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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est le deuxième volume du récit du père de Jacques Tardi pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il était prisonnier de guerre au Stalag IIB. Après le récit de la guerre perdue, et son séjour dans ce camp, on découvre dans ce tome l'époque de l'avancée des alliés, et le déplacement de ces prisonniers à travers l'Allemagne, une longue et terrible errance. le graphisme est en noir et blanc, avec un trait épais, des aplats de gris, avec souvent trois images panoramiques seulement par page, ces images toutes en longueur illustre bien cette foule errante, le temps qui s'étire, cette marche va durer quatre mois. le texte est très présent, comme un long monologue, avec parfois l'intervention de Jacques, comme si l'histoire était racontée par le père à son fils, mais ce sont les images d'époque qui l'illustrent, Ce discours a posteriori explique sans doute le cynisme de René. Une bonne partie du récit est une suite d'anecdotes, mais ce long cheminement devient lourd et pénible, ce style de narration parvient à nous immerger. Et quand l'histoire s'accélère, la couleur apparaît alors pour changer l'intensité du récit.
Je trouve cette bande dessinée très bien faite, c'était pour moi comme une lecture nécessaire, mon grand-père n'a jamais voulu nous parler de ce qu'il a vécu là-bas, avec cette bande dessinée de Jacques Tardi, je parviens à l'imaginer un peu. Je trouve les récits de Jacques Tardi sur les guerres vraiment très bien faits, même si le point de vue anti-militariste est à considérer avec le recul. Il nous propose une vision de la base, la stratégie militaire, les avancées n'apparaissent que comme des rumeurs, la réalité est plus prosaïque, avoir froid, avoir faim, avoir mal aux pieds, aux dents, avoir peur… La guerre comme elle est réellement, c'est sans doute le plus important.
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Ce tome fait suite à Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag II B, tome 1 (2012) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant, même si celui-ci constitue la suite de la biographie. Ce tome est le deuxième d'une série de 3 dans laquelle l'auteur met en bande dessinée les souvenirs de son père René Tardi. Il s'agit d'une bande dessinée en couleurs, dont la première édition date de 2014. Elle a été réalisée par Jacques Tardi pour le scénario et les dessins, les couleurs ayant été réalisées par Jean-Luc Ruault. le tome commence par une préface de 5 pages rédigée par J. Tardi, détaillant le processus de reconstitution du trajet de retour de son père à partir de ses carnets, illustré par des photographies d'époque, d'une postface de Dominique Grange évoquant le parcours de son propre père, et d'un article d'une page sur le mystérieux pélican en bois, et il se termine par une carte sur 2 pages permettant de visualiser l'itinéraire de R. Tardi à travers l'Allemagne pendant ces 4 mois de marche forcée.

Le 29 janvier 1945, l'ordre est donné aux soldats évacuer le Stalag II-B, situé à deux kilomètres à l'Est du village d'Hammerstein en Poméranie. Les soldats font marcher les prisonniers pour s'éloigner de l'Armée Rouge qui progresse, dans le vent, la neige et la nuit, le tout par -30°. Malgré les coups de crosses et de gummis, les prisonniers fatigués et affamés n'avancent pas plus vite, d'autant qu'ils doivent porter l'équipement des soldats allemands. La marche est pénible et éprouvante. La colonne de prisonniers rattrape une charrette de la Wehrmacht, conduite par un civil, car les civils fuient aussi, terrifiés par la réputation des russes : pilleurs, violeurs, brutes sanguinaires et massacreurs. René Tardi et ses compagnons négocient d'attacher leur petit traîneau où ils ont entassé leurs affaires, à la charrette contre un paquet de Lucky Strike. Quelques centaines de mètres plus loin, la charrette verse dans le fossé, et ils reprennent leur traîneau, laissant le civil se débrouiller tout seul.

