AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,32

sur 1011 notes
"Le choix de Sophie" est un livre étonnant notamment par le fait qu'il fait se côtoyer dans un même récit-fleuve des scènes légères et parfois torrides de la vie de 3 jeunes gens à New-York en 1947 et des scènes terribles des camps de déportation nazis (Auschwitz-Birkenau). le récit s'avère prenant et envoûtant, même si on aurait parfois aimé (surtout dans la première moitié du livre qui comporte au total pas moins de 920 pages) que l'auteur se fasse un peu moins disert et qu'il sache abréger la description de certaines scènes. J'avoue qu'au bout de 300 ou 400 pages j'ai failli arrêter ma lecture mais au final, je ne regrette pas d'avoir poursuivie car les dernières 200 pages sont vraiment passionnantes. Je salue tout particulièrement l'art de la construction du récit dont fait preuve ici William Styron.
Commenter  J’apprécie          70
Sophie's Choice
Traduction : Maurice Rambaud

S'il est un point commun aux grands écrivains sudistes américains, qu'il s'agisse de William Faulkner ou de Thomas Wolfe, pour ne citer que ces deux-là, c'est leur rapport tout à fait singulier avec le Temps. La paresse à la fois moelleuse et sauvage dont ils enveloppent leurs romans, cette indolence qu'ils exsudent avec la force d'un mirage destiné à leurrer le lecteur, font en général de leurs textes de longs, très longs fleuves semés d'écueils et de fleurs déracinées que l'on redescend ou remonte avec passion ou exaspération mais jamais dans l'indifférence.
"Le Choix de Sophie", qui présente des épisodes autobiographiques (la figure du père du narrateur, les démêlés de ce dernier chez McGraw-Hill, le récit des ses déboires amoureux et sexuels ...), a bien quelques longueurs. Mais elles s'expliquent en partie par l'effort de réflexion auquel se soumet l'auteur - et auquel, bon gré mal gré, il contraint son lecteur.
Alors que, pour des raisons pratiques - il vient d'hériter d'une somme rondelette et espère pouvoir se consacrer ainsi pendant de longs mois à l'écriture du roman qu'il ambitionne - Stingo, le jeune narrateur de 22 ans, emménage dans le "Palais Rose" de Yetta Zimmermann, il est témoin d'une scène de ménage particulièrement odieuse entre deux de ses co-locataires : Nathan Landau et Sophie Zavistowska. A l'issue de cette scène, Nathan plante là la malheureuse et quitte la pension.
Mais le lendemain, il est de retour et, peu à peu, en apprenant à mieux connaître l'un comme l'autre de ses nouveaux amis, Stingo comprend que ces deux-là sont unis pour le meilleur comme pour le pire.
Lorsque, selon le mot d'un autre co-locataire de Yetta, Morris Fink, Nathan se transforme en "golem", c'est avec une cruauté inouïe qu'il reproche à Sophie, la Polonaise, la catholique, la non-juive, l'Aryenne, d'avoir survécu à l'enfer d'Auschwitz. Pourtant, ainsi que le lecteur commence à le pressentir très tôt dans le roman, il eût sans doute mieux valu pour la jeune femme qu'elle mourût là-bas, près des crématoires nazis.
Avec une intégrité qui en a certainement gêné plus d'un à la sortie du livre, Styron passe au crible des sentiments aussi dérangeants que la culpabilité, le masochisme, la passivité morale et intellectuelle. Mais surtout, il nous pose - et nous impose peu à peu - une question bien lourde : "Qu'eussiez-vous fait, vous ?" Et bien entendu, il expédie dans les cordes tous ceux qui, parce qu'ils appartiennent à telle religion ou à telle ethnie, décrètent, du haut de leurs certitudes bien-pensantes : "Moi, je serais mort plutôt que de ... ou que de ... Moi, j'aurais été un juste. Moi, j'aurais agi noblement, sans un seul regret, sans une seule hésitation."
Si Styron ne cherche en aucune manière à excuser (encore moins à justifier) les horreurs et les lâchetés de la Drôle de guerre en Europe, son anticonformisme quasi viscéral l'empêche en parallèle d'admettre les jugements a posteriori portés par ceux qui y survécurent et plus encore par ceux qui jugèrent et tranchèrent sans jamais avoir connu d'Auschwitz ou de Birkenau autre chose que leur nom.
Un grand roman, qui ouvrait la voie aux "Bienveillantes" de Jonathan Littell
Commenter  J’apprécie          70
Stingo, jeune écrivain originaire de Virginie s'installe à New-York, Brooklin. Dans sa pension, il se lie d'amitié avec ses voisins, Sophie, une belle polonaise rescapée d'Auschwitz et Nathan, chercheur chez Pfitzer, brillant, charismatique. le couple Sophie-Nathan connait des hauts et des bas extraordinaires.

Stingo est amoureux de Sophie, charmé par Nathan qui devient son meilleur ami. Les crises de Nathan le rapprochent de Sophie qui lui raconte sa terrible histoire et son choix.

