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3,8

sur 365 notes
Il y a d'abord ce titre, si incroyable qu'il semble renfermer toute la beauté de l'Islande entre ses lettres. Ensuite, c'est l'immensité du talent de Jon Kalman Stefansson qui se déploie dans les rues de ce petit village des fjords de l'ouest de l'Islande. Là-bas, les saisons passent et le jour sans fin fait place à une nuit infinie. L'été est court, l'hiver fort long. Pourtant, les habitants y sont tous lumineux, à leur façon. Certains tentent de vivre une belle vie, tandis que d'autres mettent tout en oeuvre pour bien mourir. Il y a ceux qui tombent amoureux des cieux et des langues depuis longtemps oubliées et ceux qui tentent de semer les fantômes des nuits noires et des passés exilés des mémoires. Il y a les amours et les adieux. Les séparations et les retrouvailles. Et puis, il y a la petite robe de velours sombre qui fait s'illuminer les yeux des hommes et grincer les dents des femmes. Enfin, parfois, seulement parfois, il y a le retour de l'être aimé, ou la rencontre entre deux âmes qui fera tout basculer. Alors là, le temps d'un instant, l'obscurité laisse place à la lumière d'été… puis (re)vient la nuit.

La plume de Jón Kalman Stefánsson n'a de cesse de m'émouvoir et de me transporter dans un ailleurs fait de poésie et de beauté. Si ce roman n'a pas l'étoffe de "Ton absence n'est que ténèbres", il présente un souffle romanesque qui nous transporte dans le tourbillon de la vie. La vie comme elle peut être : tendre et cruelle. Emplie de joie et de désespoir. En huit courts chapitres, l'écrivain islandais nous permet d'entrer dans la danse de l'existence, lorsque, au firmament, les rêves, les désirs et les espoirs se font les plus incroyables. Il fait de ce village islandais un microcosme du monde, un théâtre où chacun des protagonistes révèle l'universalité de ses propres aspirations. C'est magnifique. Saisissant d‘humanisme. Bref, c'est Jón Kalman Stefánsson. Et je l'aime.

Traduction (incroyable) de Éric Boury.
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Un tournant, me semble-t-il, dans l'oeuvre de Jon Kalman Stefansson. Jusqu'ici ses livres chantaient la nature, l'amour, la poésie. Lumière d'été, puis vient la nuit, présente brusquement la vie telle qu'il la voit à présent, c'est-à dire plutôt moche. Peut-être parce qu'il est arrivé à un âge où il est revenu de bien des choses. Il nous présente un à un les habitants d'un petit village, il déroule leur existence, qui débute souvent bien, même très bien, puis tourne à l'aigre, à la douleur, au désespoir. Et l'auteur insiste : ainsi va la vie, il n'y a rien à y faire.
J'avoue ne pas avoir terminé ce livre. Il est désespérant, parce qu'il dit vrai.
Ce n'est pas Libération qui me contredira : "il entre dans les familles, débusque des comédies et des drames, nous surprend, nous fend le coeur."
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Un village de 350 habitants sans église ni cimetière, une coopérative, un abattoir.  L'atelier de tricotage a fermé depuis que son directeur s'est pris de passion pour l'astronomie. Un village où il ne se passe pas grand chose. Un village où circulent les  commérages. Peu de distractions : une séance de cinéma de temps à autres, quelques bals l'été.

L'art de Jon Kalman Stefansson est de nous y faire sentir la vie, avec finesse et poésie. La vie simple. Huit chapitres centrés autour d'un personnage et de son entourage immédiat. L'Astronome  quitte responsabilités familiales et professionnelles,  vend sa maison pour acquérir des grimoires en latin. Agusta, la postière  lit la correspondance et fait circuler des ragots. Jonas et son père Hannes, le policier, ce géant qui lisait des poèmes.  David et Kjartan employés de la Coopérative (j'aurais aimé en savoir plus sur cette coopérative agricole)  sont confrontés à des phénomènes paranormaux dans le hangar : des fantômes?  Sigridur, ancienne Miss Vesturland, forte femme souveraine absolue de l'Entrepôt, Elizabet, autre forte femme, Benedikt, le paysan plus à l'aise avec son chien qu'avec les femmes... Je ne les cite pas tous. 

