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3,74

sur 357 notes
Lu en version originale et dans sa traduction française.

Je me suis laissé emporté par ce livre, un voyage ou plus exactement une errance en Inde, il ne décrit pas les lieux traversés - bien qu'un index de ceux-ci figure au début du livre - mais m'a entraîné dans un parcours mystérieux.

La trame paraît simple au départ : le protagoniste, Roux, est à la recherche d'un ami, Xavier.

Qui est Xavier ? Tabucchi nous donne peu de détails : il est Portugais, “un Portugais qui s'est perdu en Inde”, était malade, il écrivait des histoires, Roux ne peut le décrire (“Non, je n'avais pas de photographie, je n'avais que mon souvenir : et mon souvenir était seulement à moi, il n'était pas descriptible”).

Cette quête de Xavier amène Roux à faire de nombreuses rencontres : un chauffeur de taxi Sikh, une prostituée, un médecin, une voleuse, un prophète jain et tant d'autres.
Ces rencontres jalonnent la lecture de mystères.

La fin du livre déconstruit la recherche : Roux ne serait-il qu'à la recherche de sa propre identité ? Ou est-ce une perte d'identité ?
Est-ce utile pour moi de la savoir ? Non, l'objet de sa recherche m'a peu importé en fin de compte, c'est la recherche en elle-même qui m'a intéressée.

L'auteur joue avec nous en parlant du narrateur, il le nomme Roux, ses amis l'appellent le rossignol italien, en portugais rouximol, et à l'avant-dernier chapitre Roux se renseigne sur Xavier en l'appelant Mister Nightingale !
le Portugal dont Tabucchi était un grand connaisseur, est présent à de nombreuses reprises : la nationalité de Xavier, Pessoa bien entendu dont l'auteur a traduit toutes les oeuvres en italien, le gardien des archives de Goa, des chroniques de la Compagnie de Jésus du XVIIè en portugais, un cauchemar où apparaît Alfonso de Albuquerque.
de nombreuses allusions à la littérature : Pessoa évidemment mais également Conrad, Schelling, Victor Hugo, Hesse...

Ce fut un beau voyage onirique, une allégorie de l'existence, qui permet de plus de se baigner dans la magie de l'Inde, un voyage sans destination...
Un plaisir donc !






L

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« Ce livre n'est pas seulement une insomnie, c'est aussi un voyage. L'insomnie appartient à qui a écrit le livre, le voyage à qui l'a fait ».
Cette phrase énigmatique ouvre la préface et oriente la lecture hors de tout réalisme. Elle est pourtant suivie d'un index des lieux évoqués. Dans ce Nocturne, l'auteur nous ballade à la recherche d'une Ombre éclairée par un périple indien qui revêt les apparences d'un jeu de piste.
Le narrateur arrive à Bombay avec une petite valise noire. Il est à la recherche de Xavier un ami disparu quelque part en Inde après une mystérieuse maladie et ne dispose que de très vagues indices. On le suit d'abord à Bombay dans un hôtel borgne sans numéro, dans un hôpital de déshérités, dans un palace au luxe indécent où le narrateur tente vainement d'obtenir des renseignements. On le retrouve sur un bateau avec un couple de japonais. On prend ensuite le train jusqu'à Madras, l'autobus-stop jusqu'à Goa et enfin la plage. le périple est illogique, souvent improvisé, entre rêve, souvenir et réalité. On erre avec le narrateur dans cette Inde nocturne aux mille faces tantôt repoussantes, tantôt délectables. A chaque lieu une rencontre incongrue, forte et déstabilisante : une mystérieuse voleuse en fuite, un cardiologue, un jaïn qui se prépare à mourir, un monstrueux devin, un Jésuite, le vice-roi des Indes et enfin une mystérieuse Christine. Chaque rencontre révèle au narrateur un fragment de lui-même et le pousse à continuer sa quête. A la fin du récit, le narrateur présente à Christine son parcours comme l'objet d'un roman à venir. Serait-il le Xavier que le narrateur a cherché ? Rien n'est moins sûr.
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Roman de nuit par hasard qui me rappelle nul balthazar. « La nuit je mens » et je pense à Bashung. La nuit je mens. La nuit je me mens. Je me vois mal, je me vois bien. Je me traîne dans les rues et je pense à toi, à moi. À nous quoi. Que je me cherche au fond du ventre de la terre ou de la misère, tous les hôtels se rappellent de moi le passant ordinaire. J'ondoyais dans un temps de mémoire qui me trace comme un air fugace, enveloppant d'un anonymat d'hôtel international. Je voyage entre les êtres, peu m'importe les lieux tant qu'ils se mélangent dans ma tête et qu'ils me laissent voguer au gré des écrits piochés dans les Livres voyageurs de l'univers. Et me laissent t'entrevoir. Pour m'entrevoir dans ton regard. Belle soirée ? Oui une belle nuit ! Je vous attendais.
« Je pars demain. »
« Déjà ? »
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Nocturne indien, c'est l'anti-Shantaram... et Tabucchi est à peu près aussi éloigné de Gregory David Roberts qu'un stylite sur sa colonne d'un baroudeur de Lonely Planet!

