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sur 150 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Des petits voyous qui se livrent à des actes de violence, qui éprouvent du plaisir à maltraiter ceux qu'ils trouvent plus faibles qu'eux, sont des types d'élèves qu'on rencontre quelle que soit l'école. Dans une grande classe il n'est pas difficile d'y prendre ses distances , mais dans une classe de six garçons, Ayumu est obligé de fréquenter Akira, qu'il le veuille ou non. le dit voyou se livre à son occupation favorite par le biais d'un jeu de cartes "hanafuda", dont il est le maître. En trichant, il peut choisir sans problème sa victime pour des jeux trés loin d'être innocents, des jeux qui viennent de loin.....
Un auteur japonais que je croise pour la première fois. le sujet en soi n'est pas singulier, mais le contexte japonais et le paysage rural où se passe le récit l'agrémentent de détails subtils et intéressants. le jeune Ayumu arrivé de Tokyo dû à la mutation de son père débarque non seulement dans une nouvelle école où le voyou Akira va le perturber, mais aussi dans un monde rural où des nouvelles sensations vont l'imprégner , "Il était pris d'une étrange sensation, comme si sa peau bruissait, comme si son coeur portait une vague inquiétude, mais tout cela était agréable en même temps. Les montagnes cramoisies, les insectes d'été sur les sentiers longeant les rizières, le coassement des grenouilles, l'odeur de la terre et de la boue faisaient naître cette illusion en lui. Ou peut-être, en tant qu'étranger, était-il sensible à quelque chose que recelait le vent.....un vent couleur moineau ".
La violence au coeur du récit est contrebalancée par la sensation paisible que dégagent la nature, les petits faits quotidiens à l'école, à la maison, les croyances de la région, dont les mots qui errent près des monticules, des carrefours et des ponts, auxquels faut pas y tendre l'oreille car ils influencent les hommes, un festival pour emporter le sommeil, un cheval concombre et une vache aubergine pour le voyage des morts.....

Un roman à double tranchant avec une fin qui confirme la citation gravée dans la tête d'Ayumu "Le silence est fécond ". Lauréat du prix Akutagawa 2018, un livre intéressant qui reflète bien la dichotomie du caractère japonais.


"-Depuis, les barques sur les bateaux, et les lanternes sur les mâts. ...
-On brûle les mots qui portent malheur et on les déverse à l'extérieur du village."
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Une famille japonaise déménage et quitte la région de Tokyo pour s'installer dans le nord du pays, à la campagne.
Très vite Ayumu, 15 ans , se retrouve intégré à une bande de garçons de sa classe. Ces derniers passent leur temps à se lancer des défis et à punir les vaincus.

Livre très sombre , à l'ambiance pesante dès la première page et cette description du toro nagashi, cérémonie où l'on met à l'eau des lanternes en l'honneur des morts.
On plonge dans l'intimité d'un groupe d'ados qui se mettent en danger à travers des jeux que l'on pourrait qualifier de débiles et dont l'intensité ne fait qu'augmenter au cours du récit jusqu'à la scène finale.
Constrate avec l'image d'un Japon empli de tradition et policé comme on peut se le représenter.
L'histoire nous amène à des faits divers qui font l'actualité macabre de nos journaux sont emplies. Elle est ici bien écrite, glaçante , prouvant encore une fois la fragilité de l'existence et des rapports entre ados. a noter l'omniprésence de 'petites bêtes', sauterelles, cigales qui renforcent encore plus la surprise de lecture.
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L'histoire s'ouvre sur un groupe étrange qui progresse dans la forêt, le jour où l'on déverse du feu dans la rivière comme un rituel pour invoquer les morts. Il s'agit d'un ouvrier, suivi par des collégiens, Ayumu fermant la marche, peu rassuré.

Puis retour en arrière, on apprend comment Amuyu est arrivé dans la région : il arrive de Tokyo car son père a été muté à Hirakawa, dans cette région un peu austère, ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'il change d'école au gré des mutations paternelles.

Ils sont logés dans une maison, un peu à l'abandon et peu à peu s'y installent et leurs meubles qui paraissaient incongrus au début finissent par se fondre dans le décor. Pour se laver, par contre, il faudra aller aux bains municipaux.

Amuyu est présenté par le professeur principal aux autres élèves de la classe, qui comprend douze élèves, six garçons et six filles et Akira est chargé de lui faire visiter les lieux. Comme à chaque fois qu'il change d'école, Amuyu a du mal à s'adapter au départ car il est réservé voire timide, mais comment pourrait-il en être autrement vu qu'il change régulièrement d'établissement ?

