AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,07

sur 218 notes
5
27 avis
4
14 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Roman peu connu de John Steinbeck, Lune noire est paru en 1942 (mais traduit par Lattès en 1994), à un moment où l'armée allemande n'avait pas encore subi les revers sur le front russe.

Le roman est à ce propos tout à fait visionnaire, car l'auteur y déroule la certitude que les peuples occupés ne peuvent l'être de manière durable. (N.B. il ne connaissait pas le Tibet)

Ce roman court est principalement composé de dialogues. Ceux-ci sont acérés, humains et travaillés à l'extrême. Entre Lanser, le colonel allemand, Winter, le médecin et Orden le maire, nous sommes entre hommes du monde. Les jeunes loups qui gravitent autour de ces hommes, qu'ils soient résistants ou officiers nazis ne possèdent pas le même souci des convenances, le même dévouement, le même fatalisme. Ce fatalisme est visible au départ chez Lanser et vers le 3è quart du livre chez Orden. La guerre n'est pas une affaire d'hommes soucieux des convenances, nous dit Steinbeck.

Le roman se déploie comme un huis clos. Vu qu'il est composé de dialogues en majeure partie, c'est presque une pièce de théâtre. On décrit ce qui se passe à l'extérieur de l'hôtel de ville où toute l'action du livre se déroule, sauf lors de l'évasion de deux jeunes gens et de la tentative de séduction de Molly par Tonder. On trouve la patte de certaines pièces de Camus ou Beckett, et même si l'absurde et le surréalisme ne sont pas aussi poussés, le fatalisme l'est.

Steinbeck montre que la résistance passive est source de puissance. Mais il admet également qu'elle ne peut rien sans l'action armée. Dans ce but, il fait monter l'ambiance et la pression, suscitant l'angoisse croissante chez le lecteur. Il travaille sur les dialogues mais aussi sur les ellipses, gommant des événements clés (comme la mort de Tonder) pour laisser le lecteur compléter les manques. Dans le roman, tout peut arriver, ce qui donne une grande force au récit, et même si la fin est fort convenue, aucune autre ne pourrait satisfaire le lecteur.
Commenter  J’apprécie          40
Steinbeck nous rappelle que dans la guerre il n'y a qu'un seul perdant : tout le monde. On souffre, on exalte le pire, on croit se battre pour le meilleur, ou on est déjà désabusé. Que de misères.
Gouverner le monde, un monde unanime = impossible, jamais, toujours ré-sistants il y aura.
Le style de Steinbeck est assez sec, pas de superflu, tant mieux. Il y a quelques répétitions de termes imagés pour bien nous les faire rentrer dans le crâne, il y a aussi un côté imprécation ou provocateur plutôt. Steinbeck n'a pas écrit ce livre pour rien, donc il in-siste.
C'est tous les va-t-en-guerre, tout ceux qui veulent diriger, qui croient tellement en leurs idées et qui veulent les imposer qui devraient lire ce livre. Tous les politiciens, aussi.
Attention : Ce livre n'est pas une leçon de morale, ou alors bien subtile. Dommage qu'il manque l'humour de Des Souris et des Hommes, ou même de la Perle, le comique dans le tragique, sans quoi j'aurais peut-être mis five stars...
Commenter  J’apprécie          40
Tout est dit. Cela se lit comme un manuel de résistance x-12 bis à usage des conquis. C'est simple et précis et chacun y joue sa partie. La fin de partie sera la fin de la tyrannie. Quand on connait la fin, les martyrs sont des héros, hauts les coeurs, et même quelques pleurs.

Tout est dit. Enfin aujourd'hui, une fois l'histoire écrite. Or avant la fin de l'histoire, ce n'est pas la même histoire. Imaginez, nous sommes dans le froid du début 1942 et vous lisez ce livre sous le manteau neigeux. C'est un grand tremblement, un grand renversement : comment se peut-il que cette lune si noire brille si intensément. L'histoire nous le dira .

