La tristesse des anges

dernier opus d'une magnifique trilogie hors catégorie de cet auteur islandais que je suis à présent avec un bonheur immense, à lire absolument !

Ce roman qui s'inscrit dans la continuité de "Entre ciel et Terre" etconserve la beauté de la langue, ciselée comme un flocon de neige. La vie est dure, âpre et terriblement froide en Islande. La nature et aussi rude que le coeur des hommes. Et pourtant, confrontés à ces éléments dignes d'une sur-nature, les hommes luttent jusqu'à tomber la face contre le sol. le lecteur contemple cette lutte et ressent la grandeur des paysages et des éléments au travers d'une langue terriblement envôutante. On suit ces islandais dans leurs périples et leur tourments sans jamais s'en lasser. Une grande réussite littéraire.

Le gamin a été accueilli dans l'auberge depuis le décès de son ami. Ce groupe de marginaux qui préfère se cultiver plutôt que de pécher ou saler la morue est montré du doigt dans le village. Toutefois le gamin accepte d'être hébergé et de partager leur vie et le travail dans l'auberge contre de l'enseignement et des cours particuliers par l'instituteur du village.
Survient alors un évènement: il doit accompagner le facteur qui doit remplacer un confrère malade pour une mission hors du village.
Cette traversée entre mer et terre amène ces deux personnages à travers des paysages de glaces et une tempête permanente qui entrave leur avancée. Ce temps est l'occasion pour le gamin de poser ses réflexions sur son rapport au monde et tente de comprendre la naissance de sentiments nouveaux. le facteur de son côté cache ses nombreuses faiblesses intérieures derrière un physique puissant et un mutisme qui laissent planer le mystère sur son histoire personnelle.
Au cours de ce périple les personnages se rencontrent, apprennent à se connaitre plus par leur actes que par le dialogue.
Ce livre à l'instar du premier opus est magnifiquement écrit et traduit.Il relate la manière dont la nature forge les hommes et comment se construisent les relations dans cet univers dans lequel l'immobilité est synonyme de toute fin. C'est une histoire de solidarité d'entraide et de respect entre des hommes qui ne se connaitront qu'à l'issue du voyage.
Au delà de la pauvreté et de la précarité dans cet environnement rude l'homme sait trouver le bonheur à travers les autres.
Il est difficile de décrire la richesse poétique de l'ouvrage car elle en est la substance principale et transpire à chaque ligne.
Je pense avoir encore plus apprécié ce volume que le précédent, charmé, je ne peux pas passer à côté du dernier tome.

Longue méditation sur la violence du climat nordique et la lutte quotidienne des islandais pour une vie moins rude.

Immense coup de coeur pour cette deuxième partie de la trilogie, qui est certainement la partie la plus réussie. On retrouve le gamin, hébergé au village et amené à accompagner le facteur dans les contrées plus au Nord.

Une fois qu'on accepte de se laisser emporter par l'histoire, qu'on lâche nos résistances, nos réticences, qu'on oublie nos petits soucis, notre quotidien et qu'on accord à cette lecture tout le temps nécessaire, on est complétement envouté par cette histoire. Est-ce dû à l'abondance de neige dans les paysages décrits ? A la perte de repère dans ces tempêtes incessantes ? A l'ambiance feutrée des brouillards ? Je ne sais mais la magie opère et on voudrait savourer chaque passage, chaque ligne, chaque mot même. Et que jamais ce plaisir ne s'arrête …. C'est un livre complétement hypnotique.

Comme dans le très beau « entre ciel et terre », il est question de landes, de fjords, de blizzard, de séracs, de Mer Arctique. Mais pas que. Il est question de poésie, d'amitié, d'amour, de vie et de mort. Mais pas que.

Roman d'aventure et d'introspection, teinté de fantastique. Roman inclassable, à découvrir absolument.