Après avoir marché toute la nuit, la colonne fait une courte halte à l'abri du mur d'une usine, avant de repartir. Les prisonniers de guerre souffrent du froid car ils portent les mêmes vêtements que ceux qu'ils avaient quand ils ont été faits prisonniers, René Tardi ayant accumulé plusieurs couches pour mieux résister au froid. À 17h00, la nuit tombe. René, Roger et quelques autres décident de se laisser distancer. Une fois en queue de peloton, ils quittent la colonne, et s'enfoncent dans les bois, toujours avec le petit traineau surchargé. La forêt est lugubre, et le sous-bois est marécageux. Parfois la glace cède et ils s'enfoncent jusqu'aux genoux dans l'eau glacée. À cinq heures du matin, ils atteignent une ferme et établissent le contact avec des travailleurs forcés polonais qui travaillent dans cette exploitation agricole. Ils arrivent à troquer un canard et un poulet contre quelques paquets de clopes. Dans la journée suivante, ils voient passer des traîneaux russes propulsés par des hélices : des soldats russes faisant des raids d'intimidation, ce qui indique que le front se rapproche. Les fuyards comprennent qu'ils doivent s'éloigner au plus vite de la zone de combats, qu'il leur faut déguerpir. Après 22 kilomètres de marche, ils parviennent à Raddatz, un patelin, où ils tombent sur un grand nombre de prisonniers de guerre au repos. Ils s'y intègrent et trouvent de la place dans une grange ouverte à tous les vents et surpeuplées.

Le premier tome était éprouvant : pas du fait d'une narration visuelle trop explicite, ou de commentaires trop chargés de souffrances du narrateur, mais par l'accumulation d'horreurs, à la fois inhumaines et systématiquement remises en contexte avec une prise de recul les rendant encore plus atroces. À la fin du premier tome, les prisonniers de guerre quittent le camp et la fin de la guerre est proche. Mais le chemin pour rejoindre la France s'avère encore très long, très éprouvant, et tout aussi inhumain. L'auteur a retracé ces quatre mois à partir des carnets de note de son père, indiquant chaque fois qu'il y a une imprécision ou une incohérence. Les soldats allemands font voyager leurs prisonniers à pied du 30 janvier 1945 au 05 mai 1945. René Tardi retrouve son foyer en France le 26 mai 1945. le groupe de prisonniers de guerre dont il fait partie chemine en territoire allemand, avec le front russe qui se rapproche par l'Est. Ils sont trop faibles pour avoir un espoir de tuer leurs geôliers, sans se faire tous abattre par leurs armes à feu. La fuite (quitter la colonne de prisonniers) est possible mais ils deviennent alors des ennemis désarmés et affaiblis en territoire allemands, susceptibles d'être abattus sans sommation. Comme dans le premier tome, l'auteur évoque toutes les maltraitances endurées par son père : malnutrition, froid, absence de soins médicaux, rage de dents, poux et autres parasites, coups de crosse, etc. Comme dans le premier tome, son père l'exprime avec une forme de détachement, presque d'ironie en tout cas un recul détaché de la souffrance. Pour autant l'accumulation produit toujours son effet sur le lecteur.

L'auteur a repris exactement le même mode narratif : chaque page se compose de 3 cases de la largeur de la page, de même dimension, avec une mise en couleurs à base de gris, avec une légère touche de marron, donnant la sensation d'un quotidien très gris, morose et pesant, sans grand changement d'un jour sur l'autre. Cette dernière caractéristique reflète non pas les lieux puisque la colonne de prisonniers de guerre se déplace, mais l'état d'esprit résigné, et la souffrance qui ne les quitte pas. Chaque case comprend un phylactère (le plus souvent rattaché à René), assez copieux commentant la scène ou donnant des informations sur l'avancée de l'armée russe, les nouvelles défaites des allemands, ou des éléments de contexte sur les Lebensborn, les Einsatzgruppen, le pilonnage de Dresde, etc. Comme dans le premier tome, le lecteur se rend compte qu'il consacre la plus grosse partie de son attention à la lecture de ces phylactères, très denses en informations. Ces textes composent une reconstitution historique très riche, et très documentée. En fonction du lieu où leur marche les emmène, le père ou le fils vont décrire ou expliquer ce que sont les Lebensborn (des foyers et des crèches, mais aussi des lieux de rencontre plus ou moins furtive où des femmes considérées comme aryennes pouvaient concevoir des enfants avec des SS inconnus) ou les exterminations perpétrées par les Einsatzgruppen (élimination en masse des cadres polonais, des handicapés, des Juifs et des Tziganes) et leur problématique pour gagner de la place dans les fosses communes. L'effet cumulatif de ces horreurs est également assommant et horrifique : une litanie de barbaries inhumaines sans limite, infligées de manière méthodique. Ces textes ne sont pas pesants du fait de l'ironie sous-jacente de René Tardi dirigée contre tous les militaires et dirigeants de tout poil, mais glaçants quand il fait une allusion en passant au négationnisme, alors que la colonne a marché devant le camp de concentration de Bergen-Belsen.

