Lorsqu'un livre vous magnétise avec une ardeur diabolique pour vous happer dans des suaires hypnotiques aventureuses, votre jubilation est sans bornes à dévorer ses pages encore et encore, comme aimanté, cette intrigue transpire votre réalité comme un songe perdu d'une nuit vous interrogeant de sa substance.
Le verger de marbre aventure à tiroir comme une matriochka où une révélation entraine une autre puis une autre jusqu'au terme du roman d'
Alex Taylor.
Une intrigue intemporelle, seule date, présente une affiche de 1977 comme un indice fébrile, une amorce fantomatique pour laisser le lecteur prisonnier de ce cemetery movie perdu dans ce paysage de bosquet, de broussaille, de rivière, d'arbres, d'un passé qui sème sa boite de pandore.
Le cimetière, lieu transitoire de cette histoire, déjà au début du roman le jeune Beam s'endort ivre d'alcool et de sa maladie, la Narcolepsie, pris d'émotion ou d'accès de boisson, glisse lentement dans les bras de Morphée...
le verger de marbre est le spectre de l'humain, son passé, son histoire avec un grand H, chaque tombe recèle une part du passé qui dessine son présent, notre filiation identitaire, la trace indélébile des fantômes de notre mémoire.
La fuite d'un jeune garçon, chassé par son père suite à son meurtre par légitime défense sur le fils du caïd de la région, entraine notre jeune fugitif à une échappée initiatique vers son destin d'homme.
Ce périple haletant aiguise les lecteurs à une tranchante expédition. Chaque rencontre affute notre plaisir, les dialogues soufflent une rapidité, l'action rythme ce roman, chaque personnage ruisselle de sa pépite rayonnante, étoffant la profondeur cette péripétie.
Le passé, cette ombre de notre vie vient comme un miroir refléter l'image des spectres lointains animant l'histoire de nos ancêtres, réveillant la noirceur et les démons de nos aïeux pour empoisonner une vie avenir comme celle de notre évadé poursuivi par ce passé virus mortel, héritage de ses parents.
Ce livre fait écho au livre
le sillage de l'oubli de
Bruce Machart où les cicatrices du passé brûlent le temps de son empreinte avec ces crevasses choyant le fil de nos vies avenirs…
J'ai adoré ce livre qui m'a laissé songeur de son dénouement comme un avortement, une brutalité de cabriole laissant notre imagination discourir de nos émotions incertaines...