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4,12

sur 1310 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Contrairement aux rudes pêcheurs qui les entourent, le Gamin (nous ne connaîtrons jamais son nom) et son ami Bardur ne vivent que pour la lecture.
Au moment où le patron appelle ses hommes, Bardur tente de mémoriser quelques vers du « Paradis perdu ». Pour son malheur.
Ce récit nous entraîne dans un monde de neige et de glace, une atmosphère âpre et sans pitié, des hommes frustes et parfois cruels qui n'acceptent pas la différence.
Mais ces deux cent quarante pages se résument aisément en deux feuilles: d'histoire à proprement parler, il n'y en a pas. Beaucoup de longues descriptions qui se répètent parfois.
Pourtant, l'amour de la lecture et l'incompréhension qu'il suscite de la part des autres est bien mis en valeur et me touche tout particulièrement, car moi aussi, comme le Gamin, je ne vis que pour les livres.
Donc, au final, je peux dire que j'ai aimé.
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Ce livre raconte la vie difficile des islandais il y a un siècle, la vie des pêcheurs, de leurs femmes, la vie des villages. Il dépeint l'Islande comme une terre aride, froide, difficile à vivre, et son peuple qui lui ressemble. Ce roman initiatique est triste, mélancolique mais tellement poétique. Ce roman est une très belle découverte.
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Actuellement très nordique dans mes lectures mais bien loin de Wallander et de Millenium je découvre Jon Kalman Stefansson (pour les gars du Nord je me fais grâce des accents, seule liberté orthographique que je me permette). Plus fort pour moi que les deux auteurs précédents, suédois, cet Islandais né en 63 se voit pour la première fois traduit en français avec "Entre ciel et terre", très forte histoire de fortune de mer et drame familial se déroulant dans l'hostilité d'une Islande où les dieux nordiques sont bien peu cléments. Les hommes ici sont pêcheurs, la bière y coule dans les rares estaminets où des femmes rudes et souvent solitaires dispensent une chaleur retenue. La poésie, Barour en est fou. C'est atypique mais pourquoi un âpre matelot d'Islande n'apprécierait-il pas le "Paradis perdu" de Milton, auteur anglais aveugle? Barour tout à sa lecture oublie sa vareuse en partant sur la barque morutière. Fatale distraction sous ces latitudes et le modeste esquif rentrera avec un cadavre gelé. le gamin, c'est ainsi que Stefansson le nomme, en conçoit un chagrin monstrueux. Il était son ami et n'a pu le sauver. Alors le gamin ne voit plus de raison de vivre. Mais avant il entreprend un voyage dans l'île afin de rendre au vieux Capitaine Kolbeinn, aveugle lui aussi comme Milton, ce fameux livre, livre assassin en quelque sorte, le "Paradis perdu". Si la première partie du livre nous cramponne à la coquille de noix en plein Atlantique en un style très riche où ciel, mer, vents et marins se combattent avec un souffle inouï, la deuxième accompagne le gamin dans son voyage-quête pour retrouver le propriétaire de ce livre magique mais désormais maudit.

Cette initiation conduira le jeune homme à croiser d'autres personnages, épisodiques, et cela disperse un peu le propos. Et puis quelque chose de tout bête m'a un peu gêné: il est parfois difficile de s'y retrouver dans les prénoms islandais et de savoir si l'on parle d'un homme ou d'une femme. Inconvénient minime pour qui fait preuve d'un peu d'attention. Mais j'ai aimé me perdre dans ces ruelles d'obscurité et de neige en un univers romanesque fantomatique et qui laisse la part belle à l'imaginaire et à la poésie. Et puis dans la quête, surtout quand elle se veut maritime mes vieux amis Melville et Stevenson errent à jamais au bastingage, en partance, fiévreux. Jon Kalman Stefansson a bien mérité d'eux, lui qui est presque l'homonyme du second. Cap au Nord. Et cap sur l'avis de Dominique, plus enthousiaste encore.
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La mer et les hommes, une histoire souvent chaotique.
Encore une fois dans ce roman, Entre ciel et terre, la mer prend un homme bon, un homme distrait, amoureux des mots et qui en perdra la vie.
Cet homme, c'est Barour, un pêcheur islandais, qui, absorbé par les vers des Paradis perdus de Milton en oublie sa vareuse. Il en mourra de froid, devant son ami, son fidèle," le gamin", le bien seul gamin, le plus jeune de la baraque des pêcheurs.

Ce gamin, auquel on ne peut que s'attacher, est inconsolable, désespéré, à la mort de son unique ami qui lui faisait découvrir les plaisirs de la vie, les plaisirs des mots.
Il décide de partir rendre ce livre maudit qui a causé la parte de son ami à son propriétaire un capitaine aveugle habitant d'une petite ville islandaise.
Il découvrira alors, petit à petit, une autre façon de vivre.