Amateurs de dépaysement exotique, d'Indes galantes ou épicées, passez votre chemin!

Voilà un voyage sans but - un ami qu'on cherche ou qui vous cherche, on ne sait plus- sans "regard" touristique ou même curieux sur le pays, les villes pourtant célèbres -Calcutta, Goa, Bombay sont traversées, jamais décrites..

C'est plutôt un sorte de voyage intérieur avec pour guides les écrivains -Pessoa, Swedenborg, Hugo-, et, pour thème, la disponibilité quasi surréaliste à la surprise, à la rencontre, à l'opportunité du moment.

On se laisse donc porter par cette écriture libre, ce propos décousu,, cette vacance absolue...et alors vient à notre rencontre l'Inde rêvée ou réelle - pas l'Inde des prospectus ni l'Inde des aventuriers...

Une Inde secrète, personnelle,intérieure: une Inde nocturne...un nocturne indien..
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Je l'ai connu d'abord comme traducteur du grand Pessoa. Mais j'ai longtemps hésité à le lire. C'est seulement en apprenant sa mort que j'ai décidé à découvrir cet auteur italien qui n'a pas eu la même célébrité que ces contemporains et compatriotes Eco, Magris ou Fo. Et comme le disait Diderot, on ne tolère que les morts; j'ai lu son livre le plus connu "Nocturne indien".

