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4,12

sur 1301 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pour survivre, ils pêchent. En rang au signal, alors que l'aube n'est encore qu'un songe, tous ils se lancent, six par barques, inlassablement, ces colosses gaillards rament à l'assaut de la mer et de leur destin, ils fendent les flots. Aucun ne sait nager. Des heures durant ils rament, bravant le froid, la fatigue, la peur, la faim, la soif, ils rament jusqu'à trouver l'endroit où le poisson va mordre, va les nourrir à défaut de les enrichir, cet endroit que le patron pêcheur connait, sent, devine, soupçonne, où, lignes déroulées, en attendant que le poisson se laisse pêcher, ils vont guetter le ciel, le temps, les vents, ballottés par les flots, arrimés vaille que vaille à la possibilité, à l'espoir, de pouvoir rentrer sans être balayés de la vie, de ramer à nouveau des lustres sans verser, être engloutis, se noyer. Revenir pour bientôt, un autre matin, repartir, et ramer, pêcher, encore ; si on n'est pas déjà morts.

C'est dans cette vie, aux côtés du « gamin » et de Bardur, que Jon Kalman Stefansson nous immerge, dès les premières lignes de ce roman (son premier à avoir été traduit en français). Et c'est magnifique. Plein de rudesse et de poésie, ce récit est puissant et emporte, les émotions déferlent à égale mesure des vagues et des personnalités rencontrées. J'avais eu un coup de coeur pour D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds, et la magie de la plume de cet auteur islandais m'a à nouveau prise dans ses filets. L'amitié, le deuil, le chaos de la vie, le désir, l'instant où tout bascule… J'ai refermé ce livre un peu sonnée, et bouleversée. Emplie de lumière, aussi. Je conseille vivement, bien sûr. Il y en a deux à suivre celui-ci, La Tristesse des Anges et le Coeur des Hommes. Une suite aux Poissons n'ont pas de pieds est sortie chez Gallimard le 17 mars dernier : A la mesure de l'Univers. Hâte.
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Pour tous ceux qui se lance dans cette lecture, je vous conseille de ne pas lire la 4e de couverture. le voyage n'en sera que plus beau.
J'ai choisi cet ouvrage en prévision d'un voyage en Islande, pour me plonger dans l'atmosphère du pays, rêver mes vacances. Je n'ai pas été déçue.
L'auteur nous plonge dans l'univers des marins islandais, à une époque où chaque sortie en mer est un pari sur la vie. Les mots sont beaux et justes.
C'est aussi l'histoire d'une amitié, et le portrait de femmes et hommes, tous un peu blessés, tous un peu mélancoliques, mais non sans espoirs. Et le gamin, marin malgré lui au début de l'histoire, devient le porteur de cet espoir... et du livre "maudit".
C'est une lecture qui m'a touchée par la grâce et la douceur de l'écriture qui décrit une atmosphère de l'Islande comme je l'imagine.
C'est un de mes coups de coeur de l'année et j'ai hâte de lire la suite de cette trilogie (même si l'ouvrage peut se lire seul).
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Il y a la mer et les montagnes, le froid glacial et la neige, la nuit et le jour, la fragilité des hommes et le force des éléments naturels , c'est l'Islande des pêcheurs de morue au 19ème siècle. Et, il y a la vie et la mort.
Avec la mort de son ami Barour, le gamin découvre que vie et mort sont étroitement mêlées. La mer peut nourrir et tuer. Un poème peut donner du sens à la vie mais fait oublier l'indispensable vareuse du marin. La mort de Barour met le gamin sur le chemin de vie «  Car nous sommes presque uniquement constitués de ténèbres « .
Un livre poème. Un livre grave qui interroge : qu'est-ce que la mort ? Qu'est ce la vie ?
Et la question fondamentale : qu'est ce vivre . «  L'enfer, c'est de ne pas savoir si nous sommes vivants ou morts « .
Un livre qui bouscule. Un livre qu'on n'oublie pas. Un chef d'oeuvre.
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Cette critique porte sur les trois livres qui composent la saga Entre ciel et terre de Jón Kalman Stefánsson.