Pourtant, tout commence plutôt bien, Akira désigné comme délégué de classe le désigne pour être vice-délégué, une première dans son existence. le tandem se met en place, mais Amuyu se rend vite compte qu'Akira est étrange : deux ans auparavant, en proie à un accès brutal de violence, il a frappé Minoru, un autre élève avec une plaque d'égout, lui laissant une cicatrice à la tête il avait dû d'ailleurs s'excuser…

Néanmoins, Minoru semble toujours faire partie du groupe qui comprend également Fujima, Chikano et Uchida. Très vite, Amuyu se rend compte, que leurs relations sont bien plus complexes qu'il n'apparaît au prime abord. Akira a besoin de dominer et de créer des jeux étranges, combat de sumo, voler un couteau à cran d'arrêt…

Il se sert d'un jeu de cartes aux figures étranges pour désigner celui qui fera plouf, autrement dit qui perdra et deviendra le souffre-douleur. Étrangement, cela tombe toujours sur Minoru, et comme c'est Akira qui tire lui-même les cartes on comprend vite qu'il triche…

On assiste à une montée en puissance de la maltraitance au collège et cela dérive vers une violence de plus en plus forte qu'elle évolue de manière insidieuse. On passe des mots aux coups, on maltraite au passage une pauvre sauterelle qui n'avait rien demander en lui versant de l'acide sulfurique sur le corps et en faisant croire aussi à Minoru qu'on lui en verse sur la tête…. Pour atteindre l'apogée à la fête des morts, Okuribi, le 15 août, où tout va basculer, d'où le sous-titre du livre « Renvoyer les morts ».

Tout évolue crescendo dans ce roman : le riz qui pousse au fil des saisons : marécage, puis les feuilles qui apparaissent puis les grains… sur fond de végétation qui change, les relations entre les individus avec les disputes entre les parents d'Amuyu, l'atmosphère se tend, et Hiruki Takahashi sait très bien manier les mots pour faire monter la puissance, la violence…

Je me suis laissée happer par ce texte envoûtant, plein de poésie, écoeurée par les actes des collégiens, par l'ignoble Akira et la relative apathie d'Amuyu, mais subjuguée, j'ai continué à lire alors que je déteste la violence, le harcèlement dans les romans…

Le Japon est un pays qui me fascine depuis longtemps, mais jusqu'à présent, mes lectures se limitaient à Haruki Murakami que j'adore, ou Yasunari Kawabata, ou quelques lectures de maîtres Zen ainsi que dans un autre genre, Jiro Taniguchi et ses « quartiers lointains » ou Fuyumi Soryo et sa série « Cesare » sans oublier Ito Ogawa et quelques autres quand même, ne soyons pas trop modeste !

Ce roman de Hiruki Takahashi est le premier à être traduit dans notre langue et il va rester un bon moment dans ma mémoire, il ne va pas être facile à oublier…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond qui m'ont permis de découvrir ce roman intense et hors du commun et son auteur. J'adore la couverture de ce roman, et en général toutes les couvertures des éditions Belfond…

#Okuribi #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Ayumu est un collégien dont le père est régulièrement muté par sa société. La famille venant de Tokyo arrive dans la petite ville d'Hirakawa, préfecture d'Aomori au nord de l'île principale, Honshû. Cela oblige Ayumu à s'intégrer auprès de nouveaux camarades, peut-être pour une seule année, lui qui espère que son père aura une promotion et qu'ils pourront vivre dans une petite maison aux abords de l'agglomération tokyoïte. Il côtoie bientôt une petite bande de six jeunes, dont Akira est le meneur naturel. Mais son passé trouble vis-à-vis de ses camarades ne tarde pas à susciter des interrogations chez Ayumu. Surtout, il a un souffre-douleur dans le groupe, Minoru, le plus faible, qui se laisse toujours embêter. Akira tient sa bande avec son jeu de cartes « Hanafuda », le jeu des fleurs. Chaque carte a une valeur, et en tirant deux cartes il ne faut pas dépasser un total de treize points sous peine de faire « plouf ». Or faire plouf, c'est avoir un gage pas très sympathique mitonné par Akira. Comme par hasard, Minoru perd systématiquement…