Commenter  J’apprécie          30
Je croyais avoir quasiment tout lu de John Steinbeck, l'un de mes auteurs favoris, et voilà que je découvre ce court roman. Différent par certains aspects, notamment le fait que l'action ne se situe pas en Amérique, mais c'est probablement pour lui donner une dimension plus universelle, mais aussi parce que les Etats-Unis n'ont pas été envahis par un ennemi extérieur quelconque.
Les thèmes , en revanche, restent dans la lignée de ceux que l'auteur a toujours abordés: la liberté, la résistance (ici à l'oppression), la propagande, la peur, la survie...
The moon is Down (titre original) se situe pendant la seconde guerre mondiale et a été écrit dans le but de dénoncer le pouvoir de la propagande et de remonter le moral des troupes alliées. C'est un huis-clos que je verrais bien mis en scène au théâtre.
Je dois quand même avouer que mon préféré a toujours été et reste Les Raisins de la Colère, suivi de près par Des souris et des hommes. J'ai vu ce dernier sur une scène de théâtre et trouve que cette forme a décuplé sa force.
Commenter  J’apprécie          30
C'est en parcourant une liste des oeuvres de Steinbeck que j'ai découvert de nouveau ce livre. Il m'a été offert lors d'un anniversaire et de la sortie d'une nouvelle édition par une amie qui connaît mon engouement pour cet auteur immense à mes yeux. J'avais été sidérée par ce livre plein de retournements de situation, où les plus forts ne sont pas ceux que l'on croit et qui permettent de placer de nouveau l'homme au centre de sa liberté, de sa responsabilité et de son action dans l'histoire. Encore une fois , cet auteur nous livre au-delà d'une histoire une éthique, une philosophie, un rapport au politique qui ont fondé mon rapport au monde.
Commenter  J’apprécie          30
Lune noire est un roman écrit durant la seconde guerre mondiale par John Steinbeck, prix Nobel de littérature 1962. On y retrouve donc une certaine propagande et un appel à la résistance.

J'ai beaucoup aimé ce livre, et pourtant c'est un roman plutôt atypique pour Steinbeck, on n'y retrouve pas ses atmosphères habituelles. D'ailleurs, il s'apparente plus à une pièce de théâtre, presque une tragédie grecque, se terminant avec des extraits du procès de Socrate !

Une troupe de soldats Allemands envahit une petite bourgade du Nord de l'Europe pour exploiter ses mines de charbon. Les principaux personnages de la tragédie qui va prendre place sont ainsi présentés au lecteur, l'état-major Allemand, le maire et ses alliés, ainsi que le traître qui a aidé à la prise de la ville. Cette première partie n'est pas la plus intéressante, mais une fois les personnages en place, l'auteur fait monter très habilement l'intensité dramatique. D'escarmouches en représailles, de sabotages en exécutions sommaires, on arrive à la scène finale où le maire est pris en otage par l'ennemi et menacé d'être exécuté dès le prochain sabotage.

"Les gens n'aiment pas être conquis, colonel, et donc ils ne le seront pas. Les hommes libres ne déclenchent pas la guerre, mais lorsqu'elle est déclenchée, ils peuvent se battre jusqu'à la victoire. Les hommes en troupeaux, soumis à un Führer, en sont incapables, et donc ce sont toujours les hommes en troupeaux qui gagnent les batailles, et les hommes libres qui gagnent la guerre. Vous découvrirez qu'il en est ainsi, colonel."