Alors que chacun sache qu'encore je te chéris
Et que sans cet amour, ma vie serait ma mort,
Nul n'y aurait remède, ni Dieu, ni homme fort,
Si je venais à perdre de mon coeur le trésor.

De la poésie pure.
La démesure du climat rendue par la démesure du style et la démesure de l'aventure.

Il est un peu difficile d entrer dans l histoire du fait du nombre de personnages et de leurs inter relations. Puisque l ecriture poetique est omnipresente, elle nous tient... Et finallement la magie opere a nouveau... Et nous sommes avec les personnages dans cette nature sauvage et austere et dans toutes les profondeurs.

Souvenez-vous, nous avions quitté le Gamin dans un périple hivernal. En plein deuil de son ami Bárður, il traverse les plaines et les montagnes pour rendre un livre de poésie. Arrivé dans une auberge, il y trouve de l'affection, de la tendresse, de la chaleur humaine comme il n'en avait pas connu depuis longtemps.
Ce deuxième tome commence par l'arrivée d'un postier, Jens, dans l'auberge. le Gamin y est depuis trois semaines, il a repris des forces et se sent plus confiant dans l'avenir, les doutes qu'il avait eus auparavant sont oubliés. Helga, une des tenancières de l'auberge, l'a accueilli et lui propose même de l'instruire. le Gamin, amoureux des livres et surtout des mots, ne peut refuser. Cependant, avant de commencer cette instruction, le postier a besoin de lui pour traverser les montagnes et surtout la mer. Seul l'adolescent est capable de dompter les vagues. C'est encore un nouveau périple auquel il va devoir faire face. Pendant la traversée, les deux hommes devront vaincre la neige, le froid, la soif et surtout se supporter. Ils seront aidés par des personnes dans les refuges, heureusement, car en cette période de printemps glacial, l'Islande ne pardonne pas.
La magie a encore opéré et bien plus encore avec ce deuxième volet. J'ai dégusté chaque page, chaque mot et j'ai ressenti des frissons quand je fermais le livre en me demandant ce qui allait advenir du Gamin et de Jens, seuls dans les montagnes. Dans le tome précédent, j'avais regretté quelques passages où je m'étais sentie perdue. Ici, rien de tout cela, l'histoire est plus claire. La force de ce roman est de nous inviter dans les pas des deux aventuriers, en pleine tempête de neige et réussir à nous captiver, sans une répétition, sans ennui. Tout est juste, pas une phrase ni un mot en trop. Au risque de me répéter, cette poésie m'enchante et me transporte. Les personnages sont justes et le Gamin m'a totalement séduite. Dans ce tome, il découvre l'amour, le désir et les mots employés par l'auteur sont tout simplement magnifiques.

Pour avoir été en Islande en été, je connais les paysages de plaines et de glaces mais ici, Stefansson nous montre un aspect dangereux et hypnotisant.
Si un jour je devais choisir un seul livre pour aller sur une île déserte (sait-on jamais…), ce serait bien celui-ci. Pour le relire encore et encore et découvrir toutes les facettes qu'il propose.

Le troisième tome « le coeur de l'homme« m'attend, ainsi que le dyptique » D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds » et « À la mesure de l'univers » (mais ceux-ci je les tiens au chaud pour cet hiver).


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La lecture de "La tristesse des anges" de jon kalman Stefansson m'a stupéfié par l'incroyable résonnance qu'elle a suscitée en moi et que je n'avais plus ressentie depuis Crime et châtiment. Et pourtant guère comparable. Ce chant de vie si chaud palpitant et fragile dans la neige et la mer islandaise certes rêvées, est si profondément vrai dans chaque phrase aux répercussions insondables qu'il vous ébloui. Ainsi le Mont Blanc d'autrefois .lorsqu'il était à vaincre. Je vais le relire aussitôt pour noter les plus grosses pépites trouvées et les garder précieusement. Je vous recommande cette lecture mais il faut vous mettre en condition pour chanter la vie avec lui.