Dans ces moments, la tension monte, et l'on craint le pire pour Minoru et ses copains, dont Ayumu qui a quelques sueurs froides, qui remarque vite que les dés sont pipés et que le perdant est toujours le même. L'auteur tient son lecteur en haleine avec ces gages inquiétants, mais il y met une bonne part d'intox, et ce de manière répétée…Il n'en demeure pas moins qu'il nous prépare à ce que ces jeux malsains dégénèrent dramatiquement. Dans les intervalles, nous suivons Ayumu évoluant avec ses parents, désolés d'imposer un énième déménagement à leur fils chéri, avec un père qui espère une promotion et une mère qui n'a jamais su elle-même s'intégrer dans un nouveau cercle social et amical. Ayumu goûte avec curiosité et un certain plaisir la découverte de la campagne, de la nature, des animaux….

Le suspense est présent, la tension va monter, avec cette approche d'Obon, la fête des morts (autour du 15 août, les esprits des morts reviennent visiter leurs proches). Entre festivals de feux et lanternes (matsuri), l'auteur nous fait découvrir un Japon champêtre, avec ses traditions. Il parvient à maintenir le lecteur en alerte, tout en lui offrant ces moments de respiration, loin du tumulte de la métropole tokyoïte. Son approche est dans la nuance, entre le méchant Akira qui sait aussi se faire le protecteur de Minoru, et un Ayumu plus lâche qu'il n'y paraît, pensant avant tout à sauver sa peau.

Okuribi est un roman efficace, qui a été lauréat du prix Akutagawa 2018, le Goncourt japonais. C'était manifestement un bon cru.
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Ayumu, nouveau venu dans ce collège qui fermera l'année suivante, faute d'élèves en nombre suffisant, cherche à s'adapter à sa classe et à s'intégrer au petit groupe des garçons.
Il a l'habitude de repérer les différentes relations, les tensions, les affinités, les inimitiés ; en effet, il change régulièrement et d'adresse et d'école, suivant les mutations professionnelles de son père.

Un certain sentiment d'étrangeté lui est bien connu également, le temps de s'habituer à la maison, au champ en friche qui la borde, à cette Montagne Noire qui étend son ombre sur le paysage.

Au fur et à mesure, les meubles si appropriés à l'appartement de Tokyo s'acclimatent aux pièces de la demeure et n'offrent plus le décalage des premiers temps ; la table de noyer se fond dans la salle à manger, la mezzanine et le bureau dans la chambre d'Ayumu.

Pourtant, le malaise, léger dans les premières pages, devient de plus en plus présent, bien qu'Ayumu ait le sentiment de comprendre parfaitement les enjeux au sein du groupe de garçons, le rôle de chacun et sa place vis-à-vis des autres.
Il croit donner le change à ses camarades, mais reste en périphérie.

Il désapprouve certains jeux, certaines réactions, il surveille Akira, la forte tête, il plaint Minoru, le souffre-douleur.

Il ne fait pourtant rien de concret pour améliorer la situation de ce dernier.

Non, au contraire.
Ayumu suit le mouvement.

Tout comme il accepte sans se poser de questions les en-cas que lui propose une vieille femme dont la petite maison est en bas du chemin.
Tout comme il s'étonne parfois de ce qu'elle lui dit, sans lui demander pour autant des éclaircissements.

Le sentiment d'étrangeté persiste donc.
On reste dans cet entre-deux inconfortable, qui ressemble assez à ce qu'a été ou qu'est encore l'adolescence pour la plupart d'entre nous.

On suit Ayumu avec un brin d'inquiétude, où cela mène-t-il, quelle erreur pourrait-il commettre qui puisse le faire basculer ou le perdre ?

A peine plus de cent-vingt pages pour nous faire prendre conscience de ce malaise, nous le faire toucher du doigt avant une bascule atterrante qui laisse sans voix…

Hiroki Takahashi colle à cette épure que nous évoque la culture japonaise pour accompagner Ayumu dans ces quelques mois entre la rentrée d'avril et la Fête des morts du 15 août ; il enserre en peu de mots chaque situation, les sentiments parfois confus d'Ayumu, ses contradictions.
La campagne qui devient familière, la rizière se teignant d'un vert tendre, le vol des chauve-souris en fin de journée, ce "vent du moineau" inventé par le garçon faisant écho à "l'heure du moineau" qu'il découvre dans la littérature niponne, toutes ces descriptions délicates se heurtent à l'impression d'irréel qui persiste.