Jon Kalman Stefansson présente cette galerie de personnages, tous différents, avec leur personnalité, leurs travers, leurs amours. On est étonné de voir se rencontrer et s'aimer des personnages à priori si différents.

Il nous fait sentir le glissement de ce village rural dans le XXIème siècle et  la société de consommation. La vie devient plus facile, on ne redoute plus le froid ou l'humidité mais des biens superflus deviennent indispensables. Les bergers ont parfois fait des études universitaires, partent voyager à l'étranger. La coopérative va être privatisée. 

La vie, tout simplement! Amour et sexe (parfois dissociés) et alcool. On boit beaucoup au village. Il fut un temps ou l'alcool était difficile à obtenir, il coule à flot. Sans jugement de valeur. L'alcool va dissoudre les timidités, permettre des relations sexuelles refoulées. Comme on est en Islande, ce sont souvent les femmes qui prennent des initiatives, personnalités fortes. 

Et la poésie!

Jon Kalman Stefansson est un auteur que je suis, j'ai adoré le Coeur de l'Homme - le premier que j'ai lu, Asta également un peu moins D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds et ce dernier et il me reste d'autres titres à découvrir, d'ailleurs Entre ciel et terre attend dans ma liseuse pour un prochain voyage livresque en Islande. 



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Les critiques doivent faire au moins 250 caractères de long et pourtant un seul mot suffit pour décrire ce livre : Fabuleux , si je devais choisir quelques romans parmi tant et tant de romans fabuleux , celui-là en fait partie . Je n'ai pas encore atteint les 250 caractères , que dire alors , que c'est un des plus beaux romans et il serait bien dommage si on ne l'a pas lu au cours de notre vie .
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La fin de la carte


Certains livres ne s'imposent pas d'eux-mêmes. Ils acquièrent une cohérence dans ceux qui les précèdent. Ainsi ce Lumière d'été se niche dans un interstice, celui qui succède aux Dynamiteurs de Whitmer. Je voulais changer, démarquer, et cette chronique villageoise d'un hameau de fin du monde me semblait marquer un territoire bien distinct de la violence sourde et dense du Whitmer.


Fin du monde au sens géographique. Rien d'apocalyptique dans ce roman doux-amer (encore que...) mais une finitude. Après ce village islandais il y a la mer et puis rien. Cela concoure à une ambiance singulière. Les habitant.e.s pratiquent une folie légère, de celle qui nous accompagnent parfois mais qui prend ici une teinte différente. Un pays où la nuit s'installe longuement après un jour qui dure, ce pays a un rapport au rationnel qui fluctue quelque peu.

C'est ici que se loge la réussite de ce livre. Dans ce surnaturel qui frôle, caresse, du Stephen King en retenue.

Chaque partie s'attarde sur un homme ou une femme qui peuple les rues du bourg, un lieu loin et proche du Monde qui pulse, heurte, se débat, cette modernité qui semble abolir les frontières pour en ériger d'autres plus sournoises. Un personnage nous est présenté et ce qui pouvait sembler un recueil de nouvelles prend la forme d'un récit choral émouvant, sensible, bouleversant parfois. Pas de winners ici, ni de looser non plus, juste celles et ceux qui font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont.

La plume de Kalman Stefansson accompagne les virages et détours de cette balade islandaise. Sinueuse, empathique et plantée fermement dans les pensées des protagonistes, elle est d'une grande beauté, poétique et dense, elle nous enferre dans ce clair-obscur qui alterne et rythme la vie là-bas. Les louanges se doivent de pleuvoir sur la traduction remarquable d'Éric Boury.

Ce livre finalement est à l'image de l'Islande, qui se dévoile dans une beauté décalée, loin des lagons, des attentes convenues. La poésie se marie plus aisément aux tourments qu'aux alizées...