La complémentarité entre textes et dessins fonctionne comme dans le premier tome. le lecteur peut éprouver l'impression de ne finalement prêter attention qu'aux textes, jetant à peine un coup d'oeil à ces dessins ternes et ces silhouettes aux contours rapidement tracés. Mais à chaque fois qu'il change de page, il ressent l'effet des cases : il sait où se trouve René Tardi. Il a eu un aperçu de la réalité de ce qu'il vit et endure à ce moment-là de la marche forcée, ou des conditions de détention lors des haltes. Il ne s'agit pas d'un détail supplémentaire, mais d'une réalité qui est rappelée à chaque case, qui est incarnée. Impossible d'ignorer les cadavres de prisonniers de guerre au bord du chemin, ou l'exécution sommaire de prisonniers de camp de concentration emmenés en colonne sur la route, ou les pendus, etc. Si l'envie lui en prend, le lecteur se rend également compte que ces dessins à l'apparence fruste recèlent un niveau de détails étonnant. L'artiste représente les bâtiments avec un savoir-faire extraordinaire, qu'il s'agisse d'une grange, ou des façades dans une rue. La reconstitution historique est tout aussi soignée qu'il s'agisse des uniformes ou des armes, des véhicules militaires. Tout participe à rendre concret les faits historiques, ainsi que les lieux traversés par la colonne de prisonniers de guerre.

Le média de la bande dessinée est particulièrement adapté pour raconter des histoires et le lecteur éprouve une certaine impatience de voir René Tardi retrouver sa famille, après les épreuves inimaginables subies pendant sa détention au stalag II-B. La fin de la guerre approche. Tout va rentrer dans l'ordre. En consacrant un tome complet (124 pages de bande dessinée) au retour, Jacques Tardi montre qu'il ne s'agit pas d'une histoire, mais d'une biographie. La vie de son père a ceci de particulier qu'il n'a pas fait partie de prisonniers libérés : la sortie du camp s'est faite sous la contrainte des soldats allemands. Les prisonniers continuent de mourir sous les coups, les privations, l'absence de soin, les exécutions sommaires, dans un pays ravagé par la guerre, avec l'espoir en voyant les avions britanniques passer au-dessus, mais aussi la crainte d'être bombardés. La densité et la précision de la reconstitution historique font oeuvre de témoignage, à la fois pour René Tardi, à la fois pour l'inhumanité de la guerre pour les prisonniers, pour les civils, et même (mais par ricochet) pour les soldats.
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Deuxième volet du journal de guerre – c'est à dire essentiellement de la captivité en Poméranie – du père de Jacques Tardi. le retour des prisonniers de guerre dans leurs foyers se mue en épopée tragique : cinq mois d'errance à travers l'Allemagne sous les bombes alliées et la férule des gardiens de plus en plus nerveux et cruels, malgré la certitude de la débâcle imminente et la progression de l'Armée Rouge effrayante.

Je rends grâce à Tardi de me permettre de situer enfin sur la carte la position du Stalag IIB, celui-là même où mon père, Jean Mens, fut lui aussi, emprisonné avec ses camarades jusqu'à la date de son évasion réussie en février 1942.

Comme dans le premier épisode, René Tardi dialogue avec son fils à venir, ce jeune ado particulièrement mâture qui connaît, lui, les détails de la guerre en cours et les lui livre peu à peu : l'isolement et le manque d'information des prisonniers est aussi une des constantes de cette période et de leur souffrance. A partir de février 1945, les captifs sont poussés en troupeau vers l'ouest à coup de crosses sans presque rien à manger, parqués dans leur vermine, kilomètre après kilomètre dans des hangars ouverts aux vents d'hiver, leur pieds les faisant souffrir, affaiblis, démoralisés. Et en plus, torture atroce, ils tournent en rond pour finir par se libérer "par eux-mêmes" de leurs geôliers sans savoir comment rentrer. C'est alors la débâcle qui change de camp : les villes allemandes sont systématiquement bombardées, on rencontre les colonnes de déportés évacués des camps de concentration dans des marches de la mort inimaginables.