Ce livre, passionnant, croise trois destins : celui de Stingo, de Sophie, de Nathan. Il raconte la société américaine de la fin des années 40 et des années 50, la séparation entre le nord et le sud des EU, le racisme. Il fait oeuvre historique en nous décrivant Auchwitz, Rudolph Hess, la folie nazi, la Pologne.

Il nous plonge dans l'univers de la maladie mentale, avec Nathan, n'élude pas l'érotisme dans des scènes impliquant Sophie.

Le style est remarquable. Chef d'oeuvre à placer dans la bibliothèque idéale.
Commenter  J’apprécie          60
Ce roman, je l'avais dans un coin de ma tête depuis quelques temps, retardant le moment de m'y plonger, et finalement ce moment est arrivé. Totale immersion dans l'Amérique des années 40, celle d'une ségrégation raciale et de l'opposition entre le nord et le sud, dans une ambiance digne des films noirs hollywoodiens. Il y a Sophie, rescapée des camps, que Stingo, le narrateur, jeune écrivain en quête d'inspiration pour son premier roman, rencontrera dans cet immeuble situé au coeur de New York. Sophie et puis Nathan, dont les ébats au-dessus de sa chambre en feront le premier témoin d'un couple auto destructeur. Tout est décuplé dans ce roman, et j'ai vraiment été saisie par le style de l'auteur, dont la traduction permet de s'imprégner du récit et d'être dans la tête des personnages, grâce aux mots choisis avec justesse. Encore émue par les dernières pages de cette fresque qui interroge l'humanité en chacun de nous, je dirais que ce roman prend aux tripes comme on dit.
Commenter  J’apprécie          62
William Styron, le choix de Sophie, 1979, traduit par Maurice Rambaud, Gallimard, 1981

En 1947, Stingo, un jeune sudiste tout juste débarqué du Tidewater et des éditions McGraw-Hill échoue à Brooklyn chez Yetta Zimmerman où il fait la bruyante rencontre de Sophie, jeune polonaise rescapée d'Auschwitz, et Nathan, un chercher généreux au caractère volcanique et corrosif ; lesquels participeront à son éducation sentimentale. Il y a du Flaubert chez Styron.

Ce roman est le double récit de l'enfer connu par Sophie à Auschwitz et du choix qu'il lui a été imposé de faire d'une part et d'autre part, le récit de la schizophrénie et des accès de violence de Nathan.

Si, au départ, stylistiquement les personnages se tiennent, notamment par l'emploi de vocabulaire yiddish ou de tournures de phrase incorrectes, cette distinction s'abolit peu à peu dans un récit qui devient uniforme.
On peut également déplorer la longue digression sur l'internement de Sophie à Auschwitz et sa relation avec Rudolf Hoss que Stingo qualifie d'« interminable récit ».

Au final, on se dit que Styron n'a pas trancher dans le choix du sujet traité dans son roman, et c'est fort dommage car il tenait là une matière formidable.


Commenter  J’apprécie          60
Jamais je n'avais passé trois mois sur le début d'un livre. Maintenant c'est fait. J'ai commencé et abandonné ce roman plusieurs fois à cause d'un début très long et rébarbatif. J'ai même failli abandonner définitivement. Les débuts du narrateur Stingo dans le monde de l'édition sont plutôt barbants. Mais qu'il aurait été dommage d'abandonner. J'ai vécu ces trois dernières semaines presque en apnée avec Stingo, Sophie et Nathan.
Quelques décennies après les événements, Stingo relate sa rencontre avec Sophie et Nathan à Brooklyn et les moments extraordinaires qu'ils ont passés ensemble en 1947, alors qu'il avait 22 ans. Ces moments sont entrecoupés du récit que Sophie lui a fait de son internement et des horreurs qu'elle a vues et subies à Auschwitz-Birkenau.
Petit à petit, nous entrevoyons l'indicible. Il n'est pas possible de raconter d'emblée l'innommable alors Sophie arrange la réalité mais corrige son histoire régulièrement pour arriver à l'impensable mais bien réel, ce choix qu'elle a dû faire. La construction du roman est remarquable. L'auteur nous promène constamment et très habilement dans le temps sur quelques heures, jours, mois ou années. Tout ceci pour nous amener à ce choix.
Heureusement, il n'y a pas que la guerre et Auschwitz. Il y a des moments plus légers notamment quand Stingo nous raconte ses débuts dans la sexualité avec beaucoup d'autodérision. Il nous fait part aussi de son parcours d'écriture car pendant ces événements, il écrit son premier roman. Et la musique est très présente, la bouée de sauvetage de Sophie tout au long de sa vie.
William Styron a mis une grande part de lui-même dans le choix de Sophie. le jeune Styron, c'est lui : naissance dans le sud, mère décédée quand il était jeune, grands-parents propriétaires d'esclaves, engagement dans les Marines et début chez le même éditeur. Et il fait plusieurs fois référence à Nat Turner, un esclave, dont il a publié les mémoires imaginaires dans Les confessions de Nat Turner.
L'esclavage est très présent dans le Choix de Sophie et il est mis en parallèle avec le nazisme. Stingo porte lui aussi une culpabilité, différente bien sûr de celle de Sophie. Une culpabilité en rapport avec ce qui s'est passé dans le sud et qui a touché de près sa famille. Et il y aura la culpabilité finale.
Tout est brillant dans ce roman : l'analyse psychologique des personnages, l'écriture, la construction du roman, la reconstitution des camps avec le personnage de Rudolph Hoss qui a réellement commandé le camp d'Auschwitz-Birkenau, l'évocation de la folie des hommes, de celle d'un homme en particulier aussi.
Et tout nous ramène à cette question : comment vivre avec la culpabilité et le désespoir ?
Alors oui c'est un roman difficile à lire à cause de son sujet et de sa longueur et on pourrait penser qu'il serait bon qu'il ait quelques centaines de pages en moins. Qu'on pourrait largement diminuer la quantité de détails et digressions. Mais aurait-il la même puissance ? Un roman très fort donc. Je suis sortie de mon apnée mais ce roman m'accompagne encore alors que j'en ai lu trois autres depuis.