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Nous sommes nombreux à ne connaître qu'une phrase,
un vers,
'Toi, qui pâlis au nom de Vancouver...'
voire uniquement le titre d'un livre-
dont on a souvent oublié le nom de l'auteur –
ou que l'on attribue à un autre...
Ici, on se souviendra de ce petit village et de ses habitants...
mais devrais-je ne retenir qu'un phrase -
et à elle seule,
elle nous console des milliers de pages sans intérêt
que nous nous efforçons de lire -
je ne parle pas de celles de Jon Kalman Stefansson -
on déguste chaque mot avec un plaisir de gourmet -
pourquoi égarons-nous ainsi notre temps?
Où en étais-je?
Cette phrase de Jon: 'Le secret de la longévité de ce village sans église: la distance qui nous sépare du cimetière...aussi ne signons nous pas la pétition demandant que l'on construise église et cimetière, intimement convaincus que celui qui apposerait son paraphe, signerait son arrêt de mort.'

Jon Kalman Stefansson est un des quelques romanciers contemporains dont on peut prendre, avant de se dissoudre dans le crépuscule, tous les livres. Quelques uns sont moins enthousiasmants que d'autres, mais aucun ne laisse indifférent.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Ces chroniques d'un petit village d'Islande ressemblent un peu à des nouvelles, si ce n'est que certains personnages sont récurrents, se croisent... Il faut dire que tout le monde se connaît, tout le monde a ses petits secrets, et chaque chapitre vient nous en raconter un.
Assez agréable à lire, dépaysant et bien écrit.
Par contre, ce roman ne va pas me laisser de souvenir impérissable, la preuve : je l'ai lu il y a 3 semaines et j'ai du mal à écrire ma chronique !
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Il ressort de la lecture de ce roman, que l'Islande est un beau pays, rude dont les habitants sont de grands rêveurs. de grands buveurs d'alcool aussi, surtout les hommes. Quelquefois ils vivent leurs rêves, quelquefois leurs rêves se fracassent … C'est beau, cela donne envie de connaître les islandais qui ne semblent pas beaucoup sortir de leurs frontières. Pour ma part, j'ai parcouru un peu une partie du monde et aussi Reykjavik brièvement, je n'ai jamais rencontré d'islandais en dehors de chez eux ou je ne les ai pas identifiés comme tels.
Il est beaucoup question de solitude, de latin, d'astronomie, de femmes qui hantent les esprits masculins et de femmes fortes qui ont conscience que le cerveau de ces messieurs est au bout de leur bite.
Quelquefois je me suis un peu engluée dans la lecture de certains passages vraiment très lents, sans doute pour que le lecteur prenne la mesure des longs hivers, mais aussi par le nombre de personnages aux noms si peu familiers à nos yeux et dont souvent, on ne sait s'il s'agit d'homme ou de femme.
Je découvre cet auteur à travers ce roman et je vais persister à le lire car j'aime son écriture, la perception de ses contemporains, ses réflexions sur notre époque.
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« Lumière d'été, puis vient la nuit » Jon Kalman Stefansson (Folio 300P)
Voilà un magnifique roman, un livre intense et léger, un livre de bienveillance aux antipodes de la littérature feelgood que je ne goute guère, drôle et douloureux, mais pétri d'amour, d'amour de l'humanité, des gens, mais aussi d'amour de l'amour et du désir.
Il s'agit de huit nouvelles, des récits qui se déroulent dans un petit village sur la côte islandaise, une petite société où tout le monde se connait, où chacun est plus ou moins sous le regard des autres, où les liens d'amitié, d'amour et de jalousie se font, se défont ou perdurent au rythme marqué des saisons rigoureuses, comme si ce climat extrême exacerbait les sentiments et les attitudes. On retrouve d'une nouvelle à l'autre certains des personnages, et on suit ainsi des fils de vie sur des années, voire des décennies.