Hiroki Takahashi se livre à un remarquable numéro de "déséquilibriste" aux côtés d'Ayumu.
C'est une pleine réussite.

Un grand merci à Babelio, ainsi qu'à l'auteur et aux éditions Belfond pour cette découverte !
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Merci à l'opération Masse critique et aux éditions Belfond pour l'envoi de ce « petit » roman…
***
Petit par la taille (123 pages), ce roman, mais quelle force ! Ayumu, 15 ans, déménage régulièrement avec ses parents, au gré des mutations de son père, plus ou moins tous les deux ans. Chaque fois, il doit s'adapter à une nouvelle maison, une nouvelle école, se faire de nouveaux amis. Il y arrive assez bien, juge son entourage. Cette fois, la famille part de Tôkyô pour Hirakawa, une région agricole située beaucoup plus au nord. Dans sa classe, il y a des filles, mais seulement six garçons qui semblent suivre aveuglément Akira, le meneur. D'abord prudemment observateur, Ayumu s'intègre dans la bande, mais…
***
Malgré une grande économie d'adjectifs, Hiroki Takahashi décrit magnifiquement la campagne que découvre cet adolescent particulièrement sensible à son nouvel environnement : les paysages des rizières évoluant selon les saisons, le poids de la neige, la couleur du vent, la présence des insectes... Il nous présente aussi un jeune homme très attachant. Parce que l'adolescent y est exposé assurément beaucoup plus que dans une grande ville, la pérennité de la religion, la vitalité du folklore l'étonnent et l'inquiètent à la fois. Il en sourit, mais craint certains signes qui se présentent comme des présages. Ayumu est un garçon intelligent, patient, parfois contemplatif et l'auteur réussit parfaitement à transmettre l'inquiétante étrangeté qui envahit l'adolescent, tant dans sa nouvelle maison où les meubles familiers paraissent incongrus, que dans cette école où le nombre d'élèves lui impose des fréquentations qu'il n'aurait sans doute pas choisies spontanément, ou encore dans ses relations prudentes avec Akira. Comme Ayumu, le lecteur subit le basculement brutal vers une violence qui tente de se camoufler dans un jeu, mais comme la sérénité revient presque immédiatement, la vie continue, et on est tenté de croire qu'il s'agissait d'un accident. le contraste n'en est que plus puissant quand la violence se déchaîne. J'ai beaucoup aimé ce bref roman parfois déroutant et très original.
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C'est avec le bruit des cigales que la lecture d'Okuribi : Renvoyer les morts s'écoule lentement. Dans un Japon de la campagne, Hiroki Takahashi nous parle de l'arrivée à Hirakawa d'Ayumu, jeune garçon de 14 ans qui vient de « là-haut » (comprendre de Tokyo). Un cadre paisible et lent où le temps semble suspendu à la pousse du riz et au rythme des traditions japonaises.
Parmi celle-ci, la « Fête des Morts » (ou O bon) qui dure trois jours d'été et où l'on allume des lanternes pour guider l'âme des défunts tandis que des sculptures d'animaux les (r)amènent à bon port.
Premier roman traduit en langue française d'Hiroki Takahashi, Okuribi n'a pourtant pas que la plénitude à proposer à son lecteur…

Jeux d'enfants
Car lorsqu'Ayumu intègre une nouvelle école, le collège numéro trois qui ne compte plus qu'une poignée d'élèves et, notamment, cinq autres garçons qui vont faire basculer la perception du monde de notre jeune adolescent dans l'univers cruel et ambigu des adultes. Parmi ces cinq garçons, Akira, un meneur évident exerçant son emprise sur les autres et plus particulièrement Minoru, le plus frêle et le plus discret du groupe. Peu à peu, Ayumu apprend qu'Akira a déjà frappé Minoru par le passé et que ce genre de brimades semblent monnaie courante parmi les adolescents. Grâce à un jeu de cartes truquée, Akira soutire de l'argent et torture régulièrement le pauvre Minoru… mais continue paradoxalement à le protéger contre les moqueries des autres !
Roman du paradoxe, Okuribi confronte un ado des villes (Ayumu) à des garçons de campagne, portant un regard singulier et emprunt d'une sorte d'ébahissement constant, sur des traditions et des pratiques qu'il n'avait jusque là que peu fréquenté.
Autre paradoxe, celui du cadre, de l'ambiance. Hiroki Takahashi oppose le cadre quasi-bucolique et tendre de la campagne japonaise à la cruauté et la violence subit par Minoru. Sans entrer dans une sorte de voyeurisme malsain, l'auteur décrit ce qui commence comme des jeux de gamins pour finir par un harcèlement constant et particulièrement cruel.
Le lecteur en arrive donc au dernier paradoxe, et non des moindres : l'intrication du statut de victime et celui de bourreau. Ayumu, observant attentivement ce qu'il se passe autour de lui, comprend rapidement que les petits jeux auxquels il participe ou qu'il laisse se produire ne sont pas « bons ». de facto, le garçon devient à la fois un observateur ET un acteur des sévices/brimades endurés par Minoru. En proie au doute et à la culpabilité, Ayumu semble à la fois fasciné et repoussé par le charismatique mais imprévisible Akira, lui-même bien plus complexe qu'il n'y paraît de prime abord et qui, en fin de compte, apparaît aussi paradoxal que les autres personnages du roman.