Entre ciel et terre, c'est d'abord l'histoire bouleversante de ce gamin mais c'est aussi des phrases magnifiques, de la poésie et des personnages captivants et touchants. Un gros coup de coeur.
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Entre ciel et terre, entre vie et mort, le fil est ténu. En cette Islande de 1850, la vie s'écoule, immuable, au rythme de la mer et de ses pêches à la morue, une des rares ressources disponibles sur cette terre gelée où rien ne pousse. Au printemps, les pêcheurs s'entassent dans des baraquements en bois où promiscuité et froid leur tiennent compagnie, loin de la ville et de leur famille. Nous y suivrons deux hommes : Bárður et son compagnon adolescent, « le gamin », dont nous ne connaîtrons pas le nom. Équipiers dans l'équipe de Petur, ils se distinguent par leur amour des livres et des mots. Un amour qui coûtera cher à Bárður. Plongé dans la lecture du Paradis perdu de Milton, ce dernier en oublie sa vareuse, avant de prendre la mer. Mais quand le vent monte au creux de la chaloupe et que le froid se fait déchirant, Bárður se meurt de froid devant ses compagnons impuissants. Il n'en fallait pas plus au gamin qui haïssait la mer, déchiré par la perte de son seul ami, de tout quitter et décider de retourner à la ville rendre le livre coupable à son propriétaire.

Voilà un roman âpre qui ne se laisse pas facilement apprivoiser. Il faut prendre le temps de pénétrer ces existences dirigées par la mer et le poisson. Une vie rude, à l'écart de toute chaleur, de toute civilisation et qui réclame constamment son tribut de morts. le gamin tente de fuir tout ça pour mieux aller à la rencontre de la mort.
Il pense au suicide qui le libérerait. Il pense aussi à cette fille qui lui plaît mais ne le regarde même pas. Mais sa route aboutira à d'autres rencontres : une tenancière de bar hospitalière, un vieux capitaine de bateau devenu aveugle d'avoir trop lu et des livres, encore. Ceux dont il fera la lecture et qui lui sauveront peut-être la vie après avoir tué son ami.

Entre récit initiatique et fable métaphysique, Entre ciel et terre emporte son lecteur avec lenteur et fracas. Dans une langue magnifique que le traducteur a su rendre à la perfection, il nous livre ce monde où les vivants ne sont que des morts en sursis. A travers l'histoire de Bárður et du gamin, il nous rappelle combien la mort fait partie de la vie, combien sont importants les rêves et l'espoir, combien l'homme est une part infinitésimale de cet univers entre ciel et terre. Et qu'il doit lutter pour mieux comprendre le sens de la vie.

Le roman de Stefansson est véritablement hypnotique. La langue extrêmement poétique de l'auteur, les paysages islandais magnifiés, ce souffle qui vous prend aux tripes et vous retourne le coeur, cette importance de l'infime qui lentement se révèle être l'essentiel. Tout concourt à faire de ce roman une oeuvre hors du temps, inoubliable, qui oscille entre tragique et espoir, montrant à la fois la rudesse du pays et cette humanité parfois douce qui transpire du coeur des hommes.
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Parfois les mots font que l'on meurt de froid...
Barour pêcheur à la morue est parti en mer sans sa vareuse, trop occupé à retenir les vers d'une poésie du grand poète Milton. Son jeune ami n'a pu le sauver alors commence pour lui un parcours initiatique pour rendre le livre à son propriétaire.
L'auteur nous fait partager avec une énergie ancestrale cette histoire d'amitié, de culpabilité et de mélancolie de ce jeune garçon qui se demande dans sa quête s'il a encore la force et l'envie de continuer à vivre. Il décrit un univers âpre d'une communauté de pêcheurs unie par la solidarité dans un univers glacé et hostile.
L'écriture de Stefansson est riche, fragile d'une poésie envoûtante. Nous sommes dans le rêve, le cauchemar et la nuit mais aussi dans la poésie, la chaleur, le soleil, l'amour, l'amitié. Dans tout ce qui fait la vie dans son côté éphémère, subtile et essentiel. Chaque ligne se déguste et s'installe dans un ensemble harmonieux. Nous pénétrons doucement dans cet univers de glace bleutée, de vent glacé qui fait enfler la mer jusqu'à la rendre inhospitalière même meurtrière.
Tous les personnages sont attachants. On voudrait souligner chaque passage, on les relit plusieurs fois pour bien s'imprégner de toute la beauté du récit.
On est à la frontière entre le rêve et la réalité, entre la vie et la mort, entre le ciel et la terre. Ce roman est un grand roman car il touche autant le coeur que l'intellect. Il nous fait réfléchir sur la vie, la mort et nous exhorte à vivre le présent pleinement.
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Je me suis plongée avec délice, non pas dans les eaux glacées de l'Islande !, mais dans les mots de Jon Kalman Stefansson et ce d'autant plus que je le lisais au coin du feu.
Les échanges lors de la séance de mon groupe de lecture sur la littérature islandaise m'avaient vraiment donné envie de lire Entre ciel et terre et je n'ai pas regretté. J'ai hâte d'entamer la suite afin de savoir ce que le gamin va faire de sa vie.
J'ai trouvé le style très littéraire c'est à dire que j'ai aimé les phrases, les mots choisis par l'auteur et traduits par Eric Boury. J'avais l'impression de ramer pour aller à la pêche, le froid me piquait, j'étais triste d'avoir perdu mon ami Bardur. L'auteur nous décrit les difficultés de la vie des personnages, le manque d'argent, le besoin de s'évader en picolant, le pouvoir des mots pour celles et ceux qui savent lire, les relations de couple, l'amour et l'amitié "Nulle chose ne m'est plaisir en dehors de toi"
Très bon moment de lecture hivernale.
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Rares sont les livres dont on sait après quelques pages qu'ils resteront parmi vos lectures préférées. En 2009 il y avait eu " La leçon d'allemand " et en 2010 il faudra beaucoup de talent à un écrivain pour détrôner ce livre magnifique.
La littérature islandaise m'avait déjà apporté beaucoup de plaisir avec Laxness mais aujourd'hui j'attends avec impatience que les autres livres de Stefánsson soient traduits en français pour retrouver cette écriture si particulière.