A partir du 5 mai, c'est la grande peur face à Yvan, l'armée russe, qui rend la monnaie de sa pièce à l'Allemagne qui lui a fait subir les horreurs des Einsatzgruppen. C'est moche, la guerre. Certains choisissent le suicide pour échapper aux viols et aux exactions. La revanche des prisonniers laissés sans contrôle est parfois aussi cruelle que celle des précédents oppresseurs : pendaisons sommaires, mitraillage de maisons civiles ou de colonnes de boches capturés …

René Tardi finira tant bien que mal par retrouver son épouse Zette et mettre en route le petit Jacques qui a retranscrit ses carnets de voyage. Et moi, je revois ces paysages où je me suis rendue cet été au bord de la Baltique – à Usedom, à Peenemünde, Anklam, par où passa aussi mon père, dans cet hiver 42 et probablement aussi dans la boue et la neige, mais avec seulement un camarade d'évasion … et une boussole.

A la lecture de ce deuxième tome – car j'imagine qu'il y en aura un troisième – je mesure combien mon père a eu le nez creux de fausser compagnie, lui aussi à pied et prenant sans cesse garde d'être découvert sur les routes allemandes encore euphoriques, à ses camarades de captivité.
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J'avais aimé le premier tome, j'ai aimé le deuxième, même si parfois on peut se perdre dans l'évocation des villes et villages traversés. Jacques Tardi s'appuie sur les carnets de son père, se met en scène, petit garçon posant des questions à René, notamment sur les inexactitudes de ses notes, sur les erreurs manifestes ou les oublis. Dessin classique pour Tardi, trois grandes cases par page, peu de gros plans, souvent des plan larges, du noir et blanc -sauf la fin. Une bande dessinée extrêmement pédagogique qui reprend les grands moments de la guerre, l'avancée des Russes et des Américains et des Anglais, qui redit une fois encore -mais qui n'est pas une fois de trop- l'horreur des camps de concentration, la solution finale, tout cette haine et cette folie imaginées par des hommes pour détruire d'autres hommes. le temps passant, la liste des rescapés s'amenuise, il est bon que des récits, des témoignages gravent dans le marbre ou le papier ce qu'ont enduré les gens vivant à cette époque, les juifs bien sûr mais aussi les tziganes, les homosexuels, les handicapés, les prisonniers de guerre. Travailler sur différents supports, les livres, les films, les bandes dessinées, est une excellente idée qui peut élargir le public touché.
Cette BD est d'un abord aisé, elle est le reflet du discours d'un simple soldat français : elle raconte son quotidien, les marches forcées, le froid : "Ces uniformes, que nous avions sur le dos depuis cinq ans, usés et élimés jusqu'à la corde, sans cesse rapiécés tant bien que mal, nous protégeaient à peine du froid. Je portais sur moi plusieurs couches de hardes, tout ce que j'avais pu trouver au camp pour avoir moins froid. J'avais même coupé des bandes dans la longueur d'une couverture et les avais enroulées autour de mon torse et de mon bide sous ma vareuse, en guise de coupe-vent." (p.9). Froid dont parle Michel Butor également encore adolescents au moment de la guerre : "J'ai l'impression d'avoir toujours eu froid pendant les années de la guerre. Même les étés me semble-t-il étaient froids." (In Improvisations sur Michel Butor).
Tardi sait se faire également pédagogue lorsqu'il parle des Lebensborn : "Des femmes mariées ou des filles-mères certifiées conformes pouvaient y accoucher en grand secret, à condition de refiler le môme à la SS. Les lebensborn étaient aussi des lieux de rencontre où des "Aryennes" pouvaient se faire engrosser par des SS..." (p.23), mais aussi de la fin de la guerre et du partage de l'Europe entre les Alliés.
