays de l'ombre, là où les sans-rien ignorent tout de Ponzi ?
Attendez vous à être malmenés comme les personnages propulsés dans de multiples vies alternatives. du pont d'un cargo aux suites luxueuses d'hôtels inaccessibles ; il est possible pour un individu d'être miséreux et toxico comme riche et adulé, barmaid la nuit et femme bijou aux bras d'un milliardaire escroc.
Chacune des strates possibles en entraîne une autre jusqu'à confondre les entités les plus distinctes, quand les morts se mêlent à la danse.
Et toujours ces indices glissés, ces repères qui ponctuent le récit nous donnant l'illusion d'une stabilité et d'une compréhension. Mandel pousse même le jeu à glisser des références propres à son oeuvre, imaginant que la grippe porcine de Géorgie qui a décimé l'humanité dans Station Eleven a pu être jugulée, ouvrant une voie de plus dans cette multitude de possibles qui ne sont jamais probables.
C'est un roman « épuisant ». Tant et tant de carrefours, de routes sans issue et de certitudes qui tombent. Je suis arrivée au terme fourbue et désorientée, forte d'une seule certitude : les montagnes se rencontrent toujours…
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Un peu surpris par le patchwork du début, emballé par le milieu, un peu lassé de la fin. Cela reste néanmoins un très très bon roman mais il m'a semblé que la fin s'étirait un peu trop mollement (d'où les 3,5 étoiles). D'un autre côté, les personnages de ce livre sont mélancoliques et presque résignés à vivre leur vie comme elle se présente à eux. C'est étirement final est donc en phase avec l'atmosphère générale qui prévaut. En tout c'est une superbe galerie de personnages et une bien belle oeuvre que cet "Hôtel de verre". A lire sans aucun doute !
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Comme dans Station eleven, Emily St. John Mandel construit des personnages qui se croisent et s'entrecroisent dans des temporalités différentes et dont les actions influencent le destin des autres.

Pour bâtir son personnage de Jonathan Alkaitis, elle s'est inspirée d'un escroc fameux, Georges Madoff, qui a élaboré une immense arnaque de type Pyramide de Ponzi, prenant l'argent des nouveaux investisseurs pour payer les anciens. Il fut arrêté en décembre 2008 et condamné à 150 ans de prison.
Jonathan joue un rôle déterminant dans le roman, parce qu'il exerce un pouvoir considérable sur ses complices et sur ses victimes.
L' occasion pour l'auteure d'une critique du capitalisme, même si elle l'envisage par le biais de la manipulation et de la crédulité.
L'argent est cependant au coeur de l'intrigue et c'est bien la cupidité qui influe sur tous les choix de vie.

Car tout le roman est bâti sur ces choix que nous faisons, qui nous empêchent de vivre d'autres vies : l'autrice appelle ces vies que nous aurions pu vivre les « contrevies ». En hommage à Philippe Roth, elle donne à Jonathan la possibilité de s'imaginer une vie alternative lorsqu'il purge sa peine de prison. Ce qui donne lieu à de très belles pages et nous interroge quant aux choix de chacun.
La plus pure reste Vincent, véritable caméléon qui passe de barmaid à milliardaire sans sciller, et renonce de même à la fortune pour naviguer.

La multitude des personnages et des points de vue, les voyages dans le temps donnent un rythme maîtrisé à ce roman qui utilise l'effet papillon pour mettre les personnages en place et denouer l'intrigue.
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A travers le destin croisé de Paul et de sa demi-soeur Vincent, nous sommes embarqués dans un roman hypnotisant.
Des histories qui s'entremêlent et des allers-retours dans les époques permettent de rentrer dans la psychologie fine des personnages.
Il est question des choix que nous faisons et de leurs conséquences.
L'écriture est fluide ; l'ambiance sombre et nostalgique.
La narration est parfaitement construite provoquant chez le lecteur une fascination malgré un sentiment d'étrangeté.
J'ai vraiment aimé.
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