A l'ouest de l'Islande il y a plus d'un siècle, quasiment au bout du monde, dans le fond d'un fjord, sont réunis pendant la saison de pêche un groupe d'hommes qui vivent et meurent de la mer. Voilà, vous allez les accompagner dans une nuit de pêche à la morue, dans la barque il y a Bárður un marin pas comme les autres car ce qu'il aime par dessus tout ce n'est pas la pêche, non, ce sont les livres que lui prête un vieux capitaine aveugle, d'ailleurs là en ce moment sa lecture c'est " le Paradis perdu " de Milton, il est tellement habité de poésie qu'il en a oublié sa vareuse dans la baraque où il dort.
Pour faire équipe avec Bárður il y a un gamin, un jeunot, qui le suit comme son ombre et qui s'est laissé lui aussi envoûté par les mots, il veut " accomplir quelque chose dans cette vie, apprendre les langues étrangères, parcourir le monde, lire un millier de livres ".
Il n'a plus ni père ni mère, son père aussi " était sur une barque à six rames (...) et il ne fut pas le seul à se noyer " et sa mère à griffonner pour lui avant de mourir " Vis " munit de ce viatique il s'essaie à la vie.

Son seul ami c'est Bárður, il rame avec lui, " seule une maigre planche les sépare de la noyade " sur ce bateau, mais cette nuit là un vent glacial souffle, la tempête s'en mêle. Lorsque le gamin se retrouve seul, son ami disparut, il a à coeur de faire ce qui était le plus important pour celui-ci, rendre le livre emprunté au vieux capitaine qui possède , merveille des merveilles quatre cent livres, et puis après... rejoindre son ami dans la mort.
Le voyage du gamin est un voyage initiatique, son désir de rejoindre Bárður est fort mais l'envie de continuer à vivre est là aussi, un poème peut changer votre vie
C'est un livre rare que ce roman, une révélation, de ceux que l'on ne peut oublier, la poésie habite les deux personnages, imprègne tout le livre, un monde disparu auquel on se sent lier par les mots de Stefánsson. L'exploration des replis de l'âme humaine est de tous les pays, le style et les superbes métaphores nous obligent à ralentir la lecture et nous font regretter d'être arrivé à la fin de l'histoire. L'art du traducteur Eric Boury permet de jouir pleinement de la beauté de ce livre.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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"CERTAINS MOTS SONT PROBABLEMENT APTES A CHANGER LE MONDE , ...CERTAINS MOTS SONT DES BALLES DE FUSIL, D'AUTRES DES NOTES DE VIOLON."
Entre ciel et terre, est un un roman incroyablement FORT, il est difficile d' en parler tellement les mots semblent faibles pour décrire cette histoire , cette atmosphère et cette écriture.
J.K. Stefansson cite la force des mots (v.citations) ; et parvient à nous "happer" avec les siens en nous offrant un véritable voyage emplit de poésie et d'humanité ; c'est incroyablement beau et triste.
Une très belle découverte et un Grand Roman
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cette lecture m'a pris un peu de temps parce que j'ai eu du mal avec les phrases à rallonges avec quinze virgules, mais dans l'ensemble j'ai trouvé le récit très beau. tout est très poétique, les mots sont choisis avec une justesse assez désarmante selon moi. les thèmes connus des islandais, voire scandinaves sont ici très bien développés : la nature belle mais dangereuse, les raisons de l'existence, l'amitié et la mort.

à écouter en lisant : l'album 6 Feet Beneath The Moon de King Krule
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