Une série à lire d'urgence.
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Pourquoi est ce qu'on ne parle quasiment jamais de la débâcle, du retour des prisonniers fuyant l'arrivée des russes, des 'Yvan'. Peut être parce que cet épisode n'est glorieux pour personne. En tout cas, je découvre ici le premier témoignage dessiné de ces quelques mois d'histoire, pas enseignée dans les livres de classe. L'auteur détaille tout, tout ce qu'il a glané de son aïeul. du coup le récit se transforme en un témoignage unique. Qui voudrait raconter cela et en plus le dessiner. Effectivement, crayonner ces colonnes de soldats en guenilles, quel travail !!!
Merci Tardi.
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Deux ans après le premier tome, Jacques Tardi poursuit le récit de l'expérience de prisonnier de son père dans cet album Moi René Tardi Prisonnier de Guerre Au Stalag IIB – Mon Retour En France.
Après 5 ans de captivité dans un camp de prisonniers au coeur de la Poméranie, on suit la longue marche de ces détenus de guerre de toutes nationalités qui se retrouvent au coeur d'un pays en pleine débâcle, à quelques semaines de la fin de la guerre. Grâce à un petit carnet, tenu par son père, qui retraçait les étapes et les kilomètres parcourus par jour durant ces 4 longs mois d'errance et les souvenirs de celui-ci, l'auteur nous retrace les conditions difficiles vécues par ces prisonniers, ballottés d'une ville à l'autre par leurs bourreaux qui, sentant l'étau se resserrer, devenaient de plus en plus brutaux et sauvages.
Le froid, la faim, la mauvaise hygiène seront le lot quotidien de ces hommes tiraillés entre l'espoir de rentrer enfin chez eux et l'incompréhension la plus totale sur leur déambulation. Toujours accompagné de Jacques Tardi enfant, René raconte son histoire et à travers sa voix, on découvre la colère nourrie par la maltraitance et la folie de leurs gardiens qui amènera à une haine farouche du peuple allemand.
Parallèlement à cette marche forcée, c'est par la voix du jeune Jacques (personnage fictif car il n'était pas encore né) que l'on apprend les grands événements qui se jouent en parallèle dans le reste du monde. La contextualisation permet de mesurer à quel point ces pauvres hommes sont loin de ce qu'il se passe et ouvre un dialogue fictif entre le père et le fils, dialogue qui n'a sans doute jamais eu lieu entre les deux hommes…
Au début de l'année 2014, accompagné de sa femme dont le père était lui aussi prisonnier de guerre et de deux amis, l'auteur est retourné en Allemagne et en Pologne sur les traces de ce retour chaotique afin de mettre des images et des émotions sur ces événements.
Une nouvelle fois, Jacques Tardi offre un témoignage unique et magnifiquement documenté sur un conflit qui le touche personnellement. En racontant la guerre de son père, il permet aux lecteurs de découvrir les conditions de vie des prisonniers de guerre et la farouche volonté de survivre qui anime chacun d'entre eux et qu'il nous est nécessaire de comprendre.
Une troisième tome est prévu… vivement la suite!
Lien : http://lalydo.com/2015/01/mo..
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Une tres belle suite. Ce que j'adore dans cette bd se sont les graphismes que je trouve géniaux.
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Alors que j'avais sous la main les tomes 1 et 2 de la série 'Prisonnier de guerre au Stalag IIB', j'ai commencé leur lecture par le second, sous titré 'Mon retour en France'. En effet, je l'ai pris pour en lire quelques pages afin de m'en faire une première idée, mais n'ai pas pu le reposer pour reprendre les choses dans l'ordre, tellement il a capté mon attention.