« Un jour, j'ai reçu une lettre où il était écrit que je devais vivre. Mais voilà, je ne voyais pas dans quel but. Il est important de le savoir, on ne saurait vivre pour la seule raison qu'on n'est pas mort, ce serait une trahison. Il faut vivre comme une étoile qui scintille.
Maintenant, je le sais. »

Entre ciel et terre (la trilogie) - Jón Kalman Stefánsson @editionsfolio

Il est des romans dont la plume vous touche dès les premiers mots, il est des auteurs capables de vous envoûter, de vous transporter en quelques phrases, en un souffle… il est des mondes dont il est impossible de décrire la beauté, la puissance, la splendeur…

Il est cet auteur islandais qui allie à la fois poésie, rudesse, profondeur, ivresse, nature sauvage, hiver implacable, beauté des mots, simplicité de la vie démunie… Jón Kalman Stefánsson 🌟

« L'hiver, la nuit n'est pour ainsi dire que ténèbres et silence. Nous entendons les poissons soupirer au fond de la mer, et ceux qui gravissent les montagnes ou se rendent sur les hautes terres peuvent écouter le chant des étoiles. Les anciens, détenteurs d'une sagesse nourrie de l'expérience, affirmaient qu'on ne trouvait là-haut rien que des terres glacées, battues par les vents, et de mortels périls.
Nous mourons si nous n'écoutons pas ce qu'enseigne l'expérience, mais nous moisissons si nous y prêtons trop d'attention. Il est dit quelque part que ce chant est capable d'éveiller en vous le désespoir ou le divin. Partir dans les montagnes par une nuit calme et sombre comme l'enfer pour y chercher la folie ou la félicité, c'est peut-être cela, vivre pour quelque chose. »

Son style m'évoque à la fois Franck Bouysse et Jim Harrison, et pourtant il est unique et différent! Il décrit son pays, sa terre, ses pêcheurs, ses humains simples et démunis… mais il parle aussi du pouvoir des mots, de la beauté de la vie, de la littérature et de sa portée.

« Nulle chose ne m'est plaisir en dehors de toi. La poésie vous tue, elle vous donne des ailes, vous les agitez un peu et sentez l'enchantement vous envahir. Elle vous ouvre des mondes nouveaux, puis vous ramène brutalement à la tempête et aux souillures du quotidien. Et que sans cet amour, ma vie serait ma mort : pour une raison imprécise, le gamin éprouve le besoin de répéter la dernière strophe »

Je ne vais pas détailler chaque tome de cette magnifique trilogie car ce serait creux et inadapté: l'essentiel du message réside simplement dans la manière de façonner les mots, de les faire vivre, vibrer, voler… de transcender le Verbe!

Voilà l'histoire d'un gamin, dont on ne connaîtra jamais le nom, qui était touché par la poésie, les mots, la littérature… un gamin qui voyait le monde autrement, inadapté à la vie rude et âpre, et pourtant ce jeune homme, insignifiant pour certains, différent pour d'autres, détient un pouvoir: celui de toucher l'âme par les mots ✨

« Les mots ne sont souvent que des pierres inertes, des vêtements élimés et usés.
Ils peuvent également être de mauvaises herbes, de dangereux vecteurs d'infection, des planches vermoulues qui ne supporteraient même pas le poids d'une fourmi et d'autant moins celui d'un homme. Pourtant, ils sont l'une des rares choses qui demeurent à portée de main lorsque tout semble se jouer de nous. Gardez bien cela à l'es-prit. N'oubliez pas non plus ce que nul ne comprend : les mots les plus insignifiants et les plus improbables peuvent, sans qu'on s'y attende, se Charger d'un lourd fardeau et conduire la vie pour la sauver par-delà les plus vertigineuses crevasses. »

Une plume d'une grande beauté, venue du Nord et du froid, qui souffle à la fois l'hiver et la lumière 🌟
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Des pages magnifiques, une grande force, dans ce roman qui ne traite de rien moins que du sens de la vie. Un marin meurt de froid pour avoir oublié sa vareuse en essayant de retenir des vers de Milton. Pourquoi continuer à vivre quand son meilleur ami est mort à cause de la poésie et qu'on est seul au monde ? Pourquoi mourir d'ailleurs ? le Gamin s'interroge, tout en observant ceux qui se tiennent dans l'entre-deux… L'Islande, le quotidien terrible des pêcheurs de morue, le froid qui tue, la poésie et le désir. Des fulgurances, des pages d'une beauté évidente, un grand plaisir de lecture.

