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4,12

sur 1301 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'équipage d'une embarcation à 6 se prépare à une sortie en mer, pour aller pêcher au large dès que le vent qui balaye ces côtes du Nord-Ouest islandais se sera apaisé. Parmi eux, un jeune homme d'une vingtaine d'années et son ami Bárður, tous deux férus de lecture, qui reviennent tout juste d'une virée en ville dont ils ont ramené un recueil de poésie de Milton, "Le Paradis Perdu". Hélas, trop occupé à relire les vers de Milton, Bárður oublie sa vareuse et le paie de sa vie lors de la pêche... Son jeune ami, bouleversé par cette mort injuste, décide de rapporter le livre de poésie à son propriétaire, un vieux capitaine devenu aveugle...

Bien loin des polars islandais réaliste que j'ai l'habitude de lire, ce roman est juste magnifique de beauté, de tristesse, de poésie. Écrit sur un rythme lent, les mots prennent leur temps pour faire leur effet. On pourrait le lire à voix haute d'un bout à l'autre, comme un cadeau, tellement chaque phrase est travaillée, seule ou en lien avec les autres. L'histoire débute avec les préparatifs de la sortie en mer, dont on sent l'intensité et le danger à chaque paragraphe, puis elle se poursuit avec l'expédition de deuil du jeune garçon, qui pleure son ami, comme son frère, et dont l'émotion un peu rugueuse nous prend à chaque phrase. Enfin, le roman s'achève sur la promesse d'une autre vie, une coupure d'atmosphère avec le début du livre mais qui nous redonne envie d'espérer. Un style somptueux, une histoire émouvante, un roman à fleur de peau qui se lit d'une traite et qui me redonne des envies d'Islande, c'est malin...!
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Un roman d'une rare intensité humaniste ; une histoire d'amitié profonde entre deux pêcheurs islandais dont l'un, Barour, trop occupé par ses lectures, à retenir des vers d'un poète anglais, perd la vie lors d'une sortie en mer avec ses co-équipiers de pêche pour avoir oublié sa vareuse à terre. Son ami qui aura tout essayé pour le maintenir en vie pendant le retour sans compromettre la vie des autres camarades quittera le village pour rapporter le livre à son propriétaire, vieux capitaine aveugle tout en se demandant si la perte de son ami vaut encore la peine de vivre ou s'il est préférable de mourir pour tout oublier. Ce voyage loin du village des pêcheurs et ce retour vers lui-même l'aideront-ils à surmonter sa peine ou finiront-ils par le résoudre à quitter la vie pour rejoindre son meilleur ami ?
Dans cette aventure contrastent la vie dure des pêcheurs et les nombreuses réflexions de ces hommes sur la vie, sur leur vie, sur leurs sentiments mais aussi sur leur environnement grandiose présent autour d'eux ; les mots, les expressions sont toujours bien choisis pour retranscrire cet univers à la fois très pénible mais aussi plein de poésie. Magnifique ode à la véritable amitié.
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Il est des livres dont il est difficile d'expliquer pourquoi il nous ont tant plu. Celui-ci en fait partie. J'avais déjà un peu ressenti cela avec Asta, mais là c'est encore plus fort.
Je ne sais pas si c'est l'histoire de ces pêcheurs islandais, ou l'écriture de Jon Kalman Stéfànsson, ou certainement la combinaison des deux, mais c'est un livre qui vous emporte, qui vous enveloppe.
C'est un livre très doux, très poétique et à la fois très fort, parfois même violent lorsque la nature se déchaîne.
Je ne peux que recommander cette lecture, qui à mon sens, donne un très bel exemple du pouvoir des mots et de la littérature.
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Voici encore un magnifique roman tout droit venu d'Islande ! Jon Kalman Stefanson nous apporte du Nord sa belle écriture poétique, il serait dommage de passer à côté.
Entre Ciel et Terre est le premier tome d'une trilogie également composée de la Tristesse des anges et de le Coeur de l'homme qui a fait de lui un écrivain à part entière.
Tout commence dans une communauté de pêcheurs, dans les rigueurs du climat et la rudesse des hommes. le destin se met en place tout simplement par quelques vers :
« Qui pose sa capuche
Emplie d'ombre
Sur toute chose,
Tombe le silence,
Déjà se lovent
La bête sur son lit d'humus
L'oiseau dans son nid
Pour le repos nocturne. »
Il en faut peu pour bouleverser la vie d'un homme et celle d'un garçon qui partira ensuite redonner le livre qui a donné la mort à son propriétaire désormais aveugle.
Touchant, cruel et poétique, ce roman est un voyage initiatique de la mort à la vie, des ténèbres vers la lumière, un brin philosophique et profondément émouvant.
Une belle découverte pour moi !
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J'ai eu assez de mal à entrer dans le livre, mais une fois fait je l'ai vraiment savouré.