Tardi y raconte le départ de son père du camp dans lequel il était retenu prisonnier depuis 1940, avec de nombreux autres prisonniers de guerre, puis son retour en France. Ce voyage fut loin d'être une sinécure, d'autant qu'après plusieurs années de rétention et de privations ces soldats étaient en triste état, physiquement et moralement.
Au-delà du vécu du père de l'auteur, c'est l'histoire de nombreux soldats français qui nous est racontée ici et même tout un pan de l'histoire de notre pays. Cette lecture est donc un excellent moyen de réviser son histoire de France. Tardi nous permet aussi de percevoir des aspects absents des manuels scolaires, en particulier les difficultés d'un retour de soldats après une sévère défaite dans un pays qui méconnaît les souffrances qu'ils ont pu endurer.

Les ajouts documentaires en fin d'ouvrage sont particulièrement intéressants et permettent de bien resituer l'histoire du père de Tardi dans son contexte.

Je suis impatient de lire la suite annoncée (après avoir posé ce second tome, j'ai sauté sur le tome 1, que j'ai encore plus apprécié car il a pour contexte une période plus large, de 1939 à 1945).
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J'avais lu avec passion et émotion le tome premier de l'horreur du stalagIIb. Grasse à la Masse critique, je me plonge plus tôt que prévu dans la suite parce que, bien entendu, ils ne sont pas rentrés des camps comme on rentre aujourd'hui d'un séjour dans les îles avec l'aide d'un Tour opérator.
Les années de captivité, d'atrocité où l'homme est tombé plus bas qu'un chien. au Stalag IIB.
C'était le premier tome.
Et la désertion des camps à mesure que progressent les Russes. Une terrible exode, harassante, tuante, dans un froid quasi insupportable qu'ils vont quand même, pour ceux qui en auront la force, réussir à endurer. Terrible marche pour ces prisonniers qui, contre leur gré, doivent avancer sous les coups de crosse des allemands. Beaucoup resteront en route. Ils marchent dans la neige glaciale, la boue : trente, quarante kilomètres par jour sans s'alimenter suffisamment.
On a quelque peu occulter dans nos pensées cette épreuve qu'on dû endurer ces prisonniers. Dans nos esprits, ils sont rentrés, c'est tout. Les gares aux trains bondés , les retrouvailles ; mais non ce n'était pas aussi simple.
Je crois, que là Jacques Tardi, dans ces deux albums consacrés à cette longue période qu'il ne faut jamais oublier (5 années) a su raconter avec justement ce que les acteurs des camps ne racontent par pudeur et peur qu'on puisse ne pas les croire, tants c'était horrible.
Ce récit très fort, et sûrement inédit, en bande dessinée, viendra grossier tous les autres comme un acte de mémoire.
Ce qui est le plus dur, lorsque l'on referme un tel document est de ce dire que ces hommes qui ont perpétré ces horreurs sans noms ont vécus, pour beaucoup, des jours heureux ensuite et sûrement sans le moindre remord. Et quand on pense qu'au XXe et XXIe siècle on peut entre des gens dire que « les camps sont un détail de l'histoire » et que le rêve d'une certaine couche de la population est de voir arriver ces gens-là aux commandes en France.
Mais la vrai question est « Comment l'homme fait-il pour trouver la force en lui de résister à ça et s'en sortir et ensuite, un jour, retrouver le sommeil.

Ce que je vous recommande là n'est pas la lecture d'une bande dessinée en deux tomes mais un document indispensable pour ne jamais oublier.
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Ce convoi qu'on cache

Nous sommes en 1945 et le Reich qui devait durer 1000 ans, s'effondre sur lui-même. Les alliés sont entrés en Allemagne et le destin de cette génération de bons aryens commence à ressembler à l'histoire des Rougon-Macquart : après le Rêve et la Bête humaine, voici le moment de la débâcle.

Il est donc temps de lever le camp pour le Stalag II B.
René Tardi et les prisonniers de guerre partent alors pour un exode sur les routes déjà encombrées par une population civile allemande fuyant également devant l'avancée des Popovs qu'elle imagine (à juste titre), un peu revanchards.

Pendant des mois, Tardi va marcher, marcher et encore marcher, dans la neige, dans la boue, les pieds en sang, le dos lacéré par les parasites, la mâchoire crispée par une infection dentaire, tenaillé par la maladie ou la faim incessante.

Et il n'y a pas que les kilomètres à pied qui usent car il faut aussi compter sur les gardiens teutons, GO d'un ordre qui s'effrite, mais qui gardent jusqu'au bout, la crosse de fusil lourde et la matraque leste.

Un bel exemple d'implication professionnelle.

Ce voyage a été reconstitué par Jacques Tardi, d'après les indications notées sur un carnet, par son père. On suit l'itinéraire tortueux de cette famélique colonne, avec ses tours et détours destinés à éviter les ex-alliés soviétiques. On pénètre avec eux dans ces petits villages abandonnés, bivouacs d'une nuit ou plus, on assiste aux rapines, aux représailles, aux ultimes poussées de lâcheté ou de courage. On passe aussi, de loin, devant les camps de concentration où errent des ombres en pyjamas rayés...

Comme dans le 1er volume, le dessin de Tardi est magistral. On chercherait en vain la case inutile ou le trait superflu. le N & B s'efface occasionnellement pour laisser place à des éclats de couleurs au fur et à mesure de l'approche de la délivrance.

Le dialogue père-fils inauguré dans "Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag II B" prend encore plus d'importance dans cette suite. Jacques complète les souvenirs de son père par des données historiques, apporte des précisions là où la mémoire de René s'est montrée défaillante et nous invite à partager cette histoire familiale extraordinaire.
Il contextualise les propos de René, peu enclin à ressentir la moindre compassion pour ceux qui ont volé 5 années de sa vie et il en profite aussi, pour glisser quelques piques (par exemple, à l'encontre de la puissance de l'industrie allemande).
Cet échange virtuel contribue à faire de cet ouvrage à deux mains, une vraie réussite.

En fin de volume, Jacques Tardi et sa femme Dominique Grange (dont le père était également prisonnier de guerre) racontent avec tendresse et pudeur, leur voyage sur les traces de René.

Un 2ème volet en tous points indispensable.
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