Tout est raconté du point de vue d'un narrateur collectif, qui parle dans un ‘Nous' bien pluriel qui doit représenter le village en lui-même. Ce ‘Nous' regarde ses concitoyens avec distance, ironie, indulgence, générosité, et lucidité. Il interpelle parfois directement le lecteur, ce qui installe une certaine complicité. Et d'ailleurs, les récits ont le ton de la confidence, de l'oralité, l'écriture est simple au meilleur sens du mot, sans sophistication, mais avec une élégance de conteur, joyeuse et colorée.
On voit un homme, engoncé dans sa solitude, passer des heures à tenter d'écrire une simple carte postale à celle qu'il craint si fort d'aimer, et dont il se force à penser, contre l'évidence, qu'elle ne peut pas l'aimer lui.
On lit une délicieuse scène d'amour, évoquée plus que vraiment décrite, mais qui se déroule sur une grande carte du monde collée sur le sol (« Pour sa part, elle se trouve sur les montagnes d'une altitude de deux mille cinq cents mètres, situées au sud du Pérou » …)
On croise des personnages hauts en couleurs, en particulier des femmes de caractère, ce qui conduit parfois au meilleur, parfois à de violentes réactions.
On trouve, disséminées ici et là, quelques incises qui m'ont touché sur le politique (petit florilège : « L'Alliance (la coopérative du village NDR) était aussi vermoulue de l'intérieur que le sont aujourd'hui les Etats-Unis, le vent qui souffle avec insistance de l'ouest répand d'ailleurs sur l'océan une forte odeur de moisi. » / « Il a toujours été facile de gouverner les immobiles. » / « Des millions, et même des dizaines de millions de gens sont persuadés que les quinquagénaires américains blancs sont une bénédiction pour les nations de ce monde, - des hommes conservateurs, bornés et belliqueux, aveugles à la fibre délicate qui constitue la vie, dangereux pour l'équilibre fragile de notre planète. Or, au lieu de les combattre, nous les encensons. » / « Si elle vivait aujourd'hui, Tekla (une héroïne mythique NDR) s'engagerait peut-être en politique et s'emploierait à changer le monde, pour peu que le pouvoir ne la transforme pas trop vite, il n'a pas son pareil, il chante des berceuses aux plus ardents idéalistes et les mets à sa botte. »).
Parfois, ce sont des écarts plus philosophiques sur le temps qui passe et la modernité, la vitesse toujours plus exigeante de la société, qui nous fait passer à côté de l'essentiel.
Et puis J.K. Stefansson n'est pas que romancier il est aussi poète, et son livre est marqué de ces nombreuses mais discrètes figures de style qui rendent la lecture si agréable (« le soleil répand son sang à la surface de l'océan. » / « Agusta et le bureau de poste sont aussi indissociables l'une de l'autre qu'un bras d'une manche. » / « Un ragot à mordiller. » / « La solitude, cet oiseau qui nous entame constamment le coeur. » / « Quand le soir est posé sur les vitres, on trinque avec la nuit. » / « Quand ils se tenaient côte à côte, ils ressemblaient à un 10. »)
Et même si son approche du désir ressemble parfois à un joli conte pour adultes (et quand le désir est là, qu'il est impérieux), sur d'autres aspects il n'y a pas de naïveté, il nous décrit avec une solidaire lucidité par exemple le poids de l'alcoolisme. Et jalousie, rancoeurs, sont aussi au programme.
C'est un roman superbement écrit, très fort sans avoir l'air d'y toucher, un très beau plaisir de lecture et une leçon d'écriture aussi, qui me rendent avide de découvrir d'autres textes de Stefansson.

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Aaah ces Islandais quel talent !!
Encore une fois un très bon moment de lecture
L'auteur nous entraîne dans un petit village d'Islande , un coin paumé sans église ni cimetière
Et nous allons faire connaissance de plusieurs habitants
Vies simples et rudes
La vie , l'amour , le sexe , le désir , la mort
Les occasions loupées , les fantômes ou les choses inexpliquées
J'aime beaucoup ces ambiances nordiques
L'Islande si belle et inhospitalière
Un grand dépaysement loin de la vie bouillonnante des grandes cités européennes
Une écriture sans fioriture qui va droit au but
Un certain humour en plus
J'ai passé un super moment
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