« L'enfer, c'est d'être mort et de prendre conscience que vous n'avez pas accordé assez d'attention à la vie à l'époque où vous en aviez la possibilité. » p. 120

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Voila un des plus beaux livres qu'il m'ait été donné de lire ces dernières années.

Ma petite soeur me l'a offert pour Noel 2010 et je l'ai pris par hasard en 2011 dans mes étagères. Je ne l'ai pas refermé avant de l'avoir fini. L'histoire est triste mais quelle jolie écriture. Les phrases sont ciselées. Les mots sont précis. Une très belle traduction à mon humble avis de Éric Boury.

Comme le laisse entendre le titre, entre le ciel et la terre: il y a la mer. Mer qui est omniprésente dans ce livre. La mer qui donne de quoi vivre ou plutôt survivre mais qui aussi celle qui tue, qui emporte les gens que l'on aime. La mer où partent ces marins qui ne savent pas nager car ils s'en remettent à Dieu. Ils partent sur des coquilles, qui ressemblent à des cercueils. La mer fascinante, étrange, nourricière et meurtrière à la fois.


Et puis il y a l'Islande, cette ile, pays avec ces quelques milliers d'habitants qui tentent de survivre dans un milieu hostile. Il y a longtemps, un gamin orphelin perd son seul ami par la faute de Milton... Et oui, les mots peuvent sauver mais ils peuvent aussi tuer... C'est le cas si on oublie sa vareuse parce que l'on veut retenir des vers du paradis perdu et que l'on part pour 12 heures dans la nuit islandaise. Suite à ce décès, le gamin part rendre ce livre... C'est le début d'une marche vers la mort, vers la vie, il ne sait pas mais il marche. A l'arrivée, le gamin rencontrera d'autres mots, d'autres femmes, d'autres destins... Comme souvent dans la littérature scandinave, les femmes jouent un rôle pivotal. Elles sont plusieurs dans ce roman. Elles jouent des rôles différents tant pour le gamin que pour les autres hommes du roman.

Un livre à découvrir et à savourer. Un livre que je relirai pour mieux l'apprécier.

Je trouve ces quelques phrases superbes. Elles sont dans le quatrième de couverture et pour une fois je trouve que le résumé est vraiment parlant et rend bien le contexte du livre.

"Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d'autres des notes de violon. Certains sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le coeur et il est même possible de les dépêcher comme des cohortes de sauveteurs quand les jours sont contraires et que nous ne sommes peut-être ni vivants ni morts."
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Les mots me manquent pour décrire ce roman d'une beauté magnétique.

L'histoire représente à mes yeux une sorte d'ovni littéraire. Elle nous conte la vie de Baldur, amoureux de la poésie et plus précisément des paradais perdus de Milton, ce qui provoquera sa mort puisqu'il oublie sa vareuse et meurt de froid en mer.

vous l'aurez compris, nous sommes chez les pêcheurs islandais, ces hommes ou ces gamins qui partent en mer braver les éléments au péril de leur vie. ces hommes rudes aiment la littérature et pour certains la poésie. Dans cette pêche dont Baldur ne reviendra jamais, le gamin perd son ami, son confident et se retrouve incroyablement seul dans un village où il se sent étranger.

