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Sidekick tome 2 sur 2
EAN : 9782756069791
160 pages
Delcourt (06/07/2016)
5/5   1 notes
Résumé :
Après la mort de son mentor, le super-héros Red Cowl, Barry Chase alias Flyboy est laissé sans repère et sombre peu à peu. Une des ennemies du Red Cowl, Julia Moonglow, dotée de pouvoirs psychiques, manipule Barry. Abandonné par ses amis, ridiculisé par la presse, Barry bascule totalement lorsquiil apprend que le Red Cowl nest en réalité pas mort.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Sidekick 1 (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 7 à 12, initialement parus en 2014/2015, écrits par Joe Michael Straczynski, dessinés et encrés par Tom Mandrake, avec une mise en couleurs du studio Hi-Fi. Ces 12 épisodes forment une histoire complète, indépendante de toute autre.

Dans la ville (fictive) de Sol City, Flyboy (Barry Chase) était l'aide adolescent (sidekick) du superhéros Red Cowl (Thomas Winchester). Julian Moonglow (une supercriminelle) a mis le grappin sur Barry Chase et l'a convaincu d'effectuer un retour en force dans le monde des superhéros, sous le nom de Sidekick, et du côté des criminels. Non seulement la vie en tant que bon citoyen n'a pas marché pour Chase, mais en plus ses soupçons se confirment : Red Cowl n'est pas mort et l'a laissé tomber comme une vieille chaussette.

En parallèle quelques séquences reviennent sur la façon dont Thomas Winchester a pris sa retraite de son activité de superhéros, à quel prix, ce qu'il a fait depuis. La fin du tome revient sur l'enfance de Barry Chase, la manière dont ses parents ont accepté sa différence, et le prix qu'il a payé pour que Red Cowl le prenne sous sa tutelle.

Avec le premier tome, Joe Michael Straczynski (en abrégé JMS) présentait un personnage inattendu : Barry Chase, un jeune homme sans valeurs morales, laissé tout seul par son mentor abattu sous ses yeux, utilisant ses superpouvoirs à des fins mesquines et répréhensibles, minant toujours plus son amour propre. En plus il était vampirisé par Moonglow, absorbant régulièrement une partie de son énergie vitale à son insu. le lecteur le retrouve toujours sous l'influence, cette fois-ci ouverte, de cette femme qui souhaite se venger de Red Cowl qui aurait causé la mort de sa soeur.

La séquence d'ouverture balaie tout doute : Barry Chase a endossé l'identité d'un supercriminel, il s'est allié à Moonglow, il est mû par une volonté de vengeance à l'égard de son ancien père adoptif. JMS ne plaisante pas et il n'y aura pas révélation à l'eau de rose, permettant un retour à l'ordre établi. C'est ce qui surprend le plus le lecteur qui a tendance à anticiper le déroulement de l'histoire à l'aune des schémas habituels des comics de superhéros. Non, Barry Chase ne retrouve pas une fibre morale qu'il aurait bêtement égarée. Non, Red Cowl ne revient pas pour sauver son protégé d'une forme d'autodestruction. Non, Moonglow n'est pas la soeur cachée de Barry Chase.

Oui, ce récit met en scène des adultes pensant avant tout à leur propre personne, ayant abandonné toute illusion sur la notion d'altruisme. L'auteur prend donc son lecteur à rebrousse-poil dans la mesure où il part du concept de superhéros (fondé sur l'altruisme), et en fait aucun personnage ne respecte cette règle du jeu. En ce sens le récit est nihiliste car le personnage agit sur le coup de ses pulsions, sans aucun respect pour la notion de société. Barry Chase dispose de capacités physiques extraordinaires qui lui permettent de ne pas avoir à se soucier des conséquences de ses actes sur les autres. Il agit comme si seule sa personne compte, sans crainte des répercussions puisque sa force le place au-dessus des lois, au-dessus des êtres humains. Il tue pour mettre fin à des problèmes, sans remord, mais aussi sans haine.

Dans un premier temps, le lecteur se dit que le comportement de Barry Chase est immature, car il se venge de manière très primaire et basique. Ce personnage ne cherche pas à devenir maître du monde, ou amasser des richesses, ou même régner sur une communauté dont il serait l'être suprême. Il cherche juste à faire du mal à ceux qui l'ont humilié ou qui lui ont eux-mêmes fait du mal. Il se dit également que le récit est bizarrement construit. le dénouement de l'intrigue intervient à la fin de l'épisode 10 qui apporte une résolution définitive à l'antagonisme contre Red Cowl. du coup il' s'interroge sur l'intérêt d'avoir ajouté encore 2 épisodes consacrés à la jeunesse de Barry Chase. Pourtant, au vu du niveau d'expérience professionnelle de JMS, il n'y a pas de doute que ce récit a été conçu comme un tout dès l'origine.