« La question : A Auschwitz, dis-moi où était Dieu ? 
La réponse : Où était l'homme ? »
Commenter  J’apprécie          63
Ce livre a longtemps fait partie pour moi des grands classiques dont j'avais toujours entendu parler sans avoir jamais pris le temps de les lire, chose à laquelle il me fallait remédier ... Et, à vrai dire, j'ai éprouvé quelques difficultés à entrer sérieusement dans celui ci. J'ai trouvé l'entrée en matière très longue et ai eu du mal à m'habituer à l'écriture de W. Styron. Cependant, il faut reconnaître que les sujets ici abordés le sont avec une réelle justesse, ce qui, au vu de leur gravité, n'est pas forcément évident.
Selon moi, c'est un livre très lourd, tant sur le fonds que sur la forme. Les problématiques y sont presque toujours tragiques et l'ambiance donc assez pesante. On en garde un goût amer en bouche, mais uniquement parce que tout cela ne fait que nous rappeler une Histoire pas si ancienne et qu'il est d utilité publique de ne pas oublier ...
Commenter  J’apprécie          60
Très ,très grand livre poignant ,lu il y a longtemps mais que je n'ai pas oubliè
même si je ne l'avais pas encore ajouté à mes listes.
Commenter  J’apprécie          60
Bon, il y a la fameuse scène reprise dans le film avec Meryl Streep. Les camps en toile de fond. Mais c'est aussi l'histoire de personnages sur la corde raide, à deux doigts de tomber dans la folie.
Commenter  J’apprécie          60
Le choix, Sophie ne l𠆚 jamais vraiment eu. Ce récit, d𠆚illeurs, n𠆞st pas plus une volonté de celle-ci que celle de Stingo. Oui, c𠆞st le choix de Stingo de raconter Sophie à travers le prisme de sa propre existence. Ce roman ne relève d𠆚illeurs pas plus du témoignage que de l’hagiographie. Sophie est ainsi élevée au rang de sainte, la martyre des camps, comme le porte-parole de toutes les souffrances qui résultent de la haine raciale. Elle, Sophie, une jeune polonaise blanche et catholique ! Autant vous le dire, je n’éprouve pas particulièrement de sympathie pour ce personnage. Depuis le début, elle me donne l’impression d�user de son rôle de victime. Sophie apparaît comme une personne dont tout le monde profite à tous les niveaux, mais ne profite-t-elle pas, elle aussi, du monde qui l𠆞ntoure ? Ne profite-t-elle pas de l𠆚ntisémitisme de son père qu𠆞lle assure ne pas partager et qui semble pourtant sous-jacent ? Ne profite-t-elle pas de Stingo, de son temps, de sa présence et des sentiments qu'il lui voue ? Sophie est une énigme, les crimes de haine en sont une autre, de celles que l’on ne parvient toujours pas à expliquer. Parce que l’irrationalité des camps de la mort a déteint sur ceux qui en ont fait l𠆞xpérience. C𠆞st de ça dont Sophie peut éventuellement de targuer d’être une sorte de représentante. Stingo, quant à lui, est en plein apprentissage. Il découvre la vie, lui qui semble avoir été épargné par celle-ci. Il est assez transparent, et sûrement un cœur pur, mais je regrette tellement que sa vie ne se résume qu’à d’ignobles fantasmes et apartés à caractère sexuel dégoulinant de déviance. Cela en devient parfois si gênant, voire écœurant, et ça dure, ça s’étend sur plusieurs pages à tel point qu’on en vient à prier pour que ça s𠆚rrête. Vraiment. La rencontre de ces deux êtres diamétralement opposés n𠆚 rien d’un conte moderne où chacun devient la pièce manquante du puzzle de l𠆚utre. Non, et si on s’évertue à penser qu’il n’y a pas de hasards dans la vie, il faut croire que cette rencontre en est un, et qu𠆞lle n�outit à rien.
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (2910) Voir plus



Quiz Voir plus

le choix de sophie

Quelle actrice connue d'hollywood a reprit dans un film le rôle de sophie ?

marylin Monroe
cameron diaz
jodie Foster
meryl Streep

6 questions
115 lecteurs ont répondu
Thème : Le choix de Sophie de William StyronCréer un quiz sur ce livre

{* *}