Mécanique du crime

Le prix Polar de la Rive, organisé par la maison d'édition du même nom à l'occasion son lancement, avait pour thème "un crime irrésolu ou impuni dans une région au bord de l'eau". C'est Mécanique du crime qui a remporté le prix du jury, premier roman de l'auteur vaudois Reto Steffen.

Par son affaire et son ancrage géographique, le récit de Reto Steffen me rappelle le roman La veuve du Christ de Anne-Sylvie Sprenger, une autrice suisse, dont le style subversif se rapproche de celui de Jacques Chessex.

Revenons à Mécanique du crime. Celles et ceux qui connaissent la Vallée de Joux retrouveront des éléments propres à la région (en faisant fi de quelques libertés prises par l'auteur face à la réalité) : son lac - le plus grand plan d'eau du massif jurassien, la forêt du Risoud, des entreprises horlogères à la renommée internationale et des habitants souvent taiseux, décrits parfois de manière un peu caricaturale à mon goût. Un contraste entre nature et luxe qui définit si bien cette vallée située dans le jura vaudois !

Dans la galerie de personnages, c'est l'inspecteur Steiner qui m'a le plus séduite, grinçant, drôle malgré lui, et détonnant dans ce contexte rural. Perspicace, il mène l'enquête en compagnie de Camille, une policière aux nombreux atouts.

Je referme ce roman avec une pointe de frustration. Bien qu'étant au courant du thème imposé par le concours d'écriture : un crime irrésolu, j'aurais aimé connaître le dénouement de l'affaire dans l'affaire. Peut-être l'occasion du retour de l'inspecteur Steiner en terres combières afin de satisfaire ma curiosité ?

Un polar local à la mécanique rodée telle une horloge et au suspense bien maîtrisé, permettant de changer des romans de Marc Voltenauer ou encore Nicolas Feuz.

De retour de vacances – pas du tout reposantes pour cause de séparation – l'inspecteur Michel Steiner se plonge dans le journal des événements de police et tombe sur un incident insignifiant à première vue mais qui attise vite sa curiosité : un accident de la route survenu au Chenit, dans la Vallée de Joux. Aucune victime n'est à déplorer mais des traces de sang sont retrouvées dans la voiture ayant fini dans le fossé alors que l'autre a pris la fuite. L'enquête menée alors par le policier de Lausanne, aidé par des équipes de la Vallée, s'avérera ardue et fera ressortir de sordides affaires et des secrets bien enfouis depuis des années !

Plantant le décor de son premier roman dans la Vallée de Joux, Reto Steffen nous fait découvrir un endroit de Suisse romande que j'aime particulièrement, une magnifique région du Jura vaudois, connue mondialement pour ses entreprises horlogères. La rudesse de ces lieux isolés et de son climat hivernal y sont bien décrits, le tout habité par un petit monde taiseux qui ne se connaît que trop bien.

L'auteur brosse également le quotidien des flics, n'omettant pas les difficultés et la désolation qui planent sur les forces de l'ordre, face à la cruauté des crimes sur lesquels ils travaillent et face au manque de moyens et autres déconvenues qui usent insidieusement les nerfs des plus motivés.

Roman court et prenant, ce polar en terres vaudoises se lit avec avidité grâce à un scenario bien ficelé et à une construction originale, alternant des chapitres avec différents points de vue selon les personnages et les époques traversées.

Ecrit dans le cadre d'un concours littéraire organisé par les Editions de la Rive en 2022, Mécanique du crime a gagné le Prix du polar de la Rive, décerné par cinq membres passionnés de littérature suisse romande. Avec comme thème un crime irrésolu ou impuni, Reto Steffen a su laisser planer des mystères. le lecteur pourrait se retrouver un peu frustré quant au dénouement de l'enquête mais l'auteur glisse à mon sens suffisamment d'indices, apportés par le flair et les déductions de l'inspecteur Steiner, pour se faire une bonne idée de l'affaire et tirer ses propres conclusions.

En résumé : un polar régional très réussi !

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Quel suspense ! Quel audace ! Ce premier polar de Reto Steffen est une petite pépite de librairie. L'auteur parvient à nous plonger dans la vallée de joux et ses mystères à travers une enquête qui nous happe. Un style très agréable par sa simplicité qui nous fait ressentir le terroir de la vallée. Il faut un talent indéniable pour nous retranscrire avec une telle fidélité les impressions du commissaire.