Stefansson nous livre un récit d'une très grande poésie, d'une beauté inouie. Sa plume dessine les mots et nous donne à voir un chef d'oeuvre de la littérature. Elle cisèle les phrases comme on sculpte des blocs de glace pour nous décrire ce monde rude de taiseux dont la grandeur est d'accepter leur destin.
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Un village de pêcheurs sur les côtes islandaises, il y a plus d'un siècle. Parce qu'ils préfèrent s'en remettre à Dieu qu'apprendre à nager, nombre d'entre eux périssent noyés, ajoutant ainsi la fatalité dans un milieu déjà très hostile. L'atmosphère est posée dès les premières pages : entre la mer glaciale et montagnes menaçantes on survit plus qu'on ne vit. La force d'affronter l'austérité de cette vie de labeur, Barour la puise, lui, dans la littérature et la poésie, à la fois source d'évasion et espoir d'un avenir meilleur. Et pourtant cette passion le conduira à sa perte.

Premier roman de l'auteur islandais (depuis deux autres romans ont été publiés), je l'ai découvert en déambulant au rayon poche d'une librairie puisqu'il vient de paraître dans ce format. L'écriture poétique s'accorde parfaitement au thème du deuil, l'originalité de la narration (une deuxième voix dans de courts chapitres signalés en italique) et la sensibilité et la compassion qui se dégagent de ce livre en font assurément une pépite à ne pas manquer. Je ne serais pas surprise qu'il fasse l'objet d'une adaptation cinématographique, et pour ma part cela aurait gâché ma lecture tellement j'ai pris plaisir à imaginer ces paysages inconnus.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Pierre Loti, savez-vous qu'un auteur islandais, Jon Kalman Stefansson, a écrit un siècle et demi après vous un autre " Pêcheur d'Islande ". Comme vous, il plonge son lecteur dans la dure pêche à la morue au début du vingtième siècle. C'est un livre sombre, mais éclairé par la poésie, qui nous entraîne dans l'ombre du fond des fjords, sur la Mer Glaciale (les majuscules sont dans le texte), sur les vagues déchaînées, dans les tempêtes de neige, dans les villages rudimentaires des pêcheurs qui partent affronter ces périls dans leurs barques à rame. Mais, il en est parmi ces hommes qui ont l'amour des livres et des mots. Barour qui meure de froid, car il a oublié sa vareuse, trop occupé qu'il était à retenir les vers du " Paradis Perdu " du poète anglais Milton, avant de partir en mer. Son meilleur ami, " le gamin " qui entreprend un dur voyage pour rendre le livre à son propriétaire, un vieux capitaine aveugle, qui a deux passions, la mer et la poésie. le gamin est tenter de rejoindre par le suicide son ami disparu, mais il retrouve la force de vivre, auprès du capitaine Kolbeinn et de sa fabuleuse bibliothèque, "de plus de 400 livres ". La pêche funeste, dramatiquement et merveilleusement décrite, le dévouement et l'inquiétude des femmes à terre et des personnages forts, tel que le capitaine, Brynjolfur, qui a résisté à toutes les tempêtes (il souriait au plus fort des bourrasques) et qui sombre dans l'alcoolisme, le capitaine aveugle, amoureux des libres nous valent des pages dignes des plus grands romans d'aventure maritime. Oui! Il y a du Melville, du Verne, du Loti, du Conrad, du Stevenson dans ce roman. Jon Kalman Stefansson y ajoute l'amour des mots, des livres, de la poésie, qui tue et qui sauve, mais qui sont une " présence tranquille " et nécessaire pour les passionnés de lecture. Je finis sur ces mots de Jeanne Benameur, car c'est elle, qui m'a conseillé ce livre à l'occasion d'une dédicace de son roman "Profane ".
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Entre ciel et terre est un roman mais aussi un poème à la vie, aux mots et donc à leurs auteurs, les poètes et les romanciers. Un chant d'amour, un hymne aux mots et à ceux qui les lisent, à l'amitié, la fraternité. Un chant à la douleur quand les amis nous sont enlevés, devant nos yeux impuissants.
Les larmes coulent effroyablement et acidement à la lecture des pages qui relatent la cruauté mais la réalité. Beauté et cruauté, si je devais n'avoir que deux mots. Un troisième : hypnotique. Ce livre est hypnotique. L'écriture est précise, brève, une claque, un coup de brise en pleine mer.
J'en suis sortie indemne mais si grandie.
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