A History of Violence
Mais surtout, c'est dans la tradition que fouille Hiroki Takahashi pour s'interroger sur les racines du mal. le cadre, typique et presque cliché, de la campagne japonaise sert à montrer la perpétuation de la mort et de la violence, passées de générations en générations, changeant les gens et laissant les âmes s'égarer en chemin. Lors de son dernier acte à la violence inattendue, Okuribi laisse à réfléchir son lecteur sur les conséquences d'une tradition qui entretient la violence même là où on ne l'attend pas, dans le plus paisible des villages et le plus respectueux qui soit des ancêtres.
La force du roman, c'est alors d'arriver à nuancer ses personnages, des plus violents aux plus innocents, et de montrer la perpétuation de la haine, l'intrication profonde entre le statut de victime et de bourreau, qui finissent par ne faire plus qu'un.
Alors que les mots brûlent et que la poésie lancinante de cette vie quotidienne finalement très pittoresque étreint le coeur du lecteur d'une langueur envoûtante, l'auteur rappelle aussi que le mal perdure dans le coeur des hommes, un mal qui ne meurt pas et qui se transmet, de générations en générations, perdu sur le fleuve des vies humaines sans cesse en mouvement.

Dans un décor particulièrement sublime et sur fond de traditions ancestrales japonaises, Okuribi nous interroge sur les démons générationnels qui nous guettent et sur notre place au sein de cet équilibre fragile que sont les relations humaines. Un magnifique roman qui ravira les amateurs de subtilité et d'intelligence.
Lien : https://justaword.fr/okuribi..
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Hirakawa, Japon. Ayumu et ses parents ont dû déménager dans cette région en raison d'une mutation laborale de son père. D'emblée, le jeune adolescent réussit à s'intégrer dans sa classe, devenant ami avec un groupe de garçons. Parmi eux se trouvent Akira et Minoru. Tout le monde semble bien s'entendre, pourtant Ayumu ne va pas tarder à apercevoir des comportements qui tendent au harcèlement scolaire envers Minoru.

C'est une très bonne lecture que j'ai découverte ici. En pleine plongée dans le Japon, l'auteur a su aborder des sujets forts. Il est incroyable de voir comment certains auteurs réussissent en si peu de pages à créer une atmostphere pesante et forte. Ici, Hiroki a totalement tenu son pari et j'ai quitté ce roman avec une énorme sensation de mal-être, tant il est immersif.

Ce roman, c'est avant tout une invitation au voyage dans le Japon le plus traditionnel mais aussi le plus moderne. de traditions en coutumes, je me suis sentie totalement prise entre les filets de ce récit. J'ai découvert énormément de choses, et c'est sans aucun doute une lecture différente.

Quant à l'intrigue, elle montera en puissance au fil des pages, et peu à peu, un sentiment de mal-être m'a envahie, jusqu'au final qui m'a totalement secouée. L'auteur a su mettre en exergue des thématiques très dures, telles que le harcèlement scolaire. Tout au fil des pages, un sentiment dérangeant m'a accompagnée mais je ne me doutais pas que ce dénouement viendrait me bouleverser autant.

Les personnages sont très bien dépeints. Sous une aura de mystère qui les nimbe, ils n'en restent pas moins attachants en ce qui concerne certains d'entre eux. Bien évidement, ma préférence va à Ayumu, que j'ai trouvé d'une grande sensibilité et surtout, il fait montre de beaucoup d'empathie.