C'est un livre d'une légèreté (au sens positif) suave. Un roman où l'on suit le parcours d'un voyageur cherchant un ami. Une intrigue qui nous fait penser aux romans d'aventures aux mille rebondissements, au suspense et aux personnages multiples! Or ce n'est pas le cas ici et tant mieux! Tout est calme, tout est simple, c'est le voyage que peut faire tout un chacun. Tabucchi qui n'a jamais visité l'Inde ( comme je l'ai lu quelque part) l'a représentée, comme il la voyait, comme il la connaissait à partir des livres ou films, son art était d'alléger cette représentation des stéréotypes connus. On suit le voyageur, on croit à sa recherche, mais on s'intéresse après au voyage lui-même, au voyageur, aux personnes rencontrées, plutôt qu'à cette recherche...L'idée du double et de la pluralité (qu'aime Pessoa) on la retrouve ici. C'est plus un recueil de scènes qu'un roman ordinaire.
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Je me rappelle de ce film envoûtant, émouvant, d'Alain Corneau, d'une certaine musique aussi...
Quelques années plus tard, j'ai eu envie de repartir en Inde auprès de cet homme à la recherche de son ami Xavier, à moins que ce ne soit à la quête de lui-même...
Car ce roman, c'est ça : un jeu d'ombre et de lumière, offrant toujours la possibilité de plusieurs interprétations. Mais je n'ai pas cherché à distinguer le rêve de la réalité, la nuit du jour. Non. Je me suis laissée emporter au rythme des rencontres narrées dans ce voyage, dans ce jeu de lumières et de parfums, de couleurs et de saveurs inconnues.
J'ai vécu sur ce livre comme une expérience de lâcher-prise du lecteur, en ne cherchant pas à donner du sens à ma lecture, mais en acceptant d'accompagner en toute simplicité le protagoniste au fil de son voyage intrapersonnel.
Bien-être et douceur... A relire...
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Ce roman "n'est pas seulement une insomnie, c'est aussi un voyage " et Antonio Tabucchi dans sa note de préface explique qu'il a fourni un index pour répertorier les lieux évoqués mais que c'est "une Ombre" que l'on cherche dans ce Nocturne !
Son héros arrive à Bombay et il demande au chauffeur de taxi de lui indiquer un hôtel sans touriste, il entre dans le Khajuraho Hotel et il rencontre Vimala Sar pour avoir des nouvelles de son ami Xavier, elle a vécu avec ce dernier mais étant malade : il est allé à l'hôpital ! Et, bien sur Roux ( le héros ) va le chercher mais ne le trouvera pas et il partira à Goa via Madras pour tenter de le rencontrer ! Mais, sur le trajet : il va croiser des personnages étranges..à savoir : une voleuse de billets qui doit fuir, un cardiologue qui a fait ses études à Londres, un " jaïn" qui part mourir à Bénarès, un devin difforme qui lui parle de l'Atman ( l'âme ), un jésuite, le vice-roi des Indes et sur la plage de Calangute : Tommy, un facteur de Philadelphie qui a emporté l'annuaire pour envoyer des cartes postales de la mer à tous les abonnés, à l'hôtel Mandovi : il cherche M.Nightingale et enfin à l'hôtel Oberoi plus enchanteur : il rencontre Christine qui arrive de Calcutta après avoir photographié professionnellement l'abjection !
Mais, en fait le héros en cherchant se cherche lui même et l'a t'il trouvé au bout de son périple ? !
Un nocturne qui nous fait visiter les bas-fonds miséreux et, en contraste : les palaces pour Occidentaux au luxe tapageur et, une Inde mystérieuse, ensorcelante sous la plume d'un auteur qui a obtenu le prix Médicis étranger en 1987 et qui a sa place parmi les grands écrivains de la littérature italienne...
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Lu en italien.
Ce court roman est sous le signe du voyage, de l'exotisme, du mystère. Situé en Inde, de façon rigoureuse quasi documentaire. Toutefois ce n'est que la toile de fond, aux traits inquiétants, aux traits fuyants d'un événement qui utilise les codes de plusieurs genres littéraires en les fondant en un pastiche fascinant.
Roux, le protagoniste, recherche son ami Xavier, disparu en Inde depuis longtemps.
Les déplacements De Roux, mystérieux ou cohérents, aventureux ou banals, sont pleins de rencontres, de rêves, d'hallucinations, de lambeaux de souvenirs.
on pourrait qualifier ce roman de voyage dans la mémoire.
Il utilise les deux registres parallèles de la vie vécue et de la littérature. La conclusion ne semble pas dépasser le début : Xavier ne veut pas être trouvé, Roux ne veut pas le trouver.
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Je viens de relire ce roman par désir de retrouver cette ambiance quasi onirique, de cette Inde très réaliste mais tout aussi improbable. Ce personnage venu se chercher, à la quête de lui-même au fil de ses rencontres, m'est trés proche. Cette enquête personnelle devient également celle du lecteur, pour peu qu'on se laisse aller à ce voyage quasi initiatique qui nous entraîne dans différents endroits de ce pays. Un des moments forts, pour moi, est celui où le protagoniste essaie de se faire dire son karma par un jeune handicapé. Mais ce dernier ne parvient qu'à voir son "maya", son apparence, mais pas son "atma", son âme. le voyant lui dit alors qu'il est "un autre" et ne parvient pas à le cerner dans sa totalité. Ce passage me semble être au coeur de la problématique du texte.
Qui sommes-nous, que voulons-nous... ? Ce sont les questions que posent ce court roman.
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En Inde, à Bombay, un homme, nommé Roux, part à la recherche d'un autre, Xavier.
Récit étonnant car de celui qui cherche, nous ne savons que peu de choses, de celui qui est recherché, encore moins.
On suit Roux de place en place, de bourg en ville, de rencontre en rencontre, de rêve en hallucination, d'allusion littéraire en allusion littéraire
.
Que cherche-t-il réellement ?
Son Ami ? Lui-même ?
Sa mémoire ? le sens de la vie ?
La place de ce que l'on nomme destin ou âme ?
Le livre foisonne de descriptions lumineuses de couleurs et de senteurs des épices auxquelles se mêlent également la misère et le dénuement.

C'est une visite de l'Inde, entre mystère et résignation, entre divination et envoûtement.
Il faut accepter de se laisser porter par les mots.

" Nous sommes tous morts, ne l'avez-vous pas compris ? Je suis mort, et cette ville est morte, ainsi que les batailles, la sueur, le sang, la gloire et mon pouvoir : tout est mort, rien n'a servi à rien."
" Non" dis-je, " Il reste encore quelque chose. "
" Quoi donc ? " fit-il. " Votre souvenir ? Votre mémoire ? Ces livres ? "

(Juillet 2021)
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