Le lecteur apprécie que ce soit le même artiste qui ait dessiné l'ensemble de la série, même s'il retrouve les tics graphiques de Tom Mandrake, y compris les plus irritants. Pour commencer, de nombreuses cases sont dépourvues d'arrière-plan. L'artiste masque cette absence généralement par le biais de gros plans, de telle sorte que le visage des personnages occupe 80% à 90% de la case, occultant l'absence de décor. Il a également recours à des traits non descriptifs, soulignant les mouvements des personnages, et évitant de représenter des éléments concrets en fond de case. Ensuite il y a sa façon de détourer les formes par le biais de traits secs, délimitant certains contours de manière grossière. Si le regard du lecteur s'attarde sur un visage, un bras, ou parfois un objet, il est saisi par sa laideur, et parfois ses proportions hasardeuses. D'une certaine manière, il s'agit dans ces cas-là de dessins grossiers, d'esquisses pas assez finalisées. Ces cases jurent d'autant plus en comparaison de la silhouette de Julia Moonglow ou des autres femmes dont le dessinateur accentue les courbes, et met leurs rondeurs en avant, apportant là un degré de finition en décalage avec ces cases plus grossières.

Tom Mandrake dessine donc à destination d'adultes, avec des choix esthétiques discutables, toujours sous forte influence de Gene Colan, c'est-à-dire en exagérant les zones d'ombres, en masquant artificiellement certaines zones par des aplats de noir abstraits (= qui ne correspondent pas à une ombre portée), ou par des traits de mouvement. Puis arrive l'épisode 9 qui est dépourvu de texte (un épisode silencieux, sans phylactère ni cellule de texte). le présent tome comprend également le script de cet épisode, tel que JMS l'a transmis à Tom Mandrake. le lecteur un peu curieux y jette un coup d'oeil et découvre que le scénariste précise le nombre de cases par page (entre 4 et 6 en majeure partie) et décrit ce qui s'y passe en 1 courte phrase par case. Il est facile d'ironiser en se disant que ce n'est pas si difficile que ça d'être scénariste, car ce n'est vraiment pas grand-chose à la fin. Il faut garder à l'esprit que Straczynski a également conçu l'intrigue, sa structure, la personnalité des protagonistes, etc.

Néanmoins, avec le script sous les yeux, le lecteur prend mieux conscience du travail de narration réalisé par Tom Mandrake. À partir de ces 110 lignes de texte, l'artiste raconte l'histoire avec une expressivité qui ne se trouve pas dans le script. Il décrit chacun des endroits, finalement avec un luxe de détails à partir d'au maximum un ou deux mots dans le script. Il communique l'état d'esprit de chaque personnage par le biais de sa posture ou de la forme de son mouvement, ajoutant des nuances appropriées qui ne se trouvent pas non plus dans le script. Grâce à ses dessins, Thomas Winchester prend vie, et son comportement fait passer son état d'esprit, ainsi que son évolution. de la même manière, les dessins montrent avec clarté ce que font Barry Chase et Julia Moonglow, sans que l'absence de mots ne se fasse ressentir.

La forme de cette épisode met en lumière la qualité de la narration visuelle de Tom Mandrake. En l'absence de mots, et avec la connaissance du contenu du script de l'épisode 9, le lecteur comprend l'apport de Tom Mandrake à la narration. Sa compréhension et sa vision des dessins de l'artiste se transforment. Il voit sous la surface de l'apparence, et derrière les tics un peu agaçants. Il voit apparaître la réalité du travail réalisé par l'artiste, à quel point on est loin de simplement représenter ce que le scénariste a imaginé. Bien sûr les raccourcis graphiques demeurent, mais le lecteur en conçoit plus de respect pour le travail de l'artiste, et pour ses compétences insoupçonnées en matière de narration.

Après ce neuvième épisode, le lecteur découvre la résolution de l'intrigue dans l'épisode 10, puis s'interroge sur ce qui a poussé JMS à rallonger la sauce avec 2 épisodes supplémentaires revenant sur l'enfance de Barry Chase, ce que dans un comics de superhéros, on appellerait son origine secrète. À la truelle, le scénariste en rajoute une couche en termes d'enfance malheureuse, et de faiblesse morale pour le personnage. Ça finit par faire très lourd. Mais il est possible également de regarder cette dernière partie sous un autre angle. Dès le départ, Straczynski a dépeint Barry Chase comme un être détestable, uniquement préoccupé de sa petite personne, prêt à toutes les mesquineries et les compromissions, aigri et profitant de sa force dans des combines minables, pas très futé. Les 2 derniers épisodes chargent encore la barque, mais incriminent aussi son entourage. le lecteur peut alors réexaminer les actions de Barry Chase, à l'aune de l'exemple donné par les adultes avec qui il a grandi. Sous cet angle, les actions passées de Barry Chase prennent un autre sens, de même que la scène finale de l'histoire.

À première vue, cette deuxième moitié s'avère décevante pour un scénario de revanche mesquine et pour des dessins qui ne vont pas en s'améliorant. Avec un peu de recul, le lecteur peut apprécier le travail narratif réalisé par Tom Mandrake, et il découvre que l'intention de l'auteur est d'une autre nature que ne le laisse supposer les 10 premiers épisodes. Finalement, Joe Michael Straczynski et Tom Mandrake ont réalisé une histoire bien plus noire que prévue, et plus originale que la simple revanche d'un assistant adolescent (Sidekick) aigri contre son mentor. 5 étoiles pour un récit de superhéros qui sort du lot.
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