Le maire cèdera-t-il ? Parlera-t-il à ses administrés ? Essaiera-t-il de négocier ? Quelle est sa marge de manoeuvre ? Et c'est là qu'intervient le très beau texte du procès de Socrate, car le maire a les idées claires même s'il ne se sent pas le plus courageux des hommes :

"Après cela, vous qui m'avez condamné, je veux vous prédire ce qui vous arrivera, …Je vous l'annonce donc, à vous qui m'aurez fait mourir ! Votre châtiment ne tardera pas, quand je serai mort, et, … il sera plus cruel que cette mort que vous m'infligez. En vous défaisant de moi, vous n'avez cherché qu'à vous décharger de l'importun fardeau de rendre compte de votre vie…
Il s'élèvera contre vous un bien plus grand nombre de gens qui vous reprendront ; ils étaient retenus par ma présence, et vous ne vous en aperceviez point ; mais après ma mort ils seront d'autant plus importuns et plus difficiles qu'ils sont plus jeunes, et vous en serez bien plus piqués ; car si vous pensez qu'il suffit de tuer les gens pour empêcher les autres hommes de vous reprocher que vous vivez mal, vous vous trompez."


Commenter  J’apprécie          30
Histoire courte qui forme une synthèse de l'occupation sans trop noircir l'occupant et qui porte un message d'espoir. Intéressant à lire surtout en sachant que ce livre était lu en cachette pendant l'occupation.
Commenter  J’apprécie          30
On connaît Steinbeck pour ses « Raisins de la colère » et sa grande fresque américaine des années 30. Steinbeck est un écrivain de la route, de l'aventure « cabossée », celui qui, à la fin de sa vie, part avec son chien Charley dans un van pour « sentir » l'Amérique profonde : « Voyage avec Charley. » On connaît moins le Steinbeck qui s'interroge sur les conditions d'installation de l'envahisseur nazi dans un pays riche de sa propre culture : la Norvège.
C'est le sujet de son roman « Lune noire » qui émet, en ces temps agités, une étrange lueur. Il donne à réfléchir, à travers des personnages contrastés, sur la résistance ou la capitulation, la violence ou l'affadissement, la liberté ou « le papier tue-mouches ». Comme le dit l'un des personnages à la fin du roman : « les hommes libres ne déclenchent pas la guerre, mais lorsqu'elle est déclenchée, ils peuvent se battre jusqu'à la victoire ».


Lien : http://enlisant-enecrivant.n..
Commenter  J’apprécie          20
Un beau jour, un village paisible, un peu perdu se retrouve envahit. Passé le stade de la stupéfaction, l'ensemble des habitants va refuser la présence du conquérant, ils vont se battre car ce sont des Hommes libres, ils le feront silencieusement, ... ils résistent !
Très beau texte écrit en 1942 !

" les hommes libres ne déclenchent pas la guerre, mais lorsqu'elle est déclenchée, ils peuvent se battre, jusqu'à la victoire. Les hommes en troupeau, soumis à un Führer, en sont incapables, et donc ce sont toujours les hommes en troupeau qui gagnent les batailles, et les hommes libres qui gagnent la guerre ". P.156

Traduction Jean Pavans

Merci à @lespetiteslecturesdemaud et à @madame.tapioca d'avoir éveillé ma curiosité et de m'avoir donné envie de découvrir Steinbeck au delà de "les raisins de la colère " et "des souris et des hommes "
Commenter  J’apprécie          20
Il y a des auteurs qui se suffisent à eux même. Steinbeck en fait partie tant son immense talent n'est plus à défendre. Il faut lire et se taire.
Découvrir Lune Noire, roman moins connu que le reste de son oeuvre, est une façon de replonger dans cet auteur.
Une oeuvre courte, sobre, d'une efficacité redoutable. Tous les évènement s'enchaînent avec une précision remarquable et une logique implacable. le tout porté par une plume qui va droit à l'essentiel tout en transportant le lecteur dans un univers peut être pas si éloigné que cela...
En dire plus serait déjà tout gâcher. Il faut lire et se taire.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (446) Voir plus



Quiz Voir plus

Des souris et des hommes

En quelle année est paru ce roman de John Steinbeck ?

1935
1936
1937

10 questions
907 lecteurs ont répondu
Thème : Des souris et des hommes de John SteinbeckCréer un quiz sur ce livre

{* *}