Avec Snuff (2), voici sans aucun doute la sortie 2012 qui m'a donné le plus de palpitations. Je ne vous dit pas la catastrophe lorsqu'elle a été repoussée de près de trois mois ! Mais ça y est, le grand jour est arrivé :
Choker est venu rejoindre ses petits camarades vampires, loups-garous et zombie/asticot sur mon étagère. La fébrilité avec laquelle j'ai attaqué cette lecture n'a d'égal que le plaisir que j'ai ressenti en retrouvant les illustrations de
Ben Templesmith. Plus le temps passe, et plus je suis fan de sa technique et de son univers. En lisant la quatrième de couverture, je n'ai pu m'empêcher de faire le rapprochement avec Fell, un autre tit
re de
Templesmith scénarisé par le grand
Warren Ellis : une histoi
re de flic déchu, prêt à tout pour retrouver sa vie d'antan, obligé de se plier à de basses tâches dans une ville crépusculaire où règne la folie.
L'existence de Johnny Jackson n'a rien de plaisant. Promis a une brillante carriè
re dans la police, il est brutalement contraint de quitter son poste lorsqu'il manifeste des effets secondaires dérangeants après l'absorption d'Homme Plus, sorte de cocktail de stéroïdes censé révolutionner le métier. Désormais détective privé, il passe ses journées à remuer la merde de ses concitoyens pour un salai
re de misère. Aussi, lorsque son ancien boss le rappelle et lui propose de retrouver son existence passée en échange d'un service, Johnny accepte sans hésiter... même si ce service pourrait bien le tuer. Car sa mission consiste à coffrer un dangereux dealer de drogue récemment évadé auquel Johnny a déjà eu à faire par le passé. Et que ce dealer à de très fortes raison de lui en vouloir.
L'univers très sombre, futuriste et déjanté permet à
Ben Templesmith d'exprimer toute sa virtuosité. Son trait, agressif et saturé, est très dynamique et parfaitement maîtrisé. Aussi à l'aise avec les personnages qu'avec les décors, le maître (oui, ça y est, je l'ai dit !) excelle à créer des ambiances crades parfois mélancoliques ou électriques qui ne manqueront pas de rappeler au lecteur d'autres oeuvres telles que Sin City ou Transmetropolitan.
Côté scénario, même si j'ai beaucoup aimé la galerie de personnages tous plus dingues les uns que les autres, l'intrigue principale et l'inventivité des drogues de synthèse surpuissantes (qui, au choix, vous transformeront en vampires ou vous pousseront à manger tout un groupe de mamies), je regrette que l'histoire parte un peu dans tous les sens et ne soit pas forcément aisée à suivre. Heureusement, l'aspect décousu se résorbe bien vite lors d'une seconde lecture, et le récit est plein de petites répliques absolument affreuses et cyniques que je n'oublierai pas de sitôt. La narration m'a d'ailleurs beaucoup rappelé Fight Club, véritable vivier de phrases cultes. Pour finir, je me permets de citer notre cher Johnny "
Choker" Jackson :
"Une fois, j'ai eu une érection dans un bordel. 'Y a eu aucun survivant."
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