Pour la 1e fois je trouve que le traducteur a su garder la spécificité de la langue qu'il a à traduire. C'est donc parfois un peu déroutant mais c'est à mon humble avis ce qui fait la valeur de ce livre.

N'hésitez pas à lire le livre, c'est une très belle histoire d'amitié, d'hommes qui parlent peu et du poids de la vie et de la mort.
Et merci à l'auteur pour cette très belle histoire.
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Des destinées humaines confrontées à des conditions climatiques extrêmes, des contrées où la lecture d'un livre peut conduire à la mort, un récit captivant, une langue poétique, c'est le premier roman d'une trilogie islandaise à découvrir !
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Un superbe roman avec une écriture incroyable. Une histoire poignante et un style qui font que les romans de Jon Kalman Stefansson sont superbes.
Il faut aussi rendre hommage au traducteur, Eric Boury qui a fait un travail incroyable pour rendre compte de la beauté de ce texte.
Du grand art.
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Cet écrivain a l'art d'installer son roman sur la durée par une nature omniprésente et des portraits d'hommes croqués en quelques traits.
« On ne dort pas de la même façon en pleine mer qu'ici, dans ce Village posé à l'extrémité du fjord, entre ces hautes montagnes, en réalité au fond du monde où la mer devient parfois si douce qu'on descend sur la plage pour aller la caresser, pourtant elle n'est jamais douce quand on quitte les campements, nulle chose ne semble capable d'apaiser son bouillonnement, pas même le calme des nuits, le ciel tapissé d'étoiles. »
Des hommes s'acheminent vers les campements afin d'embarquer pour une nouvelle saison de pêche à la baleine.
Dans ce flux d'hommes rudes, hommes allant sur la mer quel que soit le temps, sans savoir nager, deux silhouettes se distinguent, un homme et un gamin qui ne sont pas comme les autres.
Ces hommes oeuvrent de conserve. L'enfer c'est le froid qui vous colle après la suée du labeur. Alors que chacun attrape sa vareuse pour se protéger, Baróur lui a la main qui se referme sur le vide. le drame est là, il couve, il happe, il suspend le lecteur dans cette immensité à ses côtés. Pendant que ses compagnons rêvent à ce qu'ils feront du produit de leur pêche, le froid l'enveloppe, le fouette, rien n'y fait, ses gestes désordonnés pour se réchauffer, rien. Il est conscient que la mort approche.
Dans cette coquille de noix où six hommes font leur travail, Baróur et le gamin sont seuls face à l'inéluctable.
Ces deux-là se sont trouvés, passionnés tous les deux par les mots, ils se comprennent, ils s'émulent.
Leur sujet de discussion : le Paradis perdu de Milton.
« Il est des poèmes qui changent votre journée, votre nuit, votre vie. Il en est qui vous mènent à l'oubli, vous oubliez votre tristesse, votre désespoir, votre vareuse, le froid s'approche de vous : touché ! dit-il et vous voilà mort. »
Après la perte de son mentor, le gamin qui s'est trouvé là presque par hasard, ne veut pas rester. Il se donne pour mission de rapporter le livre de Milton au vieux capitaine aveugle qui l'avait prêté.
Le gamin n'a plus personne, ni père mort, ni soeurs mortes également, ni mère. Cette dernière a eu une enfance difficile, elle a appris à lire et écrire en écoutant les leçons données aux enfants de ses maîtres. Elle a eu à coeur de transmettre son savoir au gamin, et encore plus aiguillonner sa curiosité. Elle travaillait dur pour éloigner la misère, et ses heures de loisirs étaient consacrées à la lecture.
Lorsque le gamin quitte le campement, il est tout petit face à l'immensité qu'il va traverser, avec pour seul compagnon, ce livre enveloppé contre les intempéries dans son sac à dos.
Deux jours de marche, face à lui-même et cette force qui le pousse, n'est-ce pas bizarre de vouloir rendre ce livre à son propriétaire ? Un livre meurtrier.
Arrivé, épuisé, seul.
De nouveau parmi le monde, il est comme l'albatros de Baudelaire :
« le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. »
Le gamin ne dit-il pas : « Je ne sais tout bonnement pas qui je suis. Je ne sais pas pourquoi j'existe. Et je ne suis pas sûr d'avoir assez de temps devant moi pour le découvrir. »
L'écriture est sublime. Magnifique juste pour faire beau, mais pour accompagner le lecteur dans une quête profonde, philosophique, une réflexion sur le monde. le gamin est jeune, il a tout à découvrir, mais en lui il a ce que beaucoup n'auront jamais.
La poésie est là en toute chose, comme des perles de rosée qui sublime la jeune pousse.
Ce ne sont pas des effets, on ressent chez l'auteur ce regard en profondeur sur la vie, sur l'écriture, il dévoile, il renforce, il donne à celui qui le lit matière à aller toujours plus loin.
Je crois que cette magie est intrinsèque chez Jón Kalman Stefánsson.
J'aime quand l'écriture me submerge pour m'engloutir et me rejeter dans une histoire qui n'est pas mienne, mais que je peux m'approprier par un cheminement intime. La lecture ce plaisir immobile est pourtant un mouvement perpétuel, mais rare sont les auteurs qui ont l'art d'emmener le lecteur aussi loin.
Merci aux traducteurs en général et à Eric Boury car sans lui je n'aurai pas pu faire ce beau voyage, que je vais continuer car il reste deux tomes à lire.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 28 mars 2020.