La plume de l'auteur est sobre. Sans user de phrases à rallonge, il fait preuve d'un certain lyrisme. C'est un style très agréable. Ce court roman est divisé en plusieurs chapitres de taille moyenne et qui gagnent en intensité peu à peu.

Un roman dépaysant, fort et abordant une thématique très difficile. Je ressors bouleversée par l'intensité et l'ambiance pesante que l'auteur a su instaurer dans ce court récit. À découvrir.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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On m'a parlé d'un auteur japonais et de coutumes japonaises, alors j'ai dit oui ! Je remercie les équipes de Babelio pour l'envoi de ce roman.
Il s'agit du premier roman édité en français de Hiroki Takahashi. J'espère que ce n'est que le début.

L'écriture est fidèle à la littérature japonaise. Toujours très douce même quand elle exprime quelques horreurs. C'est un style que j'aime beaucoup et ça me permet de me noyer dans l'histoire dès les premières lignes.

L'histoire, quant à elle, m'a rappelé la dramatique histoire de Junko Furuta. Certes, cette jeune fille n'était pas harcelée mais elle a été la victime de monstres et de spectateurs agissant pour ces monstres. Ici, on parle de harcèlement scolaire, de violence, "d'engrenage". On parle d'innocence également parce que certains enfants n'ont pas conscience du tort qu'ils font aux autres.

C'est un roman aussi brutal que doux. Un roman à lire indéniablement. Surtout à notre époque. J'aurais aimé avoir davantage les points de vue d'Akira, c'est un peu dommage. Mais le tout reste plaisant à lire.
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« Une chose était sûre, Akira éprouvait du plaisir à maltraiter Minoru. On rencontrait toujours ce type d'élèves, quelle que soit l'école. » (P. 39)
Minoru, est la tête de turc de la classe. Akira, fait tout pour l'humilier, et nombreux sont ceux dans la classe, qui, non seulement ne réagissent pas, mais qui rajoutent leur petite vexation, leur moquerie, voire leur petit larcin. Oh! ils n'y sont pour rien, ce sont les cartes qui décident de tout, des cartes manipulées par Akira…Tous le craignent, car il choisit sa victime du jour au gré des décisions données par les cartes, « hanafuda »,…par ses tricheries. Minoru, naïf, perd toujours, mais ne soupçonne pas les tricheries d'Akira.
Ayumu, le narrateur a intégré l'école en cours d'année. Akira, le chef de classe l'a guidé et a été chargé de lui faire découvrir l'école. Oh, ce n'est pas une grande classe…seulement douze élèves, six garçons et six filles! En effet, sa famille change régulièrement de lieu de vie au gré des promotions du père de famille. Son père a quitté Tokyo, pour Hirakawa, un village, bien éloigné des satisfactions que peut procurer une grande ville. Dès son arrivée, Ayumu a été pris en main par Akira, Akira que tous craignent et qui n'aimerait pas que d'autres lui prennent sa place de délégué de classe qu'il entend conserver. Akira a même décidé que Ayumu serait son vice-délégué!
Ayumu découvre au fil du temps les vexations faites par Akira , sa violence même, les jeux ou ordres plus ou moins violents et débiles qu'il invente pour rabaisser d'autres gamins, notamment le jeu du Passereau dans lequel un gamin doit montrer son courage face à une éprouvette remplie d'acide sulfurique, ou le vol d'un couteau à cran d'arrêt …
C'est une tradition ! Et c'est souvent que Minoru perd à ces jeux débiles ressemblant à ces bizutages…jeux qui peuvent se terminer dans le sang ! Mais aussi on joue à « l'homme invisible » en ignorant délibérément un élève prendant des journées, voire au « jeu de l'au-delà » en jouant à s'étrangler…sans compter les défis qu'on se lance, et les punitions pour les vaincus….jusqu'au jour où Minoru se rend chez Akira et chez Ayumu…..mais je n'en parlerai pas !
….du sang et des larmes à l'école et traditions japonaises, le quotidien, les croyances, la nature japonaise, ses traditions policées, ses rites tels que ses chevaux concombre et ses vaches aubergine favorisant le voyage des morts….. sans oublier les lanternes allumées en papier déposées sur les cours d'eau!
Oppositions de deux mondes ..poésie et violence
Hiruki Takahashi sait très bien faire monter cette violence…cette mainmise sur les plus faibles,…cette émotion
Beau texte !
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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