« Demandez à un homme s'il préfère Tolstoï ou
Dostoïevski et vous connaîtrez le secret de son coeur ». Cette phrase inspirée d'une réflexion du philosophe russe Berdiaev,
George Steiner y a certainement pensé en donnant son titre à son essai. Mais au final, bien fort celui qui arrive à deviner lequel des deux à sa préférence après lecture de cet ouvrage.
Ce livre se détache donc complètement de réflexion de Berdaiev et présente les différences entre ces deux auteurs qui malgré leurs origines communes et respect mutuel ne se sont jamais rencontrés.
Le livre est découpé en 4 parties. La première explique l'importance de ces 2 auteurs dans la Littérature (du XIXème siècle ainsi que de façon globale). Je l'ai trouvé passionnante car elle a fait émerger des réflexions que je n'avais jamais réussi à verbaliser sur les courants littéraires américains, russes et européens du XIXème. Je vous laisse en découvrir les détails mais c'est très bien expliqué, même si je ne suis pas d'accord avec tout.
La seconde partie s'intéresse spécifiquement à Tolstoï et explique en quoi c'est un écrivain Homérique. A contrario, la troisième partie explique que
Dostoïevski est un écrivain Shakespearien. D'ailleurs, Tolstoï détestait le dramaturge anglais (il lui reproche son artificialité) que
Dostoïevski le vénérait.
La quatrième et dernière partie traite de leurs conceptions de la religion à travers ce qu'ils sont et à travers leur oeuvre.
Je ne développe pas trop les idées défendues par Steiner car je trouve dommage quand les chroniques d'essai ressemblent trop à une synthèse. Par contre, je préfère donner quelques recommandations aux futurs lecteurs. Ce n'est pas un livre pour découvrir la littérature de ces deux génies russes. Il faut très bien connaître leur bibliographie car Steiner cite beaucoup et je pense que cet essai a peu d'intérêt si on ne connaît pas au minimum les livres les plus fréquemment évoqués : « La Guerre et la Paix » et « Anna Karénine » pour Tolstoï et «
L'Idiot », «
Les frères Karamazov », « Les démons » (ou
Les Possédés dans son ancienne traduction) et «
Les carnets du sous-sol »pour
Dostoïevski.
Ah oui au fait, pour répondre à la question du début je suis plutôt
Dostoïevski.
Merci à Babelio et aux éditions « Les
Belles Lettres » pour l'envoi de cet essai passionnant.