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Une lecture éprouvante pour le coeur, mais sublime pour les yeux.
Jón Kalman Stefánsson nous transporte dans la vie dure, glaciale, marine de l'Islande. La tristesse du gamin est la nôtre, ses nombreux questionnements ont trouvé une bonne résonance en moi.
Une écriture très poétique, et donc très belle. Un livre envoûtant, et une très belle découverte.
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Etrangement je trouve parfois plus difficile de parler de mes plus belles lectures que des autres. Certaines lectures sont si magnifiques et nous donnent tant qu'il est difficile de trouver les mots pour en parler.
Même si j'avais lu de nombreuses critiques élogieuses de ce roman je craignais un peu une lecture âpre et plate. Bien au contraire, la plume de Jon Kalman est riche et séduisante. le rythme en est très particulier avec ces phrases très (très) longues. Mais cette longueur donne justement un rythme très particulier et envoûtant. le style est très original et cette originalité, bien qu'un peu déconcertante au départ, est finalement très poétique.
Les personnages sont magnifiques : Bardur (ou Barour l'écriture diffère selon les sources, dans le livre ce prénom est écrit à l'islandaise mais je ne possède pas de clavier adapté) ce pêcheur à l'esprit si plein de poésie qu'il en oublie sa vareuse, seul rempart contre le froid mordant ; Pétur le capitaine du bateau(la scène magnifique de cet homme chantant dans le silence de la mer, un chant puissant à la « force immémoriale »), Andrea figure maternelle pour « ses »hommes mais qui n'en reste pas moins femme, Geirprudur en bute aux préjugés de ses voisins mais qui n'en a que faire,… Et j'en oublie. Des hommes et des femmes aussi rudes que la terre d'Islande. Mais qui, comme elle, cachent des beautés insoupçonnées. L'Islande d'ailleurs est magnifique sous la plume de Jon Kalman Stefanson. La nature y est sauvage et magnifique, froide et superbe. Les personnages sont ici à la merci de la nature. La mer, la montagne et la neige tiennent les rênes du destin des hommes.
J'aime beaucoup le titre « entre ciel et terre » qui sans la nommer rend hommage à la mer, qui n'est pas tout à fait la terre mais qui n'est pas non plus le ciel. Sur la mer, les hommes sont dans un autre monde, entre ciel et terre.
La vie, la mort, la quête de soi,… ce sont des thèmes que l'on retrouve très fréquemment en littérature mais que Jon Kalman Stefansson aborde avec beaucoup de justesse.
C'est beau.
Un énorme coup de coeur, une lecture qui me hantera longtemps et que je pense conseiller à de nombreuses personnes. Je vais m'empresser d'emprunter à ma bibliothèque préférée un autre roman de cet auteur.


Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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